vendredi 30 novembre 2012
Réflexions d'un paysan
Ce matin il fait froid ,, la gelée blanche transforme l'herbe en sorbet , les vaches apprécient le foin en attendant de se retrouver à la stabulation .. Cette nuit , La Palestine est devenue officiellement un état ;quelques pays complètement bornés , racistes forcément , ont refusé , je ne comprend pas pourquoi .. ou plutôt si je comprend , les paysans de Palestine ne pèsent pas lourd face aux USA , des paysans vous vous rendez compte et en plus des arabes ; pourtant les paysans de la-bas sont mes frères , ils souffrent , Israël leur volent leurs oliviers , défoncent leur terre des bombes encore des bombes ...
Je me rappelle des jeunes , Yasser Arafat ou Laïla Chaïd qui osaient défier ces grands ; des terroristes , qu'ils disaient pourtant que de chemin parcourus depuis ,.. Le soleil commence à percer la brume , nous sentons bien que l'hiver commence à s'installer , nos exploitation ressemblent à des petits villages qui se recroquevillent sous les frimas précoces ...
Les Haut Fourneaux de Floranges sont l'enjeu de tractation ; le milliardaire Indien fait chanter le gouvernement , , alors comme çà maintenant c'est les patrons qui gouvernent la France ! il faudrait foutre à la porte des centaines d'ouvriers pour sauver l'emploi. bizarre , ils sont fous ! non je crois plutôt que ces riches patrons veulent choisir ce qui leur rapporte le plus ;les hommes ne pèsent rien , c'est le fric qui commande , c'est dégueulasse ... notre repas terminé il va falloir rassembler les vaches ,cette après midi les vétérinaires viennent faire les prises de sang annuelles , les pauvres bêtes n'aiment pas ça ! La campagne est calme tout juste si de temps en temps nous entendons un tracteur..
Tiens aujourd'hui on n'entend pas parler de l'UMP, ils doivent être malade..les partis politiques se financent à coup de millions d'euros ... chez nous la banque fait la gueule pour 1000€ de découvert, l'argent attire l'argent , nous ne sommes pas intéressant pour eux !
Les plus gros agriculteurs s'organisent pour se reconduire à la tête des chambres d'agriculture , il semble que l'argent coule à flot à la FNSEA , les paysans eux ,ont un mal de chien à se faire entendre , en agriculture il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade , les banques savent faire taire les effrontés qui osent parler , et c'est encore pire pour les gens qui ne pensent pas comme les lobby des puissants "agriculteurs";.. la nature est toujours belle , même à cette saison , pourtant le travail n'est pas simple , il faut calculer pour nourrir les animaux , les spéculateurs se sont jetés sur les tourteaux et les céréales , tout çà est devenu intouchable leur prix est multiplié par 2 ou 3 il va falloir se serrer la ceinture , le moral est comme le temps , pas au beau fixe..
Le chômage augmente encore les gens doivent avoir du mal à se nourrir en ville quand ils ont payé le loyer l'eau et l’électricité , je me demande comment il font pour vivre , la viande ne doit pas être présente à tous les repas...à la télé , ils parlent des repas des fêtes le foi gras est plus de 55€ le kg , ils montrent les illuminations de Noël c'est moins beau que le ciel étoilé au dessus de la ferme , mais il parait que "cela fait plus tendance ", je ris jaune, le monde est fou ou alors c'est moi ...
mercredi 28 novembre 2012
La CIA est à l'oeuvre en Amérique du Sud : DANGER
Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse.
Par Stella Calloni
LE CAS DE LA BOLIVIE
Les récentes plaintes au sujet de la préparation d’un coup d’état en Bolivie contre le président Evo Morales, ne devrait pas surprendre plus que son scénario. Washington fit l’impossible pour empêcher le triomphe d’Evo Morales, le premier président indigène en Amérique du Sud, qui triompha fin 2005.
Ces temps-ci, l’action de putschisme s’intensifie et comme le dénoncent les services de renseignements de Bolivie, le coup d’état serait instigué par l’USAID et son bénéficiaire la NED.
En Bolivie aussi, les deux ont organisé différents mouvements et financent les secteurs oligarchiques unis dans la dite « Nation Camba », « Podemos » et autres mouvements similaires, miroir de ceux agissant au Venezuela. Ceci fut également dénoncé par le Ministre de la Présidence Juan Ramon Quintana et par des enquêteurs des Etats-Unis.
Le plan inclut, entre autre, de distribuer des millions à des organisations, des journalistes, chroniqueurs, partis politiques de droites et opposants, dans le même style que celui qu’ils utilisèrent au Venezuela.
Il s’agissait d’obtenir l’échec de l’Assemblée Constituante en appuyant la dite « Jeunesse Cruceñiste » et ses pareils comme force de choc – ainsi et comme cela s’est produit dans le passé – pour créer une confrontation entre différents états boliviens. Ils ont impulsé par leur action des Mouvements autonomistes, des « chômages civils », des mobilisations permanentes dans les sept régions, et dans tous les cas stimulé la « violence de rue » alors qu’un travail est mené à l’intérieur des forces armées.
Il existe également des plans dont le but est de provoquer en occasionnant des victimes, lesquelles serviront comme bannière de la lutte permettant d’accuser Evo Morales d’être répressif, autoritaire et d’implanter une dictature.
L’attaque contre Morales devra s’intensifier dans les journaux locaux et également s’installer dans les médias mondiaux majoritairement manipulés par les Etats-Unis.
Il est prévu dans les plans de compter sur l’appui de quelques intellectuels des universités, des membres du Pouvoir Judiciaire, des journalistes payés, quelques groupes syndicaux qui aideraient à accélérer le renversement d’Evo Morales. Il est également prévu dans le plan de provoquer des affrontements entre communautés indigènes et inclure – en prenant modèle sur quelques groupes d’une dite gauche ultraradicale qui au Venezuela s’unit à la droite pro étasunienne et continue à travailler avec elle actuellement – la recherche d’une figure indigène pour créer un contrepouvoir à celui d’Evo, usant d’un discours violent et super révolutionnaire qui plonge le monde dans la confusion.
Le plan vise au renversement de Morales et ensuite à empêcher le vice-président actuel d’accéder au pouvoir ; et comme au Venezuela, on parlerait d’une « transition » manipulée depuis certains secteurs du Congrès pour appeler à de nouvelles élections.
On sait en Bolivie que les demandes d’autonomies départementales ont été promues et financées par l’élite économique de Santa Cruz, Beni, Pando et Tarija qui est le secteur élu par les financiers de NED et USIA, ainsi que par d’autres ONG.
A présent, ils se sont nommés “Comando Camba” de la Media Luna. Cependant l’histoire bolivienne démontre que s’ils se prétendent à présent “autonomistes, jusqu’à l’arrivé d’Evo Morales, ils avaient exercé le contrôle absolu sur le gouvernement central, en différentes époques, jusqu’à convertir la Bolivie en un des pays les plus corrompu et pauvre du monde. Le plus incroyable, c’est qu’à présent, se caractérisant comme « démocrates », les autonomistes, selon eux, tentent de sauver les départements « exclus du centralisme paceño » en déclarant la guerre civile à l’état Bolivien. Le racisme pervers, les intérêts économiques peuvent à nouveau conduire la Bolivie à une tragédie, après avoir soumis ce pays à des dictatures brutales, qui se sont succédées sans poser de problèmes « démocratiques » à leurs auteurs et bénéficiaires.
Les entrepreneurs et les grands propriétaires terriens, secondés par leurs préfets, les comités civiques de la Media Luna et le groupement politique PODEMOS entre autres ont appelé à la désobéissance civile, demandant l’autonomie départementale sans aucun contrôle social. Mais ce que combattent en réalité les « autonomistes » du Commando Camba, ce sont les consensus de la commission Terre, Territoire et Ressources Naturelles, les rapports de la Commission Vision de Pays et les compétences des différents niveaux de gouvernements autonomes qui se débattent dans la Commission des Autonomies (Assemblée Constituante). Ils savent que par la voie du débat et du consensus démocratique, ils sont perdus.
C’est pour cette raison qu’ils renoncent au débat et optent pour le combat. « La guerre civile déclarée par le Commando Cambo se mène pour la défense de leur grandes propriétés terriennes et de leurs privilèges » avertit Juvenal Quispe, journaliste bolivien. Pour sa part, le législateur et journaliste Antonio Peredo Leigue lance l’alerte : conjointement avec la conspiration pour « tuer l’Indien de merde » comme ils appellent Morales, se « répand la rumeur d’un coup d’état qui serait déjà préparé et pour lequel il ne faudrait qu’un ou deux prétextes qui le justifient. Ne manque pas non plus, l’insistance à affirmer que viendrait une inflation galopante ; les transnationales en profitent pour déclarer, avec beaucoup de sérieux, qu’elles investiront quand les signaux d’insécurité économique auront disparus dans le pays. Si on jette un coup d’œil à la réalité, rien de tout ceci n’a de consistance. Les conditions ne sont pas réunies pour que puisse concrétiser l’une ou l’autre de ces choses. Ni leur totalité, puisqu’il est question de les réaliser de manière successive.
Selon Peredo, il s’agit d’une application de la théorie des dominos, tant appréciée par l’ « intelligente » CIA . Il suffit de renverser une fiche pour que les autres tombent à leur tour. Mais dans leur plan, il y a un facteur que nous ne pouvons ignorer. Il s’agit de répéter un mensonge jusqu’à en faire une réalité. C’est que de tant écouter la même rumeur, nous finissons par ne plus lui accorder d’importance, ce qui lui permet de continuer à se diffuser sans démentis. Nous nous fatiguons de démonter sa fausseté et nous la laissons se propager. Alors qu’il y a des groupes, ceux qui détiennent la pouvoir économique, qui croient dans ces rumeurs, mais aussi, qui contribuent à les concrétiser.
Depuis plus d’un an on constate l’existence d’un pamphlet qui invite à tuer le président Evo Morales. Mais ce qui attire l’attention c’est le fait que des milliers d’exemplaires ont circulé, imprimés, envoyés par courrier électronique, et aux chefs policiers et militaires.. « Ce qui semble démontrer que cette fois le soutien est meilleur ».
Cependant l’analyse de Peredo indique que s’il s’agissait simplement d’assassiner le président « il n’y aurait pas une aussi grande diffusion. Ce qu’ils recherchent, c’est que redoublent les mesures de sécurité, essayant avec cela de provoquer des réactions énergiques et si possible qu’elles fassent une victime. Dans ces circonstances il leur serait possible de dénouer le reste de la trame. » Les putschistes ont d’autres brandons et comme ils n’ont pu voler depuis presque deux ans, ils prendraient l’argent dans les coffres et ils accuseraient Morales de son absence.
Et immédiatement ils s’empresseraient d’abolir toutes les mesures de changement social. De cette manière, Peredo alerte la population sur l’utilisation de la question de l’autonomie « et le transfert du siège du gouvernement », les bannières agitées ; non pas à fin de satisfaire la demande, des revendications ou les ardents désirs du peuple. Il s’agit de maintenir un climat de tension comme une chaudière sur laquelle mijoteraient leurs sinistres plans ; Il ne faut pas leur permettre de les mener plus avant.
Dès lors il appelle à garder le calme et ne pas tomber dans ces jeux. Mais il serait bien de prendre le taureau par les cormes et mener l’enquête concernant les fameuses fondations étrangères « pour la démocratie » qui dans chacun de nos pays mènent le même travail : déstabiliser et préparer le chemin de la recolonisation.
Source originale en espagnol :
Premières parties ici :
Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Par Stella Calloni. Partie 1
Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Partie 2 (Venezuela)
Source :http://les-etats-d-anne.over-blog.com/
mardi 27 novembre 2012
L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales. Souvenons-nous toutefois que l’histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.
L’usure internationale ne désarme pas, et c’est désormais au tour de la France, deuxième économie européenne, d’en faire les frais. L’agence privée étasunienne Standard & Poor’s a ainsi confirmé la dégradation des notes à long terme AA+ et à court terme A-1+ de la France. Cette décision intervient quatre jours à peine après le déclassement opéré par Moddy’s, une autre agence de notation. « Après la stagnation de 2012, a déclaré Standard & Poor’s, nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie française ne dépasse pas 0,4% en 2013 ».
Après avoir durement frappé les économies de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Irlande et du Portugal, les financiers britanniques et étasuniens s’en prennent aujourd’hui à la France. Et ce, dans la continuité de la une de l’hebdomadaire The Economist du samedi 17 novembre (sept baguettes de pain entourées d’un ruban tricolore, reliées à une mèche allumée telles des bâtons de dynamite), pour lequel « la France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne »… La « perfide Albion » aura pour le coup été parfaite dans son rôle de soutien à l’Oncle Sam, toujours ravi de voir les ennemis du dollar se prendre les pieds dans le tapis.
La première des conséquences de la parte du triple A, c’est l’augmentation du taux d’intérêt exigé par les créanciers. Dans le contexte actuel, la France sera ainsi obligée d’emprunter moyennant des taux d’intérêt encore plus élevés. Quand on sait qu’environ 70 % des créances sur les dettes publiques sont possédés par les 10 % les plus riches de la population (qui touchent de facto 70 % des intérêts), on comprend aisément que le système de la dette publique enrichit les plus riches au détriment des plus pauvres.
Par effet domino, la note des entreprises nationales, des banques et surtout des collectivités territoriales sera remise en cause. Les collectivités dépendant en grande partie des transferts financiers de l’État, elles ne peuvent pas bénéficier d’une meilleure note que lui. Or, une fois leur note dégradée, elles devraient faire face à des créanciers plus méfiants, qui leur réclameraient des taux d’intérêt plus élevés. Cela alourdirait le coût de leur dette et apporterait fort opportunément de l’eau au moulin des thuriféraires du démantèlement des politiques publiques.
Enfin, si les marchés continuent à imposer à la France des taux d’intérêt toujours plus élevés, alors des répercussions en chaîne sont à redouter, des finances de l’État jusqu’au porte-monnaie du consommateur.
Au moment où notre ministre de l’économie et des finances se transforme en VRP du pacte de compétitivité devant des chefs d’entreprises, il est probable qu’un nouveau tour de vis fiscal, voire une baisse sensible des dépenses de l’État, soit nécessaire afin de rassurer les marchés et les emprunteurs.
Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas prêts de voir le bout du tunnel. La crise semble totale et s’accompagne d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation » ou « libéralisation ».
L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales. Souvenons-nous toutefois que l’histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.
Capitaine Martin
La dernière guerre au Congo a pris fin en 2003 et a fait 5,4 millions de morts : le pire désastre humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale. C’est le silence international qui a permis ce massacre ; la guerre a été ignorée et ses causes dissimulées parce que des gouvernements soutenaient les groupes impliqués dans les combats. Maintenant une nouvelle guerre a commencé au Congo et le silence est, une fois de plus, assourdissant.
La dernière guerre au Congo a pris fin en 2003 et a fait 5,4 millions de morts : le pire désastre humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale. C’est le silence international qui a permis ce massacre ; la guerre a été ignorée et ses causes dissimulées parce que des gouvernements soutenaient les groupes impliqués dans les combats. Maintenant une nouvelle guerre a commencé au Congo et le silence est, une fois de plus, assourdissant.
Le président Obama ne semble pas avoir remarqué qu’une nouvelle guerre avait éclaté dans le Congo encore marqué par la dernière guerre ; il semble ne pas voir le problème des réfugiés ni les crimes de guerre commis par la milice M23 qui envahit le pays et attaque le gouvernement démocratiquement élu de la République Démocratique du Congo (RDC).
Mais les apparences sont trompeuses. Les mains du gouvernement étasunien sont rouges de sang dans ce conflit tout comme elles l’étaient dans le conflit précédent au Congo sous la présidence de Bill Clinton. L’inaction du président Obama est un encouragement volontaire aux envahisseurs exactement comme celle de Clinton l’était. Au lieu de dénoncer l’invasion et la tentative de renversement d’une gouvernement démocratiquement élu, Obama se rend volontairement complice des envahisseurs en gardant le silence, un silence qui pèse très lourd.
Pourquoi Obama fait-il cela ? Les envahisseurs sont armés et financés par le Rwanda, un "grand allié", une marionnette des Etats-Unis. L’ONU a publié un rapport qui démontre que le gouvernement Rwandais soutient les rebelles mais le gouvernement et les médias étasuniens font semblant de croire que cette information est sujette à caution.
La dernière guerre au Congo a fait 5,4 millions de morts et était aussi la conséquence de l’invasion de soldats rwandais et ougandais comme le journaliste français, Gérard Prunier, l’explique dans son excellent ouvrage "La guerre mondiale de l’Afrique".
En fait, de nombreux criminels de guerre rwandais impliqués dans la dernière guerre du Congo et recherchés par le Cour Criminelle Internationale de l’ONU, comme Bosco Ntaganda, dirigent la milice M23. Le président actuel du Rwanda, Paul Kagamé est un "grand ami" des Etats-Unis et un des criminels de guerre les plus notoires de la planète à cause du rôle capital qu’il a joué dans le génocide au Rwandais et la guerre du Congo qui lui a fait suite.
Un groupe de militants congolais et rwandais ne cesse de réclamer que Kagamé soit jugé pour son rôle clé dans le génocide rwandais.
Comme Prunier l’explique dans son livre, le génocide rwandais a été déclenché par l’invasion du Rwanda par Kagamé - à partir de l’Ouganda, un allié des Etats-Unis. Après que Kagamé ait pris le pouvoir au Rwanda après le génocide, il a informé les Etats-Unis - au cours d’un voyage à Washington - qu’il allait envahir le Congo. Dans "La guerre mondiale de l’Afrique" Prunier cite Kagamé :
"J’ai fait allusion [aux Etats-Unis] au fait que si la communauté internationale ne faisait rien [contre le Congo] le Rwanda agirait... Mais ils [l’administration Clinton] n’ont pas fait de réponse" (p 68).
Dans la langue de la diplomatie internationale, le fait de ne pas répondre à la menace d’une invasion militaire constitue un feu vert diplomatique incontestable.
Obama donne à nouveau le même feu vert aveuglant aux mêmes criminels de guerre alors qu’ils envahissent à nouveau le Congo.
Mais pourquoi recommencer une guerre ? Le président actuel de la RDC, Joseph Kabila, a aidé à mener l’invasion militaire pendant la dernière guerre congolaise. Comme un bon toutou, il avait donné l’immense richesse minérale et pétrolière du Congo à des multinationales. Mais ensuite il a commencé à tirer sur sa laisse.
Il s’est distancé des marionnettes étasuniennes du Rwanda et de l’Ouganda sans parler du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale qui sont sous la coupe des Etats-Unis. Le FMI par exemple a déconseillé à Kabila de conclure un accord stratégique de développement et d’infrastructures avec la Chine mais Kabila ne l’a pas écouté. Selon l’Economist :
"... Il semble que [le Congo] ait gagné le combat qui l’opposait à des donateurs étrangers à propos d’un accord d’exploitation minière et de développement des infrastructures d’une valeur de 9 milliards de dollars qu’il avait conclu l’année précédente avec la Chine. Le FMI qui s’y était opposé en objectant que l’accord imposerait au Congo une nouvelle dette massive, a du coup repoussé l’annulation de la dette de plus de 10 milliards de dollars que le Congo a déjà."
Ces événements ont instantanément transformé l’ami peu sûr qu’était Kabila en ennemi. Les Etats-Unis et la Chine se sont tous les deux précipités comme des fous sur l’immense richesse en matières premières de l’Afrique et les Etats-Unis n’ont pas supporté la nouvelle alliance de Kabila avec la Chine.
Kabila a contrarié encore davantage ses anciens alliés en exigeant de renégocier les contrats qui garantissaient des super-profits aux multinationales qui exploitaient les métaux précieux du Congo afin que le pays bénéficie un peu de ses propres richesses.
Le RDC possède 80% du cobalt mondial, un minéral extrêmement précieux qui est utilisé dans la fabrication d’appareils technologiques modernes comme les armes, les téléphone cellulaires et les ordinateurs. La RDC est peut-être le pays le plus riche du monde en ressources minérales - il a de tout à profusion, des diamants au pétrole - mais son peuple est un des plus pauvres au monde parce que cela fait des générations que ses richesses sont pillées.
Et voilà qu’une nouvelle guerre se profile et l’ONU ne bouge pas. Il y a 17 500 casques bleus en RDC sans parler des Forces Spéciales étasuniennes. La milice M23 des envahisseurs compte 3000 combattants. Quelle a été la réaction de l’ONU à l’invasion ? Selon le New York Times :
"Les officiels de l’ONU ont dit qu’ils n’avaient pas assez de personnel pour repousser les rebelles et qu’ils craignaient des dommages collatéraux, mais beaucoup de Congolais ont rendu leur propre verdict. Mercredi, des émeutiers de Bunia, au nord de Goma, ont mis à sac les quartiers du personnel des Nations Unies."
Si Obama et/ou l’ONU avaient déclaré officiellement qu’ils défendraient militairement le gouvernement congolais élu contre l’invasion, la milice M23 n’aurait pas bougé.
Human Rights Watch et d’autres groupes ont accusé à juste titre les commandants de M23 d’être responsables "de massacres ethniques, de recrutement d’enfants, de viols massifs, d’assassinats, d’enlèvements et de torture."
Mais à l’ONU l’administration d’Obama a activement défendu la milice. Le New York Times ajoute :
"Certains groupes de défense des droits humains reprochent à Susan E. Rice, l’ambassadrice étasunienne aux Nations Unies et la principale postulante au poste de Secrétaire d’Etat du président Obama, d’avoir été beaucoup trop tendre jusqu’ici avec le Rwanda qui est une allié fidèle des Etats-Unis et avec son président, Paul Kagamé, qu’elle connait depuis des années. Les militants l’ont accusée d’avoir édulcoré une résolution du Conseil de Sécurité qui devait mentionner les liens du M23 avec le Rwanda et d’avoir essayé de bloquer la publication d’une partie d’un rapport de l’ONU qui détaillait la manière dont le Rwanda soutenait clandestinement le M23."
Il est probable que l’administration Obama sortira de son inaction aussitôt que ses alliés du M23 auront réussi a renverser le régime et rouvert l’accès des richesses congolaises aux multinationales étasuniennes. Il y a en ce moment des pourparlers en Ouganda, un pays aux ordres des Etats-Unis, entre le M23 et le gouvernement congolais. Il est peu probable qu’ils donnent beaucoup de résultats à moins que Kabila ne démissionne et ne permette au M23 et à ses parrains rwandais de prendre le pouvoir dans le pays. Le M23 sait qu’il est dans une position favorable pour négocier étant donné le silence de l’ONU et du gouvernement étasunien.
Si la guerre s’éternise, il faut s’attendre à davantage de silence international. Il faut s’attendre à davantage de massacres et de nettoyage ethnique et il faut s’attendre à ce que le peuple congolais qui n’est pas encore remis du dernier conflit soit à nouveau jeté dans des camps de réfugiés où il sera à nouveau massacré par la milice, violé, affamé et soumis à toute la barbarie qui a accompagné cette guerre particulièrement brutale, une barbarie qui se déchaîne sans limites sous la protection du silence.
Shamus Cooke
Shamus Cooke est assistant social et syndicaliste. Il écrit pour Workers Action (www.workerscompass.org)
Pour consulter l’original : http://workerscompass.org/why-is-obama-silent-over-the-new-c...
Traduction : Dominique Muselet
Sources :
dimanche 25 novembre 2012
9000 milliards de Dollards se sont volatilisés à la FED (banque fédérale américaine ) la bas on a encore le droit d'interroger les responsables , chez nous c'est une insulte , pourtant pendant que ce chiffre astronomique est dilapidé des milliards d'êtres humains meurent pour ne pas pouvoir s'acheter de quoi manger , le capitalisme n'est qu'un monstre ignoble , les voyous qui le conduisent ont perdu les rennes , la machine folle devient incontrôlable ; pourtant il suffirait que les peuples s'en mêlent .
Réflexion d'un paysan...
Il y a quelques jours je me posais des questions sur la marche du monde ... Quand je regarde par la fenêtre , je vois nos vaches , les prés , le petit bourg de St Didier , son clocher , tranquille , j'allume la télé , les costumes impeccables des robes belles , des têtes qui parlent " glaciales" des frasques de la droites , du malheur de la Palestine ( qu'ils minimisent ) en nous présentant ces pauvres gens comme des terroristes ( mon père a dû en être un alors) puis ils nous parlent de Notre Dames des Landes ,impossible pour eux de comprendre ces gens qui luttent contre cet aéroport , d'ailleurs comment pourraient ils - nous ne vivons pas dans le même monde - et les voilà 'admiratifs , parler des exploits des nageurs ,des rugbymans , des joueurs de foots ,. je regarde dans la cour des poules viennent récupérés du grain perdu .
Nous ne vivons pas le même monde .
Des élus en costumes viennent leur expliquer ce que les français attendent - un président pour l'UMP - mon voisin arrive ,il vient de recevoir son décompte de retraite 754€ par mois , lui ,je sais ce qui l'inquiète , ensemble nous regardons mon gamin qui arrive je sais que je ne peux pas lui donner l'avenir que j'aurais voulu , jeune paysan sans un sous il se bat tous les jours pour exister ... L'UMP va perde beaucoup d'argent , la scission est proche , les israéliens viennent d’abattre un citoyen palestinien et en blesser 19 autres , à Bruxelles ils parlent de milliards d'euros de budget "la PAC" ,nous venons de perdre un veau la pauvre bête attend l’équarrisseur, propre , nous le protégeons pour ne pas abîmé son corps , un reportage sur l'Afrique nous montre des cadavres de gens assassinés par des groupes armés, déchiquetés baignant dans leur sang , la présentatrice impeccable , le sourire aux lèvres annonce la météo ...
Le monde est fou , ou alors c'est moi.
samedi 24 novembre 2012
vendredi 23 novembre 2012
le capitalisme n'est qu'une bête immonde , lisez cet interview de Craig Murray, le lanceur d’alerte et ancien ambassadeur en Ouzbékistan. et réfléchissons une minute , si nous ne prenons pas très vite notre destin en main ce qui risque de se passer .... la sagesse appartient au peuple et ce n'est pas pour rien que l'on dit quue rien ne se construira sans l'assentiment du peuple éclairé donc informé , c'est une des raisons d'exister de ce blog.
Transcription en français d’une interview de Craig Murray par Michael Stephenson pour ONN. Cet entretien date du 2 septembre 2012 mais garde toute son actualité.
00:12 ONN : Bonjour. Nous sommes ici aujourd’hui à la maison de Craig Murray, le lanceur d’alerte et ancien ambassadeur en Ouzbékistan. Craig, je vous remercie d’être ici avec nous sur ONN aujourd’hui. Le dimanche, vous avez parlé publiquement en défendant Julian Assange dans un discours devant l’assemblée équatorienne. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lever et d’être compté comme parmi ses partisans ?
Craig Murray : Eh bien, la raison principale est que j’ai été moi-même un lanceur d’alerte, actif avec d’autres lanceurs d’alerte, et j’ai vu tant de lanceurs d’alerte soumis à de fausses accusations, et dès que quelqu’un donne l’alerte, en particulier sur les aspects, si vous voulez, de la politique étrangère et de guerre des néoconservateurs, vous allez être une cible et vous allez être diffamé avec de fausses accusations, et si vous êtes un homme, je pense que dans tous les cas ces accusations vont impliquer des allégations sexuelles. Alors je pourrais juste voir, si vous voulez, un déni de justice dans ce processus, et je voulais faire quelque chose que je peux pour aider à y mettre fin.
01:16 ONN : Vous avez dit que les personnes qui sont des lanceurs d’alerte ne sont pas accusées de délits politiques, ils sont accusés avec des délits criminels. Souhaitez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Craig Murray : Oui, certainement, et je vais vous donner quelques exemples. James Yee, qui était aumônier à Guantanamo Bay, il a dénoncé les actes de torture et de mauvais traitements de détenus à Guantanamo Bay. Il a d’abord été accusé d’espionnage et des actes d’espionnage au profit d’un pays étranger. Ensuite, ces accusations ont été abandonnées et il a été accusé d’adultère, ce qui, apparemment, en vertu du droit militaire américain est un délit, et il a été accusé d’avoir eu de la pornographie sur son ordinateur du gouvernement, au travail, et il a été reconnu coupable de ces deux choses, et puis plus tard la condamnation a été annulée.
La brigadière Janis Karpinski était la dame en charge de tous les prisonniers de guerre irakiens en Irak, et pas seulement à Abou Ghraib. Elle était en charge de toutes les installations militaires. Elle n’était pas vraiment à Abou Ghraib, et en fait, elle avait seulement été à Abou Ghraib une fois. Lorsque l’histoire a éclaté à propos de toutes les tortures à Abou Ghraib, elle s’avança et elle a dit qu’elle avait personnellement vu un document signé par Donald Rumsfeld détaillant les formes de torture qui devaient être utilisées à Abu Ghraib, y compris les positions de stress, y compris la menace de prisonniers nus avec des chiens. Elle a dit que ces techniques ont été détaillées dans le document qui a été signé par Donald Rumsfeld. Elle a été rappelée aux Etats-Unis, et le jour suivant son retour aux États-Unis, elle a été surprise en train de voler à l’étalage et accusée de vol à l’étalage.
Scott Ritter a été inspecteur d’armes irakiennes dans la même équipe ONU avec David Kelly. Il était capitaine dans la marine américaine. Il a déclaré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive irakiennes. À son retour aux États-Unis, il a été emprisonné dans un piège de miel sexuel, via l’ordinateur, par un agent du FBI, et cela a été admis en justice, que c’était un agent du FBI qui l’a piégé.
03:51 ONN : Pour ceux qui ne connaissent pas, qu’est-ce que ce terme « piège de miel » signifie ?
Craig Murray : Un piège de miel, c’est quand vous mettez, si vous voulez, un leurre sexuel dans le but d’attraper quelqu’un, pour inciter quelqu’un à un acte sexuel qu’il pourrait autrement ne pas avoir commis, si vous n’aviez pas mis une tentation sur son chemin. C’est un terme fréquemment utilisé dans les cercles d’espionnage et cercles diplomatiques, parce que c’est une technique bien connue des services de sécurité. Et Scott Ritter est tombé dans ce piège de miel et il a été en fait reconnu coupable de pédophilie, parce que même si l’agent concerné était une femme adulte, elle utilisait la profil Internet d’une personne mineure. Mais – et le cas de Scott Ritter est le seul où je pense qu’il peut y avoir une part de vérité dans ces allégations, et dans son cas, ça n’aurait pas eu lieu – tout cela ne serait pas arrivé si le FBI n’avait pas mis cette situation en place et sorti pour le chercher.
Et je dois dire que ce sont tous des gens que je connaissais personnellement. Deux d’entre eux sont des gens que je connaissais avant qu’ils soient accusés. Et cela arrive à tout le monde. Et la même chose m’est arrivé. J’ai sonné l’alarme sur la complicité britannique dans la torture, la complicité du MI6 dans la torture en Ouzbékistan et sur les restitutions extraordinaires. J’ai été immédiatement accusé d’allégations sexuelles, en effet avec l’extorsion sexuelle des demandeurs de visa. Il m’a fallu, vous savez, 18 mois de véritable enfer, pour être honnête, pour laver mon nom. Parce que, vous savez, je sais que lorsque les gens jettent ce genre d’allégations sur vous, cela ternit votre nom à jamais. Il est très facile de détruire la réputation de quelqu’un par des allégations sexuelles.
Donc, pour moi, la chose absolument extraordinaire, c’est que, vous savez, après que cela soit arrivé à James Yee, c’est arrivé à moi, c’est arrivé à Scott Ritter, c’est arrivé à Janis Karpinski, ils ont utilisé le même truc encore et encore, et maintenant, ils le font avec Julian Assange, et quiconque prend au sérieux ces accusations, cela m’étonne, parce que l’idée que les gens ne peuvent pas voir ce qui se passe dans le monde et la façon dont les lanceurs d’alerte sont persécutés, pour moi, c’est étonnant. Et le fait que rien de ce que je viens de vous dire, vous ne le trouverez pas dans les médias traditionnels, vous savez, cela devrait vraiment, vraiment alarmer les gens sur le genre de monde dans lequel nous vivons.
06:30 ONN : Oui, il semble y avoir un échec plutôt général des grands médias pour faire face à ces questions. Je veux dire, à votre avis, est-ce que les journalistes font leur travail correctement ?
Craig Murray : Non. Je veux dire, il me semble qu’il y a très peu de journalisme réel dans ce qu’on pourrait appeler les médias payants. Et une partie de cela, bien sûr, tient à ce que, vous savez, les médias appartiennent à un très petit nombre de gens, et vraiment, les gens doivent écrire ce que leurs patrons veulent qui’ils écrivent. C’est très, très difficile de trouver la vérité dans les médias sur n’importe quel sujet que ce soit. Par dessus tout, bien sûr, les journaux, qui en réalité emploient beaucoup moins de journalistes qu’auparavant. Il y avait une époque où les journaux individuels dans la rue Fleet avaient 30 ou 40 correspondants à l’étranger par journal. Maintenant, il n’y a pas 30 ou 40 correspondants à l’étranger pour l’ensemble de l’industrie de la presse britannique.
Donc, leur nombre a baissé, et la plupart du temps ils passent leur temps, vous savez, à couper et coller des communiqués du gouvernement et en relâchant l’histoire, l’histoire que les gens qui possèdent les journaux veulent qu’ils entendent.
Il en va de même pour les médias audiovisuels, qui ont à nouveau exactement le même cercle restreint de propriétaires privés, sauf s’ils appartiennent au gouvernement. Quoique le gouvernement, bien sûr, est possédé par les mêmes personnes qui possèdent les journaux, il n’y a pas vraiment beaucoup de différence.
08:10 ONN : Alors, que pensez-vous des allégations réelles, la substance même des allégations formulées contre Julian Assange ? Je veux dire, existe-t il aucune preuve du tout, que vous pouvez voir ?
Craig Murray : Je veux dire, dans une certaine mesure, cela n’a presque pas d’importance parce que, comme je le dis, après avoir vécu cela moi-même et après avoir vu tous les lanceurs d’alerte que je connais subir la même chose, ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils le fassent à Julian Assange. Alors, la question de ce dont ils l’ont accusé ou quelles accusations ils ont réussi à falsifier, cette question est presque sans importance.
Je dirais, vous savez, que choisir des allégations de viol et allégations sexuelles est très intelligent. La CIA en effet sait ce qu’elle fait. Tout d’abord, parce que rien ne ternit votre nom de cette manière. Les gens pourraient vous pardonner d’être un voleur dans une banque, ils pourraient même éventuellement vous pardonner d’être un meurtrier, si vous avez dit que vous l’avez fait dans le feu de l’action, mais personne ne pourra jamais vous pardonner d’être un violeur ou un pédophile. Donc, le choix de l’allégation est très intelligent.
En outre, il divise la gauche. Si les Six de Birmingham avaient été inculpés de viol, ils seraient encore en prison aujourd’hui, parce que personne n’aurait jamais été autorisé dans une campagne publique à mettre en cause les preuves contre eux, parce que, malheureusement, à cause des problèmes réels avec le viol, le viol authentique, qui reste impunis dans la société, la réaction est que beaucoup de gens parfaitement honnêtes pensent que la seule façon de corriger ce déséquilibre est en supprimant, essentiellement, toute protection aux personnes accusées de viol. Et ce point de vue est profondément soutenu par des personnes réelles et honnêtes qui se préoccupent de la position des femmes dans la société. Mais une fois que vous avez l’acceptation sociale selon laquelle il ne devrait pas être autorisé dans le discours public de contester les gens qui font des accusations de viol, cela constitue l’outil idéal à utiliser pour un service de sécurité, car tout le monde a convenu à l’avance que c’est le seul crime où personne ne va s’engager contre le déni de justice pour contester les éléments de preuve ou pour contester les accusateurs.
Et, comme je le dis, vous avez tellement de gens à gauche dont la principale préoccupation politique est le féminisme, qui sont utilisés comme des « idiots utiles » par la CIA, qui ont été utilisés dans des attaques au vitriol contre Julian Assange, qui appellent les gens comme moi des apologistes du viol, tout simplement parce que la CIA a été très, très attentive à choisir la seule accusation qu’ils vont toujours maintenir, que ce soit vrai ou non. C’est ça le principal problème avec les allégations.
Mais, non, je veux dire, il faut bien étudier les détails à la fois des allégations elles-mêmes et des gens qui font les allégations et les procédures qui ont été adoptées. Parce que même si vous ne saviez pas tout le contexte que je vous ai donné sur la façon dont les lanceurs d’alerte sont toujours poursuivis avec ces allégations, même si vous ne saviez pas ça, rien qu’avec un examen attentif des preuves dans cette affaire, ce qui est largement disponible sur Internet, tout le monde concluera que cela a été une manipulation. Je ne vois pas comment on peut sérieusement étudier les faits de la cause et ne pas penser que c’est une manipulation.
11:46 ONN : Vous avez mentionné l’autre jour, vous avez donné une interview, et vous avez mentionné l’un des accusateurs d’Assange par son nom, Anna Ardin, et cela a provoqué un grand tapage. J’ai fait quelques recherches et j’ai découvert qu’elle est en fait une politicienne social-démocrate. Pensez-vous que ce sont des faits qui doivent être largement diffusés auprès du public ? Maintenez-vous le fait que vous avez nommé Anna Ardin comme l’une de ses accusatrices ?
Craig Murray : Tout à fait. Le point le plus important à cet égard est que Anna Ardin s’est nommée elle-même. Elle a donné de nombreuses interviews à la presse sous son propre nom accusant Julian Assange, la première que je peux trouver était en Août 2010. Mais j’ai trouvé au moins 30 entrevues avec les médias qu’elle a donné, où elle est signalée comme Anna Ardin portant ces accusations, maintenant l’idée et en disant qu’elle ne travaille pas pour la CIA. Il est intéressant qu’elle ait ressenti le besoin de le dire. La plupart d’entre nous ne vont pas se promener en disant qu’ils ne travaillent par pour la CIA. Et aussi dire, vous savez, qu’Assange est un misogyne et un violeur et Dieu sait quoi d’autre.
L’idée que vous pourriez faire de telles accusations devant les médias – je ne veux pas dire en privé au tribunal- que vous pourriez sous votre propre nom faire de telles accusations devant les médias et que personne ne devrait être autorisé à vous répondre et personne ne devrait être autorisé à utiliser votre nom, même si vous l’avez placé vous-même dans les journaux, est un peu kafkaïen. En fait, je ne peux absolument pas comprendre pourquoi je ne devrais pas être autorisé à l’utiliser quand elle le met ouvertement dans le domaine public elle-même.
Et il y a, vous savez, plus de 200.000 recherches Google avec son nom, et elle a été nommée dans les grands médias de chaque pays majeur que je peux trouver à l’exception du Royaume-Uni. Elle a été nommée dans le New York Times. Elle a été nommée dans le Times of India. Elle a été nommée dans Paris Match. Elle a été nommée dans La Repubblica. Elle a été nommée dans Der Spiegel. Le Royaume-Uni est en fait le seul pays où elle n’a jamais été nommée par les grands médias, ce qui est encore une fois très étrange.
Mais, non, elle est elle-même un personnage avec une histoire très, très intéressante et des liens très, très intéressants, des liens politiques, qui ne se rapportent pas seulement au Parti Social-Démocrate en Suède, mais ce réseau de personnes dans la police, le procureur et Anna Ardin qui sont tous reliés, qui travaillent tous ensemble sur cette affaire, qui ont tous des liens de partis, c’est une chose qui pourrait elle-même rendre l’affaire irrecevable devant toute juridiction décente. Mais elle a aussi une histoire qui se rapporte à du travail avec des organismes financés par la CIA à Miami, Cuba et Buenos Aires. Donc, plus les gens étudient Anna Ardin, mieux c’est.
15:04 ONN : Vous allez faire référence, bien sûr, aux Dames en blanc, une organisation féministe à Cuba et aussi basée à Miami. Est-ce vrai ?
Craig Murray : C’est vrai. Regardez, elle a un parcours intéressant et varié de travail dans des causes qui, disons, où il y a une zone d’intérêt commune en Amérique du Sud avec la CIA.
15:33 ONN : Il est également intéressant maintenant que c’est l’Équateur qui s’est dégagé, qui a initialement accordé la protection à Assange au sein de l’ambassade et lui a accordé l’asile complet. Donc, s’il est extradé vers la Suède, que serait le sort, selon vous, qui attendrait Julian Assange là-bas ?
Craig Murray : Eh bien, sa crainte est qu’il serait très rapidement extradé de la Suède vers les Etats-Unis, soit extradé soit restitué. Et les Suédois ont maintenant réellement une sorte de droit à des restitutions version légale pour des restitutions temporaires rapides aux États-Unis, comme on les appelle. C’est ce qui inquiète Julian Assange. Bien que je dois dire, je veux dire, mon expérience de la façon dont ils traitent les lanceurs d’alerte et mon expérience de ce que nous avons vu du processus en Suède, je dirais qu’il doit y avoir une aussi grande peur qu’il va être injustement reconnu coupable de viol, et je suis sûr qu’il ne l’a pas fait. Mais s’il arrive en Suède, il sera immédiatement mis en prison. Il n’y a pas de provision pour caution. Et la chose que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est que les procès pour viol en Suède ont lieu entièrement en secret, que personne ne verra jamais aucune des preuves. La prochaine chose que nous allons entendre est le verdict. À mon avis, le scénario le plus probable est que celui-ci a été concocté à l’avance et que le verdict sera qu’il est coupable. Et il est très possible de le faire parce que non seulement le procès est tenu en secret, mais il n’y a pas de jury.
Maintenant, je ne suis pas de ceux qui croient que seul le système judiciaire britannique est correct. De nombreux pays ont des systèmes différents et souvent ces systèmes fonctionnent très bien. Mais ce que vous avez avec le système du jury est une situation où les hommes et les femmes ordinaires, en effet, ont cette chance de tenir tête aux autorités et de dire ce qu’ils croient d’être vrai. Cela peut ne pas être une chance qu’ils prennent très souvent, mais cette possibilité est là. Lorsque vous ne disposez pas de jury, comme en Suède, les chances du gouvernement de sérieusement influencer le résultat, s’il le souhaite, sont assez fortes.
Je prends l’exemple de l’enquête de Jean Charles de Menezes, par exemple, au Royaume-Uni. Dans ce cas, le juge, qui est nommé par le gouvernement – et souvenez-vous qu’il s’agit essentiellement d’une décision du gouvernement non seulement quels juges se font nommer mais aussi l’affectation des juges aux cas particuliers. Dans ce cas, le juge, et malheureusement, son nom m’a échappé parce qu’il était une disgrâce complètement sanglante, il a donné un résumé qui était totalement tendancieux et dans lequel il dit que le jury ne serait pas autorisé à rendre un verdict d’homicide illégal, et il voulait seulement leur donner le choix entre deux verdicts, dont l’un était un verdict ouvert, et l’autre était que le meurtre avait été légal, mais il ne voulait pas laisser leur permettre d’apporter un verdict d’homicide illégal, qu’il prononcerait ce verdict hors de l’ordre, ce qui est encore une disgrâce complète. Il a fait très clairement le verdict qu’il voulait, et c’était qu’il était légal. Mais ce n’est pas arrivé. Le jury est revenu et a dit non, nous allons ramener un verdict ouvert. Et ils l’ont fait, au grand dam du juge.
L’affaire Clive Ponting, quand il fuit le fait que le Belgrano avait effectivement navigué loin des Îles Falkland au moment où il a été détruit avec des centaines de personnes qui ont été tuées, il a été inculpé avec ça en vertu de la Loi sur les secrets officiels. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il était coupable. Il était sans aucun doute techniquement coupable. Le juge l’a dit, plutôt bien, dans son résumé de l’affaire. Et le jury a essentiellement dit au juge d’aller se faire voir et l’a déclaré non coupable. Donc, il y a toujours cette possibilité avec un système de jury.
Assange n’aura pas de jury. Il sera jugé par un juge professionnel et deux assesseurs non professionnels. Et les assesseurs non professionnels sont en fait littéralement des nominations des partis politiques. L’un sera nommé par le Parti conservateur suédois et l’autre par le parti social-démocrate suédois. Le Parti conservateur suédois est très fortement aligné avec George Bush et les néo-conservateurs, et le Parti social-démocrate est précisément d’ou viennent Anna Ardin, le procureur, l’enquêteur de la police et l’avocat d’Anna Ardin. Donc, il y a toutes les chances pour que ce procédé secret se traduise par un coup monté complet.
Et je pense que c’est bien que les gens aient mis l’accent sur la crainte qu’il puisse être extradé de la Suède vers les Etats-Unis, et je pense que c’est vrai et je pense que c’est légitime, mon opinion personnelle est qu’il y a un danger encore plus grand, un procès secret où personne ne peut avoir accès aux preuves et où ils annoncent aux médias complaisants qu’il a été reconnu coupable de viol à la fin.
21:17 ONN : Et puis c’est un fait accompli et on ne peut pas l’éviter.
Craig Murray : Exactement. Ensuite, c’est un fait accompli et ils le jettent en prison pour 10 ans. Puis, quand à la fin de cette période, il sort, il est envoyé vers les Etats-Unis et jugé pour des accusations de terrorisme, et à ce stade, bien sûr, il est un violeur condamné dans la mesure où les médias sont concernés, et de toute façon 10 ans ont passé et personne ne s’en soucie plus.
21:40 ONN : Ce serait un résultat terrible. Que penseriez-vous, que pensez-vous que serait le résultat si William Hague réalisait sa menace de prendre d’assaut l’ambassade équatorienne à ce point ?
Craig Murray : Eh bien, c’est une menace absolument étonnante. Je dois dire que je sais avec certitude de la part des collègues, d’anciens collègues au sein du Foreign Office, qu’en faisant cette menace, William Hague a été très étroitement poussé par les Américains. Il a été soumis à une forte pression des Etats-Unis d’Amérique pour envoyer Assange en Suède. Ce qui, encore une fois, vous savez, contredit plutôt ceux qui disent qu’il n’y aurait aucune crainte d’extradition s’il se rendait en Suède. Pourquoi les Américains sont si désireux de l’envoyer là-bas ? Pourquoi sont-ils si intéressés ?
Mais ce serait une menace étonnante, car tout le monde dans le monde, sauf peut-être les chefs de gouvernement du Royaume-Uni et des États-Unis, considéreraient cela comme un acte extrêmement illégal. Ce serait un scandale diplomatique absolu et ce serait, vous savez, un crime d’agression contre l’Equateur.
Les répercussions diplomatiques seraient étonnantes pour le Royaume-Uni. Tout d’abord, aucune ambassade britannique ne serait en sécurité dans le monde, car tout le monde dirait : « Eh bien, nous pouvons faire la même chose que vous, nous pouvons changer la désignation de votre ambassade, et entrer, et en prendre le contrôle. » Et d’autre part, nos relations avec non seulement l’Amérique latine, mais la plupart des pays en développement, seraient au moins très, très sérieusement, en retrait.
Et vous devez vous rappeler que nous avons déjà assez de problèmes en Amérique latine. Tout d’abord nous avons le chauvinisme fou, des deux côtés, à propos des Îles Falkland. Ensuite, vous avez le fait que nous ne voulions pas extrader Pinochet alors que nous sommes si désireux d’extrader Assange pour des infractions qui, même si elles étaient vraies, ne s’additionnent pas à un cent millième de ce que Pinochet a fait. Et puis vous avez, bien sûr, comme je l’ai dit plus tôt, la mort de Jean Charles de Menezes. L’idée que la police métropolitaine, ayant tué Jean Charles de Menezes, nous permettrait de lancer une attaque physique sur une ambassade latino-américaine, est une idée tout simplement étonnante.
Donc, vous savez que les répercussions seraient énormes. Et je pense que Hague a absolument fait une folie de lui-même parce qu’il a fait une menace qui serait totalement désastreuse, s’il venait à la réaliser.
24:24 ONN : Et que dire de la légalité d’une telle chose ? Utiliser la loi des locaux consulaires diplomatique de 1987 est ce que Hague a dit… le projet de loi qu’il a dit qu’il utiliserait ?
Craig Murray : Eh bien, ce n’est qu’une absurdité totale, car il ne peut pas l’emporter sur le droit international. Vous ne pouvez pas avoir une législation nationale en conflit avec le droit international, en particulier un traité international dont nous faisons partie. Nous étions en fait, je crois, le deuxième signataire de la Convention de Vienne de 1961, et c’est le traité international le plus signé dans le monde. Et curieusement, même la loi de 1987 elle-même dit que ses dispositions doivent être conformes au droit international, et en fait cela dit la même chose dans la loi de 1987. Eh bien, il serait tout à fait contraire au droit international pour Hague de faire ce qu’il a prévu de faire. L’article 22 de la Convention de Vienne, partie 1, stipule absolument sans détour, sans aucune qualification supplémentaire, que les locaux diplomatiques sont inviolables. Un point, c’est tout. Et ils le sont. Vous savez, vous n’êtes pas autorisé à entrer dans les locaux diplomatiques de n’importe quel autre pays.
Même dans le chaos de l’Afghanistan, la Grande-Bretagne a abandonné son ambassade en Afghanistan, elle a retiré tous ses diplomates. Je ne suis pas sûr de cela. Je ne pense pas que nous ayons été jeté dehors. Je pense que nous avons quitté volontairement les lieux. Mais au moment de l’invasion soviétique de l’Afghanistan, la Grande-Bretagne s’est retiré, et notre ambassade est restée vide pendant des décennies, pendant l’occupation soviétique, pendant le régime des talibans en Afghanistan, et le bâtiment de l’ambassade n’a été ouvert – bien que finalement nous ayons déménagé dans de nouveaux locaux, ce n’est pas l’édifice où nous sommes maintenant – mais le bâtiment originel de l’ambassade a été seulement ouvert à nouveau après l’invasion en 2001, 2002. Mais il avait été… pendant 20 ans, il était resté là, vide, sous le régime soviétique et sous les talibans, et ni les Soviétiques, ni les talibans, ne sont entrés dans l’ambassade britannique. Même si il n’y avait personne, sauf un gardien résident afghan, ils ont accepté l’inviolabilité des locaux des ambassades et ils ne sont pas entrés, ni les Soviétiques, ni les talibans. Maintenant, William Hague nous propose d’agir bien pire que sous les Soviétiques ou les talibans, et cela me paraît tout à fait étonnant. Il faut le voir pour le croire.
27:18 ONN : Ok, juste une dernière question avant de conclure ici, sur ce qui a été, que pensez-vous des chances réelles pour Julian Assange de faire une course d’obstacles, pour ainsi dire, et de se rendre en Équateur en toute sécurité ? Voyez-vous pour lui un moyen de quitter la Grande-Bretagne maintenant et de se rendre en Amérique du Sud en toute sécurité ?
Craig Murray : Physiquement, ça va être très difficile. Les chances d’aller en Equateur depuis l’ambassade dans le centre de Londres sans l’accord des autorités britanniques sont limitées. Vous pouvez, vous savez, nous pouvons tous penser à des sortes de scénarios d’évasions physiques, mais ils ne sont pas faciles. Il va falloir trouver une solution diplomatique. Je dirais que cela prendra un certain temps, je pense d’ici six mois. Il n’y aura pas beaucoup de sensibilisation du public pour que quelque chose ait changé, bien que des discussions aient été poursuivies dans les coulisses.
La solution évidente pour les Suédois est de dire qu’ils ne vont pas l’extrader vers les Etats-Unis, mais les Suédois refusent absolument de faire cela, et les États-Unis refusent de dire qu’ils ne chercheront pas l’extradition, parce que franchement il n’y a aucun doute du tout sur le fait que les États-Unis ont convoqué un grand jury pour chercher à poursuivre en justice Assange et WikiLeaks, et qu’ils ont bien l’intention de l’extrader vers les Etats-Unis. Donc, tout cela est très, très difficile.
Vous pouvez voir une sorte de solution de Lockerbie. L’auteur présumé de Lockerbie, M. Megrahi, a été jugé à La Haye en vertu du droit écossais par des juges écossais, car ils ne voulaient pas l’envoyer en Ecosse et ils ont convenu de tenir le procès dans des locaux communs. Les Hollandais ont accepté qu’un procès à La Haye puisse se ternir en vertu du droit écossais pour la période du procès. Ce n’est pas le plus heureux des précédents, parce que je pense que le procès était lui-même un coup monté et un déni de justice, mais il crée effectivement un précédent pour quelqu’un, d’être jugé par un Etat sur le territoire d’un d’autre, donc il existe un précédent en droit international si les gens recherchent cela.
Maintenant, comme je l’ai dit moi-même, mon opinion personnelle est que la condition de tout procès doit être que cela devrait être public. Je pense que cette affaire est de si haut niveau que les gens ont le droit de savoir quelle preuve a été donnée, ils sont en droit de savoir ce qu’est la défense, et franchement la défense est si forte qu’il serait très, très difficile de faire un coup monté pour la condamnation. Donc, quelque chose dans cet ordre d’idées.
Je ne sais vraiment pas à ce stade ce qu’est le jeu final. L’espoir du gouvernement britannique est que le gouvernement équatorien va changer. Il y a une élection en Equateur qui approche dans un avenir pas si lointain. Les gouvernements britannique et américain comptent sur les adversaires du président Correa – et ses adversaires sont bien sûr soutenus par la CIA, de toute façon – ils vont réussir à gagner cette élection et ensuite annuler sa demande d’asile diplomatique et de le remettre, et c’est la fin du jeu dans la mesure où les Britanniques et les Américains sont concernés. Donc je suppose qu’ils vont attendre le résultat de l’élection équatorienne. Je ne pense pas qu’ils vont faire de compromis du tout jusqu’après l’élection équatorienne, dans l’espoir que le gouvernement de l’Équateur change et qu’ils obtiendront essentiellement une administration fantoche américaine en Equateur qui va tout simplement le lui remettre.
31:49 ONN : Eh bien, je vous remercie beaucoup pour avoir parlé avec nous aujourd’hui, M. Murray. Cela a été fascinant et très instructif. Et merci à nos téléspectateurs. Merci de regarder cette interview ONN. J’espère que vous avez apprécié. Ok.
Craig Murray : Merci.
Traduction : “Me in Us” pour le site WikileaksActu
La transcription originale sur le site de Craig Murray :
http://www.craigmurray.org.uk/archives/2012/09/the-assange-c...
Straight Talk : Craig Murrays talks Julian Assange from Michael Stephenson on Vimeo.
Source : https://wikileaksactu.wordpress.com/2012/11/17/lancien-ambassadeur-britannique-craig-murray-sexprime-sur-assange/
Craig Murray : Eh bien, la raison principale est que j’ai été moi-même un lanceur d’alerte, actif avec d’autres lanceurs d’alerte, et j’ai vu tant de lanceurs d’alerte soumis à de fausses accusations, et dès que quelqu’un donne l’alerte, en particulier sur les aspects, si vous voulez, de la politique étrangère et de guerre des néoconservateurs, vous allez être une cible et vous allez être diffamé avec de fausses accusations, et si vous êtes un homme, je pense que dans tous les cas ces accusations vont impliquer des allégations sexuelles. Alors je pourrais juste voir, si vous voulez, un déni de justice dans ce processus, et je voulais faire quelque chose que je peux pour aider à y mettre fin.
01:16 ONN : Vous avez dit que les personnes qui sont des lanceurs d’alerte ne sont pas accusées de délits politiques, ils sont accusés avec des délits criminels. Souhaitez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Craig Murray : Oui, certainement, et je vais vous donner quelques exemples. James Yee, qui était aumônier à Guantanamo Bay, il a dénoncé les actes de torture et de mauvais traitements de détenus à Guantanamo Bay. Il a d’abord été accusé d’espionnage et des actes d’espionnage au profit d’un pays étranger. Ensuite, ces accusations ont été abandonnées et il a été accusé d’adultère, ce qui, apparemment, en vertu du droit militaire américain est un délit, et il a été accusé d’avoir eu de la pornographie sur son ordinateur du gouvernement, au travail, et il a été reconnu coupable de ces deux choses, et puis plus tard la condamnation a été annulée.
La brigadière Janis Karpinski était la dame en charge de tous les prisonniers de guerre irakiens en Irak, et pas seulement à Abou Ghraib. Elle était en charge de toutes les installations militaires. Elle n’était pas vraiment à Abou Ghraib, et en fait, elle avait seulement été à Abou Ghraib une fois. Lorsque l’histoire a éclaté à propos de toutes les tortures à Abou Ghraib, elle s’avança et elle a dit qu’elle avait personnellement vu un document signé par Donald Rumsfeld détaillant les formes de torture qui devaient être utilisées à Abu Ghraib, y compris les positions de stress, y compris la menace de prisonniers nus avec des chiens. Elle a dit que ces techniques ont été détaillées dans le document qui a été signé par Donald Rumsfeld. Elle a été rappelée aux Etats-Unis, et le jour suivant son retour aux États-Unis, elle a été surprise en train de voler à l’étalage et accusée de vol à l’étalage.
Scott Ritter a été inspecteur d’armes irakiennes dans la même équipe ONU avec David Kelly. Il était capitaine dans la marine américaine. Il a déclaré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive irakiennes. À son retour aux États-Unis, il a été emprisonné dans un piège de miel sexuel, via l’ordinateur, par un agent du FBI, et cela a été admis en justice, que c’était un agent du FBI qui l’a piégé.
03:51 ONN : Pour ceux qui ne connaissent pas, qu’est-ce que ce terme « piège de miel » signifie ?
Craig Murray : Un piège de miel, c’est quand vous mettez, si vous voulez, un leurre sexuel dans le but d’attraper quelqu’un, pour inciter quelqu’un à un acte sexuel qu’il pourrait autrement ne pas avoir commis, si vous n’aviez pas mis une tentation sur son chemin. C’est un terme fréquemment utilisé dans les cercles d’espionnage et cercles diplomatiques, parce que c’est une technique bien connue des services de sécurité. Et Scott Ritter est tombé dans ce piège de miel et il a été en fait reconnu coupable de pédophilie, parce que même si l’agent concerné était une femme adulte, elle utilisait la profil Internet d’une personne mineure. Mais – et le cas de Scott Ritter est le seul où je pense qu’il peut y avoir une part de vérité dans ces allégations, et dans son cas, ça n’aurait pas eu lieu – tout cela ne serait pas arrivé si le FBI n’avait pas mis cette situation en place et sorti pour le chercher.
Et je dois dire que ce sont tous des gens que je connaissais personnellement. Deux d’entre eux sont des gens que je connaissais avant qu’ils soient accusés. Et cela arrive à tout le monde. Et la même chose m’est arrivé. J’ai sonné l’alarme sur la complicité britannique dans la torture, la complicité du MI6 dans la torture en Ouzbékistan et sur les restitutions extraordinaires. J’ai été immédiatement accusé d’allégations sexuelles, en effet avec l’extorsion sexuelle des demandeurs de visa. Il m’a fallu, vous savez, 18 mois de véritable enfer, pour être honnête, pour laver mon nom. Parce que, vous savez, je sais que lorsque les gens jettent ce genre d’allégations sur vous, cela ternit votre nom à jamais. Il est très facile de détruire la réputation de quelqu’un par des allégations sexuelles.
Donc, pour moi, la chose absolument extraordinaire, c’est que, vous savez, après que cela soit arrivé à James Yee, c’est arrivé à moi, c’est arrivé à Scott Ritter, c’est arrivé à Janis Karpinski, ils ont utilisé le même truc encore et encore, et maintenant, ils le font avec Julian Assange, et quiconque prend au sérieux ces accusations, cela m’étonne, parce que l’idée que les gens ne peuvent pas voir ce qui se passe dans le monde et la façon dont les lanceurs d’alerte sont persécutés, pour moi, c’est étonnant. Et le fait que rien de ce que je viens de vous dire, vous ne le trouverez pas dans les médias traditionnels, vous savez, cela devrait vraiment, vraiment alarmer les gens sur le genre de monde dans lequel nous vivons.
06:30 ONN : Oui, il semble y avoir un échec plutôt général des grands médias pour faire face à ces questions. Je veux dire, à votre avis, est-ce que les journalistes font leur travail correctement ?
Craig Murray : Non. Je veux dire, il me semble qu’il y a très peu de journalisme réel dans ce qu’on pourrait appeler les médias payants. Et une partie de cela, bien sûr, tient à ce que, vous savez, les médias appartiennent à un très petit nombre de gens, et vraiment, les gens doivent écrire ce que leurs patrons veulent qui’ils écrivent. C’est très, très difficile de trouver la vérité dans les médias sur n’importe quel sujet que ce soit. Par dessus tout, bien sûr, les journaux, qui en réalité emploient beaucoup moins de journalistes qu’auparavant. Il y avait une époque où les journaux individuels dans la rue Fleet avaient 30 ou 40 correspondants à l’étranger par journal. Maintenant, il n’y a pas 30 ou 40 correspondants à l’étranger pour l’ensemble de l’industrie de la presse britannique.
Donc, leur nombre a baissé, et la plupart du temps ils passent leur temps, vous savez, à couper et coller des communiqués du gouvernement et en relâchant l’histoire, l’histoire que les gens qui possèdent les journaux veulent qu’ils entendent.
Il en va de même pour les médias audiovisuels, qui ont à nouveau exactement le même cercle restreint de propriétaires privés, sauf s’ils appartiennent au gouvernement. Quoique le gouvernement, bien sûr, est possédé par les mêmes personnes qui possèdent les journaux, il n’y a pas vraiment beaucoup de différence.
08:10 ONN : Alors, que pensez-vous des allégations réelles, la substance même des allégations formulées contre Julian Assange ? Je veux dire, existe-t il aucune preuve du tout, que vous pouvez voir ?
Craig Murray : Je veux dire, dans une certaine mesure, cela n’a presque pas d’importance parce que, comme je le dis, après avoir vécu cela moi-même et après avoir vu tous les lanceurs d’alerte que je connais subir la même chose, ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils le fassent à Julian Assange. Alors, la question de ce dont ils l’ont accusé ou quelles accusations ils ont réussi à falsifier, cette question est presque sans importance.
Je dirais, vous savez, que choisir des allégations de viol et allégations sexuelles est très intelligent. La CIA en effet sait ce qu’elle fait. Tout d’abord, parce que rien ne ternit votre nom de cette manière. Les gens pourraient vous pardonner d’être un voleur dans une banque, ils pourraient même éventuellement vous pardonner d’être un meurtrier, si vous avez dit que vous l’avez fait dans le feu de l’action, mais personne ne pourra jamais vous pardonner d’être un violeur ou un pédophile. Donc, le choix de l’allégation est très intelligent.
En outre, il divise la gauche. Si les Six de Birmingham avaient été inculpés de viol, ils seraient encore en prison aujourd’hui, parce que personne n’aurait jamais été autorisé dans une campagne publique à mettre en cause les preuves contre eux, parce que, malheureusement, à cause des problèmes réels avec le viol, le viol authentique, qui reste impunis dans la société, la réaction est que beaucoup de gens parfaitement honnêtes pensent que la seule façon de corriger ce déséquilibre est en supprimant, essentiellement, toute protection aux personnes accusées de viol. Et ce point de vue est profondément soutenu par des personnes réelles et honnêtes qui se préoccupent de la position des femmes dans la société. Mais une fois que vous avez l’acceptation sociale selon laquelle il ne devrait pas être autorisé dans le discours public de contester les gens qui font des accusations de viol, cela constitue l’outil idéal à utiliser pour un service de sécurité, car tout le monde a convenu à l’avance que c’est le seul crime où personne ne va s’engager contre le déni de justice pour contester les éléments de preuve ou pour contester les accusateurs.
Et, comme je le dis, vous avez tellement de gens à gauche dont la principale préoccupation politique est le féminisme, qui sont utilisés comme des « idiots utiles » par la CIA, qui ont été utilisés dans des attaques au vitriol contre Julian Assange, qui appellent les gens comme moi des apologistes du viol, tout simplement parce que la CIA a été très, très attentive à choisir la seule accusation qu’ils vont toujours maintenir, que ce soit vrai ou non. C’est ça le principal problème avec les allégations.
Mais, non, je veux dire, il faut bien étudier les détails à la fois des allégations elles-mêmes et des gens qui font les allégations et les procédures qui ont été adoptées. Parce que même si vous ne saviez pas tout le contexte que je vous ai donné sur la façon dont les lanceurs d’alerte sont toujours poursuivis avec ces allégations, même si vous ne saviez pas ça, rien qu’avec un examen attentif des preuves dans cette affaire, ce qui est largement disponible sur Internet, tout le monde concluera que cela a été une manipulation. Je ne vois pas comment on peut sérieusement étudier les faits de la cause et ne pas penser que c’est une manipulation.
11:46 ONN : Vous avez mentionné l’autre jour, vous avez donné une interview, et vous avez mentionné l’un des accusateurs d’Assange par son nom, Anna Ardin, et cela a provoqué un grand tapage. J’ai fait quelques recherches et j’ai découvert qu’elle est en fait une politicienne social-démocrate. Pensez-vous que ce sont des faits qui doivent être largement diffusés auprès du public ? Maintenez-vous le fait que vous avez nommé Anna Ardin comme l’une de ses accusatrices ?
Craig Murray : Tout à fait. Le point le plus important à cet égard est que Anna Ardin s’est nommée elle-même. Elle a donné de nombreuses interviews à la presse sous son propre nom accusant Julian Assange, la première que je peux trouver était en Août 2010. Mais j’ai trouvé au moins 30 entrevues avec les médias qu’elle a donné, où elle est signalée comme Anna Ardin portant ces accusations, maintenant l’idée et en disant qu’elle ne travaille pas pour la CIA. Il est intéressant qu’elle ait ressenti le besoin de le dire. La plupart d’entre nous ne vont pas se promener en disant qu’ils ne travaillent par pour la CIA. Et aussi dire, vous savez, qu’Assange est un misogyne et un violeur et Dieu sait quoi d’autre.
L’idée que vous pourriez faire de telles accusations devant les médias – je ne veux pas dire en privé au tribunal- que vous pourriez sous votre propre nom faire de telles accusations devant les médias et que personne ne devrait être autorisé à vous répondre et personne ne devrait être autorisé à utiliser votre nom, même si vous l’avez placé vous-même dans les journaux, est un peu kafkaïen. En fait, je ne peux absolument pas comprendre pourquoi je ne devrais pas être autorisé à l’utiliser quand elle le met ouvertement dans le domaine public elle-même.
Et il y a, vous savez, plus de 200.000 recherches Google avec son nom, et elle a été nommée dans les grands médias de chaque pays majeur que je peux trouver à l’exception du Royaume-Uni. Elle a été nommée dans le New York Times. Elle a été nommée dans le Times of India. Elle a été nommée dans Paris Match. Elle a été nommée dans La Repubblica. Elle a été nommée dans Der Spiegel. Le Royaume-Uni est en fait le seul pays où elle n’a jamais été nommée par les grands médias, ce qui est encore une fois très étrange.
Mais, non, elle est elle-même un personnage avec une histoire très, très intéressante et des liens très, très intéressants, des liens politiques, qui ne se rapportent pas seulement au Parti Social-Démocrate en Suède, mais ce réseau de personnes dans la police, le procureur et Anna Ardin qui sont tous reliés, qui travaillent tous ensemble sur cette affaire, qui ont tous des liens de partis, c’est une chose qui pourrait elle-même rendre l’affaire irrecevable devant toute juridiction décente. Mais elle a aussi une histoire qui se rapporte à du travail avec des organismes financés par la CIA à Miami, Cuba et Buenos Aires. Donc, plus les gens étudient Anna Ardin, mieux c’est.
15:04 ONN : Vous allez faire référence, bien sûr, aux Dames en blanc, une organisation féministe à Cuba et aussi basée à Miami. Est-ce vrai ?
Craig Murray : C’est vrai. Regardez, elle a un parcours intéressant et varié de travail dans des causes qui, disons, où il y a une zone d’intérêt commune en Amérique du Sud avec la CIA.
15:33 ONN : Il est également intéressant maintenant que c’est l’Équateur qui s’est dégagé, qui a initialement accordé la protection à Assange au sein de l’ambassade et lui a accordé l’asile complet. Donc, s’il est extradé vers la Suède, que serait le sort, selon vous, qui attendrait Julian Assange là-bas ?
Craig Murray : Eh bien, sa crainte est qu’il serait très rapidement extradé de la Suède vers les Etats-Unis, soit extradé soit restitué. Et les Suédois ont maintenant réellement une sorte de droit à des restitutions version légale pour des restitutions temporaires rapides aux États-Unis, comme on les appelle. C’est ce qui inquiète Julian Assange. Bien que je dois dire, je veux dire, mon expérience de la façon dont ils traitent les lanceurs d’alerte et mon expérience de ce que nous avons vu du processus en Suède, je dirais qu’il doit y avoir une aussi grande peur qu’il va être injustement reconnu coupable de viol, et je suis sûr qu’il ne l’a pas fait. Mais s’il arrive en Suède, il sera immédiatement mis en prison. Il n’y a pas de provision pour caution. Et la chose que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est que les procès pour viol en Suède ont lieu entièrement en secret, que personne ne verra jamais aucune des preuves. La prochaine chose que nous allons entendre est le verdict. À mon avis, le scénario le plus probable est que celui-ci a été concocté à l’avance et que le verdict sera qu’il est coupable. Et il est très possible de le faire parce que non seulement le procès est tenu en secret, mais il n’y a pas de jury.
Maintenant, je ne suis pas de ceux qui croient que seul le système judiciaire britannique est correct. De nombreux pays ont des systèmes différents et souvent ces systèmes fonctionnent très bien. Mais ce que vous avez avec le système du jury est une situation où les hommes et les femmes ordinaires, en effet, ont cette chance de tenir tête aux autorités et de dire ce qu’ils croient d’être vrai. Cela peut ne pas être une chance qu’ils prennent très souvent, mais cette possibilité est là. Lorsque vous ne disposez pas de jury, comme en Suède, les chances du gouvernement de sérieusement influencer le résultat, s’il le souhaite, sont assez fortes.
