Jeudi 14 juin, l’émission C dans l’air (sur la Cinq) d’Yves Calvi était consacré à l’engagement français en Afghanistan, de Sarkozy en Hollande. Mais l’animateur et ses invités ont fait un petit crochet par la Syrie, pour répondre à une question d’un auditeur sur l’ »inaction » de la France en Syrie. Un des participants, Gérard Chaliand, directeur du centre européen d’Études des Conflits et spécialisé dans les questions de terrorisme et de guérillas, répond alors en substance qu’une intervention serait hautement contre-productive, et que le renversement de Bachar donnerait lieu à des vengeances d’un haut degré de férocité de la part des rebelles ? Yves Calvi interpelle alors Chaliand sur les « enfants torturés » et lui demande si l’on doit rester sans rien faire par rapport à pareilles horreurs. Et là Gérard Chaliand, sans se démonter, dit que les pleurs humanitaires ne sont en l’espèce que la couverture de desseins beaucoup plus politiques : il évoque le rôle des États-Unis, d’Israêl et des pétro-monarchies sunnites décidées à frapper l’ennemi iranien à travers la Syrie. Et il fait remarquer les dizaines de milliers de victimes civiles du conflit à Ceylan, les trois millions de morts de la guerre civile du Congo et tous ceux d’un certain nombre d’autres conflits n’ont jamais empêché les Occidentaux de dormir, et que donc les campagnes médiatiques sont généralement le reflet de préoccupations beaucoup géopolitiques qu’humanitaires.
Pendant cette rapide mise au point, qui avait l’air d’ouvrir des horizons sidéraux à Calvi, Chaliand était appuyé par Jean-Dominique Merchet de journalMarianne, autre spécialiste reconnu des questions géostratégiques et militaires. En face, les représentants de la doxa anti-syrienne, Christophe Barbier de L’Express et d’I-Télé et, dans une moindre mesure, Grégory Pons de Valeurs Actuelles, n’avaient tout d’un coup plus grand chose à dire.
Il ne faut pas s’exagérer la portée de quatre ou cinq minutes de vérité dans une des émissions du vaste P.A.F. Mais cependant, de tels points de vue hétérodoxes, donnés par des spécialistes agréés par le Système et bénéficiant d’ailleurs d’une crédibilité et d’une expertise dans leur domaine, ne peuvent passer inaperçue de dizaines de milliers de téléspectateurs. Ceux de l’émission d’Yves Calvi ont appris ce 14 juin, s’ils ne s’en doutaient déjà, que la violence en Syrie n’est pas le monopole de Bachar et de son armée, que ses opposants sont des persécuteurs en puissance et que les dirigeants occidentaux sont des Tartuffe – ce dernier point étant plus, pour l’immense majorité de l’opinion française, une confirmation d’avantage qu’une révélation.
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Articles de Louis Denghien publiés par Mondialisation.ca |
mardi 19 juin 2012
cinq minutes de vérité sur la Syrie ,dans dans l'air sur la cinq
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