jeudi 21 avril 2016
Dans un discours offensif,Dilma Rousseff l’ancienne guérillera a dénoncé un putsch prétendument légal. Si la procédure de destitution touchait à son terme, partis progressistes, syndicats et mouvements sans-terre jurent de bloquer le pays contre un gouvernement illégitime.
Dans un discours offensif, l’ancienne guérillera a dénoncé un putsch prétendument légal. Si la procédure de destitution touchait à son terme, partis progressistes, syndicats et mouvements sans-terre jurent de bloquer le pays contre un gouvernement illégitime.
L’ère postmoderne produit des coups d’État sans chars ni effusion de sang. Lundi soir, devant les journalistes, la présidente brésilienne avait ce regard de détermination inflexible qu’on ne lui connaissait que sur les photos datées de 1970, lorsque la guérillera, âgée de 22 ans, affrontait ses tortionnaires devant le tribunal militaire de Rio de Janeiro. Pesant chaque mot, Dilma Rousseff a rappelé avoir affronté dans sa jeunesse « la dictature par conviction. J’affronte aujourd’hui dans ma maturité un coup d’État, pas un coup d’État traditionnel comme ceux de ma jeunesse, mais un coup d’État avec l’apparence d’un processus légal ». Au lendemain de l’approbation par les députés de la procédure de destitution, la cheffe de l’État a refusé de livrer sa reddition : « Je ne me laisserai pas abattre, le combat ne fait que commencer », a dit celle qui a été réélue avec 54 millions de voix en octobre 2014.
Le « dribble fiscal » qui lui est reproché et a permis de financer certains programmes sociaux par les banques afin de retarder leur inscription dans les comptes publics ? La présidente explique que cette pratique a largement été utilisée par ses prédécesseurs – y compris à droite – sans que le Congrès ne s’en émeuve. « On me réserve un traitement réservé à personne », a-t-elle relevé pour mieux signifier le caractère purement politique de l’offensive des néolibéraux, incapables d’accéder au palais du Planalto par la voie légale mais pressés d’en finir avec le « lulisme ».
Dilma Rousseff a ensuite directement interpellé le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha*, instigateur de la procédure de destitution, mouillé dans le scandale Petrobras et dont le nom apparaît également dans les Panama Papers : « Il ne pèse sur moi aucun soupçon d’enrichissement illicite. Moi, je n’ai pas de compte à l’étranger. » Dans le viseur également, le vice-président Michel Temer, qui assurerait l’intérim en cas de destitution, accusé de « conspiration ».
Après une rencontre avec Dilma Rousseff, le Parti communiste du Brésil (PCdoB) a lui aussi réaffirmé la nécessité de poursuivre la mobilisation dans la rue et au Sénat afin de bloquer la procédure de destitution. « Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre, nous continuerons de lutter », a martelé la députée Luciana Santos, présidente du PCdoB. Sur ce point, le Front populaire du Brésil et le Front peuple sans peur, qui réunissent les principaux partis progressistes, les syndicats, les mouvements étudiants et sans-terre, ont assuré qu’ils ne reconnaîtraient pas la « prétendue légitimité » d’un futur gouvernement Temer et promis grèves et occupations afin de défendre les conquis sociaux mais également l’idée d’une « réforme (du) système politique, unique façon de lutter efficacement contre la corruption ». En cas de renversement de la présidente Dilma Rousseff, le coordinateur du Mouvement des travailleurs sans toit, Guilherme Boulos, promet lui aussi une multiplication des conflits sociaux. « Aujourd’hui, la majorité du Congrès est composée d’un syndicat de voleurs (...) liés aux grands groupes économiques », a-t-il dénoncé en référence à un Congrès considéré comme le plus conservateur depuis 1964 avec l’augmentation du nombre de parlementaires liés aux militaires, aux religieux ou aux grands propriétaires terriens. « L’impeachment n’est qu’une partie des aberrations de ce Congrès qui a déjà approuvé la réduction de la majorité pénale, qui votera cette semaine la tertiarisation du travail (augmentation des contrats précaires – NDLR) et attaque constamment les droits des femmes, la liberté sexuelle et les minorités », a expliqué Guilherme Boulos, soulignant s’il en était encore besoin le caractère de classe de l’actuelle crise politique.
15 c’est en millions d’euros, le montant du patrimoine dissimulé en Suisse par eduardo Cunha, le président de la chambre des députés.
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