mardi 21 janvier 2014
Le 21 janvier 1924, Lenine nous quittait...
Le 21 janvier 1924, Lenine nous quittait....Mais ses idées, ses leçons, ses combats nous animent aujourd’hui et continueront demain à armer les révolutionnaires communistes.
Le 21 janvier 1924, Lénine mourait. C’était un rude coup pour la révolution russe, et pour la révolution mondiale. Lénine mort, l’aile droite et les centristes du Parti Communiste de l’URSS allaient pouvoir monopoliser le pouvoir, profitant de la situation particulièrement difficile du pays, de la lassitude et de l’inculture des masses, du découragement de beaucoup de membres du Parti. Déjà de nombreux symptômes pouvaient permettre de prévoir que le « bureaucratisme » qu’on critiquait quelque peu était plus profond, reposait socialement sur des forces déterminées, et correspondait à une évolution de la situation, tant internationale qu’intérieure à l’URSS, dans un sens défavorable au prolétariat.
La déroute de la révolution allemande d’octobre 23 avait été un avertissement, mais, si elle avait provoqué des discussions dans le Parti et amené Trotsky à y participer par la publication d’un texte sur le « Cours Nouveau » à propos d’une résolution du Comité Central sur la démocratie dans le Parti, cela en était resté à des discussions. Lorsque Lénine mourut, Trotsky, son principal collaborateur, son successeur aux yeux des masses, était éloigné au Caucase, et il ne put, à cause d’une fausse information communiquée par Staline, assister à ses funérailles.
« C’est dans les conditions d’un pays ruiné à fond et où les forces du prolétariat ont été épuisées en des efforts presque surhumains, que nous entreprenons l’oeuvre la plus difficile : jeter les fondements d’une économie vraiment socialiste... » : c’est ainsi que Lénine s’exprimait en août 1921, pour expliquer les difficultés que rencontraient alors les communistes russes dans l’application de la Nouvelle Politique Economique destinée à enrayer la famine et à ranimer l’économie nationale.
Pour le Parti bolchevik, c’était en effet une nouvelle lutte, sur le front économique cette fois, d’un caractère entièrement nouveau et pour laquelle il n’était pas préparé. Aussi Lénine insistait-il beaucoup sur la nécessité pour les communistes de s’instruire, d’apprendre à utiliser l’appareil d’État et à gérer l’économie. Cependant, l’appareil d’État était en grande partie hérité de l’appareil tsariste et si, comme le soulignait Lénine, les dirigeants des sphères supérieures étaient d’authentiques communistes, les milliers d’administrateurs et d’employés éparpillés dans tout le pays restaient des hommes formés dans la mentalité de leurs anciens maîtres. Comment en eut-il pu être autrement ? Les communistes, pendant ces quatre années de guerre civile, étaient au front, aux avant-postes, ou occupés à la création d’un minimum d’appareil militaire. Devant les nouvelles tâches imposées par le passage à la période « de paix », ils se trouvèrent très souvent désarmés et furent toujours en nombre insuffisant. Pour un bon nombre de militants, le passage à la N.E.P. se traduisit dans ces conditions par une installation dans des situations permanentes, où le sentiment d’être quelque peu supérieurs (en tant que communistes) devait jouer un rôle assez important pour devenir bientôt ce que Trotsky appela de la « morgue fonctionnariste ». Déjà un certain nombre, de militants avaient montré des dispositions à la bureaucratisation qui prirent plus tard des proportions tragiques. Ainsi dans la politique envers les minorités nationales, et la Géorgie en particulier. Lénine insistait beaucoup sur la nécessité d’être prudent et souple envers ces minorités, mais dès février 1921, des détachements de l’Armée Rouge avaient envahi la Géorgie, sur les ordres de Staline, commissaire aux nationalités. Par la suite, staline réussit à s’y faire au sein du parti un solide appui, cela en se couvrant de l’autorité du comité central, et par l’intermédiaire de djerzinsky et d’orjonikidze. Ces manoeuvres, que Lénine n’apprit qu’après coup, car elles se firent derrière son dos, pendant sa maladie, l’irritaient profondément, et ce sont elles qui le firent qualifier Staline de « brutal argousin grand-russe », dans un de ses derniers écrits. Mais ce n’est là qu’un épisode parmi d’autres qui tous montraient les germes d’une bureaucratisation de l’appareil du Parti et de l’appareil d’État. « ... Le fond de toutes les difficultés était », selon Trotsky, « dans la combinaison des deux appareils et dans la complicité mutuelle des groupes influents qui se formaient autour d’une hiérarchie de secrétaires du parti ». Cette combinaison des deux appareils, inévitable dans une large mesure, se traduisait par le fait que par exemple les membres les plus expérimentés et les plus actifs du Parti étaient employés aux postes de l’appareil syndical, coopératif, universitaire, et parmi ces membres, beaucoup d’origine prolétarienne, Ce qui se traduisit rapidement par un affaiblissement des cellules d’usine, auxquelles la lenteur de l’industrialisation ne permettait pas un afflux de sang nouveau.
