Le Grand Soir vous propose un article en deux parties.
La première est une analyse pointue du traitement de l’image d’un candidat à la présidentielle. Les méthodes employées y sont mises à nu. En fin de compte, à y regarder de près, la presse manipulatrice nous en apprend ici beaucoup plus sur elle-même que sur le sujet (mal)traité.
La deuxième partie est constituée d’une série d’images décryptées et commentées.
LGS
Un candidat 2012 au risque des images
Dans l’actualité de la présidentielle, certains prescripteurs d’opinion, relais du politique, veulent faire de Jean-Luc Mélenchon un «
Georges Marchais » [
1], un «
populiste » [
2]. Pierre Lelouche regrette les duels flingues à la main [
3]. Jean-Marie Le Pen menace à lui retirer son caleçon [
4]. Des Nouveaux chiens de garde [
5] apprentis-sorciers, rapprochent le Front de Gauche de l’extrême droite, versus Marine Le Pen. La presse parle de l’un puis, juste après, de l’autre, par le jeu manipulatoire des contaminations symboliques [
6]. Des clichés montrent Jean-Luc Mélenchon le verbe haut, le doigt vengeur. Un dessin de Plantu le représente lisant un même papier avec la représentante du FN : « Tous pourris ». A-t-il dit ça, quelque part ? Image verbale ? Recherche d’audience ? Dans audience, on entend procès.
Qui donc confondrait le grondement obscur de la droite extrème avec l’esprit de 36, son rassemblement salutaire, ou les formules d’Hugo ? [
7] Lorsque le candidat ponctue une allocution, par un « Que se vayan todos ! » [
8] à propos de Révolution citoyenne [
9], c’est qu’il parle des «
oligarchies bénéficiaires du gâchis actuel », des «
émigrés fiscaux », des «
addicts » du capital… Populisme ? [
10]
Mais qui évoque les : «
propriétaires oisifs », les « accapareurs de richesses », la «
féodalité du capitalisme », les «
antagonismes mortels » ?
Qui accuse la «
haute finance et la haute banque (…) de dévorer l’épargne » ?
Qui questionne «
le caractère révolutionnaire de la grève » ?
Qui parle de «
la propriété capitalistique et oligarchique, privilège d’une classe » ?
Qui exprime «
La révolution sociale », «
la révolution républicaine » ? Jean-Jaurès dans ses
Tréssaillements (1888-1890), dans
Grève générale et révolution (1901), dans
Socialisme et Liberté (1898).
Populisme c’est le mot de droite pour dénigrer la gauche !
Exemples d’images de J.-L. Mélenchon publiées dans la presse web
Voici quelques-unes des figures de Jean-Luc Mélenchon construites et diffusées sur le web par la presse dominante et alternative de tous bords. Ces images (photos, dessins) de photographes indépendants, encartés, désencartés, d’AFP, sont supposées caractériser l’être par la posture d’un candidat à la présidentielle. Qu’est-ce qui se donne à voir réellement ?
L’homme n’est pas l’instrument d’une seule note. [
11] Réduire sa partition, c’est le boulot des fats. Parfois les images sont situées «
si bas qu’elles ne peuvent plus tomber. C’est ainsi qu’elles échappent à l’écrasement par la platitude »… [
12]. Il faut bien se rendre à l’évidence, les photos de Jean-Luc Mélenchon montrent la diversité des représentations de ceux qui le regardent. Selon l’orientation du journal ou du narrateur, la photo sera à charge ou nuancée. Le candidat Mélenchon serait-il dévoilé ? Pas si sûr… Faisons cette hypothèse : les photos prises, construites, commandées, retouchées, mises en scène, désignent aussi et surtout les faiseurs d’images. Elles sont instrumentalisées par les politiques et les journalistes dans un contexte donné : l’élection présidentielle 2012.
En somme, la photo désigne pêle-mêle le sujet photographié, l’image qu’il veut donner de lui, la situation sociopolitique du moment, l’œil du photographe et ses stéréotypes, la ligne éditoriale du journal, mais aussi ce que l’on ne peut saisir : la rapidité de la prise photo, le choix éclair d’une planche ou même l’allégeance du champ journalistique aux puissances de l’argent, leur soumission à l’ordre économique dominant et encore ce qu’il faut aussi user de formules épicées pour faire entendre sa voix et exister dans le champ barbelé des espaces journalistiques [
13].
