samedi 25 juillet 2015
Xavier Beulin , l'homme qui finit de détruire l'agriculture familiale et sonne le glas des régions d'élevage ....
Une élection présidentielle sans suspense. Xavier Beulin devrait être réélu, dans un fauteuil, à la tête de la FNSEA, principal syndicat agricole français, mercredi 9 avril. Un nouveau mandat décroché sans combattre puisqu'aucun adversaire ne s'est présenté sur le ring face à cet admirateur du boxeur Muhammad Ali.
L'ambiance était tout autre en décembre 2010, lorsque M. Beulin a brigué sa première investiture. L'heure était à l'affrontement. Eleveurs contre céréaliers, partisans d'une agriculture patrimoniale contre tenants de l'agrobusiness, syndicalisme de terroir contre engagement à visée économico-politique, rarement les lignes de clivage de l'agriculture française n'ont été aussi visiblese division qui s'est illustrée dans l'âpre lutte entre les deux candidats déclarés, Dominique Barrau et M. Beulin. Au point que, pour la première fois de l'histoire de la FNSEA, ce sont les « grands électeurs », membres du conseil d'administration de la FNSEA, qui durent départager les deux adversaires.
Finalement, M. Beulin décrocha la courte majorité nécessaire pour succéder à Jean-Michel Lemétayer, qui avait pris tout le monde de court, en passant la main, avant la fin de son troisième mandat. La rupture était consommée. Lemétayer, l'éleveur breton, incarnait aux yeux de tous, une « agriculture à visage humain », « la convivialité ». Avec M. Beulin, les « grandes cultures », que sont les céréales, le colza, le tournesol ou la juteuse betterave, mais aussi l'agrobusiness, prenaient pour la première fois, le pouvoir. Ce pouvoir s'est conforté alors que les agriculteurs s'interrogent sur leur avenir.
ARDENT DÉFENSEUR DES OGM
Les OGM ? « C'est un gros enjeu, ce sujet est au sommet de mes priorités », reconnaît M. Beulin, qui a déroulé le programme de sa future mandature, devant les membres de la FNSEA rassemblés en congrès, fin mars, à Biarritz. Et de dénoncer « la vision punitive et coercitive » qui, selon lui, a prévalu jusqu'à présent. Il défend « la modernité », « le progrès ».
Prudent, mesurant ses paroles, préférant d'ailleurs parler de biotechnologie, voire maniant la périphrase en évoquant le concept encore plus flou de recherche et d'innovation, M. Beulin est un ardent défenseur des OGM. Il est vrai qu'ils participent, selon lui, à cette « compétitivité », mot qui revient comme un leitmotiv dans ses discours. « Etat économique de nos filières », « valeur ajoutée », « concurrence internationale », « balance commerciale », « fluctuation des matières premières »…
Le vocabulaire est celui d'un chef d'entreprise. Son apparence le confirme. Costumes et montres de marque, cheveux gominés, M. Beulin a l'image d'un self-made-man qui a réussi. « Il est même plus proche d'un représentant de fonds d'investissement que d'un industriel », dit un membre de la FNSEA.
Il est vrai qu'il préside une entité qui pèse près de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires. En l'occurrence Sofiprotéol, aussi peu connue du grand public qu'elle est puissante dans le monde agricole. Ce holding financier, fondé en 1983 par les producteurs d'oléagineux, est devenu au fil du temps un opérateur industriel présent aussi bien dans les semences, que dans l'alimentation animale avec la société Glon Sanders et les biocarburants avec le diester, mais possède aussi des marques familières comme les huiles Lesieur et Puget ou les œufs Mâtines. il a également investi dans la presse, en étant actionnaire du magazine France agricole. M. Beulin estime que sa rencontre avec Jean-Claude Sabin, fondateur de Sofiprotéol, a été déterminante dans son parcours.
« MÉLANGE DES GENRES »
« Mélange des genres », avait dénoncé Charles Doux, alors patron du volailler du même nom, à l'été 2012, lorsque Sofiprotéol convoitait son entreprise. Il se demandait alors si M. Beulin s'exprimait en tant que président de la FNSEA ou de Sofiprotéol. « Je pense que la question du conflit d'intérêts, avec la double présidence de Sofiprotéol et de la FNSEA, se pose. Quand il y a des prises de position sur les OGM ou sur les biocarburants par exemple », estime une personnalité qui siège à ses côtés dans un conseil d'administration.
M. Beulin avait affirmé être prêt à céder ses autres casquettes, après son accession au sommet de la FNSEA, une position-clé qui lui ouvre les portes de l'Elysée. Il n'en est rien. Il est toujours président du port de La Rochelle et du conseil économique et social régional du Centre, vice-président de la Copa-Cogeca ou administrateur du Crédit agricole. Certains s'interrogent sur la manière dont il assume toutes ses fonctions. « Il est bosseur, intelligent, brillant, habile, il connaît ses dossiers », affirment à l'unisson ceux qui le côtoient.
Xavier Beulin a encore ajouté, fin 2013, une nouvelle présidence à son actif, celle de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). Il ne cache pas, en effet, sa volonté de nouer des liens entre l'agriculture française et celles des pays du Maghreb. Sachant que Sofiprotéol a déjà investi au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
UN HOMME « SECRET »
Mais ne demandez pas à M. Beulin s'il possède une ferme au Maroc. « Je suis en procès contre ceux qui racontent cela », rétorque-t-il. Et une villa en Tunisie ? « C'est privé », répond cet homme qualifié de « secret », par ses relations professionnelles, avant d'ajouter, « mon épouse a des amis là-bas ». La seconde femme de M. Beulin travaille au service marketing de la chaîne de télévision Campagne TV, qui a parmi ses actionnaires, les chambres d'agriculture et la famille Vilgrain, spécialisée dans le commerce de farine et de sucre en Afrique.
M. Beulin est-il encore agriculteur ? La question mérite d'être posée, alors que le patron de la FNSEA a décidé de faire de la définition du statut d'agriculteur une autre priorité de son nouveau mandat. Il ne manque pas de rappeler ses racines d'exploitant agricole, quand à 17 ans, interrompant ses études, il a repris, en tant qu'aîné de quatre enfants, la ferme familiale dans le Loiret, suite au décès brutal de son père.
En 2010, le groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) dont il était membre a été dissous et a fusionné avec l'exploitation d'un cousin décédé pour donner naissance à une exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL) de 500 hectares, baptisée le Quadrige, à Trainou (Loiret). Elle est détenue par M. Beulin et trois membres de sa famille. « Dans un GAEC on est censé travailler à part égale. Par déontologie, je ne peux pas revendiquer cela. Il était plus sage d'être en EARL », précise-t-il. « Celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons n'est pas agriculteur », affirme-t-il.
Par contre, il ne voit pas ce qui empêcherait Michel Ramery, patron d'une entreprise de BTP et actionnaire de l'exploitation géante La Ferme des 1 000 vaches, dans la Somme, de l'être. L'enjeu : la distribution des aides européennes dont le montant va en se réduisant. M. Beulin a milité pour le statu quo et pour limiter leur redistribution dans le cadre de la PAC 2014-2020. Le Quadrige touche 140 000 euros d'aides directes européennes par an.
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