Je prends l’exemple de l’enquête de Jean Charles de Menezes, par exemple, au Royaume-Uni. Dans ce cas, le juge, qui est nommé par le gouvernement – et souvenez-vous qu’il s’agit essentiellement d’une décision du gouvernement non seulement quels juges se font nommer mais aussi l’affectation des juges aux cas particuliers. Dans ce cas, le juge, et malheureusement, son nom m’a échappé parce qu’il était une disgrâce complètement sanglante, il a donné un résumé qui était totalement tendancieux et dans lequel il dit que le jury ne serait pas autorisé à rendre un verdict d’homicide illégal, et il voulait seulement leur donner le choix entre deux verdicts, dont l’un était un verdict ouvert, et l’autre était que le meurtre avait été légal, mais il ne voulait pas laisser leur permettre d’apporter un verdict d’homicide illégal, qu’il prononcerait ce verdict hors de l’ordre, ce qui est encore une disgrâce complète. Il a fait très clairement le verdict qu’il voulait, et c’était qu’il était légal. Mais ce n’est pas arrivé. Le jury est revenu et a dit non, nous allons ramener un verdict ouvert. Et ils l’ont fait, au grand dam du juge.
L’affaire Clive Ponting, quand il fuit le fait que le Belgrano avait effectivement navigué loin des Îles Falkland au moment où il a été détruit avec des centaines de personnes qui ont été tuées, il a été inculpé avec ça en vertu de la Loi sur les secrets officiels. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il était coupable. Il était sans aucun doute techniquement coupable. Le juge l’a dit, plutôt bien, dans son résumé de l’affaire. Et le jury a essentiellement dit au juge d’aller se faire voir et l’a déclaré non coupable. Donc, il y a toujours cette possibilité avec un système de jury.
Assange n’aura pas de jury. Il sera jugé par un juge professionnel et deux assesseurs non professionnels. Et les assesseurs non professionnels sont en fait littéralement des nominations des partis politiques. L’un sera nommé par le Parti conservateur suédois et l’autre par le parti social-démocrate suédois. Le Parti conservateur suédois est très fortement aligné avec George Bush et les néo-conservateurs, et le Parti social-démocrate est précisément d’ou viennent Anna Ardin, le procureur, l’enquêteur de la police et l’avocat d’Anna Ardin. Donc, il y a toutes les chances pour que ce procédé secret se traduise par un coup monté complet.
Et je pense que c’est bien que les gens aient mis l’accent sur la crainte qu’il puisse être extradé de la Suède vers les Etats-Unis, et je pense que c’est vrai et je pense que c’est légitime, mon opinion personnelle est qu’il y a un danger encore plus grand, un procès secret où personne ne peut avoir accès aux preuves et où ils annoncent aux médias complaisants qu’il a été reconnu coupable de viol à la fin.
21:17 ONN : Et puis c’est un fait accompli et on ne peut pas l’éviter.
Craig Murray : Exactement. Ensuite, c’est un fait accompli et ils le jettent en prison pour 10 ans. Puis, quand à la fin de cette période, il sort, il est envoyé vers les Etats-Unis et jugé pour des accusations de terrorisme, et à ce stade, bien sûr, il est un violeur condamné dans la mesure où les médias sont concernés, et de toute façon 10 ans ont passé et personne ne s’en soucie plus.
21:40 ONN : Ce serait un résultat terrible. Que penseriez-vous, que pensez-vous que serait le résultat si William Hague réalisait sa menace de prendre d’assaut l’ambassade équatorienne à ce point ?
Craig Murray : Eh bien, c’est une menace absolument étonnante. Je dois dire que je sais avec certitude de la part des collègues, d’anciens collègues au sein du Foreign Office, qu’en faisant cette menace, William Hague a été très étroitement poussé par les Américains. Il a été soumis à une forte pression des Etats-Unis d’Amérique pour envoyer Assange en Suède. Ce qui, encore une fois, vous savez, contredit plutôt ceux qui disent qu’il n’y aurait aucune crainte d’extradition s’il se rendait en Suède. Pourquoi les Américains sont si désireux de l’envoyer là-bas ? Pourquoi sont-ils si intéressés ?
Mais ce serait une menace étonnante, car tout le monde dans le monde, sauf peut-être les chefs de gouvernement du Royaume-Uni et des États-Unis, considéreraient cela comme un acte extrêmement illégal. Ce serait un scandale diplomatique absolu et ce serait, vous savez, un crime d’agression contre l’Equateur.
Les répercussions diplomatiques seraient étonnantes pour le Royaume-Uni. Tout d’abord, aucune ambassade britannique ne serait en sécurité dans le monde, car tout le monde dirait : « Eh bien, nous pouvons faire la même chose que vous, nous pouvons changer la désignation de votre ambassade, et entrer, et en prendre le contrôle. » Et d’autre part, nos relations avec non seulement l’Amérique latine, mais la plupart des pays en développement, seraient au moins très, très sérieusement, en retrait.
Et vous devez vous rappeler que nous avons déjà assez de problèmes en Amérique latine. Tout d’abord nous avons le chauvinisme fou, des deux côtés, à propos des Îles Falkland. Ensuite, vous avez le fait que nous ne voulions pas extrader Pinochet alors que nous sommes si désireux d’extrader Assange pour des infractions qui, même si elles étaient vraies, ne s’additionnent pas à un cent millième de ce que Pinochet a fait. Et puis vous avez, bien sûr, comme je l’ai dit plus tôt, la mort de Jean Charles de Menezes. L’idée que la police métropolitaine, ayant tué Jean Charles de Menezes, nous permettrait de lancer une attaque physique sur une ambassade latino-américaine, est une idée tout simplement étonnante.
Donc, vous savez que les répercussions seraient énormes. Et je pense que Hague a absolument fait une folie de lui-même parce qu’il a fait une menace qui serait totalement désastreuse, s’il venait à la réaliser.
24:24 ONN : Et que dire de la légalité d’une telle chose ? Utiliser la loi des locaux consulaires diplomatique de 1987 est ce que Hague a dit… le projet de loi qu’il a dit qu’il utiliserait ?
Craig Murray : Eh bien, ce n’est qu’une absurdité totale, car il ne peut pas l’emporter sur le droit international. Vous ne pouvez pas avoir une législation nationale en conflit avec le droit international, en particulier un traité international dont nous faisons partie. Nous étions en fait, je crois, le deuxième signataire de la Convention de Vienne de 1961, et c’est le traité international le plus signé dans le monde. Et curieusement, même la loi de 1987 elle-même dit que ses dispositions doivent être conformes au droit international, et en fait cela dit la même chose dans la loi de 1987. Eh bien, il serait tout à fait contraire au droit international pour Hague de faire ce qu’il a prévu de faire. L’article 22 de la Convention de Vienne, partie 1, stipule absolument sans détour, sans aucune qualification supplémentaire, que les locaux diplomatiques sont inviolables. Un point, c’est tout. Et ils le sont. Vous savez, vous n’êtes pas autorisé à entrer dans les locaux diplomatiques de n’importe quel autre pays.
Même dans le chaos de l’Afghanistan, la Grande-Bretagne a abandonné son ambassade en Afghanistan, elle a retiré tous ses diplomates. Je ne suis pas sûr de cela. Je ne pense pas que nous ayons été jeté dehors. Je pense que nous avons quitté volontairement les lieux. Mais au moment de l’invasion soviétique de l’Afghanistan, la Grande-Bretagne s’est retiré, et notre ambassade est restée vide pendant des décennies, pendant l’occupation soviétique, pendant le régime des talibans en Afghanistan, et le bâtiment de l’ambassade n’a été ouvert – bien que finalement nous ayons déménagé dans de nouveaux locaux, ce n’est pas l’édifice où nous sommes maintenant – mais le bâtiment originel de l’ambassade a été seulement ouvert à nouveau après l’invasion en 2001, 2002. Mais il avait été… pendant 20 ans, il était resté là, vide, sous le régime soviétique et sous les talibans, et ni les Soviétiques, ni les talibans, ne sont entrés dans l’ambassade britannique. Même si il n’y avait personne, sauf un gardien résident afghan, ils ont accepté l’inviolabilité des locaux des ambassades et ils ne sont pas entrés, ni les Soviétiques, ni les talibans. Maintenant, William Hague nous propose d’agir bien pire que sous les Soviétiques ou les talibans, et cela me paraît tout à fait étonnant. Il faut le voir pour le croire.
27:18 ONN : Ok, juste une dernière question avant de conclure ici, sur ce qui a été, que pensez-vous des chances réelles pour Julian Assange de faire une course d’obstacles, pour ainsi dire, et de se rendre en Équateur en toute sécurité ? Voyez-vous pour lui un moyen de quitter la Grande-Bretagne maintenant et de se rendre en Amérique du Sud en toute sécurité ?
Craig Murray : Physiquement, ça va être très difficile. Les chances d’aller en Equateur depuis l’ambassade dans le centre de Londres sans l’accord des autorités britanniques sont limitées. Vous pouvez, vous savez, nous pouvons tous penser à des sortes de scénarios d’évasions physiques, mais ils ne sont pas faciles. Il va falloir trouver une solution diplomatique. Je dirais que cela prendra un certain temps, je pense d’ici six mois. Il n’y aura pas beaucoup de sensibilisation du public pour que quelque chose ait changé, bien que des discussions aient été poursuivies dans les coulisses.
La solution évidente pour les Suédois est de dire qu’ils ne vont pas l’extrader vers les Etats-Unis, mais les Suédois refusent absolument de faire cela, et les États-Unis refusent de dire qu’ils ne chercheront pas l’extradition, parce que franchement il n’y a aucun doute du tout sur le fait que les États-Unis ont convoqué un grand jury pour chercher à poursuivre en justice Assange et WikiLeaks, et qu’ils ont bien l’intention de l’extrader vers les Etats-Unis. Donc, tout cela est très, très difficile.
Vous pouvez voir une sorte de solution de Lockerbie. L’auteur présumé de Lockerbie, M. Megrahi, a été jugé à La Haye en vertu du droit écossais par des juges écossais, car ils ne voulaient pas l’envoyer en Ecosse et ils ont convenu de tenir le procès dans des locaux communs. Les Hollandais ont accepté qu’un procès à La Haye puisse se ternir en vertu du droit écossais pour la période du procès. Ce n’est pas le plus heureux des précédents, parce que je pense que le procès était lui-même un coup monté et un déni de justice, mais il crée effectivement un précédent pour quelqu’un, d’être jugé par un Etat sur le territoire d’un d’autre, donc il existe un précédent en droit international si les gens recherchent cela.
Maintenant, comme je l’ai dit moi-même, mon opinion personnelle est que la condition de tout procès doit être que cela devrait être public. Je pense que cette affaire est de si haut niveau que les gens ont le droit de savoir quelle preuve a été donnée, ils sont en droit de savoir ce qu’est la défense, et franchement la défense est si forte qu’il serait très, très difficile de faire un coup monté pour la condamnation. Donc, quelque chose dans cet ordre d’idées.
Je ne sais vraiment pas à ce stade ce qu’est le jeu final. L’espoir du gouvernement britannique est que le gouvernement équatorien va changer. Il y a une élection en Equateur qui approche dans un avenir pas si lointain. Les gouvernements britannique et américain comptent sur les adversaires du président Correa – et ses adversaires sont bien sûr soutenus par la CIA, de toute façon – ils vont réussir à gagner cette élection et ensuite annuler sa demande d’asile diplomatique et de le remettre, et c’est la fin du jeu dans la mesure où les Britanniques et les Américains sont concernés. Donc je suppose qu’ils vont attendre le résultat de l’élection équatorienne. Je ne pense pas qu’ils vont faire de compromis du tout jusqu’après l’élection équatorienne, dans l’espoir que le gouvernement de l’Équateur change et qu’ils obtiendront essentiellement une administration fantoche américaine en Equateur qui va tout simplement le lui remettre.
31:49 ONN : Eh bien, je vous remercie beaucoup pour avoir parlé avec nous aujourd’hui, M. Murray. Cela a été fascinant et très instructif. Et merci à nos téléspectateurs. Merci de regarder cette interview ONN. J’espère que vous avez apprécié. Ok.
Craig Murray : Merci.
Traduction : “Me in Us” pour le site WikileaksActu
La transcription originale sur le site de Craig Murray :
http://www.craigmurray.org.uk/archives/2012/09/the-assange-c...
Straight Talk : Craig Murrays talks Julian Assange from Michael Stephenson on Vimeo.
Source : https://wikileaksactu.wordpress.com/2012/11/17/lancien-ambassadeur-britannique-craig-murray-sexprime-sur-assange/
l'embargo des USA envers Cuba est d'autant plus criminel et imbécile , profondément sectaire et réactionaire que"Cuba a été un exemple pour le monde entier, en montrant comment ses programmes de coopération médicale ont été beaucoup plus efficaces et de plus grande envergure que n’importe quelle aide fournie par les efforts combinés de tous les pays du G8. En cinquante ans, les personnels cubains ont servi dans les zones les plus pauvres et les plus déshéritées du monde, là où d’autres ont refusé d’aller. Actuellement, ils sont en charge du bien-être de soixante-dix millions de personnes. Leur travail (superbement ignoré par les grands médias internationaux) peut faire honte à tous les pays « développés » de la planète": John M. Kirk
Où est le secret ? La vérité c’est que le capital humain peut plus que le capital financier. Le capital humain implique non seulement des connaissances, mais aussi, -et même essentiellement-, la conscience, l’éthique, la solidarité, sentiments vraiment humains, l’esprit de sacrifice, l’héroïsme et la capacité de faire beaucoup avec très peu. - Fidel Castro Ruz
Les mots souvent attribués à Maximo Gomez et souvent répétés, « les Cubains en font toujours trop ou pas assez » s’appliquent parfaitement au programme cubain d’internationalisme médical. (1) Cuba en a vraiment « trop fait » pour ce qui concerne cette politique : en Avril 2012, il y avait 38 868 professionnels de la santé cubains, dont 15 407 médecins (environ 20% des 75 000 médecins de Cuba) - travaillant dans 66 pays. (2) En Afrique, le personnel médical cubain, au total près de 3000 personnes, travaillant dans 35 des 54 pays du continent, tandis qu’au Venezuela il y en a approximativement trente mille. (3) Ce n’est qu’une partie de l’histoire, puisque l’internationalisme médical cubain présente de nombreuses facettes. Dans toutes, le « capital humain » est déterminant.
