mardi 24 avril 2018
Le fondateur de l'IRIS Pascal Boniface s'est rendu en Israël A l'aéroport, il a été victime d'une agression, passée relativement inaperçue dans le paysage médiatique.
Le fondateur de l'IRIS Pascal Boniface s'est rendu en Israël à l'invitation du Consulat général et de l’Institut français de Jérusalem. A l'aéroport, il a été victime d'une agression, passée relativement inaperçue dans le paysage médiatique.
Pascal Boniface, essayiste et fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), notamment connu pour ses positions critiques à l'égard du gouvernement israélien, a été insulté et bousculé alors qu'il venait d'atterrir à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le 16 avril.
Le chercheur se rendait en Israël à l'invitation du Consulat général de France et de l’institut français de Jérusalem pour participer à un cycle de trois conférences. Elles portaient sur la géopolitique du sport, les enjeux du conflit israélo-palestinien et les perspectives de paix.
Sur la vidéo, on peut voir Pascal Boniface se faire vilipender par plusieurs individus dans l'enceinte de l'aéroport de Tel Aviv. «Vas-y viens, viens, sors fils de p***», lui intiment plusieurs personnes près des portes de sortie de l'aéroport. Pascal Boniface demande alors où est la sécurité dans l'aéroport. «Y'a pas de sécurité pour ta gueule en**lé !», s'entend-il répondre.
Un homme le suit, continue à l'insulter violemment puis le bouscule pour le forcer à sortir de l'aérogare, avant de lui cracher dessus.
Si la vidéo de l'incident a circulé sur les réseaux sociaux, l'incident est passé relativement inaperçu dans le paysage médiatique français. «J’imagine que si un intellectuel français venant dans un pays du Maghreb avait été agressé par des doubles nationaux parce que ses opinions sur le Proche-Orient déplaisent les réactions politiques et médiatiques auraient été d’une autre ampleur», a commenté Pascal Boniface le 23 avril sur Twitter.
Le Consul général de France à Jérusalem a pour sa part condamné l'incident par voie de communiqué. Pierre Cochard a ainsi dénoncé une agression «inadmissible [...] bien sûr indissociable des messages souvent haineux diffusés contre le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques et contre le Consulat général après l’annonce de ces conférences».
Taxé à plusieurs reprises d'antisémitisme durant sa carrière, notamment après la diffusion d'une note interne du PS (dont il faisait alors partie) de 2001 dans laquelle il estimait que le parti devait se défaire de son tropisme pro-israélien, Pascal Boniface a récemment publié le livre Antisémite (Max Milo, 2017). Dans cet ouvrage, il se défend de tout antisémitisme et rappelle notamment que «critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite».
Refusant l'amalgame entre la population juive et l'Etat d'Israël, il y souligne par ailleurs que ses positions critiques à l'égard de la politique menée par l'Etat hébreu ne sont pas en contradiction avec la lutte contre l'antisémitisme.
Syrie: R Fisk le reporter multi primé apporte une enquête et un témoignage de terrain contredisant la propagande de guerre occidentale
Le reportage exclusif de Robert Fisk, qui a enquêté à Douma. Robert Fisk est un journaliste britannique, grand reporter et correspondant au Proche-Orient depuis plus de trente ans à Beyrouth du journal The Independent. Il a publié un nombre important de livres sur la révolution iranienne, des guerres du Liban, du Golfe, d’Afghanistan, de l’invasion de l’Irak en 2003, du Kosovo et d’Algérie. Fisk a reçu plus de récompenses pour son travail de journaliste que n’importe quel autre grand reporter britannique
Source : Robert Fisk, The Independent, 16/04/2018, traduction par nos confrères de les-crises.fr
Exclusif : Robert Fisk rend visite à la Clinique syrienne au cœur d’une crise globale.
C’est l’histoire d’une ville appelée Douma, un endroit putride, ravagé, plein d’immeubles résidentiels défoncés, et où se trouve une clinique souterraine dont les images de souffrance ont permis à 3 des plus grandes puissances du monde occidental de bombarder la Syrie la semaine dernière. Il y a même un docteur sympa en blouse verte qui, alors que je le localise justement dans cette même clinique, me dit avec entrain que la vidéo du « gaz » qui a horrifié la planète – malgré tous les sceptiques – est absolument authentique.
Les récits de guerre, cependant, ont pour habitude de tourner au cauchemar. Et ce même médecin-chef syrien de 58 ans ajoute ensuite une chose profondément dérangeante : les patients, dit-il, ont été exposés non pas à du gaz, mais à un manque d’oxygène (hypoxie) dans les tunnels jonchés de déchets, et dans les sous-sols où ils vivaient, au cours d’une nuit de grand vent et de bombardements intensifs qui ont déclenché une tempête de poussière.
Tandis que le docteur Assim Rahaibani énonce cette conclusion extraordinaire, il est important d’observer qu’il n’est pas, de son propre aveu, un témoin lui-même, et que bon angliciste, il se réfère 2 fois aux djihadistes armés de Jaish el-islam [l’armée de l’Islam] à Douma comme à des terroristes, l’expression du régime qui désigne ses ennemis, et un terme utilisé par beaucoup de gens partout en Syrie. Ai-je bien entendu ? Quelle version des événements sommes-nous supposés croire ?
Par malchance aussi, les médecins de garde lors de cette nuit du 7 avril sont tous les 2 à Damas, afin d’apporter leurs indices de preuve à une enquête sur les armes chimiques, qui devra tenter de fournir une réponse définitive à cette question dans les semaines à venir.
Entretemps, la France a dit qu’elle avait « la preuve » que des armes chimiques avaient été utilisées, et les médias US ont cité des sources qui attestaient aussi ce fait. L’Organisation des Casques Blancs a aussi déclaré que ses partenaires sur le terrain traitaient 500 patients « présentant des signes et des symptômes correspondants à une exposition à des substances chimiques toxiques. »
Au même moment, les inspecteurs de l’OPCW, [Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques OIAC], sont dans l’impossibilité de parvenir ici sur le site de l’attaque au gaz alléguée, apparemment parce qu’ils n’avaient pas les bonnes autorisations de l’ONU.