L’interprétation d’une image n’est rien sans l’analyse du système médiatique et de ce qui reste masqué [
14] : les manipulations diverses, les idéologies latentes et patentes, le voyage d’une image sur le web en vertu du principe de circulation circulaire de l’information [
15], la précarité des journalistes qui flashent, le poids de l’actionnariat sur la ligne éditoriale, la nomination des présidents par le pouvoir et ses effets en termes de censures et d’autocensure, etc... Le risque de tels clichés c’est d’assigner le lecteur à résidence du côté des stéréotypes dominants. [
16] Décortiquer l’information, donner à réfléchir, faire le pas de côté : au travail, citoyen ! [
17]
Pour la sociologue et écrivain Françoise Paul-Lévy, com-prendre, c’est prendre avec soi et expliquer c’est aussi déplier [
18]. C’est du boulot de lire [
19], de lire une image aussi… Les politiques ne nous parviennent qu’avec des images [
20]. Images d’images. Clichés d’image d’images. Y’a de quoi trébucher… Louper l’être et ses variantes.
Le miel et la guêpe
L’espace de diffusion internet est saturé par des photos où se mettent en scène la disgrâce, le rouge tous azimuts, les doigts levés, l’homme seul, en gros plan, prenant toute la place, le sourire quelquefois, conditions nécessaires à la stéréotypie des portraits univoques. Cette vision n’est pas seulement erronée, elle est totalisante, totalitaire même. Si à ces inventions de figures, d’autres sont créées, dans la balance, rien ne s’équivaut. Pas même le retournement d’images par la presse qui tente parfois de pondérer ses excès lorsque le candidat avoisine les 17 %, selon les sondages. Les images des « contorsions faciales », celles de grimaces, peuvent aussi se lire comme un retour de l’usage de biotype nauséeux, d’une tentative de réduire un républicain à des morphotypes, de la réduction de l’homme au trait de caractère, d’un trait de caractère à une caractéristique ontologique [
21]… D’une caractéristique propre à l’image de la gauche. Ne nous y trompons pas cette caricature désigne aussi les militants, les sympathisants !
La « nov-langue » des images, celle de la construction factice de « l’avatar Mélenchon », au sens d’Internet, dessèche le réel, contribue aux malentendus, réifie la complexité du monde et des idées politiques, et d’une certaine façon dépolitise le contenu, le fond, les idées déployées pour diriger notre œil vers un confusionnisme de propagande [
22]. Quid de la polysémie des sentiments, des variations, des palettes [
23], des construits sociaux [
24] de l’image ? Quid de ce que pense le photographié ? Forclusion du sujet parlant ? [
25] Quid des injustices énoncées, des aliénations, des déchirures, du précariat [
26] même celui des journalistes ? Engluage dans l’imaginaire ? Il y aurait-il d’autres stratégies induites, d’autres tactiques masquées ?
Chauds sur les photos mais froids sur les mots, ces journalistes ? A la caricature grossière de l’image de politique répond l’usage des euphémismes [
27] lorsqu’il s’agit de catégoriser le réel : le licenciement collectif s’appelle un « Plan social » ; la guerre une « Frappe préventive » ; le patron un « entrepreneur » ; la classe dominante « l’élite » ; « les experts » ; la casse sociale « une réforme », l’assassinat d’état « une bavure »…
Et quand ils parlent de Jean-Luc Mélenchon : «
guignol, rigolo, idiot utile, comique, (…) stalinien, kolkhoze, (…) tissu de conneries. Manque ’Diable aux pieds fourchus’… » [
28]
Le miel pour le pouvoir. La gelée royale pour les forces de l’argent roi. La guêpe et ses frelons pour le représentant du peuple [
29].