Cependant, en 1922, Staline est devenu secrétaire général du Parti, et au début de 1923, au XIIe Congrès, alors que Lénine vient d’avoir sa troisième attaque - il ne peut ni bouger, ni parler, ni écrire, et c’est le premier Congrès du PC (b) de l’URSS auquel il n’est pas présent - Staline commence à occuper la première place dans le triumvirat formé par lui, avec Zinoviev et Kaménev. Le Congrès est bourré de délégués choisis par lui. C’est la période de sa mainmise sur l’appareil. Cette année 1923 marque à tous égards une étape décisive dans l’histoire de la Révolution russe. Après deux années de N.E.P., si le pays commence un peu à « souffler », le Parti et ses membres aspirent aussi à une stabilisation. Le fonctionnarisme s’installe. Des pratiques autoritaires et administratives deviennent courantes. Une nouvelle machine s’organise et, en même temps, inconsciemment, une nouvelle caste se forme, s’appuyant sur les paysans aisés (les koulaks) et sur les commerçants encouragés par la N.E.P., sur tous les éléments petits-bourgeois en général dont l’influence dissolvante, dans cette époque de lassitude, se faisait sentir dans le Parti qui comprenait d’ailleurs à cette date deux tiers de nouveaux venus, soit à peu près un pour cent de révolutionnaires de la période illégale. Dans les sphères dirigeantes, la fraction Staline, qui disposait de l’appareil du Secrétariat, et aussi de la puissante Commission de Contrôle avec son réseau dans tout le pays, entreprenait la lutte contre Trotsky, lequel symbolisait la fermeté révolutionnaire. C’est à ce moment que, sous le couvert de combattre le « culte des leaders », on ne mit plus le nom de Trotsky en tête des listes d’orateurs aux Congrès et Conférences, comme c’était l’habitude de le faire, en deuxième position, après celui de Lénine, et qu’on le remplaça par ceux de militants beaucoup moins connus. Le nom de Staline y parvint ensuite graduellement.
Seule la maladie de Lénine permit les manoeuvres en coulisses, les tractations, les pressions et les calomnies dirigées alors contre le chef et l’organisateur de l’Armée Rouge. Cette maladie qu’au début tout le monde croyait de brève durée, et qui fit ensuite figure d’ » interrègne », permit à une fraction bureaucratique et conservatrice de s’emparer du pouvoir.
Lorsque Lénine mourut en janvier 1924, l’état de la bureaucratisation du Parti et de presque tout l’appareil d’État était tel qu’il était pratiquement devenu impossible d’enrayer son développement. Les staliniens lui édifièrent un mausolée, et momifièrent sa dépouille, sa pensée et son oeuvre. Mais le Panthéon véritable des révolutionnaires, c’est le coeur des peuples et Lénine y est à jamais.
Quant à sa pensée, elle est bien vivante.
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