Avant d’aller plus loin, les lecteurs doivent savoir que ce n’est pas le seul récit qui a cours à Douma. Il y a beaucoup de gens avec qui j’ai discuté au milieu des ruines qui déclarent qu’ils n’ont jamais cru à ces histoires de gaz – qui ont été fabriquées, disent-ils, par les groupes islamistes armés. Ces djihadistes d’un genre particulier ont survécu sous un déluge d’obus, en vivant dans les logements d’autres gens, et dans de vastes et larges tunnels équipés de routes souterraines creusées dans la roche par des prisonniers à l’aide de pioches sur 3 niveaux sous la ville. Je me suis promené dans 3 d’entre eux hier, des couloirs immenses faits de roche naturelle qui contenaient encore des roquettes russes – oui, russes – et des voitures carbonisées.
Ainsi, l’histoire de Douma n’est donc pas qu’une histoire de gaz ou pas, comme l’affaire en a l’air. Il s’agit de celle de milliers de gens qui ont choisi de ne pas évacuer la zone dans des bus la semaine dernière, aux côtés des combattants avec lesquels ils étaient forcés de vivre comme des troglodytes pendant des mois afin de survivre. Je me suis promené dans cette ville assez librement hier, sans soldats, sans policiers ou garde du corps qui scrute mes pas, juste 2 amis syriens, un appareil photo et un carnet. Parfois je devais escalader des remparts de plus de 6 mètres, ou gravir comme des murs de terre. Heureux de trouver un étranger parmi eux, plus heureux encore que le siège de la ville soit enfin terminé, la plupart ont le sourire ; enfin ceux dont vous pouvez voir les visages bien sûr, parce qu’à Douma, un nombre surprenant de femmes portent le hijab noir qui couvre tout leur corps.
Je me suis d’abord rendu à Douma en tant que membre d’un convoi de journalistes sous escorte. Mais une fois qu’un général ennuyeux nous eût annoncé sur le parvis d’une mairie démolie « Je n’ai pas d’informations. » – ce foutu langage officiel arabe d’une utilité remarquable – je me suis éclipsé. Plusieurs autres reporters, la plupart syriens, en firent autant. Même un groupe de journalistes russes – tous en treillis militaire – s’écarta du groupe.
Je pus rejoindre au bout d’une courte marche le docteur Rahaibani. Depuis la porte de sa clinique souterraine – appelée « Point 200 », dans la géologie bizarre de cette ville partiellement enterrée – il y a un couloir qui descend. C’est là où il m’a montré son hôpital inférieur, et les quelques lits où une petite fille pleurait tandis que des infirmières s’occupaient d’une coupure au-dessus de son œil.
« J’étais avec ma famille dans le sous-sol de ma maison, à 300 mètres d’ici au cours de la nuit. Mais tous les docteurs ici savent ce qui s’est passé. Il y avait un bombardement intense [par les forces gouvernementales] et les avions survolaient toujours Douma la nuit – mais cette nuit-là, il y avait du vent et des nuages de poussière gigantesques se sont engouffrés dans les sous-sols et les caves où les gens vivent. Des personnes qui souffraient d’hypoxie, en manque d’oxygène, commencèrent à arriver ici. C’est alors que quelqu’un à la porte, un « Casque Blanc », cria « Gaz ! », et ce fut la panique. Les gens se mirent à s’asperger d’eau les uns les autres. Oui, la vidéo a été filmée ici, elle est authentique, mais ce que vous voyez, ce sont des gens qui souffrent d’hypoxie – et non d’empoisonnement au gaz. »
Le correspondant pour le Moyen Orient de l’INDEPENDENT Robert Fisk dans l’un des tronçons de tunnels déblayé sous Douma par des prisonniers des rebelles syriens (yara Ismail)
Bizarrement, après avoir bavardé avec plus de 20 personnes, je me suis retrouvé incapable d’en trouver une seule qui montre le moindre intérêt pour le rôle que Douma avait pu jouer dans le déclenchement des attaques occidentales. En fait, 2 m’ont même dit qu’elles ignoraient qu’il y avait un lien.
Mais c’est un monde étrange dans lequel je me suis aventuré. 2 hommes, Hussam et Nazir Abu Aishe, me confièrent qu’ils étaient incapables de me dire combien de personnes avaient été tuées à Douma, bien que le second eût admis qu’il avait un cousin qui avait été exécuté par Jaish el-Islam [l’armée de l’Islam], pour avoir été suspecté d’être « proche du régime ». Ils haussèrent les épaules lorsque je les interrogeai sur les 43 personnes censées avoir péri lors de l’infâme attaque de Douma.
Les Casques Blancs – les secouristes médicaux déjà célèbres en occident mais dont la propre histoire présente des recoins intéressants – ont joué un rôle désormais bien connu durant les combats. Ils sont en partie financés par le Foreign Office [Ministère des Affaires Etrangères britannique], et la plupart des bureaux locaux étaient administrés par des hommes de Douma. J’ai retrouvé leurs bureaux démolis pas très loin de la clinique du docteur Rahaibani. Un masque à gaz trainait sur un container de nourriture avec un œil percé, et une pièce était occupée par une pile d’uniformes camouflés très sales. Mise en scène ? Je me le suis demandé mais j’en doute. L’endroit était jonché de capsules, d’équipements médicaux hors d’usage, et de dossiers, de lits et de matelas.
Bien sûr que nous devons écouter leur version des faits, mais ce ne sera pas le cas ici : Une femme nous a dit que tous les membres des Casques Blancs à Douma avaient abandonné leur Quartier Général et choisi de prendre les bus affrétés par le Gouvernement et protégés par les Russes, pour rejoindre la province rebelle d’Idlib avec les groupes armés, lorsque la trêve fut négociée.
Les étalages étaient ouverts, il y avait une patrouille de la Police militaire russe – un ajout optionnel lors de tout cessez-le-feu en Syrie à présent – et personne ne s’était même donné la peine d’investir les sous-sols de la prison islamiste interdite près du Square des Martyrs où les victimes étaient supposées être décapitées. Le complément de Police civile est fourni par le Ministère de l’Intérieur – ils portent de façon étrange des vêtements militaires – et ils sont surveillés par les Russes qui eux-mêmes peuvent – ou pas- être sous surveillance des seconds. Là encore, mes questions sérieuses sur le gaz furent accueillies avec ce qui sembla être une authentique perplexité.
