vendredi 3 décembre 2010
Cuba en guerre contre le choléra en Haïti (Fidel Castro)
IL a y bien des choses dont il faudrait parler aujourd’hui alors que les Etats-Unis sont plongés dans un énorme scandale à la suite de la publication de documents par WikiLeaks dont personne – quelles que soient les motivations de ce site Web – ne met en doute l’authenticité.
Notre pays, toutefois, prend part à une bataille contre le choléra en Haïti, qui est en passe de devenir une menace pour les autres peuples d’Amérique latine et d’autres du Tiers-monde.
Alors que le pays souffre encore des conséquences d’un séisme qui a tué ou blessé presqu’un demi-million de personnes et causé des destructions énormes, l’épidémie s’est déclenchée, aggravée presque aussitôt par le passage d’un cyclone.
On comptabilisait hier, 29 novembre, 75 888 malades du choléra, dont 27 015 ont été soignés par la Brigade médicale cubaine qui a enregistré 254 décès, soit 0,94 %. Les autres installations hospitalières publiques, des ONG et privées ont traité 48 875 personnes, dont 1 467 sont décédés, soit 3,0015 %.
Aujourd’hui, 30 novembre, la Mission médicale cubaine qui compte dans ses rangs, soit dit en passant, 201 diplômés de l’Ecole latino-américaine de médecine, a traité 521 patients, soit un total de 27 536.
Dimanche dernier, 28 novembre, 18 personnes provenant d’une sous-commune appelée Plateau sont arrivées dans un état très critique au Centre de traitement du choléra de l’hôpital de référence communautaire, situé dans la commune L’Estère, dans le département d’Artibonite, et ont été aussitôt traités par les onze médecins et les douze infirmières de la Brigade médicale cubaine qui y travaille et qui, heureusement, a pu leur sauver la vie à tous.
Le lendemain, lundi 29, onze autres personnes, dont un enfant de cinq ans dont les parents étaient morts du choléra, sont arrivées de cette même sous-commune. De nouveau, leurs vies ont été sauvées.
Compte tenu de cette situation, le docteur Somarriba, chef de la Mission médicale, a décidé d’envoyer dans cette sous-commune cinq médecins, deux infirmières, un infirmier et un rééducateur à bord d’un véhicule tout terrain avec toutes les ressources requises pour traiter les cas d’urgence.
Quatre des cinq médecins sont diplômés de l’ELAM : une Uruguayenne, un Paraguayen, un Nicaraguayen et un Haïtien. Le cinquième est le chef de la brigade cubaine dans le département d’Artibonite.
Pour atteindre cette sous-commune, ils ont parcouru six kilomètres en voiture, six kilomètres à pied sur une route non goudronnée et deux autres kilomètres sur un terrain escarpé, transportant eux-mêmes les équipements et les ressources.
Plateau, située entre cinq montagnes, compte environ cinq mille habitants extrêmement pauvres vivant dans de modestes maisons regroupées à trois endroits et se consacrant essentiellement à la culture des arachides, du millet, des haricots noirs et de la calebasse. Selon les informations reçues, il n’y a pas de rues, pas d’électricité, pas de magasins, mais un temple protestant.
Quand l’équipe est arrivée à Plateau, le pasteur protestant s’est offert à organiser dans le temple même un centre de traitement, avec six lits de camp et quatre bancs, ce qui permettait d’accueillir d’urgence dix personnes.
Huit, dont trois en état critique, ont été admis aujourd’hui.
Les habitants ont fait savoir qu’une vingtaine de personnes étaient décédées, des chiffres qui n’apparaissent pas sur les listes officielles. Le soir, notre équipe va travailler avec les lampes-tempête qu’elle a apportées.
La mission a décidé d’ouvrir dans cette communauté reculée un Centre de traitement du choléra qui comptera vingt-quatre lits. Les ressources arriveront demain, dont un groupe électrogène.
Les opérateurs de télévision sont aussi arrivés à l’endroit en apprenant la nouvelle.
Aucun décès n’a été enregistré aujourd’hui. Un autre centre a été ouvert un peu plus au nord, soit un total de trente-huit centres et unités de traitement du choléra.
Je raconte ce cas pour expliquer les circonstances dans lesquelles on travaille et les méthodes employées pour lutter contre l’épidémie qui, à raison de dizaines de morts par jour, aura bientôt fait deux mille victimes.
Compte tenu des méthodes de soin employées et des renforts en personnel prévus, il sera plus difficile que le nombre de décès progresse au même rythme.
Connaissant les passions que les élections soulèvent traditionnellement – sans parler des abstentions qui caractérisent beaucoup d’entre elles – je redoutais qu’il ne se passe quelque chose en Haïti au milieu des destructions et de l’épidémie. L’un des principes de nos missions médicales et de la brigade Henry Reeve est le respect absolu des lois, des partis et des convictions religieuses des pays où elles opèrent.
Mon inquiétude provenait du fait que les informations des médias internationaux donnaient l’impression d’un panorama de violence généralisée, qui était pourtant loin de la réalité. Les observateurs internationaux se sont étonnés de ce genre de nouvelles alors que les faits correspondants ont été isolés et n’ont touché qu’un pourcentage réduit d’électeurs.
Les dirigeants qui avaient appelé le peuple à descendre dans la rue ont compris qu’il n’était pas correct, au milieu de la situation tragique du pays, d’engager des actions qui pouvaient provoquer des affrontements violents et interdire de contrôler et de vaincre l’épidémie. Si on n’y parvient pas, le choléra pourrait devenir endémique et causer une catastrophe sanitaire en Haïti et être une menace permanente pour les Caraïbes et pour l’Amérique latine où des millions de pauvres s’entassent toujours plus dans les grandes villes, ainsi que pour bien d’autres nations pauvres d’Asie et d’Afrique.
N’oublions jamais qu’Haïti doit par ailleurs être reconstruite depuis ses fondations avec l’aide et la coopération de tous. C’est ce que nous espérons pour son peuple noble et dévoué.
Fidel Castro Ruz Le 30 novembre 2010 21 h 34
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