Réflexivité
Dans les
Grands entretiens électoraux diffusés par Médiapart, Jean-Luc Mélenchon analyse les difficultés d’installer une pensée de subversion, une insurrection civique. Il porte un regard sur la presse qui le regarde. C’est lui qui parle : «
« Le ciel est bleu, dit Jean-Luc Mélenchon », ça c’est l’Humanité ; « Le ciel est bleu, gronde Jean-Luc Mélenchon, ça c’est le Figaro ; « Le ciel est bleu, éructe Jean-Luc Mélenchon », ça c’est le Parisien ; « Le ciel est bleu » couine Jean-Luc Mélenchon, ça c’est le Nouvel Observateur. La manière de me traiter est souvent, en quelque sorte, comme un avant-gout de ce que pense celui qui dit » » [
30]. Les sujets photographiés analysent les photographies, tous ceux qui les regardent aussi : c’est aussi cela la politique. Et nonobstant, les écrivains, les chercheurs mesurent parfois les images et les formules qu’ils produisent. Un peu.
Tout est image ? Presque ? Pas tout ? L’image, comme le signe linguistique, est bi-face [
31]. A cette différence près qu’elle comporte une tranche. L’image nécessite une mise en mot [
32]. Parlons-en ! Le candidat à la présidentielle place sa fonction du côté de la transmission. Mettre en travers et partager. Ce qui se passe dans la cité mais aussi la manière de l’aborder. La façon de s’en faire une idée, une représentation.
Dans ces mêmes entretiens, Jean-Luc Mélenchon affirme à propos de l’illusion et de la difficulté de faire presse : « Autrefois on disait, (…) « tu as vu c’est dans le journal, c’est vrai ». (…) Mais maintenant c’est plus sophistiqué mais cela revient au même. Si c’est dans le journal c’est que c’est vrai. Si c’est dans le sondage c’est que c’est vrai. Donc, nous avons une tache d’éducation politique. Moi je fais une campagne d’éducation politique qui consiste continuellement à rappeler chacun à l’esprit critique, à l’analyse d’après soi-même »…
Faisons encore une hypothèse banale mais que l’on est en droit de réactiviter compte tenu du contexte propice aux influences supposées des paroles et des images : Jean-Luc Mélenchon est plus complexe que les clichés grossiers qui sont donnés à voir ici ou là [
33].
Les candidats sont parfois couverts et recouverts de signes produits en masse, du « prêt-à-penser consommatoire », qui sacrifient à la rapidité des jugements et que l’on ne sait situer entre réel, réalité et fiction [
34]. Mais derrière l’hypnose médiatique, il y a un reste que la coproduction d’images n’annulera jamais… Un quelque chose d’insaisissable [
35]. Comme l’être qu’il est et qu’il sera… Comment résister aux charmes de la fascination ou des rejets ? Trois mots comme trois actions : la raison, la raison, la raison ! [
36]
«
Eh ! Messieurs ! Prenez-y garde ; ce qui fait des déclassés, dans la bourgeoisie française, ce n’est pas la puissance de l’instruction, c’est la puissance abusive du capital » [
37]. Ajoutons puissance de ses bras armés : une communication de complaisance, une façon de faire de la presse d’accointance, des sondages commandités ou commandés [
38]. En somme, un système dont il nous faudra démontrer les usages, démonter les rouages.
Au grand jeu de la production de clichés, sacrifice à la société du spectacle [
39], les sciences dites humaines, sociales et l’expertise technique des photographes peuvent participer [
40] à désamorcer les errements manipulatoires des faiseurs d’images et fournir les outils d’analyse citoyens. Le savoir est une arme. «
La sociologie un sport de combat » contre ces instances collectives de légitimation [
41]. C’est aussi cela se mettre à la hauteur des exigences de l’Education Populaire et d’une citoyenneté active. A suivre…
J.-L. Mélenchon : des images, des figures 2EME PARTIE
I- JEAN-LUC MELENCHON DANS LA PRESSE WEB
VU PAR L’EXPRESS
ANALYSE D’UN DESSIN DE PLANTU
Marine Le Pen, souriante, doigt levé, comme pour demander la parole, Claire Chazal, Jean-Luc Mélenchon, poing levé, rictus, sourcils froncés, grand méchant loup : cherchez les similitudes… L’Express, 19 janvier 2011.
VU PAR LE MONDE
Le journaliste du quotidien Le Monde figure J.L. Mélenchon dépassé par les journalistes. Il rencontre les conducteurs de train dans un atelier de réparation du RER. Là, en regardant la photo, on le croit en colère, faisant la leçon, mais dans l’article rien n’est précisé à ce sujet. Infos photo ou intox ? Titre accrocheur : « L’équipe Mélenchon débordée… par les journalistes ». Malgré la photo aguichante, pas d’incident révélé.
http://gauche.blog.lemonde.fr/2012/03/20/lequipe-melenchon-deborde-par-les-journalistes/, 20 mars 2012.