Comment se pourrait-il que des réfugiés en provenance de Douma arrivés jusque dans les camps de Turquie aient pu décrire une attaque au gaz dont personne aujourd’hui à Douma ne semble se souvenir ? Je me suis dit, alors que je marchais dans les tunnels entrecroisés de ces misérables prisonniers, que les citoyens de Douma vivaient si isolés les uns des autres depuis si longtemps que « l’information » au sens que nous lui prêtons, n’avait tout simplement aucune signification pour eux. « La Syrie n’en produit pas comme la démocratie à la Jefferson » – comme j’aime cyniquement à le dire à mes collègues arabes – et c’est effectivement une dictature impitoyable, mais pas au point d’intimider ces gens heureux de voir des étrangers parmi eux, et de les empêcher de réagir avec quelques paroles de vérité. Alors que m’ont-ils dit ?
Ils m’ont parlé des islamistes sous le pouvoir desquels ils ont été obligés de vivre. Ils m’ont parlé de la façon dont les groupes armés avaient volé des logements aux civils pour se prémunir du gouvernement syrien et des bombardements russes. Les [islamistes de] Jaish el-Islam avaient brûlé leurs bureaux avant de fuir, mais les constructions massives qu’ils avaient édifiées à l’intérieur des zones de sécurité avaient été presque toutes réduites en bouillie par les raids aériens. Un colonel syrien que j’ai rencontré derrière l’une de ces constructions m’a demandé si je voulais me rendre compte de la profondeur de ces tunnels. Je me suis arrêté au bout de 2 kilomètres, lorsqu’il me fit observer en langage codé que « ce tunnel pourrait aussi bien mener jusqu’à la Grande Bretagne. » Ah oui… Mme May, me dis-je, dont les frappes aériennes ont été si intimement liées à ce lieu de tunnels et de poussière… Et de gaz ?
Source : Robert Fisk, The Independent, 16/04/2018
Traduit par BR pour le site www.les-crises.fr.
lundi 23 avril 2018
Ahed Tamimi : une chanson est née (Counterpunch)
Ahed Tamimi : une chanson est née (Counterpunch)
Uri AVNERY
Un ami d’outre-mer m’a envoyé l’enregistrement d’une chanson. Une chanson arabe, avec une douce mélodie arabe, chantée par un chœur féminin arabe, accompagné à la flûte.
Ça donne ça :
Ahed,
tu es la promesse et tu es la gloire
debout comme l’olivier de notre terre
du berceau au sépulcre
ta dignité restera sans tache
Patrie, plantée en nous,
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée
blonde, à la riche crinière
pure, de la pureté du sanctuaire
tu enseignes aux générations
comment se rebelle le peuple oublié
Patrie, plantée en nous,
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée
tes yeux bleus sont le phare
d’une patrie qui étreint
toutes les civilisations dans son sein
tu as uni le proche et le lointain
incendié les cœurs d’une étincelle
ton front haut est un sommet
il aiguise en nous toutes les ardeurs
tu as illuminé les ténèbres
et de tes mains délicates
ébranlé le monde
par trop de bravoure
Tu as rendu la gifle au profanateur
Et le respect à la nation
La génération palestinienne actuelle a décidé de baisser la tête jusqu’à ce que la tempête passe. La génération palestinienne à venir pourra agir d’une façon complètement différente.
La veille de mes 15 ans, j’ai rejoint un groupe clandestin (ou « terroriste ») qui combattait le régime colonial britannique. Près de 80 ans plus tard, je me souviens de chaque chanson de cette époque, mot pour mot. Des chansons comme « nous sommes des soldats inconnus sans uniformes » et beaucoup d’autres. Après cela, j’ai écrit un hymne pour ma compagnie.
Je ne suis pas un poète. Loin de là. Mais j’ai écrit quelques chansons dans mon temps, y compris « les renards de Samson », un hymne à mon unité de commando dans l’armée israélienne. Alors je connais la puissance d’une chanson. En particulier, une chanson sur l’héroïsme d’une jeune fille de 16 ans.
Dès l’instant où j’ai vu la scène où Ahed Al-Tamimi boxait la face d’un capitaine de l’armée israélienne, j’ai compris que quelque chose d’important était arrivé.
Lord Acton, le politicien britannique a écrit : « le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. » j’ajouterai : « Coloniser un autre peuple tend à vous rendre stupide, et une longue occupation vous rend totalement stupide. »
Dans ma jeunesse, alors que j’étais déjà membre de l’organisation clandestine anti-britannique, je travaillais dans le bureau d’un avocat britannique, dont beaucoup de clients étaient des représentants de l’administration britannique. Je me suis souvent demandé : « comment est-ce possible qu’un peuple aussi intelligent puisse se comporter aussi bêtement ? »
Ce sont des gens gentils, qui traitaient poliment même un petit employé comme moi. Mais ils n’avaient aucune alternative : l’occupation pousse l’occupant à se comporter stupidement.
Cela fonctionne ainsi : pour maintenir longtemps un régime d’occupation, l’occupant doit croire dans la supériorité de sa « race » et dans l’infériorité de ses sujets, qui sont vus comme des créatures primitives. Sinon, qu’est ce qui leur donnerait le droit d’assujettir un autre peuple ? C’est exactement ce qui nous est arrivé.
Au moment où j’ai vu la scène à la télévision, j’ai su que quelque chose de capital avait eu lieu. Le peuple palestinien a maintenant une héroïne nationale. La jeunesse palestinienne a maintenant un modèle à imiter.
Le public israélien s’est habitué à l’occupation. Il croit qu’il s’agit d’une situation normale, que l’occupation pourra durer toujours. Mais l’occupation n’est pas une situation normale, et un jour, elle arrivera à sa fin.
Dix mille britanniques ont gouverné des centaines de millions d’indiens, jusqu’à ce qu’un homme décharné appelé Gandhi soit allé récolter du sel sur la côte en s’opposant à la loi. La jeunesse indienne s’est levée et la domination britannique tomba comme une feuille d’un arbre en Automne.
La même stupidité s’empara de tous les agents de l’occupation qui ont eu affaire à Ahed Al-Tamimi. Les officiers de l’armée, les procureurs et les juges militaires.
Si nous étions des occupants avisés – un oxymore – nous aurions laissé Ahed retourner chez elle depuis longtemps. Mais nous continuons à la garder enfermée. Elle et sa mère.
Certes, il y a quelques jours, l’armée a réalisé sa propre idiotie. Avec l’aide de l’avocate (juive) dévouée de Ahed, Gabi Lasky, un « compromis » a été obtenu. Plusieurs charges ont été abandonnées et Ahed n’a été condamnée qu’à « seulement » huit mois de prison.
