mercredi 9 février 2011
Voici une anlyse qui conforte ce que nous hurlons depuis plus de deux decennies à force de banaliser les produits alimentaires les gens meurent de faim , et il y aura des émeutes sanglantes ; la non plus nous ne sommes pas écoutés et pourtant.....
« L’étude montrant que la spéculation ne conduit pas à l’augmentation du prix des matières premières au niveau mondial, je recommanderais une date pour la publier, le 1er avril. »
Nicolas Sarkozy (Forum de Davos)
Par ces phrases, Nicolas Sarkozy, résume sa conviction que les pays du Sud sont victimes d’un autre fléau : la spéculation. Avec une régularité de métronome, les émeutes de la faim se rappellent à notre bon souvenir et permettent d’expliquer d’une certaine façon sous « contrôle » que les pays du Sud dépendent pour leur survie d’un Nord opulent qui, à bien des égards, est responsable de ses malheurs. Certes, le Nord jette des miettes sous forme d’APD qui, malheureusement, demeure sans lendemain, les principaux pays du G8 ne respectant pas les 0,7% de leur PIB promis. Si on ajoute à cela l’hypocrisie des promesses du Millénaire (réduire de moitié la faim d’ici 2015), nous avons un tableau complet de la mise en scène des pays industrialisés qui laissent en 2009, sur le bord de la route, 1 milliard de personnes menacées par la faim.
« Pour éradiquer ce fléau, il suffirait de seulement 30 milliards de dollars par an. En comparaison, le budget militaire de base du Pentagone est de 533,7 milliards de dollars pour l’exercice 2010. Par ailleurs, les institutions financières américaines vont distribuer pour cette année 2010 le chiffre record de 144 milliards de dollars en seul bonus, primes et stock-options à leurs dirigeants c’est-à-dire aux responsables de la crise économique mondiale. Ces seuls bonus (donc hors salaires) représentent quasiment l’équivalent de 5 ans d’aide financière totale pour l’éradication de la faim dans le monde, qui, rappelons-le, ne nécessite que 30 milliards de dollars par an, soit moins de 21% de ces bonus distribués par Wall Street en une seule année. Toujours en comparaison, les dépenses totales du Pnud pour l’année 2009 s’élevaient à environ 4,1 milliards de dollars, ce qui est ridicule au vu de l’ampleur de la tâche puisque le Pnud est présent dans 166 pays : chiffre représentant les trois quarts des nations dans le monde. Dernier chiffre significatif (on pourrait multiplier les exemples sans fin), en 1970, l’espérance de vie au Zimbabwe était de 55 ans, en 2010 elle est de 42 ans (1)
Dans le même temps, le marché de la publicité avoisine les 500 milliards de dollars et celui des armes les 1200 milliards de dollars. Cherchez l’erreur ! Jean Ziegler a raison de dire que ceux qui laissent mourir les enfants - en effet, un enfant meurt de faim toutes les six secondes- sont des criminels. »
Pourquoi les pays industrialisés sont responsables indirectement de la faim ?
Il y a à cela, trois raisons majeures, qui sont d’une façon ou d’une autre, liées à l’addiction aux énergies fossiles, la mondialisation et au libéralisme sauvage à travers entre autres, la spéculation financière. S’agissant de la consommation débridée en énergies fossiles, deux conséquences sont constatées : le besoin de carburant fait que des surfaces entières dévolues aux céréales pour l’alimentation sont détournées pour produire des biocarburants -un plein de biocarburant aux Etats-Unis peut nourrir un Africain pendant une année !- Ce vol de nourriture est encouragé par la montée des prix du pétrole dû, conjoncturellement, à la saison hivernale, mais plus structurellement à un déclin inexorable du pétrole. En 1960, pour quatre barils trouvés, un baril était consommé, de nos jours c’est l’inverse, pour quatre barils consommés, un seul est trouvé difficilement. Une autre conséquence de cette addiction au pétrole est le dégagement dans l’atmosphère de quantité astronomique de CO2 responsable de l’effet de serre et partant, des changements climatiques erratiques et catastrophiques.
Nous l’avons vu avec deux exemples, les inondations catastrophiques au Pakistan des milliers de morts par noyade et les incendies en Russie. Résultat des courses, la Russie, dont les récoltes furent sévèrement atteintes, décide de ne plus vendre les céréales, créant de ce fait, une envolée des prix. On le voit, les pays du Sud sont soumis à une double peine ; ils n’arrivent pas à se protéger contre les changements climatiques, dont ils ne sont pas responsables, ils meurent par milliers, ils n’arrivent pas à acheter de la nourriture celle-ci étant trop chère, ils meurent de faim ou ils protestent, et nous avons le scénario des émeutes qui gangrènent les pays du Sud et notamment les pays arabes (Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie...). Et là encore, ce n’est pas gagné, ils risquent leur vie, du fait des interférences externes comme c’est le cas en Egypte, où la Révolution a été matée.
Evolution des prix
Cette flambée des prix des matières premières en général et des produits alimentaires en particulier, a connu une accélération ces dernières années. 2010 aura été l’année de toutes les hausses. Faiblesse du dollar, croissance chinoise, spéculation, raréfaction de l’offre sont autant de facteurs qui tirent vers le haut le prix des matières premières. Tour d’horizon des plus fortes augmentations et prévisions pour 2011. Le prix du colza a cru de 75%. Le prix du blé a augmenté de 47,25% en un an. Pour le café +69,24% en un an, +80% ces 6 derniers mois. Pour le sucre depuis juin 2010 : 140%. Les prix du coton ont explosé : plus de 100% en un an. La tonne de nickel a coûté jusqu’à 27 500 dollars avant de retomber à 24.000 dollars. Pour le cuivre +40% de hausse en un an et un record : 9700 dollars la tonne. (2)
Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un pic historique en janvier, selon l’index des prix de la FAO. Les prix ont augmenté de 3,4% par rapport à décembre, « le plus haut niveau depuis que la FAO a commencé à mesurer les prix alimentaires, en 1990. La hausse des prix alimentaires, qui a débuté en août, fait craindre l’éclosion d’ « émeutes de la faim », comme celles qui avaient éclaté en 2008 dans de nombreux pays africains, mais aussi en Haïti et aux Philippines, après que les cours des céréales eurent atteint des records historiques. » (3)
« Palladium, zinc, étain, or, argent, cuivre, uranium, platine... C’est la panique sur les minerais dont les réserves s’épuisent. Cette pénurie pourrait affecter toute l’économie et notre vie. Quel âge avez-vous ? La vingtaine ? Vous verrez peut-être la fin de l’uranium. La quarantaine ? Vous vivrez l’extinction du nickel et de l’étain ? La soixantaine ? Vous découvrirez une vie sans plomb ni zinc. C’est dire que la frénésie actuelle conduira au chaos pour tous. La part des spéculateurs sur les marchés alimentaires explique en partie la hausse continue des prix depuis l’été 2010.
Les produits alimentaires sont devenus des actifs financiers comme les autres. On se souvient en 2008 des images des « émeutes de la faim ». Depuis, plus rien ou presque sur nos écrans, même si le nombre de sous-nutris a bondi et dépassé le milliard. Comme vient de l’exprimer le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, nous vivons le début d’une crise alimentaire similaire à celle de 2008. Difficile de ne pas pointer tout d’abord la responsabilité majeure des Etats-Unis et de l’Union européenne dans la baisse des stocks céréaliers mondiaux, et ainsi dans la tendance à la hausse des prix. Difficile également de ne pas souligner le rôle des agrocarburants, qui ont détourné plus du tiers de la production de maïs des Etats-Unis l’année dernière. Les terres qui y sont consacrées sont autant de terres disponibles en moins pour le soja ou le blé, ce qui explique la hausse corrélative des cours mondiaux, directement liés aux prix américains. Mais encore plus que la flambée des prix alimentaires, c’est leur volatilité qui pose problème. (4)
Ces marchés ne répondent pas aux hypothèses strictes de l’économie néo-classique standard. Les pays pauvres, soumis aux plans d’ajustement structurel pour rembourser leur dette, se sont lancés dans la dérégulation de leurs marchés. Confrontés au dumping des pays riches et à la concurrence des agricultures étrangères, engagés dans une spécialisation de leur agriculture pour exporter, ils ont vu leur agriculture vivrière décliner. Une très grande majorité est devenue importatrice nette de produits alimentaires, donc dépendante des cours mondiaux. Or, ces cours mondiaux suivent une course folle qui n’est pas près de s’arrêter. Elle est alimentée par des spéculations de plus en plus massives sur les marchés à terme de produits agricoles. (4)
De ce fait, la part des spéculateurs par rapport aux acteurs commerciaux (c’est-à-dire qui échangent réellement des biens agricoles) a explosé. Les produits alimentaires deviennent ainsi des actifs financiers comme les autres, dans une stratégie de rentabilité maximale des portefeuilles des investisseurs. En particulier, les fonds indexés, tel le Gsci de Goldman Sachs - qui vient de tripler le salaire du P-DG, regroupant des actifs très divers dont une petite partie seulement concerne les marchés agricoles, imposent de plus en plus à ces derniers leur propre logique. Une logique qui n’a rien à voir avec les fameux « fondamentaux de marché. » (4)
« D’autres causes de la flambée soudaine des prix ont été évoquées, le FMI soulignant par exemple la croissance de la demande alimentaire dans les pays émergents. Au fond, c’est bien la dérégulation des marchés qui est en cause, qui amplifie à l’extrême toute variation de l’offre ou de la demande sur les marchés. On pourrait donc se réjouir de l’annonce faite par la présidence française du G20 de s’attaquer (enfin !) à la volatilité des prix de matières premières. Mais ce serait vite oublier que le G20, dans les conclusions de ses derniers sommets, a appelé à entériner le cycle actuel de négociations de l’OMC, donc à poursuivre la dérégulation des marchés agricoles. (4) »