VU PAR METRO
VU PAR LE PARISIEN / AUJOURD’HUI
VU PAR PARIS-MATCH
VU PAR LA TRIBUNE
VU PAR LIBERATION
VU PAR LIBERATION
VU PAR LE FIGARO
VU PAR FRANCE-SOIR
VU PAR LES ECHOS
VU PAR LES DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE
Sur le site, l’image sélectionnée est floue. Image d’images ? Photographié le doigt levé. Celui du donneur de leçon ? Pour le journaliste, ne gagne pas des voix, il « grappille » : «
Lorsqu’il a commencé à grappiller les points au-dessus de 10 %, Jean-Luc Mélenchon l’a fait au détriment de François Hollande. Les chiffres sont éloquents : quand le candidat du Front de gauche gagne un point, celui du PS en perd un autre ». C’est l’illustration de l’article d’Alain Duhamel.
http://www.dna.fr/politique/2012/04/01/le-match-a-gauche?image=518BC32E-0883-44E1-9454-9B4627C1949E, 1 avril 2012.
VU PAR LE POINT
Quelle option photographique ? Le gros plan… Près des ¾ de l’espace. Impression d’oppression. Étouffant. Du pouce au doigt, la moue, voilà qu’il « dénonce » « un coup de force » d’après le journaliste : «
L’eurodéputé Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche, a appelé vendredi à un ’référendum’ sur les modifications au Traité de Lisbonne, dénonçant ’un coup de force’ par les dirigeants européens ’sous prétexte de mécanisme financier d’intervention en cas de crise’. Persuasion de l’opinion par la construction d’un champ lexical belliciste ? Sémiologie de la guerre mise en scène par Le Point ?
http://www.lepoint.fr/politique/modifications-du-traite-de-lisbonne-melenchon-veut-un-referendum-17-12-2010-1276692_20.php, 2 avril 2012
VU PAR LE REPUBLICAIN LORRAIN
Quelle est l’exhibition photographique choisie ? Gros plan, pas rasé, les yeux grands ouverts… Prise de l’image par surprise… Le journaliste n’aurait-il fait qu’un seul cliché ? Aurait-il aimé se voir ainsi dans le journal ? Le journaliste accompagne la photo de ce commentaire : «
Le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon a pris au mot, samedi, Nicolas Sarkozy sur sa volonté de mettre en œuvre, sans même attendre l’accord des autres, la taxe sur les transactions financières, en lui lançant : « Chiche, c’est tout de suite, sinon, t’es un menteur. ».
http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/01/10/le-front-de-gauche-de-jean-luc-melenchon-a-pris-au-mot-samedi-nicolas-sarkozy-sur-sa-volonte-de, 10 janvier 2012.
Quel choix éditorial ? Valeurs actuelles se demande si Jean-Luc Mélenchon est un candidat « totalitaire ». D’après le journaliste, il invoque le « stalinien Paul Eluard », la « Constitution de 1793 qui consacre la Terreur », et le « smic à 1700 euros ». « Il est effarant de voir que personne ne conteste les délires totalitaires de M. Mélenchon. ». Un poème d’Eluard : « J’écris ton nom liberté… ». C’est effrayant et très stalinien ! http://www.valeursactuelles.com/parlons-vrai/parlons-vrai/m%C3%A9lenchon-candidat-totalitaire20120327.html, 29 mars 2012.
II- JEAN-LUC MELENCHON DANS LES SITES DES RADIOS
VU PAR EUROPE 1
VU PAR FRANCE INFO
III- JEAN-LUC MELENCHON SUR LES SITES D’EXTRÊME-DROITE
VU PAR NATIONS PRESSE INFO
VU PAR FRANÇAIS DE SOUCHE
Tout en nuance. Soulignement des yeux rouges. Les dents saillantes, redessinées, ensanglantées. Ajouts de rouge. Les cheveux en bataille, comme sorti d’outre-tombe. Le sourcil relevé, inquiétant. Le double menton ? Voici donc une photo de l’Autre construite par des extrémistes.
http://www.fdesouche.com/tag/jean-luc-melenchon, 2012.