Cet article, basé sur sept années de recherches et près de 70 entretiens avec des professionnels de la santé cubains, à la fois sur l’île et à l’étranger, vise à fournir une large vue d’ensemble de l’internationalisme médical cubain. Pour ce faire, on verra des programmes très différents dans la coopération médicale, on fournira des données de base sur son évolution et son impact ainsi qu’une analyse de la logique dans son déroulement.
Le chiffre de collaborateurs médicaux n’a cessé d’augmenter en particulier dans les pays en développement et sous-développés, et à ce jour près de 135 000 travailleurs de la santé ont participé à des missions à l’étranger. Cuba dispose d’un nombre plus élevé de personnel médical travaillant à l’étranger dans des missions de coopération médicale que toutes les nations du G-8 réunies, un record fort étonnant et significatif.
Les étapes historiques
Nous pouvons compter trois étapes de base dans l’internationalisme médical cubain : les premières années du processus révolutionnaire (dont le meilleur exemple reste l’envoi des missions au Chili et en Algérie), les années du milieu de la décennie 1970 à 1979 (alors que le pays, soutenu par l’Union soviétique et les pays socialistes d’europe, a développé un programme particulièrement fort de coopération en Afrique subsaharienne), et enfin, la période qui a commencé en 1990, après l’accident du réacteur nucléaire de Tchernobyl survenu en 1986. Elle a été suivie par une augmentation importante de la coopération médicale vers la fin de cette décennie, fondamentalement en Amérique latine et dans les Caraïbes, après les ravages causés par les ouragans George, en Haïti, et Mitch en Amérique centrale. Cette dernière étape a donné lieu à de nombreuses initiatives, allant des programmes de santé intégrale (utilisés dans des dizaines de pays du Tiers Monde) et l’accès aux soins de base à des millions de personnes qui, dans de nombreux cas, n’ont jamais reçu la moindre attention médicale, jusqu’à l’arrivée du contingent médical d’urgence "Henry Reeve" un énorme succès, déployé à la suite de catastrophes naturelles.
Les pages de l’internationalisme médical sont nombreuses et glorieuses depuis 59. Nous avons focalisé cet essai sur les contributions de Cuba qui se sont matérialisées à partir de la fin des années 80. L’exemple le plus probant est l’aide apportée aux victimes de Tchernobyl. Au total, environ vingt-six mille personnes, presque tous des enfants, ont été traitées dans les installations de Tarara depuis l’arrivée des premiers enfants en mars 1990 (ils furent reçus par le président Fidel Castro en personne, pour montrer l’importance accordée par le gouvernement cubain à cette l’initiative). Tout le traitement médical a été donné aux patients, sans aucun frais pour eux (transport et hospitalisation). Ce geste humanitaire d’ampleur est particulièrement remarquable quand on sait qu’il a commencé au moment où l’Union soviétique a implosé, entraînant la perte de 80% du commerce de Cuba, une baisse d’environ 30% du PIB, et le début de la période spéciale et ses restrictions de toute sorte. Pour Cuba, le moment ne pouvait tomber plus mal. Nombreux sont les pays qui, confrontés à une telle crise, auraient immédiatement mis fin à un programme aussi vaste et coûteux. Mais cela ne s’est pas produit et Cuba a respecté ses engagements avec les enfants de Tchernobyl.
Après plusieurs visites sur place à Tarara et des rencontres avec les patients et le personnel médical cubain, nous avons pu constater que l’attention médicale donnée aux enfants était excellente, et qu’on avait réalisé un travail remarquable dans des conditions difficiles pour recevoir les enfants. À son apogée, environ 350 personnes y travaillaient, disposant d’un petit hôpital entouré de centaines de bâtiments destinés à loger les malades et leur offrir des programmes éducatifs et récréatifs. Avant leur départ, les enfants étaient examinés en Ukraine par des médecins cubains. Le plus souvent ils restaient dans l’île 45 jours, et ceux qui souffraient des maux les plus graves étaient traités dans différents hôpitaux spécialisés à Cuba. L’objectif était de fournir une assistance médicale et humanitaire de qualité. Au total, 21.874 enfants et 4.240 adultes ont été traités à Cuba, 19.497 d’entre eux âgés de moins de quatorze ans, et les affections les plus courantes étaient liées à des problèmes dermatologiques, du système endocrinien et digestifs. (5)
Médecins cubains dans le monde entier
Par ailleurs, on peut souligner le rôle de Cuba dans la formation de dizaines de milliers de médecins du monde entier, des pays en développement et des pays sous-développés. Des professeurs cubains dispensent leurs cours dans quinze pays et sont particulièrement nombreux au Venezuela. Depuis le début des années 70, Cuba a contribué à la fondation d’écoles de médecine dans plusieurs pays, y compris le Yémen (1976), Guyana (1984), Éthiopie (1984), Ouganda (1986), Ghana (1991), Gambie (2000 ), Guinée équatoriale (2000), Haïti (2001), Guinée-Bissau (2004) et Timor oriental (2005).
L’ouragan Mitch (1998) causa des dommages terribles en Amérique centrale et fut, à bien des égards le catalyseur pour un développement significatif de l’internationalisme médical de Cuba. Environ trente mille personnes sont mortes dans cette catastrophe, et les gouvernements d’Amérique centrale firent appel à la communauté internationale. Cuba n’avait pas de relations diplomatiques avec les pays concernés (dont plusieurs avaient maintenu une politique d’hostilité à la Révolution), cependant, en quelques jours, Cuba a envoyé une brigade de 424 membres. Leur nombre est passé rapidement à deux mille, avant de se stabiliser autour de neuf en tout pour la région. (6)
Cette mission était différente des autres parce qu’alors est née la décision d’aider les pays touchés afin qu’ils puissent s’aider eux-mêmes. Cela a conduit à l’idée de former les jeunes de la région à Cuba pour qu’ils deviennent médecins et qu’ils puissent revenir ensuite chez eux pour aider leur propre peuple. En Novembre 1999, l’École Latino-américaine de Sciences Médicales – de nos jours Ecole Latino-américaine de Médecine (ELAM) - a ouvert ses portes aux premiers étudiants, principalement de la région touchée. La plupart d’entre étaient issus de familles pauvres et environ la moitié étaient des femmes.
L’approche cubaine de l’ÉLAM repose essentiellement sur l’engagement de former des étudiants qui n’auraient jamais pu devenir médecins autrement dans leur pays. Ces médecins qui ne sont pas issus de milieux privilégiés, sont plus susceptibles de retourner dans leurs communautés d’origine pour y travailler après l’obtention de leur diplôme. On espère ainsi contenir la traditionnelle « fuite des cerveaux » (les cubains emploient le terme de « vol des cerveaux » NDT), -les diplômés des écoles de médecine dans le Tiers Monde s’installent dans les pays développés où les salaires sont plus élevés-. En outre, ceux des diplômés de l’ELAM qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas être utilisés dans leur propre pays, se portent volontaires pour travailler dans d’autres où ils viennent travailler dans des « déserts médicaux ». Haïti en est le meilleur exemple puisqu’y exercent actuellement des diplômés originaires de nombreux pays d’Amérique latine. Les leçons sur le capital humain durant les années de formation à Cuba ont été assimilées par des milliers d’entre eux.
Le succès de cet engagement peut être mesuré par la lecture des articles de la section Ophtalmologie du site Web Infomed.(8) "Plus d’informations sur Opération Miracle" : des dizaines de textes qui illustrent l’ampleur du programme. Pour ne citer que quelques exemples : 15 000 Paraguayens ont recouvré la vue, 400 000 Haïtiens ont bénéficié du programme, au Nicaragua 90 000 opérations ont été réalisées, et presque 1,5 million au Venezuela. A tel point qu’en Octobre 2011 le Dr. Reinaldo Rios, directeur de l’hôpital ophtalmologique Ramón Pando Ferrer, à La Havane, estime a plus de deux millions de personnes dans 34 pays d’Amérique latine, des Caraïbes et Afrique le nombre de personnes opérées. (9) Les opérations pratiquées par des médecins cubains, avec le soutien du Venezuela, ont été offertes gratuitement aux patients, dont la plupart n’étaient pas en capacité de payer.
« Le contingent Henry Reeve va prendre la suite de la force médicale constituée pour aider le peuple des États-Unis dès que Katrina a frappé le sud de ce pays dans toute sa force brute. Son but est non seulement d’assister un pays en particulier, mais de coopérer immédiatement, avec un personnel spécialement formé, dans tout pays souffrant d’une catastrophe, en particulier ceux qui font face à de grands fléaux tels que des ouragans, des inondations ou d’autres phénomènes naturels graves. » (10)
Le contingent Henry Reeve a déjà réalisé douze missions dans les pays qui ont connu des catastrophes naturelles -la plus récente au Chili, à la suite d’un tremblement de terre. Tous ces phénomènes se sont produits en quelques années, et l’on peut dire que le travail de la brigade constitue un exploit remarquable. Le groupe le plus important (environ 2250 membres) a été envoyé au Pakistan, mais celui qui reste le plus mémorable est celui d’Haïti.
Dans ce pays, Cuba a joué (et joue toujours) un rôle déterminant, à la fois après le tremblement de terre de janvier 2010 qui a pris 250 000 vies, puis dans le contrôle de l’épidémie de choléra qui a éclaté en septembre de la même année. Dans les deux mois suivant le début de l’épidémie près de 150 000 cas ont été signalés et 3333 décès.(11) Les personnels cubains ont tenu un rôle de premier plan dans le soutien au peuple haïtien et leurs efforts ont fait paraître minuscules ceux de la communauté internationale. De fait, la brigade médicale cubaine a été importante depuis 1998, lorsque l’ouragan George a dévasté Haïti. A cette époque, cinq cents professionnels de la santé sont arrivés dans le pays et, au moment du séisme, douze ans plus tard, environ 340 Cubains étaient déjà sur place dans le secteur de la santé publique.
En ce qui concerne l’épidémie de choléra, l’équipe médicale cubaine a été renforcée par l’arrivée de diplômés et d’étudiants supérieurs de l’ELAM. En avril 2011, il y avait encore 1 117 membres de la brigade médicale, dont 923 cubains et 194 étrangers diplômés à Cuba. Ensemble, ils ont fourni des consultations à deux millions de patients, opéré 36.000 d’entre eux et assisté près de 35 000 naissances. 465 000 autres haïtiens ont bénéficié des programmes de rééducation. (12) Une fois encore, les efforts humanitaires de la mission cubaine étaient (et sont) plus élevés que ceux de tous les pays industrialisés réunis. Cependant, jusqu’à présent, ces contributions sont toujours ignorées des médias internationaux. Ce qui est le plus important, c’est que maintenant Cuba prépare Haïti pour l’avenir en établissant un système de santé publique financé principalement par le Venezuela et le Brésil, système dans lequel les médecins haïtiens formés à Cuba joueront un rôle clé. Sur les 625 qui étaient diplômés de l’ELAM début 2011, 430 se trouvaient déjà en Haití.(13) Cette même année, un autre groupe de 115 ont étés diplômés de l’Université de Santiago de Cuba.
Un aspect tout aussi important est le travail réalisé au Timor-Oriental. Le personnel cubain est arrivé là suite à une demande officielle d’aide en 2003. En effet, en 2002, il n’y avait que 47 médecins dans tout le pays. La première tâche consistait à apporter un soutien médical dans une nation se remettant de sa lutte pour l’indépendance et de l’invasion des forces armées indonésiennes. Au cours des cinq premières années, les médecins ont effectué plus de 2,7 millions de consultations et on estime qu’ils ont sauvé environ onze mille vies. La phase suivante de la coopération cubaine était la formation de jeunes Timorais qui deviendraient des professionnels de la santé et prendraient soin de leur propre peuple. Au cours de l’année 2008, « il y avait 350 travailleurs cubains de la santé dans la région, 870 nationaux du Timor et plus d’une centaine de Mélanésiens et de Micronésiens ont été formés comme médecins » (14) La plupart d’entre eux ont eu leur formation de base à Cuba, puis ils sont rentrés au Timor, l’objectif était de les former de plus en plus dans leur propre patrie. A cet effet, en 2005, fut créé une école de médecine assistée par des professeurs cubains.
Sur une échelle beaucoup plus grande, des efforts comparables au Timor-Leste ont étés fournis dans la coopération de Cuba au Venezuela. Il s’y trouve aujourd’hui le plus gros contingent de médecins cubains. Cette contribution a commencé en 1999, après des inondations massives dans l’État de Vargas où sont morts ou disparues 15.000 personnes. En l’espace d’une semaine plus de 450 professionnels de la santé cubains étaient sur place pour soutenir les initiatives du Président Hugo Chavez, nouvellement élu. Quatre ans plus tard, la municipalité Libertador de Caracas, qui a eu les plus grandes carences de santé de la région, a demandé l’aide des spécialistes vénézuéliens. Soucieux de leur sécurité personnelle, la plupart refusèrent, ce qui a conduit le président Chavez à faire appel à La Havane, et en conséquence, en avril 2003, Cuba a envoyé 53 médecins de famille.
