mardi 5 juin 2012
Alors qu'en France malgré une victoire de Hollande , les forces de Droites se radicalisent écoutons Fidel Castro raconter L'Histoire celle à la quelle il a participé et en a écrit avec tous ses camarades les grandes heures , ces heures terribles ou le peuple cubain se libérait en versant son sang.....
Le violent combat de l’Uvero a été commémoré voilà quelques jours, le 28 mai, avec toutes les références qu’il mérite. Un devoir élémentaire m’oblige à éclaircir les faits.
À cette époque-là, Manuel Piñeiro, dit Barberousse, toujours égal à lui-même, avait envoyé à Santiago de Cuba un camion d’armes que le Directoire révolutionnaire avait utilisées durant son attaque du Palais présidentiel et qui avaient abouti pour une raison ou une autre dans ses mains. Frank País, responsable d’action nationale de notre Mouvement du 26-Juillet, en avait fait parvenir une part importante à la difficile zone de la Sierra Maestra où notre jeune Armée rebelle renaissait de ses cendres.
L’apprentissage avait été extrêmement dur. Nous avions remporté peu à peu les premières victoires qui nous avaient permis d’accroître nos forces en hommes et en armes, sans essuyer aucune perte. Nous avions dû aussi contrecarrer la dangereuse trahison d’Eutimio Guerra, un paysan rebelle qui avait été jusque-là notre guide et qui avait cédé aux offres généreuses de l’ennemi. Grâce au soutien en hommes et en moyens que nous envoyait Frank, nous avions constitué malgré les obstacles notre premier détachement guérillero : l’avant-garde aux ordres de Camilo [Cienfuegos] ; l’arrière-garde conduite par Efigenio Ameijeiras ; le centre formé de petits pelotons ; et le commandement général. Il existait donc un groupe de combattants déjà chevronnés et bien adaptés au terrain quand nous reçûmes, bien camouflé dans des bidons de graisse, un bon lot des armes récupérées par Barberousse.
Fut-il correct, du point de vue militaire et révolutionnaire, d’attaquer la garnison bien armée installée au bord de mer, près d’un embarcadère d’où partait le bois coupé dans cette zone ? Pourquoi l’avons-nous fait ?
Il se trouve que l’expédition du Corynthia venait juste de débarquer aux ordres de Calixto Sánchez White. Et c’est un puissant sentiment de solidarité qui nous poussa à attaquer la garnison de l’Uvero.
Je tiens à signaler en toute honnêteté que cette décision, hormis la solidarité qu’elle impliquait, ne fut pas tout à fait correcte, car elle ne concordait pas avec notre rôle, auquel se subordonnait tout autre objectif – comme ce fut le cas durant toute notre vie révolutionnaire.
Je me rappelle avoir ouvert le feu – j’utilisais alors un fusil à lunette – contre l’appareil de radio de la garnison ; des dizaines d’autres balles s’abattirent ensuite sur son poste de commandement. Ce qui explique pourquoi l’ennemi ne sut pas que sa garnison était attaquée et que nous pûmes disposer d’au moins trois heures avant que ses bombes et sa mitraille ne tombent sur nous, ce qui arrivait invariablement une vingtaine de minutes après le début de n’importe quel combat. Sans ces facteurs, il est très probable que notre décision d’attaquer, inspirée de la seule solidarité, aurait abouti à une réduction de notre force composée alors de presque une centaine de combattants déjà formés et qu’il aurait fallu, au mieux, recommencer avec beaucoup de mal à la reconstituer.
C’est là que Juan Almeida fut touché à la poitrine et qu’il fut protégé d’une blessure plus grave, d’après ses souvenirs, grâce à un objet de métal qu’il avait dans sa poche ; que Guillermo García, portant un casque obtenu au premier combat, engagea un duel serré avec le défenseur d’un fortin fait de gros troncs d’arbre ; que le Che, équipé d’un pistolet-mitrailleur qui n’arrêtait pas de s’enrayer, s’écarta de son poste pour soutenir un combat avec ceux qui combattaient contre Almeida ; et que Raúl avança avec son petit peloton sur les soldats retranchés derrière les piles de troncs prêts à l’embarquement. Tout ceci, avant l’apparition des chasseurs-bombardiers. Julio Díaz, un combattant courageux qui maniait une mitrailleuse à trépied, ne put avancer : il gisait à côté de moi, mortellement frappé d’une balle en plein front.
Comprend-on ce qui arriva ce 28 mai 1957, voilà cinquante-cinq ans ?
Fidel Castro Ruz
Le 1er juin 2012
16 h 36
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