VU PAR FRANÇAIS DE FRANCE
Quelles transformations de l’image se publient ? Illustration qui jouxte l’article de Gilbert Collard (FN) où l’on peut lire ceci, à propos du meeting à Bastille : «
On aura tout vu, même la reconquête marcheuse d’un symbole qui n’appartient à personne sinon à l’histoire de France, que Mélenchon le tout premier malmène par son tri sélectif ».
Et les candidats à la présidentielle, ils « n’appartiennent » pas à « l’histoire de France » ?
http://francaisdefrance.wordpress.com/2012/03/19/, 19 mars 2012.
VU PAR FRANÇAIS DE FRANCE
IV- JEAN-LUC MELENCHON EN IMAGES COMPARÉES
VU PAR RUE 89
Quelle construction ? Rue 89, s’amuse des ressemblances. S’il y a des points communs, l’image d’un homme situé à gauche de l’affiche, l’usage du rouge, ces affiches ne sont identiques qu’à occulter leurs différences. Et elles sont nombreuses : les couleurs, les traits de fond, l’image d’une bâtisse, le monde en arrière fond, le choix d’une photo ou d’un dessin, une étoile, la police des caractères, le nom du politique, celui d’un pays, la référence à un parti, l’emplacement du slogan, l’emplacement du visage, le positionnement du visage, la taille des personnages…Vous avez dit pareil ?
http://www.rue89.com/rue89presidentielle/2012/03/25/presidentielle-six-affiches-de-candidats-decodees-230358, 25 mars 2012.
PHOTO DE JEAN-LUC MELENCHON
Nouvelobs.com du 12 avril 2012 à 17h08.
LA PHOTO RETRAVAILLÉE PAR LE NOUVEL OBSERVATEUR
Une de l’hebdomadaire du 12 au 18 avril 2012. On notera le sous-titre sur le Titanic en noir, jaune et rouge.
DU GRAND PERTURBATEUR AU GRAND TIMONIER ?
VU PAR FN BOULOGNE BILLANCOURT
VU PAR LE MONDE
Ici l’image est utilisée par une journaliste du Monde pour nous imposer des points de ressemblances, ce coup ci, en vertu du poncif que les extrêmes se rejoignent. Mais à la lecture des deux programmes, la journaliste se ravise «
Si l’on regarde de près les deux programmes et qu’on les compare, il n’y a pas de doute. Certaines mesures socio-économiques de Marine Le Pen sont assez proches de propositions de Jean-Luc Mélenchon, mais elles ne représentent qu’une petite partie du programme frontiste. En outre, la plupart des propositions du FN sont accompagnées du principe de préférence nationale ou de mesures sécuritaires, ce qui n’est pas le cas du programme du Front de gauche ». Du bruit avec la bouche ? Restent le titre, le procédé, l’image : volonté de brouiller les pistes ? A force de comparer, l’image de la comparaison s’ancre un peu. L’image journalistique comme outil idéologique ? La répétition comme exercice de propagande…
V- JEAN-LUC MELENCHON A LA BASTILLE
VU PAR LA DEPECHE DU MIDI
Cette photographie choisie par La Dépêche occulte la foule. Elle présente l’orateur la bouche ouverte, ses dents en apparence, le poing serré, comme prêt à cogner, et les yeux plissés… Pour le journaliste « Le leader du Front de gauche a rassemblé des milliers de militants et sympathisants sur la place de la Bastille hier à Paris ». Des milliers ? Combien ? Des sympathisants uniquement ? Comment le sait-il ?
VU PAR LA VOIX DU NORD
VU PAR ORANGE LE POINT
VI- JEAN-LUC MELENCHON SUR SON SITE
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
Une image dans la photo, celle d’un des livres de Jean-Luc Mélenchon. «
Mardi 27 mars 2012, 23 000 personnes ont afflué vers le Grand Palais de Lille dans le Nord pour participer au grand meeting du Front de Gauche. Parmi ceux qui ont pu accéder à la salle, les autres suivant les discours depuis l’extérieur sur l’avenue bloquée à la circulation, de très nombreux jeunes lycéens et étudiants. Photos : S. Burlot ».
http://www.jean-luc-melenchon.fr, 27 mars 2012.