Par ailleurs, il est important de reconnaître la détermination de Chavez d’utiliser la richesse pétrolière au profit de la nation dans son ensemble, et plus particulièrement les secteurs marginalisés, habituellement exclus de ces services. La mission initiale envoyée à Libertador, a connu un grand succès et a abouti à la décision d’étendre le programme à l’ensemble du pays et, finalement, aux différentes étapes de la mission Barrio Adentro. Selon Chavez, en Novembre 2010, la brigade cubaine travaillait dans 6172 cabinets de médecine populaire, 3019 cabinets dentaires et 459 cabinets d’ophtalmologie, 514 centres de diagnostic intégral, 599 salles de rééducation et 28 centres d’examen équipée de la plus haute technologie médicale. (15)
Ajoutons au tableau décrit ci-dessus que 51 000 Vénézuéliens ont reçu un traitement médical spécialisé à Cuba. (16) Jusqu’à avril 2012 on estime que les cubains ont réalisé plus de 740 millions de consultations médicales gratuites et sauvé plus d’un million et demi de vie humaines, des personnes qui sur la base des critères traditionnels de mortalité, auraient probablement décédé s’ils n’avaient reçu ses soins appropriés de la part des médecins cubains. (17) Pour l’avenir, le Venezuela est entré en émulation avec l’ ELAM de Cuba et forme dans ses universités plus de 30 000 médecins avec des professeurs venus de Cuba. En Février 2012, a été diplomé le premier groupe de 8.150 spécialistes en médecine intégrale communautaire (CMI) et 6300 le seront dès la conclusion du programme de six ans. À l’heure actuelle, selon Chavez, 22 604 étudiants de la spécialité étudient au Venezuela, ce qui représentera une contribution importante au système public de santé.(18)
Soulignons en passant que, bien que 20% des médecins cubains travaillent à l’étranger, le rapport médecin/patients à Cuba est encore probablement le meilleur dans le monde. Comparons avec d’autres pays : en 2009, on comptait 2,4 médecins pour mille habitants au Canada (19) et aux États-Unis, tandis qu’à Cuba le chiffre était de 6,7 en 2010, selon la Banque Mondiale. (20) De plus, l’accès au soins à Cuba est beaucoup plus équitable qu’au Canada (et, dans les faits, bien plus équitable que dans la plupart des pays industrialisés, dont les États-Unis), où par exemple, non nombre de spécialistes travaillant dans le secteur privé et bien peu de médecins travaillent dans les zones rurales.
Un des plus récents programmes entrepris par les internationalistes cubains a été l’échantillonnage de la population des pays membres de l’ALBA. Ceci a été réalisé par des centaines de professionnels de la santé de l’île, afin de déterminer le niveau de santé physique et mentale de leurs populations. Dans le cas du Venezuela (où, en 2008, le personnel médical cubain -dont une bonne partie de généticiens et psychologues sociaux- a travaillé en collaboration avec la brigade locale de la santé dans la mission Hernández José Gregorio), on a identifié environ 600 000 patients ayant des besoins spécifiques, et le gouvernement a décidé de répondre à ces préoccupations. Le but de cette campagne était donc non seulement procéder à un échantillonnage détaillé, mais de mener une étude pour déterminer les causes particulières de « handicap » pour fournir une assistance aux personnes concernées.
Depuis 2009, d’autres pays de l’ALBA ont bénéficié de ce projet. Il s’agissait d’un dépistage massif, et plus de 71 000 spécialistes (cubains et de chacun des pays concernés) ont visité près de 3,8 millions de foyers au Venezuela, en Bolivie, en Équateur, au Nicaragua, à Saint-Vincent-et-les Grenadines. (21) En juillet 2011, on avait identifié un total de 1.017.464 personnes ayant des besoins spécifiques. En Bolivie, la campagne a été appelée Mission Moto Mendez (du nom d’un guerrillero du 19ème siècle), et a impliqué les médecins Cubains, Vénézuéliens et les Boliviens. Le bilan est d’environ quatre-vingts trois mille personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux détectées. La Mission Solidarité Manuela Espejo a eu un objectif similaire : entreprendre une étude scientifique biopsychosociale afin de déterminer les causes des problèmes rencontrés par les équatoriens et de leurs besoins. Les médecins spécialistes - 229 cubains et 129 équatoriens – ont visité 1.286.331 foyers et détecté 294.611 personnes ayant des nécessités physiques ou mentales spécifiques. 135 254 d’entre elles avaient reçu 265 515 consultations et aides techniques. (22)
N’importe lequel de ces divers programmes de coopération médicale est tout à fait extraordinaire pour un pays de la taille et de la richesse de Cuba. En fait, aucun pays industrialisé n’a jamais tenté d’entreprendre un projet aussi ambitieux dans le domaine de la santé. Mais la combinaison de toutes ces initiatives humanitaires mises en œuvre est tout simplement grandiose. Quand on pense que ces programmes sont en cours depuis cinq décennies et qu’en Amérique latine depuis les vingt dernières années, Cuba a fourni des niveaux élevés de coopération. Dans le cas de l’Afrique, 5500 professionnels de la santé cubains y travaillent encore mais surtout, près de 40.000 Africains ont obtenu leur diplôme dans les universités de l’île qui compte toujours près de 3000 étudiants africains. (23) Lors de sa visite à La Havane en 1991, Nelson Mandela décrit la contribution cubaine : « Nous venons ici avec un sentiment de reconnaissance pour l’immense dette que nous avons contractée envers le peuple cubain ». Quel autre pays a été dans l’histoire plus altruiste que Cuba dans ses relations avec l’Afrique ? (24)
Cela soulève une question logique : pourquoi ? Pour quelles raisons Cuba continue d’offrir des coopérations d’une telle portée ? Se pourrait-il que Cuba ait l’intention d’exercer ce qu’on appelle dans les milieux universitaires nord-américains le « soft power » ? C’est-à-dire de coopter des pays grâce à un appui constant et des avantages en échange de futurs gestes bienveillants de leur part. À première vue, il semblerait que cet argument est recevable. De toute évidence, le programme de l’internationalisme médical à Cuba, -même dans les pays avec lesquels les relations diplomatiques étaient difficiles-, a entraîné un affaiblissement de l’hostilité de certains gouvernements et finalement la normalisation des relations.
Il est particulièrement significatif que Cuba n’a pas offert une coopération médicale qu’aux pays ayant les mêmes convictions idéologiques. À cet égard, il convient de rappeler que la première mission dans le Chili d’Alessandri en 1961, et l’abondante coopération cubaine avec le Honduras et le Guatemala, pays qui avaient été des alliés inconditionnels des États-Unis et avaient toujours condamné Cuba. Le Salvador, quant à lui, sous la botte d’un certain nombre de régimes militaires, était un adversaire idéologique acharné de la Révolution cubaine. La Havane, n’a pourtant pas hésité à envoyer vingt-deux tonnes de fournitures médicales d’urgence après le tremblement de terre de 1986 et une brigade médicale conséquente en 2000, pour une importante épidémie de dengue. Cuba a également fourni un soutien médical au Nicaragua d’Anastasio Somoza, après le tremblement de terre qui dévasta la capitale en 1972. Aucun autre président latino-américain ne s’était opposé autant à la révolution cubaine que Somoza qui alla même en 1961, à entraîner les mercenaires qui utilisèrent les ports nicaraguayens pour la tentative d’invasion ayant échoué dans la baie des Cochons.
On avance également que le gouvernement cubain mène cette politique dans le but d’obtenir des soutiens pour les votes à l’ONU. Dans une interview de mai 2007 le Dr Yiliam Jiménez, a répondu : « En admettant le point de vue cynique que Cuba envoie des médecins dans les pays pauvres pour gagner des voix à l’ONU, qu’est-ce qui empêche les pays industrialisés de faire de même ? La chose la plus importante est de sauver des vies, et c’est précisément ce fait notre polítique. » (25)
« Sauver des vies ! », Un engagement similaire de la part des pays du G8 fait cruellement défaut, alors que Cuba à maintes reprises a placé l’humanitarisme avant l’ idéologie.
Le facteur déterminant qui a impulsé ces programmes depuis des décennies a été le gouvernement révolutionnaire, et en particulier la vision à long terme de Fidel Castro, pour qui l’accès aux soins de santé publique a toujours été un enjeu extrêmement important en même temps qu’un droit humain fondamental. Dans tous les entretiens avec les responsables politiques cubains, dans le cadre de cette recherche, il ressort toujours que l’initiative venait toujours de lui. La volonté politique de mener à bien ces campagnes de santé, mobiliser les ressources et assurer un financement adéquat, étaient le résultat d’une décision politique et humanitaire prise au plus haut niveau dans l’île.
Pour un étranger qui examine ce phénomène complexe et multidimensionnel, il est clair que le développement d’une conscience sociale et politique élevée dans la population cubaine est une base indispensable à l’acceptation de ces politiques d’envergure. Le succès du programme d’internationalisme médical, a lui-même renforcé au fil des ans, la fierté et le sentiment d’identité nationale. La Constitution cubaine exprime l’engagement du pays dans « l’internationalisme prolétarien, [...] l’amitié fraternelle, le soutien, la coopération et la solidarité des peuples du monde, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes ».
Ce sens de la solidarité internationale, (qui a des racines profondes dans l’île puisqu’on le trouve dès la fin du XIXe siècle aux temps de la lutte pour l’indépendance) est aussi un facteur psychologique inestimable. Dans la seconde moitié du XXe siècle, Cuba a été aidée dans des actes de solidarité concrète par des étrangers. Depuis le rôle clé d’Ernesto Che Guevara jusqu’au soutien financier des pays du COMECON, et plus récemment par le Venezuela. La combinaison des décennies de participation à des missions internationalistes, ou la participation d’amis ou dans sa famille, a abouti à un profond processus de socialisation du respect à l’égard de ces initiatives humanitaires.
Il est également vrai que l’exportation de biens et de services professionnels est une source importante de devises pour l’économie cubaine, elle dépasse de loin le secteur du tourisme et de l’exportation de nickel. Le montant des recettes provenant des services médicaux à l’étranger varie de 3 à 8 milliards de dollars par an. L’estimation la plus récente est de cinq milliards de dollars, soit environ le double de la somme apportée par l’industrie touristique florissante. (26) Quel que soit le chiffre exact, il est de toute façon déterminant pour l’apport en devises étrangères à l’État et demeure une priorité du gouvernement cubain.
Grâce à ce que l’on pourrait nommer un excédent de personnel de santé -toujours nié par les membres de la direction révolutionnaire, qui soutiennent qu’il ne peut y avoir en aucun cas un excès de médecins- cette utilisation de cadres formés en médecine est une politique économique extrêmement réussie. Le gouvernement de Raul Castro a décidé de réduire certains des avantages dont bénéficiaient à la fois les internationalistes (suppléments financiers importants) et les bénéficiaires. Par exemple, les étudiants nord-américains à l’ELAM ne sont plus formés gratuitement, on demande au gouvernement ukrainien de payer pour le traitement des enfants touchés par l’accident nucléaire de Tchernobyl, et que les étudiants étrangers paient pour poursuivre une spécialisation plus poussée.
Tout au long de cette enquête, il a été extrêmement intéressant d’avoir les opinions des internationalistes eux-mêmes sur leur participation à des missions médicales à l’étranger. La plupart ont dit qu’ils le faisaient pour des raisons financières puisqu’ils percevaient un salaire bien supérieur au cours de leur mission à ce qu’ils auraient reçu à Cuba. Bien qu’il soit extrêmement difficile de quitter la famille pour de longues périodes, les professionnels apprécient d’avoir momentanément la possibilité d’avoir des revenus plus élevés, ce qui leur permet d’acheter Cuba des bien qu’il n’auraient pas acquis autrement.
Depuis le début de la Période spéciale, il existe dans l’île une pyramide inversée en termes de salaires. Ceux qui sont employés dans le tourisme, même à des postes qui ne nécessitent pas un degré élevé d’instruction ou d’études, sont mieux rémunérés que des techniciens ou scientifiques de haut niveau. Par conséquent, les missions internationalistes permettent aux participants, de combler en partie ce déséquilibre. Certains ont indiqué que l’expérience à l’étranger dans les pays en développement représente pour eux une excellente occasion de développer leurs compétences professionnelles médicales : ils font face à des situations qui sont souvent complètement nouvelles pour eux comme la malnutrition ou les blessures causées par des armes à feu. D’autres présentent cette expérience comme un rite de passage, quelque chose que presque tout le personnel de santé à Cuba a accompli un moment dans sa vie.
Quelles que soient les motivations des individus ou du gouvernement révolutionnaire, il ne fait aucun doute que ces cinq décennies de coopération médicale ont apporté une énorme contribution au bien-être dans le tiers-monde. En 2010, Julie Feinsilver a fait un résumé succinct de l’importance de cette contribution : Les internationalistes cubains ont sauvé plus de 1,6 millions de vies, prescrit un traitement à plus de 85 millions de patients (plus de 19,5 millions desquels ont eu la consultation à leur domicile, dans leur école, leur lieu de travail, etc.), réalisé plus de 2,2 millions d’opérations, assisté 768.858 naissances et multi-vacciné plus de 9,2 millions de personnes. (27)
Que ce soit au Chili d’Alessandri en 1960, au Nicaragua de Somoza en 1972, ou aux États-Unis de George W. Bush en 2005 (quand il a rejeté l’offre de Cuba d’envoyer 1500 médecins après l’ouragan Katrina), l’engagement d’aider l’humanité a été cohérent.
Dans son discours durant l’acte de création de la Brigade Henry Reeve, Fidel Castro a parlé de la nécessité de répondre aux catastrophes naturelles, indépendamment de l’idéologie du pays :
« Pas une seule fois, tout au long de l’histoire révolutionnaire pleine d’abnégation, notre peuple n’a cessé d’offrir son aide médicale dans la solidarité en cas de catastrophe à d’autres peuples qui en avaient besoin, sans jamais tenir compte des abîmes idéologiques et politiques nous séparant, ou des offenses graves infligées par tel ou tel gouvernement ». (28)
Pour l’essentiel, Cuba a été un exemple pour le monde entier, en montrant comment ses programmes de coopération médicale ont été beaucoup plus efficaces et de plus grande envergure que n’importe quelle aide fournie par les efforts combinés de tous les pays du G8. En cinquante ans, les personnels cubains ont servi dans les zones les plus pauvres et les plus déshéritées du monde, là où d’autres ont refusé d’aller. Actuellement, ils sont en charge du bien-être de soixante-dix millions de personnes. Leur travail (superbement ignoré par les grands médias internationaux) peut faire honte à tous les pays « développés » de la planète.
John M. Kirk
Professeur. Université de Dalhousie, Canada.
Traduit de la version originale anglaise de l’article en espagnol par David González pour la revue cubaine TEMAShttp://www.temas.cult.cu/ repris par www.rebelion.org le 19/11/2012
Traduit pour Le Grand Soir (à partir de la version espagnole) par alfare. Les intertitres ont étés ajoutés.
L’article dans TEMAS http://www.temas.cult.cu
EN COMPLEMENT : Cuba - Tchernobyl : Lettre à Maria.
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