Elle sera libérée dans trois mois. Mais c’est trop tard : la photo de Ahed est déjà gravée dans l’esprit de chaque palestinien garçon ou fille. Ahed, la jeune fille couverte de cheveux blonds, ses yeux bleus scintillant comme un phare, Ahed la sainte. Ahed la libératrice.
La Jeanne D’Arc palestinienne, le symbole national.
L’histoire de Ahed Al-Tamimi a eu lieu en Cisjordanie. Mais elle a résonné jusque dans la bande de Gaza.
Pour la plupart des israéliens, la bande de Gaza est quelque chose d’autre. Il ne s’agit pas de territoire occupé. Ça ne nous concerne pas.
Cependant, la situation de la bande de Gaza est encore pire qu’une occupation directe. La bande est complètement encerclée. Au Nord et à l’Est, il y a Israël, à l’Ouest la mer, où la marine israélienne tire sur tout sauf les bateaux de pêche près du rivage. Le sud appartient à l’Égypte, qui se comporte encore pire que les israéliens et qui est en étroite coopération avec eux.
La situation dans la bande de Gaza est aussi proche de l’enfer qu’il est possible. La nourriture est au niveau de la subsistance, l’électricité seulement 2 à 4 heures par jour, l’eau est polluée. Le travail est extrêmement rare. On n’autorise à sortir que ceux qui sont le plus gravement malade.
Pourquoi ? Ceci est dû au démon qui sévit dans le gouvernement israélien : le démon démographique.
En Palestine historique, sur la terre entre la Méditerranée et le Jourdain, vivent près de 13 millions de personnes, avec approximativement une moitié de juifs et une autre d’arabes, avec un léger avantage en faveur des arabes. Les chiffres sont incertains, mais il y a à peu près 3 millions d’arabes en Cisjordanie, 2 millions dans la bande de Gaza et 1,5 millions de citoyens arabes israéliens. Le taux de natalité arabe est supérieur à la moyenne juive.
Ces chiffres perturbent le sommeil de nombreux responsables israéliens, surtout les politiques. Ils cherchent les moyens de changer cet équilibre. Ils ont eu l’illusion, à un moment, que si la situation à Gaza devenait insupportable, les gens émigreraient. Mais cela ne se fit pas. Les palestiniens sont devenus très tenaces.
Alors une nouvelle mode a vu le jour : ignorons simplement ces salopards. Imaginons simplement que la bande de Gaza a sombré dans la mer, comme un politicien israélien l’a invoqué dans une prière. Pas de bande. Deux millions de palestiniens de moins.
Mais la bande est là. Certes, Gaza est gouverné par le parti islamique Hamas, alors que la Cisjordanie est gouvernée par l’OLP d’Abu Mazen, et l’hostilité entre les deux est féroce. Cela arrive dans presque tous les mouvements de libération de l’histoire. Dans notre cas, l’organisation s’est divisée pour former la Haganah (’’Défense’’) qui appartenait à la direction sioniste officielle, et l’Irgoun (’’Organisation’’, diminutif de l’Organisation militaire nationale). Ensuite, l’Irgoun s’est divisé, et le Lehi ("Combattants pour la Liberté d’Israël"), encore plus extrême, appelé le "Stern Gang" par les Britanniques, était né. Ils se détestaient tous les uns les autres.
Cependant, parmi les gens, il n’y a pas du tout de différences. Ce sont tous des palestiniens. Ahed est l’héroïne de chacun d’entre eux. Peut-être que son exemple a joué un rôle dans ce qui s’est passé la semaine dernière.
Pendant un certain temps, la bande de Gaza était restée calme. Il y eut même une sorte de modus vivendi entre le Hamas et Israël. Les israéliens se sont félicité de leur intelligence. Et puis c’est arrivé.
Soudain, comme venue de nulle part, la population de Gaza s’est levée. Hamas l’a rassemblée vendredi près de la frontière, sans armes. Une campagne prolongée de résistance passive devait commencer.
Quand on m’a demandé ce qui allait se passer, j’ai dit que l’armée israélienne allait tirer pour tuer. C’est simple : les israéliens ne savent pas gérer une résistance passive. Ils tirent pour la transformer en résistance violente. Ça, ils savent le gérer. Avec plus de violence.
Et c’est exactement ce qui s’est passé vendredi dernier, le premier jour de la campagne : des snipers étaient postés le long de la ligne, avec ordre de tirer sur les « meneurs » – quiconque qui se démarque. Dix-huit manifestants non-armés furent tués, près de mille ont été blessés par balles.
Si certains ont pu penser que le monde démocratique allait se lever pour condamner Israël, il se sont tristement trompés. Ce qui a été révélé est l’incroyable emprise du gouvernement israélien et son organisation sioniste sur les institutions et les organes de presse mondiaux.
A quelques petites exceptions près, les atroces nouvelles n’ont même pas été publiées, ou alors comme des faits mineurs.
Mais cela ne peut pas durer longtemps. Les manifestations de Gaza se poursuivront, surtout les vendredis (jour saint des musulmans), jusqu’au 15 Mai, le jour de la Nakba (catastrophe), qui commémore la fuite de masse / l’expulsion de la moitié du peuple palestinien de ses foyers. Les drapeaux palestiniens envahiront les écrans du monde.
Ahed sera encore en prison.
Uri Avnery
URI AVNERY est un écrivain israélien et militant pour la paix avec Gush Shalom. Il a contribué au livre de CounterPunch : The Politics of Anti-Semitism (La Politique de l’Antisémitisme)
Traduction Vagabond (chanson traduite de l’arabe)
Ça donne ça :
Ahed,
tu es la promesse et tu es la gloire
debout comme l’olivier de notre terre
du berceau au sépulcre
ta dignité restera sans tache
Patrie, plantée en nous,
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée
blonde, à la riche crinière
pure, de la pureté du sanctuaire
tu enseignes aux générations
comment se rebelle le peuple oublié
Patrie, plantée en nous,
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée
tes yeux bleus sont le phare
d’une patrie qui étreint
toutes les civilisations dans son sein
tu as uni le proche et le lointain
incendié les cœurs d’une étincelle
ton front haut est un sommet
il aiguise en nous toutes les ardeurs
tu as illuminé les ténèbres
et de tes mains délicates
ébranlé le monde
par trop de bravoure
Tu as rendu la gifle au profanateur
Et le respect à la nation
La génération palestinienne actuelle a décidé de baisser la tête jusqu’à ce que la tempête passe. La génération palestinienne à venir pourra agir d’une façon complètement différente.