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
Image d’un candidat qui laisse sa place mais qui s’affiche. Le site précise : «
une réunion publique du Front de Gauche était organisée à Henin-Beaumont dans le Pas-de-Calais afin de pointer et dénoncer les mensonges du FN et de son programme. A la tribune se sont exprimés Alexis Corbière auteur du ’Parti de l’étrangère’ (éd. Tribord) et Laurent Maffeïs auteur des ’Cinq mensonges du FN’ (éd. Bruno Leprince). Photos : Stéphane Burlot ».
http://www.jean-luc-melenchon.fr/loeil-de-la-campagne/, 9 mars 2012.
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
Le candidat applaudit. Inversion des rôles ? Le candidat laisse la place ? Le site informe : «
Vendredi 24 février 2012, les salariés de l’usine Fralib de Gemenos (13), en lutte contre la multinationale Unilever, avait organisé un meeting de soutien à La Bourse du Travail à Paris. Jean-Luc Mélenchon y est intervenu ainsi que Pierre Laurent et d’autres dirigeants de gauche. Photos de Moland Fengkov ».
http://www.jean-luc-melenchon.fr/loeil-de-la-campagne/?album=4&gallery=297&show=gallery, 24 février 2012.
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
En arrière fond, le bras levé, un parmi la foule, visite aux ateliers de réparation de la RATP à Massy dans l’Essonne. «
Mardi 20 mars 2012, Jean-Luc Mélenchon s’est rendu aux ateliers de réparation de la ligne B du RER à Massy dans l’Essonne. Accompagné de Laurence Sauvage et de Pascale Le Néouannic, il y a rencontré des ouvriers, des camarades, des syndicalistes de la CGT dont Philippe Juraver. Photos : S. Burlot ».
http://www.jean-luc-melenchon.fr/loeil-de-la-campagne/?album=4&gallery=308&show=gallery, 20 mars 2012.
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
Photo le présentant au premier plan à l’écoute des ouvrières. «
Lundi 13 février 2012, Jean-Luc Mélenchon rencontrait à l’Usine de campagne du Front de Gauche aux Lilas (93), une assemblée de femmes déléguées d’entreprises en lutte : des travailleuses de ’Lejaby’, des ’Trois Suisses’, de ’Sodimédical’, du journal ’Paru Vendu’, des caissières de ’ED-Dia’ à Albertville. Photos : Moland Fengkov ».
http://www.jean-luc-melenchon.fr/loeil-de-la-campagne/?album=4&gallery=293&show=gallery, 13 février 2012.
VU DANS LE BLOG DE JEAN-LUC MELENCHON
VIII- JEAN-LUC MELENCHON AUTREMENT
VU PAR LE FIGARO
VU PAR LE JOURNAL DU DIMANCHE
VU PAR QUELQUES LYCÉENS & LEUR PROFESSEUR
VU PAR LE PARTI DE GAUCHE
auteur : Eric W. FARIDES
[
1] Pour
Arnaud Montebourg, 2 avril 2012,
Jean-Luc Mélenchon, « est le Georges Marchais des temps modernes », in LePoint.fr ; Pour Les
Inrocks, c’est «
Mélenchon ou le George Marchais Revival », Lesinrocks.com, 15 mars 2012 ; Michel Geoffroy, un contributeur de l’agence de presse Novopress (extrême droite), affirme à propos de Mélenchon :
«
Il nous la joue sur un mode nostalgique, Jean-Luc : il nous mime le retour de la gauche laïque du temps des deux Georges : Georges Marchais pour le parti communiste et Georges Séguy pour la CGT. Il nous repasse un vieux film politique mais en version colorisée, badigeonnée d’un soupçon de révolte sur la Place de la Bastille, au son de l’accordéon : cela plaît aux bobos qui, eux, rêvent de revivre Mai 1981 à défaut de Mai 1968 », in
http://fr.novopress.info/110597/la-politique-en-noir-et-blanc-ou-pour-qui-roule-jean-luc-melenchon/, 27 mars 2012.
