vendredi 28 août 2015
De Hedi Hkima Journaliste Tunisien / Lettre ouverte à Monsieur le directeur général du journal « Le Monde » -Paris-
A Monsieur le directeur général du journal « Le Monde »
-Paris-
Monsieur,
Abreuvé dés mon plus jeune âge aux sources mêmes de la langue et de la civilisation françaises, faisant miens tous les grands principes universalistes de la grande révolution de 89, imbu d’humanisme, de justice et de paix universelle, ayant enfin, en tant qu’adolescent étudiant, lu et apprécié le journal « Le monde » que nous considérions à l’époque comme la référence d’une excellente presse française par la qualité de son contenu, la variété de ses articles et la compétence de son équipe rédactionnelle. C’est donc, à partir de toutes ces données que je me suis résolu à vous écrire aujourd’hui cette lettre, en espérant qu’elle trouve une oreille attentive à l’écoute d’une voix du sud de la méditerranée avec objectivité et sans paternalisme. Après les USA, l’Europe et tout spécialement la France, et après le règne des illustres présidents d’hier, qui faisaient honneur à leurs pays et marqué l’histoire de leur empreinte, nous assistons, ces dernières décennies tant en Amérique qu’en Europe, sans oublier les monarchies désuètes du Moyen-Orient, à l’émergence d’une nouvelle race de dirigeants, aventuriers, expansionnistes, néo-colonialistes se situeant à la limite de la légalité internationale, s’ils ne la violent pas partout dans le monde. Avec ceux-là, notre monde, est entré dans le cercle infernal des conflits fratricides et du terrorisme, pour la seule satisfaction des appétits et intérêts égoïstes, tout cela au détriment de peuples, non belligérants et qui vivaient en paix à l’intérieur de leurs frontières. Tous ces foyers de tension allumées et cette vague grandissante d’un terrorisme aveugle, qui frappent nos pays, nous ne sommes plus dupes, ils sont le fait indéniable de ceux-là mêmes qui l’encouragent et le monnayent, et qui, prétendent le combattre, sentant déjà, que ce serpent qu’ils ont nourri dans leur sein prend du poil de la bête et va se retourner contre eux. Comme tout le monde sait, cette « machine infernale » enclenchée par les américains et soutenue aveuglément par la vieille Europe dépersonnalisée a donné naissance à ces « printemps arabes » qui les ont menés à l’anarchie, et ces « révolutions du Jasmin » à l’odeur nauséabonde. Le résultat n’est guère brillant, des pays entiers ont été complément détruits, et bien d’autres, comme le mien, pataugent dans les problèmes et l’incertitude du lendemain. Où est la relation du journal « Le monde » avec tout cela me diriez-vous ? Hélas, « Le monde » est au cœur de ces drames. Comme vous le savez, ce « plan machiavélique » élaboré par les maitres américaino-européens, avec l’aide des frères musulmans, des idéologies wahhabites et salafistes, brandissant l’étendard de l’Islam, auquel ils n’appartiennent pas et sont mêmes ses pires ennemis, ce plan a nécessité de la part de ses concepteurs, la mise en place d’une véritable « stratégie médiatique » à coup de milliards d’euros, et de dollars, pour nourrir nos pauvres peuples d’intox et de désinformation. Tentant de nous faire avaler la pillule de la démocratie et des droits de l’homme en s’appuyant sur des « complices » prêts à vendre leur âme au diable. Ce plan devait aussi conduire, non à la chasse aux sorcières, mais à celle des « tyrans » qui oppriment leurs peuples ; dès lors tout chef d’Etat, arabe en premier lieu jugé indésirable car ne se soumettant pas au dictat et aux injonctions de Washington, ou de Paris, voulant sauvegarder ses propres décision, orientations et ses choix, devient « l’homme à abattre » La liste de leurs victimes serait bien longue à dresser ici. C’est dans ce contexte que s’inscrit le rôle moteur de la machine médiatique, mise en place. Arabo occidentale, elle fera tout pour banaliser le détestable principe des « deux poids deux mesures », dans les relations et les conflits internationaux, nous convaincre d’encourager le spoliateur et de condamner le spolié, de justifier l’injustice et de bannir la justice, de pousser à l’inhumain et de réprimer l’humain. Voilà le rôle dévolu aux médias corrompus par l’argent, « Le monde » a choisi de jouer ce rôle pour le moins dégradant, il nous gratifie, à l’instar d’autres journaux américains et européens, voire même arabes, de titres et d’articles qui sentent le venin et la haine de l’autre, s’obstinant à travestir la vérité, à rendre noir ce qui est blanc injuste ce qui est juste, mauvais ce qui est bon, occultant toutes, les vérités qui ne servent pas leurs intérêts et ceux leurs dirigeants, passant sous silence les massacres de centaines de milliers de femmes et d’enfants, ou tentant de faire tomber la responsabilité sur l’adversaire, véhiculant l’intox et le mensonge dans toute leur horreur ! Ce faisant qui trompent ils tous ces médias occidentaux et arabes, ces pions volontaires dans cette machine médiatique ? En définitive ils ne trompent que leurs propres peuples pour justifier les politiques partisanes de leurs dirigeants, en les confinant dans leur ignorance et leur passivité. Où est donc « L’éthique journalistique » ? Qu’est-elle devenue en occident cette déontologie, qui interdit au journaliste comme à tous les médias de cultiver les contrevérités, le mensonge, la malhonnêteté, l’intox, d’être au service du mal, cette déontologie du métier pour laquelle, seule la vérité compte, que la probité intellectuelle prime, que les grands principes de justice et d’égalité doivent guider notre action médiatique quotidienne. Nous pensions, nous médias et journalistes du sud de la grande bleue, que « déontologie et éthique » avaient encore une signification dans les médias occidentaux. Mais hélas, ces principes sacrés que la vieille Europe, bien avant l’Amérique de l’oncle Sam, nous avait inculqués et auxquels nous sommes restés attachés, la voilà, que par la faute de ses dirigeants et par médias interposés, elle les foule à ses pieds. Aujourd’hui grâce à l’internet et à toutes les technologies nouvelles y compris celle de l’information, même un benêt sait distinguer le bon grain de l’vraie, et faire la part de vérité et de mensonge. Aussi poursuivre ces campagnes pour nous pousser à adhérer aveuglément à tous ces mensonges, c’est en quelque sorte, prêcher dans le désert. En effet, il est bien loin le temps où vous nous faisiez, à notre insu, avaler toutes vos couleuvres. A notre tour maintenant, nous les médias du sud, guidés par les nobles idéaux de justice de paix et de sécurité dans le monde, respectueux du droit des peuples de vivre en paix à l’intérieur de leurs frontières sans aucune ingérence étrangère et dans le strict respect de la légalité et du droit international. C’est à nous qu’il revient de vous rappeler les fondements de l’éthique et de la déontologie journalistique pour être des constructeurs et non des démolisseurs de l’humanité, pour qu’une paix juste s’instaure dans le monde, pour tarir toutes les sources du terrorisme et du fanatisme. C’est notre voix du sud, qu’elle soit entendue ou ignorée cela n’arrêtera pas notre quête et notre combat pour un monde plus juste, plus équilibré, jouissant de la paix du bien-être et de la stabilité. En attendant, nous vous disons qo vadis.
Hedi Hkima
Journaliste Tunisien
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