Le renseignement intérieur était bien en contact avec le tueur de Toulouse au point de l'appeler régulièrement.
Les fadettes de Mohamed Merah ont parlé. Les factures détaillées de son numéro de portable apportent leurs lots de révélations. On y apprend que la DCRI a eu huit contacts téléphoniques avec le tueur de Toulouse et Montauban entre le 22 octobre 2011 et le 19 mars 2012, jour où le djihadiste a assassiné quatre personnes, dont trois enfants, à l'école confessionnelle Ozar-Hatorah à Toulouse.
Ce 19 mars 2012, alors que le terroriste venait de commettre ses crimes, il reçoit deux appels qui sont directement transférés sur son répondeur, l'un à 10 h 49, l'autre à 12 h 2, soit quelques heures seulement après l'effroyable tuerie. Les fonctionnaires l'avaient-ils déjà identifié comme suspect ? Si oui, pourquoi avoir attendu qu'il se retranche chez lui, deux jours plus tard, pour procéder à son interpellation ?
Certains policiers de la DCRI sont soupçonnés par la Justice d'avoir fait fuiter, à
TF1, l'enregistrement audio des négociations entre Mohamed Merah et un agent local de la centrale du renseignement, laissant croire à une faute personnelle de ce fonctionnaire pour sauver l'institution. À la lecture des fadettes, le mystère demeure entier concernant les liens entre la DCRI et Mohamed Merah.
En contact avec un djihadiste condamné
Au sein de l'antenne locale du service de renseignement, si on confirme au vu des fadettes que c'est bien un agent local qui a été régulièrement en
contact avec Mohamed Merah, les rapports écrits ont tous été envoyés au siège à Levallois. "Tous nos documents sont à la disposition des magistrats, ils peuvent venir les chercher. Nous n'avons aucune raison de croire que la direction de la DCRI traîne les pieds pour aider à la manifestation de la vérité."
Par ailleurs, la surveillance téléphonique de Mohamed Merah aurait pu intriguer les fins limiers de la DCRI. Durant la période qui précède son premier crime, il passe ou reçoit une vingtaine de coups de fil par jour. Outre sa famille, il est en conversation régulière avec Sabri E., qu'il appelle - une soixantaine de fois - beaucoup plus souvent que sa mère. Sabri E., un Toulousain, a été arrêté en 2006 à la frontière entre la
Syrie et l'
Irak alors qu'il s'apprêtait à combattre l'armée américaine. Il a été condamné en 2009 pour sa participation à une entreprise terroriste et a effectué quatre ans de prison à Fleury-Mérogis.
En décembre 2011, un nouvel interlocuteur de Mohamed Merah apparaît. Il s'agit d'Olivier Philippe C., soupçonné d'avoir régulièrement aidé des salafistes toulousains à se rendre au Moyen-Orient. Placé en garde à vue à plusieurs reprises, il n'a jamais été poursuivi. Des salafistes radicaux au banditisme, Mohamed Merah n'était, semble-t-il, pas très regardant dans ses relations. En épluchant son relevé téléphonique, les policiers ont identifié plusieurs personnes connues pour trafic de stupéfiants, vols à main armée et/ou violences. Des contacts réguliers vivant dans le Sud-Ouest, mais également à Paris et en région parisienne.
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