mercredi 9 avril 2014
CGT et manifestation anti-austérité du 12 avril 2014: un courrier de Bernard THIBAULT à Michel NOBLECOURT, journaliste au quotidien " Le Monde "
Dans son article, qui se veut d’abord une charge contre la CGT et son secrétaire général, Mr Noblecourt n’hésite pas à utiliser ma position en faveur de la manifestation du 12 avril à Paris comme le signe « d’une confusion au sein de la CGT » dans la mesure où la direction de la Confédération a décidé (à juste titre) de ne pas être partie prenante de l’initiative en tant que telle.
Je m’efforce donc de rendre la situation plus compréhensible à ses yeux, s’il veut bien lire ces lignes en ôtant ses lunettes partisanes.
Comment écrire à la fois que la présence de 36 responsables cégétistes sur l’appel à manifester est « un gros cactus » et de me citer parmi les exemples (en compagnie de Georges Séguy) au titre d’anciens secrétaires généraux ? Je ne suis plus un des responsables de la CGT. Cette évocation cherche surtout, de manière insidieuse, à laisser croire qu’il y aurait une divergence d’opinion entre les « anciens » et l’actuel Secrétaire général Thierry Lepaon. Ce n’est pas le cas.
Je me suis toujours efforcé dans l’exercice de mes responsabilités au sein de la CGT d’éviter toute confusion entre mes propres opinions politiques et le mandat que me confiaient les syndiqués. A ce titre, j’ai régulièrement alerté lorsque des militants, quelle que soit leur sensibilité, cherchaient à instrumentaliser les positions du syndicat pour les mettre au service de leur propre engagement.
Est-ce à dire que pour autant la CGT devrait s’interdire d’intervenir dans le débat politique ? Certainement pas. Elle le fait en pleine autonomie en tant que syndicat de salariés sur la base de ses orientations, de son analyse des situations, de ses objectifs revendicatifs et de ses valeurs.
Il y a aujourd’hui une grande cohérence entre sa position d’hier à s’exprimer pour un changement de président de la République et sa critique d’aujourd’hui d’une politique économique et sociale qui nie l’aspiration au changement si fortement exprimée par les salariés en mai 2012.
Il y a une grande cohérence entre les statuts de la CGT qui disposent « qu’elle agit contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions » et les décisions d’exclure de ses rangs celles et ceux qui prétendraient exercer un mandat sous le label FN, qui fait de la discrimination et de la division son fonds de commerce démagogique.
La CGT remplit sa mission lorsqu’elle mobilise contre l’austérité en Europe en fournissant l’un des plus gros contingents des 80 syndicats qui manifestaient à Bruxelles le 4 avril à l’initiative de la Confédération européenne des Syndicats.
Les adhérents de la CGT ont le droit s’ils le souhaitent de s’engager personnellement dans le débat et les initiatives de nature politique. Ils le font comme citoyen, sans engager pour autant leur syndicat et je ne vois pas au nom de quel principe cette liberté fondamentale me serait interdite alors que ce qui menace le plus le peuple de gauche est l’inertie intellectuelle conjuguée à la désespérance.
Bernard Thibault
le 7 avril 2014
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