La veille de mes 15 ans, j’ai rejoint un groupe clandestin (ou « terroriste ») qui combattait le régime colonial britannique. Près de 80 ans plus tard, je me souviens de chaque chanson de cette époque, mot pour mot. Des chansons comme « nous sommes des soldats inconnus sans uniformes » et beaucoup d’autres. Après cela, j’ai écrit un hymne pour ma compagnie.
Je ne suis pas un poète. Loin de là. Mais j’ai écrit quelques chansons dans mon temps, y compris « les renards de Samson », un hymne à mon unité de commando dans l’armée israélienne. Alors je connais la puissance d’une chanson. En particulier, une chanson sur l’héroïsme d’une jeune fille de 16 ans.
Dès l’instant où j’ai vu la scène où Ahed Al-Tamimi boxait la face d’un capitaine de l’armée israélienne, j’ai compris que quelque chose d’important était arrivé.
Lord Acton, le politicien britannique a écrit : « le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. » j’ajouterai : « Coloniser un autre peuple tend à vous rendre stupide, et une longue occupation vous rend totalement stupide. »
Dans ma jeunesse, alors que j’étais déjà membre de l’organisation clandestine anti-britannique, je travaillais dans le bureau d’un avocat britannique, dont beaucoup de clients étaient des représentants de l’administration britannique. Je me suis souvent demandé : « comment est-ce possible qu’un peuple aussi intelligent puisse se comporter aussi bêtement ? »
Ce sont des gens gentils, qui traitaient poliment même un petit employé comme moi. Mais ils n’avaient aucune alternative : l’occupation pousse l’occupant à se comporter stupidement.
Cela fonctionne ainsi : pour maintenir longtemps un régime d’occupation, l’occupant doit croire dans la supériorité de sa « race » et dans l’infériorité de ses sujets, qui sont vus comme des créatures primitives. Sinon, qu’est ce qui leur donnerait le droit d’assujettir un autre peuple ? C’est exactement ce qui nous est arrivé.
Au moment où j’ai vu la scène à la télévision, j’ai su que quelque chose de capital avait eu lieu. Le peuple palestinien a maintenant une héroïne nationale. La jeunesse palestinienne a maintenant un modèle à imiter.
Le public israélien s’est habitué à l’occupation. Il croit qu’il s’agit d’une situation normale, que l’occupation pourra durer toujours. Mais l’occupation n’est pas une situation normale, et un jour, elle arrivera à sa fin.
Dix mille britanniques ont gouverné des centaines de millions d’indiens, jusqu’à ce qu’un homme décharné appelé Gandhi soit allé récolter du sel sur la côte en s’opposant à la loi. La jeunesse indienne s’est levée et la domination britannique tomba comme une feuille d’un arbre en Automne.
La même stupidité s’empara de tous les agents de l’occupation qui ont eu affaire à Ahed Al-Tamimi. Les officiers de l’armée, les procureurs et les juges militaires.
Si nous étions des occupants avisés – un oxymore – nous aurions laissé Ahed retourner chez elle depuis longtemps. Mais nous continuons à la garder enfermée. Elle et sa mère.
Certes, il y a quelques jours, l’armée a réalisé sa propre idiotie. Avec l’aide de l’avocate (juive) dévouée de Ahed, Gabi Lasky, un « compromis » a été obtenu. Plusieurs charges ont été abandonnées et Ahed n’a été condamnée qu’à « seulement » huit mois de prison.
Elle sera libérée dans trois mois. Mais c’est trop tard : la photo de Ahed est déjà gravée dans l’esprit de chaque palestinien garçon ou fille. Ahed, la jeune fille couverte de cheveux blonds, ses yeux bleus scintillant comme un phare, Ahed la sainte. Ahed la libératrice.
La Jeanne D’Arc palestinienne, le symbole national.
L’histoire de Ahed Al-Tamimi a eu lieu en Cisjordanie. Mais elle a résonné jusque dans la bande de Gaza.
Pour la plupart des israéliens, la bande de Gaza est quelque chose d’autre. Il ne s’agit pas de territoire occupé. Ça ne nous concerne pas.
Cependant, la situation de la bande de Gaza est encore pire qu’une occupation directe. La bande est complètement encerclée. Au Nord et à l’Est, il y a Israël, à l’Ouest la mer, où la marine israélienne tire sur tout sauf les bateaux de pêche près du rivage. Le sud appartient à l’Égypte, qui se comporte encore pire que les israéliens et qui est en étroite coopération avec eux.
La situation dans la bande de Gaza est aussi proche de l’enfer qu’il est possible. La nourriture est au niveau de la subsistance, l’électricité seulement 2 à 4 heures par jour, l’eau est polluée. Le travail est extrêmement rare. On n’autorise à sortir que ceux qui sont le plus gravement malade.
Pourquoi ? Ceci est dû au démon qui sévit dans le gouvernement israélien : le démon démographique.
En Palestine historique, sur la terre entre la Méditerranée et le Jourdain, vivent près de 13 millions de personnes, avec approximativement une moitié de juifs et une autre d’arabes, avec un léger avantage en faveur des arabes. Les chiffres sont incertains, mais il y a à peu près 3 millions d’arabes en Cisjordanie, 2 millions dans la bande de Gaza et 1,5 millions de citoyens arabes israéliens. Le taux de natalité arabe est supérieur à la moyenne juive.
Ces chiffres perturbent le sommeil de nombreux responsables israéliens, surtout les politiques. Ils cherchent les moyens de changer cet équilibre. Ils ont eu l’illusion, à un moment, que si la situation à Gaza devenait insupportable, les gens émigreraient. Mais cela ne se fit pas. Les palestiniens sont devenus très tenaces.
Alors une nouvelle mode a vu le jour : ignorons simplement ces salopards. Imaginons simplement que la bande de Gaza a sombré dans la mer, comme un politicien israélien l’a invoqué dans une prière. Pas de bande. Deux millions de palestiniens de moins.
Mais la bande est là. Certes, Gaza est gouverné par le parti islamique Hamas, alors que la Cisjordanie est gouvernée par l’OLP d’Abu Mazen, et l’hostilité entre les deux est féroce. Cela arrive dans presque tous les mouvements de libération de l’histoire. Dans notre cas, l’organisation s’est divisée pour former la Haganah (’’Défense’’) qui appartenait à la direction sioniste officielle, et l’Irgoun (’’Organisation’’, diminutif de l’Organisation militaire nationale). Ensuite, l’Irgoun s’est divisé, et le Lehi ("Combattants pour la Liberté d’Israël"), encore plus extrême, appelé le "Stern Gang" par les Britanniques, était né. Ils se détestaient tous les uns les autres.
