dimanche 5 mai 2013
F Haine tombe le masque ! Marine à l'épreuve de Canal + et de Anne-Sophie Lapix LE PLUS. Un an après, Marine Le Pen et Anne-Sophie Lapix ont eu leur second round. Sur le plateau de "Dimanche+", la présidente du Front nationale a accusé la journaliste de Canal Plus de "racisme" à l'égard de son parti. Alors qui a remporté cette nouvelle joute verbale ? Notre contributeur décrypte ce moment de télévision sous haute tension.
Retournez sur le site de Canal ; mais je n'arrive pas à relire cette vidéo . Une main charitable l'aurait elle supprimé ; des fois que...
Marine Le Pen sur le plateau de "Dimanche+" sur Canal Plus le 28/04/2013 (capture Canal Plus)
Quinze mois après le KO qu’elle lui infligea d’une main lourde, Anne-Sophie Lapix avait à nouveau remis les gants pour inviter Marine Le Pen. Un match retour avait déjà eu lieu sans qu’il ne laisse autant de cicatrices que le match aller. Mais la belle allait valoir son pesant de cacahuètes.
Une erreur de casting
Au-delà d’un simple moment de télévision que représente un moment de haute tension entre une journaliste, payée pour poser des questions, et une femme politique qui passe son temps à répondre par le mépris ou la digression pour noyer le poisson, il est parfaitement édifiant de voir avec quelle mauvaise foi la présidente du Front national a tour à tour refusé ou bien justifié son héritage, celui de son parti ou encore celui de sa famille avec une schizophrénie feinte propre à celle que l’on reconnaît chez les menteurs ou les personnes mal à l’aise avec leur conscience.
En réalité, tout dégénéra dans la seconde partie de l’émission quand entra en scène Karim Rissouli, chroniqueur de l'émission, pour évoquer le bilan municipal des anciens élus FN.
Un bilan connu, et maintes fois commenté et que Marine Le Pen battait d’un coup de main en prétextant que ces personnages ne faisaient plus partie du Front national. Pour autant, Anne-Sophie Lapix et son compère eurent l’audace de la mettre devant le fait accompli : ils ont été élus avec l’étiquette FN et surtout, ils représentent une erreur de casting propre à douter des capacités du parti à s’entourer des bonnes personnes.
Et quand on se souvient comment le FN recrute ses candidats, l’on se dit que le doute est permis :
Quiz élections cantonales : Mireille Barde (FN) par marsactu
Marine Le Pen crie au racisme envers le FN
La présentatrice politique vedette de Canal Plus posa alors "la" question qui fit sortir Marine Le Pen de ses gonds : "N'y a-t-il pas une tendance naturelle de l'élu FN parce qu'il est isolé à distribuer les marchés à des proches ?"
Et Marine Le Pen de crier au racisme (sic) envers le Front national car il est de coutume chez les Le Pen de considérer une question en une accusation. Après le racisme anti-blanc et "les pains au chocolat" de Jean-François Copé, voici venu le temps du racisme anti-FN.
Une déclinaison de ce qui existe déjà en substance dans "À contre-flots", la biographie de Marine le Pen, qui dénonçait déjà, le " racisme" dont elle avait été victime de porter le nom de Le Pen… Plus c’est gros et plus ça passe, et cela Marine Le Pen l’a parfaitement intégré.
"D'abord, ces faits ont eu lieu il y a 20 ans ! Je ne vous ai jamais vu faire la liste des dizaines et des dizaines d'autres condamnations à l'égard des autres partis politiques."
La tactique sempiternelle du vilain petit canard et de la victimisation, que les deux journalistes contestent, face à celle qui prétend ne pas les entendre, puisqu’ils en ont fait de même notamment concernant les affaires du PS…
Le couple Mégret et autres dossiers
Sur le fond, Marine Le Pen s’enfonce par la suite en tentant de rafistoler le rafiot de la méduse frontiste, expliquant que le couple Mégret avait été injustement condamné pour avoir réservé une préférence nationale pour les allocations familiales.