[
2] «
Le Monde n’avait pas hésité à transformer sa titraille en éditorial : « Mélenchon-Le Pen, le match des populismes » (8 février 2012) », in
Acrimed, Mathias REYMOND, « Les éditocrates contre Jean-Luc Mélenchon »,
http://www.legrandsoir.info/les-editocrates-contre-jean-luc-melenchon.html, 10 avril 2012. Le candidat à la présidentielle assume l’anathème qui rappelle le « peuple », in
Jean-Luc Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous ! », Paris, Flammarion, 2010.
[
3] Le député UMP
Pierre Lelouche, affrontant Jean-Luc Mélenchon, le qualifie de : «
Minable. Minable. Au XIXème siècle, je vous provoquerais en duel et je vous flinguerais, et ça serait mérité. Malheureusement je ne peux pas ! », in Ripostes, « G20, Otan : le nouvel ordre mondial », in
http://www.youtube.com/watch?v=uOBhIbxnw3c, ajouter 15 novembre 2010.
[
4] Sur Radio-France
, Jean-Marie Le Pen revient sur le non-débat entre Jean-Luc Mélenchon et sa fille : «
Moi, j’offre un débat à M. Mélenchon et je vais lui retirer son caleçon, et je vais montrer ce qu’il est : le candidat des communistes, qui ont du sang sur les mains jusqu’aux coudes », 26 février 2012.
[
5] Serge Halimi,
Les Nouveaux chiens de garde, Paris, Liber-Raisons d’Agir, 1997 ;
Gilles Balbastre, Yannick Kergoat,
Les Nouveaux Chiens de garde, film, janvier 2012.
[
6] Je dois ce concept à Françoise Paul-Lévy.
[
7]
L’Express glisse vers le poncif « des extrêmes qui se rejoignent ». J.-L. Mélenchon arbore un brassard rond sur fond rouge qui rappelle ceux portés par les nazis. L’assimilation Front de Gauche/Front National, comme pour nous faire oublier que le « FN » qui usurpe le nom d’un réseau de résistants… Plantu, esthétise Marine Le Pen… Signe contemporain de confusionnisme ? Allégeance à la ligne éditoriale ? Soumission à l’ordre économique ? Subordination aux modes de pensée dominants ? Amusement de lecteur : Mélenchon est placé à droite, comme pour marquer sa dérive mais cela entraine une fausseté que le crayonneur aurait pu relever s’il avait observé Jean-Luc Mélenchon sur le terrain : dans le réel des meetings, il lève le bras gauche : celui du cœur… La vérité a ses exigences dans le matérialisme… Voir L’Express, 19 janvier 2011.
[
8] « Qu’ils s’en ailent tous », référence à la révolution bolivarienne de Chavez, président démocratiquement élu.
[
9]
Jean-Luc Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous ! », Paris, Flammarion, 2010.
[
10] «
Les portraits à charge n’ont pas manqué. Sur RTL par exemple, Serge July présente Mélenchon comme « le tribun de la grogne romantique » (15 mars 2012). Eric Le Boucher, lui, trouve que « Jean-Luc Mélenchon est un rigolo. Un rigolo de prétoire, un rigolo de JT, un rigolo malin, un rigolo drôle. » (Slate.fr, le 18 mars 2012) Pas mieux pour Christophe Barbier qui veut « en finir avec Mélenchon », ce personnage au « verbe haut et [aux] idées courtes, mi-tribun, mi-guignol » (L’Express, 14 mars 2012). Pierre Assouline, dans Le Monde des Livres, le décrit comme un « terrible tribun robespierriste » (6 avril 2012). Etc […] Quand Ivan Rioufol du Figaro affirme de Mélenchon qu’« il est habité par une sorte de haine qui se voit dans ses discours et dans les discours de ceux qui le soutiennent », Claude Weill du Nouvel Observateur lui réplique : « C’est vrai qu’il a quelques fois du mal à se contrôler. » (5 avril, I-télé) […] Serge Raffy sur le site du Nouvel Observateur, le 16 mars 2012 : « Le candidat du Front de gauche, lentement mais sûrement, est devenu, à son corps défendant, l’idiot utile de l’Élysée. Il est le virus malin qui affaiblit jour après jour François Hollande. » […] Dans L’Express, Christophe Barbier, visionnaire, ne s’arrête pas au premier tour de l’élection et à ses conséquences pour le second : « son idéologie, trotsko-marxo-protecto-nationaliste, pourrait bien polluer l’éventuel quinquennat de François Hollande. En effet, si la prime au méchant vaut à Mélenchon de créer la surprise dans les urnes, le nouveau président devra faire avec. » (14 mars 2012). […] L’Express, Christophe Barbier, visionnaire, ne s’arrête pas au premier tour de l’élection et à ses conséquences pour le second : « son idéologie, trotsko-marxo-protecto-nationaliste, pourrait bien polluer l’éventuel quinquennat de François Hollande. En effet, si la prime au méchant vaut à Mélenchon de créer la surprise dans les urnes, le nouveau président devra faire avec. » Pour le libelliste multicarte, « le socialisme de gestion serait alors pris en otage sur sa gauche », (14 mars 2012), in
Acrimed, Mathias REYMOND, « Les éditocrates contre Jean-Luc Mélenchon »,
http://www.legrandsoir.info/les-editocrates-contre-jean-luc-melenchon.html, 10 avril 2012.