Cependant, parmi les gens, il n’y a pas du tout de différences. Ce sont tous des palestiniens. Ahed est l’héroïne de chacun d’entre eux. Peut-être que son exemple a joué un rôle dans ce qui s’est passé la semaine dernière.
Pendant un certain temps, la bande de Gaza était restée calme. Il y eut même une sorte de modus vivendi entre le Hamas et Israël. Les israéliens se sont félicité de leur intelligence. Et puis c’est arrivé.
Soudain, comme venue de nulle part, la population de Gaza s’est levée. Hamas l’a rassemblée vendredi près de la frontière, sans armes. Une campagne prolongée de résistance passive devait commencer.
Quand on m’a demandé ce qui allait se passer, j’ai dit que l’armée israélienne allait tirer pour tuer. C’est simple : les israéliens ne savent pas gérer une résistance passive. Ils tirent pour la transformer en résistance violente. Ça, ils savent le gérer. Avec plus de violence.
Et c’est exactement ce qui s’est passé vendredi dernier, le premier jour de la campagne : des snipers étaient postés le long de la ligne, avec ordre de tirer sur les « meneurs » – quiconque qui se démarque. Dix-huit manifestants non-armés furent tués, près de mille ont été blessés par balles.
Si certains ont pu penser que le monde démocratique allait se lever pour condamner Israël, il se sont tristement trompés. Ce qui a été révélé est l’incroyable emprise du gouvernement israélien et son organisation sioniste sur les institutions et les organes de presse mondiaux.
A quelques petites exceptions près, les atroces nouvelles n’ont même pas été publiées, ou alors comme des faits mineurs.
Mais cela ne peut pas durer longtemps. Les manifestations de Gaza se poursuivront, surtout les vendredis (jour saint des musulmans), jusqu’au 15 Mai, le jour de la Nakba (catastrophe), qui commémore la fuite de masse / l’expulsion de la moitié du peuple palestinien de ses foyers. Les drapeaux palestiniens envahiront les écrans du monde.
Ahed sera encore en prison.
Uri Avnery
URI AVNERY est un écrivain israélien et militant pour la paix avec Gush Shalom. Il a contribué au livre de CounterPunch : The Politics of Anti-Semitism (La Politique de l’Antisémitisme)
Traduction Vagabond (chanson traduite de l’arabe)
jeudi 19 avril 2018
mercredi 18 avril 2018
Philippe Lamberts, eurodéputé a humilié Macron au Parlement et le roquet de la finance en a pris plein la gueule
https://youtu.be/CypvmERXyT8
Le palais présidentiel de Bachar el-Assad et le QG de la garde présidentielle auraient été visés par les tirs occidentaux
Publié par wikistrike.com sur 17 Avril 2018, 17:44pm
Le palais présidentiel syrien et le quartier général de la Garde présidentielle ont été ciblés lors de l'agression tripartite de la Syrie mais tous les missiles hostiles furent interceptés et détruits à l'approche de ces deux objectifs.
L'attaque dirigée principalement par les États-Unis et qui n'avait aucunement besoin de la France ou de la Grande-Bretagne (ces deux pays ont servi de décor à l'opération dixit Sayed Hassan Nasrallah du Hezbollah libanais) a visé principalement des aérodromes militaires et non pas trois cibles précises.
Des informations font état de la participation de deux appareils de combat israéliens dans cette attaque sans toutefois préciser si les Israéliens participaient à la campagne et dans ce cas la coalition ne peut être qualifiée de tripartite ou agissaient en parallèle.
Aucun radar ou site SAM syriens n'ont été touchés lors de cette attaque. Ce qui laisse à penser que soit il n'y a pas eu de suppression des défenses aériennes adverses (SEAD) ou que cette dernière fut impossible à réaliser en si peu de temps et vu les immenses restrictions visant à éviter toute friction avec les forces russes en Syrie.
L'évaluation israélienne de cette attaque est sans équivoque : résultat nul et sans aucune portée tactique ou stratégique.
Autre fait passé sous silence, mais par les Russes cette fois : si les missiles Tomahawk et Scalp (Storm Shadow) ont bien été détectés et traqués par les défenses aériennes obsolètes syriennes et celles, bien plus avancées, russes, ce n'est pas le cas pour le BGM-158 JASSM tiré par le B-1B et qui a été utilisé pour la première fois dans un conflit.
Ce missile de croisière est passé inaperçu et les Russes n'ont pas réussi à le détecter à temps.
19 missiles JASSM-ER ont été lancés sur la Syrie par des bombardiers stratégiques B-1B américains.
Aucun ne fut détecté ou intercepté.
Les forces aérospatiales russes en Syrie n'ont pas détecté les missiles JASSM-ER à temps.
Malgré des dysfonctionnements persistants, le JASSM se révèle nettement bien meilleur que le Tomahawk ou le Scalp et ce, malgré sa portée relativement réduite par rapport à certaines versions du Tomahawk.
Enfin, la montée en puissance du dispositif d'attaque US continue autour de la Syrie ne laisse aucun doute possible sur la préparation d'autres opérations visant la Syrie dans un avenir proche.
lundi 16 avril 2018
Le plan secret des USA visant Damas a été déjoué
16AVR
une analyse intéressante partiellement reprise par l’Humanité (note de danielle Bleitrach)
15 avril, 2018
Note d’analyse
Note d’analyse
Donald Trump a dû redescendre du piédestal sur lequel il était monté il y a quelques jours en rassemblant une force militaire imposante et une puissance de feu rappelant « l’opération Tempête du désert », sans toutefois engager les forces terrestres. Le « plan A » prévoyait une attaque dévastatrice sur la Syrie afin de détruire son armée, le palais présidentiel, ses centres de commandement et de contrôle, ses troupes d’élite, ses entrepôts militaires et de munitions stratégiques, ses radars, ses systèmes de défense et les institutions de ses dirigeants politiques.
Le centre de recherche syrien de Barzé bombardé pendant la nuit du 14 avril 2018
Le rôle de la Russie avant et après, l’attaque des USA, du Royaume-Uni et de la France, révélé
Avant la triple attaque contre la Syrie par les USA, la Grande-Bretagne et la France, la Russie et le président Vladimir Poutine, en personne, ont maintenu des contacts intensifs jusqu’à 4 heures du matin, afin de réduire la portée de l’attaque et passer à un « plan B » sans conséquence. Dans ses prises de contact avec plusieurs chefs d’État, la Russie a rejeté toute frappe susceptible de paralyser l’armée syrienne, et a informé les dirigeants de Damas que l’Occident allait dorénavant mûrement réfléchir avant de changer radicalement l’équilibre du pouvoir au Levant.
Mais quelle est la véritable raison de ces frappes ? Est-ce la prétendue « attaque chimique » à Douma ? L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques était déjà à Damas et ses membres sont allés à Douma samedi pour inspecter le lieu où l’attaque chimique en question aurait eu lieu. Pourquoi alors n’ont-ils pas attendu de connaître les résultats avant de frapper ?
Des sources à Damas expliquent qu’avant l’intervention militaire des USA, du Royaume-Uni et de la France, l’armée syrienne et ses alliés, avec l’appui de la Russie, étaient en train de mener une attaque d’envergure dans la région rurale d’Idlib et avaient atteint l’aéroport d’Abou al-Duhur lorsque subitement ils ont cessé leur opération pour ce diriger vers la Ghouta.
En effet, la Russie avait informé les dirigeants syriens d’un grand rassemblement de troupes sur la base militaire occupée par les USA à Al-Tanf, à la frontière syro-irakienne, où des dizaines de milliers de mandataires des USA suivent un entraînement militaire continu. Les Russes avaient décelé des mouvements inhabituels et compris que les USA se préparaient à dépêcher leurs mandataires vers la Ghouta orientale, afin d’établir un lien avec les quelque 30 000 djihadistes qui se trouvaient encore dans la Ghouta. Une attaque était planifiée en même temps qu’une diversion provenant de Daraa, au sud de la Syrie, de façon à attaquer le sud de Damas pour duper l’armée syrienne et ses alliés en les amenant à réduire le nombre de leurs combattants autour de la capitale.
Selon les sources, le plan consistait à soutenir leurs mandataires et les djihadistes de la Ghouta pour qu’ils atteignent Damas et en prennent le plein contrôle. Sauf que le déplacement de l’opération militaire de la région rurale d’Idlib à la Ghouta a contrecarré le plan américain qui consistait à imposer à la Russie un confinement forcé à Lattaquié et Tartous pour parvenir enfin à un changement de régime. Ce « plan de génie » aurait gâché tous les efforts déployés par la Russie après presque trois ans de participation soutenue à la guerre en Syrie, tout en permettant aux USA de prendre le dessus, au moment même où Moscou et l’armée syrienne étaient sur le point de mettre fin à la guerre en Syrie, il ne reste que quelques poches de résistance à libérer.
La riposte de la Russie dans la Ghouta a réduit le plan des USA en miettes, en imposant le retrait de dizaines de milliers de militants de la Ghouta avec leurs familles, vers le nord de la Syrie. La capitale est dorénavant beaucoup plus sûre et il ne reste plus qu’une zone au sud de Damas occupée par al-Qaeda et le groupe armé « État islamique » (Daech), au camp de Yarmouk et à al-Hajar al-Aswad.
Aujourd’hui, la Russie a vidé la frappe des USA, du Royaume-Uni et de la France de son contenu et de son objectif en imposant une « attaque restreinte » sans valeur, qui a très peu de chance de changer quoi que ce soit sur le terrain en Syrie.
Lorsque la Russie a promis d’abattre tout missile lancé contre la Syrie, Trump a répondu ceci : « Tiens-toi prête Russie, parce qu’ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents ». Après la frappe, la Russie a répliqué : « Nous avons utilisé de vieux systèmes de défense antiaérienne soviétique contre ces missiles intelligents, nouveaux et très coûteux lancés par les Américains ». Mais ce n’est pas tout. Les frappes des USA et du Royaume Uni.ontatteint des objectifs qu’Israël bombarde pratiquement à partir d’une base régulière. En ayant réussi à intercepter les deux tiers des missiles, comme l’a affirmé la Russie, la Syrie perçoit l’attaque comme une sorte « d’entraînement avec des munitions réelles, en préparation à une éventuelle attaque israélienne sur le territoire syrien ». Israël est très déçu et ne semble pas du tout apprécier le résultat final.
Faisant preuve de retenue et de maîtrise de soi, le secrétaire à la Défense James Mattis, qui avait dit « le Pentagone n’a toujours pas de preuves indépendantes pour confirmer qu’il y a eu une attaque chimique en Syrie la semaine dernière », a signalé que toute attaque de grande envergure en Syrie pouvait provoquer un engagement direct de la Russie et une riposte mortelle contre des objectifs des USA. Mattis a accepté une « frappe honorable » pour sauver la face de son patron inexpérimenté. La frappe du trio en Syrie semble avoir redoré le blason du président syrien Bachar al-Assad. Les gens sont sortis célébrer dans les rues de Damas, en se moquant de l’attaque de l’Occident contre leur pays !
Le trio a évité de provoquer directement la Russie, en contournant les bases et les théâtres opérationnels des Russes au lieu de les survoler. La Russie a imposé sa présence et a provoqué la marine américaine et la marine française en effectuant des simulations d’attaques aériennes, afin de montrer qu’elle était prête à rétorquer. La marine russe était positionnée à l’opposé de la côte libanaise afin de couvrir cette partie et d’éviter les angles morts.
Moscou est parvenu à éviter une confrontation directe avec Washington à l’extérieur de son territoire. La Syrie est entourée de bases militaires US (Israël, Jordanie, al-Tanf, Hassaké, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Irak, Turquie). La Russie se souvient comment Leonid Brejnev est tombé dans le piège que lui avait tendu la CIA en 1979, en soutenant les moudjahidines six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Zbigniew Brzezinski a dit que l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques avait été délibérément provoquée par les USA : « C’était une excellente idée. Elle a entraîné les Soviétiques dans la guerre afghane et nous leur avons procuré une guerre du Vietnam. » Presque 40 ans plus tard, Poutine a évité de tomber dans le même piège. Quelle sera la prochaine étape ?
Maintenant que la sécurité de Damas est assurée, tous les yeux sont tournés vers la ville d’Idlib, au nord de la Syrie, qui est sous le contrôle d’Al-Qaeda. Pourquoi Idlib?