D’ailleurs, le lapsus de Marine Le Pen est amusant puisqu’elle parle de la condamnation de Bruno Mégret, quand c’était sa femme qui était maire de Vitrolles, son mari alors deuxième des municipales, avait été invalidé et déclaré inéligible pour 1997, étant contraint de mettre sa femme à sa place.
Renaud Dély, dans "Histoires secrètes du Front national" (Grasset, 1999) rappelle d’ailleurs que "la candidate potiche" déclarait en guise de profession de foi sur les marchés, "foulard Chanel" autour du cou : "le rôle d’une femme, c’est d’éduquer ses enfants, de faire tourner la maison et de soutenir son mari". Tout un programme.
Puis vint le temps du négationnisme concernant le rapporte de la Cour régionale des Comptes. "Je ne sais pas de quoi vous parler" dit-elle tout en expliquant que Karim Rissouli a mal lu le rapport... Cohérence.
Puis elle défendit Jean-Marie Le Chevallier, à la mairie de Toulon, prétendant n’avoir "aucune sympathie" pour le personnage, qui fut pourtant expulsé des urnes lors des municipales 2001, en étant éliminé dès le 1er tour avec 7% des voix !
Puis ce fut au tour de ses relations avec les anciens du GUD, tant démontrées dans de multiples enquêtes, depuis le "Marine Le Pen" de Caroline Fourest et Fiammetta Venner jusqu’au livre d’Abel Mestre et Caroline Monnot "Le Système Le Pen", en passant par le numéro spécial du "Canard enchaîné" de l’été 2011 "Les dégâts de la Marine" et que celle de Canal Plus n’a fait que confirmer.
Des accusations jugées comme étant des "raccourcis, des amalgames", "de mauvaise foi", et "lourdingues". Il est vrai que le garde à vue de l'organisateur du meeting du 1er mai 2013 du FN, Axel Lousteau, est à mettre au compte des affabulations.
La belle leçon de journalisme d'Anne-Sophie Lapix
Au-delà du fond, il fut aussi question de la forme. Marine Le Pen joua les offensées, affublant les journalistes des termes de "Monsieur le Procureur" et "Madame la Commissaire politique". Car pour Marine Le Pen, le simple fait de pointer le doigt sur des questions légitimes touche nécessairement à l’offensive la plus infamante, quand une simple réponse suffirait à dissiper les doutes.
Et encore une fois, le coup de grâce fut donné par Anne-Sophie Lapix, qui, en des termes, les plus justes, rétorqua à Marine Le Pen ce que l’on rêve David Pujadas voir faire dans ses émissions :
"Ce n'est pas une tribune non plus ! Je ne vais pas vous laisser parler 5 minutes sans que l'on puisse vous relancer"
Anne-Sophie Lapix a-t-elle eu conscience, en prononçant ses mots, que, bien plus que celui de Marine Le Pen, elle faisait là le procès des médias et de la classe journalistique moderne, qui s’apparente davantage à l’animation et la gestion de plateau qu’à un véritable travail de journaliste ?
Toujours est-il que sur la défensive, appelant les journalistes par des périphrases sarcastiques quand on lui demandait de répondre sur le fond, justifiant le compte de campagne de son père en Suisse, les héritages douteux qui ont fait la fortune paternelle, ou encore les recrues nauséabondes que l’éviction spectaculaire de Gabriac peine à cacher, Marine Le Pen a peiné et a montré une fois de plus que tant d’artifices dissimulent mal une arrière-boutique bien suspecte.
Le seul regret de cette émission, encore une fois, ait qu’elle ait lieu sur Canal Plus, là où finalement peu de citoyens en quête d’informations étaient devant le poste.
Mais force est de constater qu’encore une fois, Anne-Sophie Lapix venait de faire une leçon de journalisme, comme peu, très peu en France sont capables de faire.
source:http://leplus.nouvelobs.com/
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire