samedi 26 mars 2016
Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un oeil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien./Le vol du Condor et les fils de pute
En 1982 furent découvertes au Paraguay les archives secrètes du « Plan Condor ». Elles étaient censées dormir pour l’éternité, faire oublier les 50.000 tués entre 1975 et 1983, les 35.000 disparus (syndicalistes, religieuses, montoneros, tupamaros, communistes, enseignants...).
L’avocat chilien des Droits de l’homme, Eduardo Contreras, dans le cadre du 24e Festival culturAmérica (Pau), a démonté le fonctionnement et le rôle de cette « Internationale de la terreur » : le mal nommé « Plan Condor », du nom d’un rapace andin sacré, charognard, aux ailes illimitées... Il aurait dû plutôt s’appeler « Plan aigle impérial ». L’aigle, rapace cruel, souvent symbole (mal connu) d’oppression, de domination de perversion... De drôles d’oiseaux tous deux!
Le « Plan Condor » fut élaboré et mené « à bien », conjointement, par les barbouzes, les services secrets, les escadrons de la mort des dictatures terroristes des années 1970 en Amérique du sud : le Chili, le Brésil, la Bolivie, le Paraguay, l’Uruguay, l’Argentine. Les régimes militaires pouvaient ainsi traquer sans frontières, enlever, torturer, assassiner les « subversifs », les « communistes » (concept fort large), dans n’importe quel pays du « plan » et même extra-territorialement aux Etats-Unis et en Europe.
Le concepteur de cette transnationale du crime politique : le général fasciste binoclard Pinochet, tueur psychopathe, flanqué de son « directeur » des tortionnaires de la DINA (Manuel Contreras), roulait pour le très délicat et cultivé président Nixon. Et pour le « monde libre », celui dont la vocation reposait sur le refoulement du « communisme », de l’empire du mal. En novembre 1975 se tint à Santiago du Chili une réunion dégradée de « hauts gradés » sanglants des dictatures du cône sud, afin de coordonner leurs opérations répressives de nettoyage politique. Le Chili ne fut qu’apparemment le nid du condor : le véritable nid se nichait (et se niche encore) à Washington. Cette coordination criminelle s’inscrivait dans la politique interventionniste des Etats-Unis, dans le cadre géopolitique de la « guerre froide » et de la doctrine dite de « sécurité nationale » ; la lutte contre « l’ennemi intérieur », le plus dangereux : le peuple.
En 1982 furent découvertes au Paraguay les archives secrètes du « Plan Condor ». Elles étaient censées dormir pour l’éternité, faire oublier les 50.000 tués entre 1975 et 1983, les 35.000 disparus (syndicalistes, religieuses, montoneros, tupamaros, communistes, enseignants...). Lestés, les corps des suppliciés étaient jetés d’un avion dans l’océan. « Vols de la mort », torture électrique, viols, étouffement, noyade, les tortionnaires avaient carte blanche à leur imagination sadique, pour le compte de leurs maîtres du Pentagone, de la CIA, du FMI. Le « terrorisme d’Etat » pour liquider les militants, les résistances. Hier comme aujourd’hui...
Les bourreaux suivirent assidument les cours de l’université barbouzarde française. La France, bonne mère, exporta son savoir faire algérien en matière de « pacification », de « corvées de bois » et de « guerre subversive ». Elle envoya des démocrates , anciens de l’OAS, fins connaisseurs en matière de droits de l’homme. Elle installa, de 1959 à 1981, une « mission militaire permanente à Buenos Aires »... Le général Aussaresses, attaché militaire au Brésil, partagea ses lumières, forma des eh mules, des bourrins, des croisés, des tueurs, couverts par la DST, omniprésente en Amérique du sud dans la lutte contre l’émancipation, qualifiée de « lutte contre le terrorisme ». A quand une auto critique, un bombardement critique, du trio infernal?
Le papa du Condor, un dénommé Henry Kissinger, reçut le prix Nobel de la paix, mérité, pour contribution à la juste cause.
Une con- décoration gagnée de haute lutte anti-communiste. A quand la béatification des bienfaiteurs de l’humanité : Pinochet ? Videla ? Stroessner ? Somoza ? Somoza le nicaraguayen dont le président Roosevelt des States dit en 1939: « c’est peut -être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute ». Putain : bien vu !! Et il en reste des « fils de pute »!Pas seulement en Amérique du sud. Tu as raison Eduardo. ¡Cuídate !
Jean Ortiz
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