La situation dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, semble liée directement à celle qui prévaut à Foua et Kafraya. Lors des négociations de Zabadani, Al-Qaeda et les alliés de Damas se sont entendus pour qu’al-Yarmouk d’une part, et les deux villes assiégées au nord de la Syrie d’autre part, ne soient pas attaquées. Cependant, Damas fait pression pour nettoyer la capitale complètement, en tentant de persuader ses alliés de revenir sur leurs engagements précédents.
En ce qui concerne Daraa et Quneitra dans le sud, il semble que personne en Syrie n’est prêt à provoquer les USA et Israël en ce moment de tension. Il se pourrait qu’ils ne s’en occupent qu’à la toute fin. Dans la Badia (les steppes syriennes), Daech est complètement encerclé et n’a d’autre choix que d’attendre son extermination dans les prochains mois.
Idlib demeure un problème malgré l’entente économique et financière entre les Turcs, les Russes et les Iraniens. Il ne fait aucun doute que des différences marquées de nature économique existent entre ces partenaires à propos de la Syrie.
Le président turc Erdogan a exprimé son soutien, puis sa satisfaction, à l’égard des frappes américaines en Syrie. La Russie a répondu en lui demandant de remettre la ville d’Afrin au gouvernement syrien. L’envoyé spécial iranien pour les affaires syriennes, Ali Akbar Velayati, a dit ouvertement qu’Idlib est le prochain objectif. Il est donc possible que la Turquie se retire des dizaines de postes d’observation qu’elle possède autour d’Idlib, comme les Russes l’ont fait à Afrin avant l’attaque turque. La Russie s’attend aussi à ce qu’Erdogan annule d’un jour à l’autre la vente précédemment convenue de missiles S-400.
Ainsi, l’aiguille de la boussole pointe vers Idlib, Rastan et Jisr al-Shoughour et les forces armées syriennes se rassemblent dans la région rurale de Lattaquié, en étant prêtes à diviser Idlib après avoir libéré les nombreux villages qui l’entourent.
Ce qui nous amène à la prochaine représentation d’une « attaque chimique » sur le théâtre opérationnel de l’armée syrienne et de ses alliés. Les USA vont-ils défendre Al-Qaeda ? Pourquoi pas ? Il n’a jamais vraiment été question d’utilisation d’armes chimiques, puisque ce sont les USA, eux-mêmes, qui possèdent le plus gros arsenal d’armes chimiques au monde. Le véritable enjeu, c’est la défaite des USA et la domination du Levant par la Russie.
jeudi 12 avril 2018
samedi 7 avril 2018
Nouveau carnage des snipers israéliens sur les manifestants pacifiques de Gaza: 9 morts !
APR 6, 2018 — En Direct de Gaza : 9 morts et 1200 blessés dans la bande de Gaza-bilan provisoire- Ce vendredi 6 avril 2018 :
L’armée israélienne a tué ce vendredi 6 avril 2018 neuf palestiniens partout dans la bande de Gaza. -bilan provisoire-
Ces palestiniens se manifestaient pacifiquement dans les zones tampon de sécurité imposée par les forces de l’occupation israélienne sur les frontières de la bande de Gaza.
Plus de 36.000 palestiniens de Gaza se sont ressemblés en masse ce vendredi 6 avril 2018 pour la deuxième semaine de la grande « Marche du retour » sur les frontières, dans une initiative non-violente afin de montrer l’attachement des Palestiniens à leur terre, et que le droit au retour est sacré pour tout le peuple palestinien.
Les soldats israéliens qui se trouvaient sur les frontières ont ouvert le feu en tuant neuf personnes et en blessant mille deux cents.
Les dirigeants israéliens ne supportent pas ces manifestations pacifiques qui se développent dans la bande de Gaza semaine après semaine.
Les manifestants et malgré la brutalité des forces de l’occupation israélienne, sont plus que jamais déterminés à poursuivre ce type d’actions. Ils développent des stratégies non-violentes face à cette occupation aveugle( pneus-miroirs-pierres)
Ils défient les soldats israéliens par leurs drapeaux palestiniens dans les mains et leurs actions pacifiques.
La résistance populaire pacifique se développe dans la bande de Gaza.
Ces actions pacifiques montrent que la non -violence pourra être efficace y compris dans la bande de Gaza pour lutter et résister contre les mesures atroces de l'occupation israélienne.
Honte à cette occupation illégale !
Honte à ce blocus inhumain et mortel !
Honte à cette communauté internationale officielle complice !
Honte à ces médias qui occultent notre réalité !
Vive la solidarité !
Gaza sous blocus résiste
Gaza la dignité persiste
Et à Gaza l’espoir existe !
Amplifions le boycott!
L’armée israélienne a tué ce vendredi 6 avril 2018 neuf palestiniens partout dans la bande de Gaza. -bilan provisoire-
Ces palestiniens se manifestaient pacifiquement dans les zones tampon de sécurité imposée par les forces de l’occupation israélienne sur les frontières de la bande de Gaza.
Plus de 36.000 palestiniens de Gaza se sont ressemblés en masse ce vendredi 6 avril 2018 pour la deuxième semaine de la grande « Marche du retour » sur les frontières, dans une initiative non-violente afin de montrer l’attachement des Palestiniens à leur terre, et que le droit au retour est sacré pour tout le peuple palestinien.
Les soldats israéliens qui se trouvaient sur les frontières ont ouvert le feu en tuant neuf personnes et en blessant mille deux cents.
Les dirigeants israéliens ne supportent pas ces manifestations pacifiques qui se développent dans la bande de Gaza semaine après semaine.
Les manifestants et malgré la brutalité des forces de l’occupation israélienne, sont plus que jamais déterminés à poursuivre ce type d’actions. Ils développent des stratégies non-violentes face à cette occupation aveugle( pneus-miroirs-pierres)
Ils défient les soldats israéliens par leurs drapeaux palestiniens dans les mains et leurs actions pacifiques.
La résistance populaire pacifique se développe dans la bande de Gaza.
Ces actions pacifiques montrent que la non -violence pourra être efficace y compris dans la bande de Gaza pour lutter et résister contre les mesures atroces de l'occupation israélienne.
Honte à cette occupation illégale !
Honte à ce blocus inhumain et mortel !
Honte à cette communauté internationale officielle complice !
Honte à ces médias qui occultent notre réalité !
Vive la solidarité !
Gaza sous blocus résiste
Gaza la dignité persiste
Et à Gaza l’espoir existe !
Amplifions le boycott!
Inscription à :
Articles (Atom)