mercredi 26 mars 2014
Une analyse de Daniel Levieux qu'il serait judicieux de prendre en compte ...
Le premier tour des élections municipales a dessiné un nouveau paysage politique des communes dont beaucoup ont osé le virage à droite.
Dans l'Allier le choc est d'autant plus flagrant qu'il touche des communes importantes, villes moyennes qui, après les 3 plus grandes confient leurs mairies à la droite.
Varennes sur Allier, Bourbon l'Archambault, Cosne d'Allier du côté communiste, Gannat ou Bellerive pour les socialistes, sont passées à droite avec des écarts de voix qui ne sont pas anodins allant parfois largement au-delà de 20%. Dans nombre de communes plus modestes les listes élargies au Front de gauche et au-delà conduisent à la perte d'environ la moitié des maires communistes de l'Allier par rapport à l'avant 2008, sans compter que pratiquement aucun ne se prévalait de son courant politique sur des listes aux dénominations aussi diverses que peu engageantes.
Virage à droite ? le message des électeurs et des abstentionnistes semble être clair : tant qu'à faire une politique de droite mieux vaut faire confiance à la droite... et quand on a été invité à voter pour changer les choses en 2012 et qu'on constate que ceux qui devaient piloter le changement poursuivent le sale boulot que leurs prédécesseurs auraient eu du mal à faire sous leur propre bannière (retraite, emploi, droits sociaux, etc), on reste à la maison, on va à la pêche, on ne regarde même plus ces professionnels de l'enfumage gesticuler ou discourir.
Pour ce qui est de l'effet "front national", il a encore été largement amplifié dans les médias au point d'en écarter le plus souvent la gauche communiste ou Front de Gauche.
Comme avec l'équipe Mitterrand, Delors, Attali, Mauroy à la charnière des années 70 et 80, l'instrumentalisation du Front National pour affaiblir la droite et servir de prétexte au rangement de la gauche de la gauche dans l'ordre péjoratif des "extrêmes", a été largement utilisé ces derniers mois. La réalité est certes inquiétante, mais le FN n'a pas fait une razzia sur les mairies de tant de villes de France. Hénin Beaumont a basculé, mais Saint Gilles est aux mains de l'extrême droite depuis des dizaines d'années. Si les radios et télés passaient autant de temps à commenter l'élections des communistes à Malakoff, Bagneux, Gennevilliers, Nanterre, Bonneuil, Gentilly, Valenton, Pierrelaye, Bezon, Achères Limay et La Verrière, Bris sous Forges, Grigny, Morsang, Saulx les Chartreux et La Courneuve, Fosses, Alonnes, Saint-Pierre des Corps, Ploufragan, La Grand Combes, Coucy le Chateau, Tarnos, Chalette sur Loing, Saran, Mont Saint Martin, Saint Amand les Eaux, Montataire, Avion, Ricamarie, Saint Etienne du Rouvray, Gonfrevfille l'Orcher, Grand-Couronne, Harfleur, le Tréport... Si les médias se focalisaient sur l'opportunité pour les communistes de gagner dimanche prochain à Calais, Dieppe, Saint-Denis, Bagnolet, Ivry, Vitry sur Seine, Fontenay sous Bois, Chevilly la Rue, Vierzon, Champigny sur Marne, Echirolles, Fontaine, Saint Martin d'Hère, Aubagne, Gardanne, à Calais ou Aubervilliers, l'inquiétude grandirait dans les chaumières conservatrices devant la progression du communisme municipal !
Las il n'en est rien ; et si de nombreuses municipalités ont conservé leur maire communiste quand d'autres s'apprêtent à l'élire dimanche prochain, force est de constater dans l'écrin local de notre département -l'un des deux seuls de France dont le Conseil Général est dirigé par un communiste- les bourrasques du scrutin de dimanche dernier vont se faire sentir encore longtemps, avec des répliques à prévoir lors des prochains scrutins.
Il est parfois long et difficile de gagner des positions électives. Mais comme on voit parfois se dilapider le patrimoine amassé par beaucoup de générations châtelaines par une poignée d'enfants gâtés, les positions politiques vite et brutalement perdues sont souvent de reconquêtes bien difficiles.
Le désaveu citoyen est d'autant plus cinglant aujourd'hui qu'il affecte des courants qui prônent un renouveau démocratique sur des perspectives de participation active. Non seulement le phénomène abstentionniste continue de croître, mais celles et ceux qui font l'effort de choisir confient plus volontiers leur sort à la droite, voire même à son extrême.
Le désaveu est clair et net pour le pouvoir en place et les socialistes.
Quoi de plus normal quand après l'épisode de 81 qui n'affecte la mémoire que des plus vieux, et d'autres répliques encore avant celles de 2012 qui avait fait naître dans l'esprit des plus naïfs l'espoir d'un changement dans le sens du progrès social et du mieux vivre après les purges sarkozistes !
"Le changement c'est maintenant !" Ah bon ?
Même dans les rangs socialistes l'inquiétude a grandi ces derniers mois en voyant le gouvernement persévérer avec acharnement sur des orientations politiques de droite (déficit budgétaire et droits sociaux, austérité pour les travailleurs et largesses pour les patrons, alignement atlantiste en petit commis des Etats Unis pour faire le gendarme du monde en Afrique ou ailleurs...).
Le désaveu affecte aussi tous ceux qui de près ou de loin se sont rangés auprès des socialistes pour faire un bout de chemin régressif avec eux. Les tergiversations et les alliances opportunistes à géométrie variables des communistes et du Front de Gauche pour conserver quelques positions électives sont payées cash et au prix fort.
Quand la misère et la désespérance a gagné autant d'espace dans les quartiers déshérités des villes comme dans le fond des campagnes, le temps n'est pas à ré enchanter le territoire des nouvelles ruralités ou d'enclencher une N ième phase de décentralisation pour dessiner les métropoles que l'espace capitaliste réclame.
Il est aussi urgent que nécessaire d'AGIR et de PENSER dans le même élan de la reconstruction de la Gauche. Ce n'est pas parce que les socialistes l'ont quittée en gardant les clés que toutes les forces de gauche doivent rester à la rue. L'espoir ne change pas de camp, comme en d'autres temps de l'histoire le ressort du peuple est disponible pour relancer une dynamique de coopération, de co-construction d'un avenir progressiste par et pour le peuple, une forme de nouvelle émancipation démocratique.
Et s'il existait une force politique naturellement destinée à l'engagement de ce processus, ce sont des communistes qu'elle reviendra... à condition qu'il s'en dégage une formation libérée du carcan utilitariste des élus qui l'ont précipitée à sa perte.
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