Que font les pays industrialisés
« En dehors des messes en grande pompe de Davos où chacun vient se faire voir d’une façon ostentatoire, les pays du G8-G20 comptent les points, nient la responsabilité de la politique néolibérale et son avatar, la spéculation. Ainsi, un document de la Commission européenne souligne que le lien entre spéculation et volatilité des produits de base n’est pas prouvé. : « A ce stade, il y a peu de preuves que le processus de formation du prix sur les marchés physiques a été transformé par l’importante hausse de l’activité des marchés dérivés observée ces dernières années. » Le rapport fait de la « sécurité alimentaire » un enjeu majeur. Pour Bruxelles, elle est menacée par la volatilité des prix des matières premières. Ce phénomène s’explique, selon la Commission, par une combinaison de facteurs, dont la hausse de la demande. Le rapport évoque par exemple également les restrictions à l’exportation utilisées par la Russie à l’été 2010. (5)
Ce n’est pas l’avis du président Sarkozy président du G20 qui a défendu à Davos ses projets de taxation financière et de régulation des prix des matières premières. C’est sur les matières premières que Sarkozy s’est montré le plus « politique ». Il a évoqué un opérateur qui avait acheté 15% des stocks mondiaux de cacao... Là il ne s’agit pas à proprement parler de spéculation mais d’accaparement. Il en fait un enjeu de la lutte pour la pauvreté et d’ordre public international, citant émeutes de la faim qui secouent l’Afrique du Nord et le terrorisme. Quant à la taxe sur les transactions financières, une taxe « infinitésimale » (sic), permettrait de collecter les 120 milliards de dollars par an que les pays riches se sont engagés à distribuer chaque année au sommet de Copenhague de décembre 2009, a-t-il martelé. » (6)
« Dans toute cette perturbation voulue, les Etats de plus en plus désarmés s’en remettent aux banques et à la financiarisation de l’économie virtuelle. Ceux qui y trouvent leur compte sont les spéculateurs On l’a vu avec les nouveaux requins en cravate de la City, de Wall Street de la Bourse à Paris où un trader, Jérôme Kerviel, a fait perdre, en une nuit, 5 milliards de dollars à la Société Générale, l’équivalent du budget de plusieurs pays africains ! Une matière première à nulle autre pareille : l’or « matière première inaltérable ». Dans les moments de crise économique comme celle de 2008, l’or devient toujours une valeur refuge, à l’abri de la fluctuation du dollar. 1971, Nixon décide de casser Bretton Woods ; le dollar n’est plus égal à un gramme d’or. L’once d’or qui valait 33 dollars pour environ 33 grammes n’a fait qu’augmenter. En 2000, l’or est à 300$ en 2010 à 1400$. L’or pourrait prendre un rôle encore plus important à l’avenir. C’est l’avis de Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, qui proposait en novembre 2010 un retour à une forme d’étalon-or comme régulateur des taux de change. » (7)
« Cependant, le marché de l’or, écrit Eric Grangier, est sous contrôle total de l’élite bancaire (les plus grosses banques privées, les banques centrales, etc.). Il y a aussi le risque que tout ceci se transforme en une autre bulle spéculative. Dans un article paru dans Bloomberg Businessweek, avec pour titre : « Soros Gold Bubble at $1,384 as Miners Push Buttons », on peut lire comment George Soros et d’autres ont créé un fonds de couverture (hedge fund) afin de pouvoir vendre des produits financiers basés sur l’or. Ce fonds (nommé Spdr Gold Trust) a été autorisé par la U.S. Securities and Exchange Commission et plusieurs privilèges ont été accordés au groupe de Soros. Le groupe peut en effet, à travers le Spdr Gold Trust, acheter de l’or sans avoir à se tracasser des frais de livraison puisqu’il n’a pas l’obligation de tenir physiquement dans ses coffres cet or en question. Ceci donne au groupe une position avantageuse à l’intérieur de cette bulle d’or. C’est George Soros lui-même qui a qualifié de bulle l’ascension actuelle de l’or. Dans ce cas, la majorité va perdre beaucoup et quelques-uns vont gagner énormément. Soros est bien placé dans cette bulle pour encaisser pendant qu’elle gonfle et il saura quand en sortir juste avant qu’elle éclate. Le prix de l’or pourra alors facilement atteindre les 2000$. Pendant ce temps, des individus comme Soros et ses acolytes intensifieront leur mainmise sur le métal jaune. (8)
On le voit, les pays du Sud ont du mouron à se faire. Les émeutes seront de plus en plus récurrentes du fait des trois facteurs objectifs, les changements erratiques du climat, la spéculation sauvage mais aussi la gabegie des Etats du Sud. La rédemption des peuples du Sud passe par le compter-sur-soi et par se battre sur tous les plans en misant sur la formation des hommes. Pour cela seuls des hommes politiques qui pensent aux prochaines générations et non à leurs parcours personnels donneront une perspective à ces peuples harassés. Mais ceci est une autre histoire.
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
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