samedi 4 janvier 2014
Lettre ouverte à Monsieur Dieudonné M'bala M'bala / par une femme libre , digne et juste ...
2 Janvier 2014
Monsieur,
Permettez moi de vous nommer par votre patronyme complet puisque nous ne nous connaissons pas et qu'il y a très peu de chances pour que nous nous rencontrions un jour.
C'est une femme ordinaire qui vous écrit. Une de celles qui ne fait pas de bruit, dont on n'entend jamais parler.
Comme vous, mon père est né à l'étranger. Le votre à Ollama au Cameroun, le mien à Pzytik en Pologne. Comme vous ma mère est française. La votre bretonne, la mienne parisienne.
Comme vous, je suis parent, je travaille, je lis, je m'informe et parfois je pense.
Comme vous, je n'aime pas trop le systeme qui rend les riches de plus en plus en riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
Jusque là finalement nous avons plutôt des points communs.
Je dois avouer que je ne suis jamais allée voir vos spectacles mais qu'internet me permet de vous voir et vous entendre et , en ce moment, il est difficile de ne pas vous entendre.
Votre heure de gloire peut être?
Monsieur M'bala M'bala je me dois de vous préciser que je suis juive. Pas de ces juifs qui vont à la synagogue chaque vendredi, qui portent des étoiles autour du cou et qui participent à des associations charitatives.
Non, je fais partie des anonymes qui vivent leur culture, leur origine, leur histoire de l'intérieur, en solitaire et sans chercher à convaincre qui que soit.
Je ne fais partie d'aucun lobby, je ne m'enrichis sur le dos de personne.
Je n'ai pas grandi dans l'idée d'être particulierement fière des mes origines mais on m'a appris à ne pas oublier l'Histoire qui a réduit l'essentiel de ma famille à un tas de cendres.
Votre haine à mon égard et celle de mes congénères m'indiffère.
Votre geste qui n'est, à mon sens, qu'une posture à la mode, m'ennuie.
Vous surfez vers un public jeune, issu de l'immigration, aculturé et en manque de repères.
De part ma fonction, j'éduque des enfants issus de cultures différentes et de milieux défavorisés. Des enfants fragiles, en quête d'une identité que leurs parents n'ont pas pu leur donner.
Et contrairement à vous, Monsieur, j'essaie de leur donner le gout de la culture, le sens du partage, l'envie de s'enrichir les uns des autres. Je les respecte tellement, Monsieur, qu'ils finiraient par se respecter eux mêmes si vos discours ne venaient pas entraver ce travail qui me demande une energie dont vous n'avez sans doute pas idée.
Votre paranoïa personnelle ne m'interresse pas et je ne doute pas un instant que vous passerez très vite de mode.
Parcequ'il y a une chose que vous semblez oublier Monsieur M'bala M'bala.
Vous pouvez vous prévaloir de toutes les thèses révisionnistes que vous voulez, vous appuyer sur la propre paranoïa de votre ami Monsieur Soral, inventer toutes les quenelles que vous voulez....
Le monde est fait d'êtres humains, de cultures, de gouts, de pensées, de désirs différents et toute la richesse de notre humanité réside dans ces différences.
Et à la fin, Monsieur, tout à la fin, les enfants musulmans, juifs, chrétiens, noirs, blancs, métis finiront par vivre ensemble parceque, tout simplement ils n'auront pas d'autre choix.
Ne pas savoir cela, ne pas le pressentir et ne pas oeuvrer dans ce sens, dénote un manque total de reflexion.
Votre responsabilité est là Monsieur M'bala M'bala: Vous qui savez utiliser les médias, qui conspuez sans cesse un système qui vous nourrit et dans lequel vous éduqez vos propres enfants, vous oubliez que sans les flux migratoires, sans les différences, vous et moi ne serions même pas de ce monde.
Vous oubliez que même si le système est loin d'être parfait, l'homme n'a tout de même rien inventer de mieux que la démocratie qui vous laisse à vous, le droit de vous exprimer et à moi, celui de vous écrire.
Il y a encore beaucoup de travail pour que partout dans le monde des hommes et des femmes, comme vous et moi, aient ce droit si simple.
Mais je vous l'écris très clairement Monsieur.
Je refuse, en tant que juive, femme, française, d'avoir peur.
Je refuse de devoir quitter mon pays parceque des gens comme vous se permettent de manipuler l'Histoire et je refuse de considérer que vous puissez avoir une quelconque importance.
Je refuse de semer la haine et la violence.
Une parole libre, Monsieur, est toujours une parole respectueuse.
Bien à vous,
Sylvia URYN
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