- présence d’un très fort niveau d’inégalités des revenus dans les années 20, jusqu’à la seconde guerre mondiale. Une période de réduction majeure des inégalités a alors suivi (la « Grande Compression »), qui ne s’est pas arrêtée à la fin des années 1970 comme aux États-Unis. Notre pays a su conserver un système relativement égalitaire pour les revenus – même si beaucoup de pressions ont lieu actuellement pour renverser ce mouvement. En fait, contrairement aux États-Unis, la part des riches (Top 10 %) n’a que peu augmenté : ils n’ont pas phagocyté les revenus, ce qui a permis aux ménages de ne pas sombrer dans le surendettement ;
- les quinze dernières années ont vu une nette amélioration pour les plus pauvres mais aussi pour les plus riches, au détriment des classes moyennes et aisées ;
- la forte hausse de l’impôt sur le revenu intervenue dans la période a très certainement joué un rôle majeur dans ces évolutions positives ;
- la répartition des patrimoines français est en revanche nettement plus inégalitaire, même si une nette amélioration est intervenue tout au long du XXe siècle. Mais le pays manque considérablement de données pour affiner cette analyse. Les deux dessins de la page suivante illustrent graphiquement ce phénomène, en représentant le patrimoine de la française la plus riche, et des 10 français les plus riches, qui détiennent à eux 11 autant que les 20 millions (30 %) des français les plus pauvres.
lundi 12 novembre 2012
La crise , les caisses sont vides, et tati et tata, serrez vous la ceinture , des économies sont obligatoires , nous vivons au dessus de nos mayens , le coût du travail . Mon oeil oui , l'argent n'est seulement pas là ou il faut ,et là ou il y en a pas besoin ...
Thomas Piketty a également étudié la distribution des hauts-patrimoines dans les actifs successoraux français (vous noterez tout ce que nous lui devons en terme d’informations, je vous garantis qu’il y a très peu de choses facilement utilisables hors son travail).
Il apparaît ainsi que la répartition des actifs successoraux est nettement plus inégalitaire que celle du patrimoine. Comme nous l’avons vu, ceci est normal car les successions sont le reflet des patrimoines constitués plusieurs décennies auparavant. C’est en fait le reflet de la distribution du patrimoine 20 à 30 ans auparavant.
On constate qu’au niveau des successions, l’écart entre la France et les États-Unis est relativement limité au niveau du Top 2 %, et les distributions assez proches (cohérent avec la corrélation des revenus il y a 40 ans) – sauf pour le Top 0,1 %. On peut penser que la concentration du P80-98 est bien plus importante outre-Atlantique.
Par ailleurs, on observe depuis 1960 une tendance à la baisse de la part du Top 10 % en France – qui a représenté jusqu’à 85 % des actifs successoraux (donc bien plus qu’aux États-Unis aujourd’hui) vers 1910 et 1960. On constate d’ailleurs sur le graphique suivant que c’est la chute de la seule part du Top 1 % qui a permis la croissance du reste des patrimoines. La part du Bottom 90 % augmente sensiblement grâce à la baisse de la part de P95-99 depuis 1960 et de P90-95 depuis 1985.
Sur le graphique précédent, on a superposé l’évolution de la part du Top 10 % pour les revenus et pour le patrimoine, avec un décalage de 25 ans. Le parallélisme est ici frappant, plus encore qu’aux États-Unis. Sur le graphique suivant figure un extrait correspondant à une vingtaine d’années, base 100 en 1943 pour les successions, et 1918 pour les revenus. On observe à quel point la chute des revenus liée à la crise des années 1930 s’est répercutée sur les patrimoines au décès vingt ans plus tard (l’espérance de vie augmentant fortement dans la période, d’une année tous les 4 ans, il est normal que la « durée moyenne » séparant les deux courbes se déforme avec le temps).
Enfin, le graphique suivant présente comme pour les États-Unis l’évolution des successions. On retrouve la forte chute de la part des hautes successions intervenue durant le XXe siècle. Et on note la forte diminution du taux marginal des droits de succession intervenue dans les années 1960. Comme un effet sur les patrimoines ne pourrait se voir que sur la succession des descendants, une bonne trentaine d’années plus tard, il se situe donc en dehors de la période étudiée qui cesse en 1994.
Il apparaît ainsi que la répartition des actifs successoraux est nettement plus inégalitaire que celle du patrimoine. Comme nous l’avons vu, ceci est normal car les successions sont le reflet des patrimoines constitués plusieurs décennies auparavant. C’est en fait le reflet de la distribution du patrimoine 20 à 30 ans auparavant.
On observe enfin la forte chute de la part des très hautes successions intervenue durant le XXe siècle.
En conclusion de cette analyse, nous pouvons retenir les faits suivants pour la France :
Ainsi, ayant évité d’entrer dans les années 1980 dans le modèle néoconservateur d’inégalités croissantes, en particulier en préservant une fiscalité élevée, la France s’est trouvée dans une situation bien plus favorable que celle des États-Unis face à la Crise.
Vous trouverez pour conclure une série de propositions fiscales sur cette page.
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