[
11]
Françoise Paul-Lévy, « Marilyn Monroe ohohôh ! », Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
12] D’après
Victor Hugo,
Choses Vues, Paris, Gallimard, 1972.
[
13] Des images j’en produits aussi et parfois des meilleures…
[
14]
Françoise Paul-Lévy, « Marilyn Monroe ohohôh ! », Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
15]
Pierre Bourdieu,
Sur la Télévision, (1996), Paris, Raison d’Agir, 2008.
[
16]
Frédéric Vivas, « Monochromes approximatifs », Revue Artefacte, mars 2011.
[
17] J’entends aussi par là le citoyen journaliste…enfin débarrassé de son statut de précaire, de pigistes et de la charge de travail qui pèse sur son acte journalistique.
[
18]
Françoise Paul-Lévy, « Trois petits mots et puis s‘en vont, Revue Artefacte », mars 2011.
[
19]
Françoise Paul-Lévy, « Marilyn Monroe ohohôh ! », Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
20]
Françoise Paul-Lévy, « Marilyn Monroe ohohôh ! », Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
21] Etude de l’être et des points communs entre les êtres.
[
22]
Tchakhotine Serge,
Le viol des foules par la propagande politique, Saint-Amand, Gallimard, 1952.
[
23]
Françoise Paul-Lévy, « Marilyn Monroe ohohôh ! », Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
24]
Pierre Bourdieu, Yvette Delsaut, « Pour une sociologie de la perception »,
Actes de la recherche en sciences sociales 40, nov. 1981.
[
25] Au sens ou l’emploi Jacques Lacan.
[
26] Précarité-prolétariat.
[
27]
Eric Hazan, LQR, la propagande du quotidien, Paris, Raisons d’Agir, 2006.
[
28]
Http ://www.legrandsoir.info/les-editocrates-contre-jean-luc-melenchon.html, 10 avril 2012.
[
29] Il faudrait aussi analyser les autres figures construites par une certaine presse lors de cette présidentielle.
[
30] Le grand entretien 2012, Jean-Luc Mélenchon,
http://www.dailymotion.com/playlist/x1zlaz_Mediapart_j-l-melenchon-mediapart-2012/1#video=xpncs6, 2012.
[
31] Voir à ce sujet : Ferdinand
de Saussure,
Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1974.
Jacques Lacan,
Écrits, Paris, Seuil, 1966 ;
Jacques Lacan,
Télévision, Paris, Seuil, 1974.
[
32] De passer de l’imaginaire au symbolique. Voir à ce sujet
Jacques Lacan,
RSI, Livre XXII, année 1974-75, inédit.
[
33] Voir au sujet de la complexité et de la difficulté de faire avec l’image d’autrui, Revue Artefacte, n° 3, avril 2012.
[
34]
Roland Barthes,
Mythologies, Paris, Seuil, 1957.
[
35] Que la recherche de la vérité peine parfois à circonscrire.
[
36] La déraison ne nuit pas toujours (sic), autre façon de savoir y faire avec l’inconscient, le réel.
[
37]
Jean Jaurès, « Tressaillements », in
Rallumer tous les soleils, Paris, Omnibus, 2006.
[
38] Ce point à lui-seul mériterait un article.
[
39]
Guy Debord,
La société du spectacle, Paris, Gallimard, 1992.
[
40] Noter la nuance.
[
41]
Burgelin Olivier.
Pierre Bourdieu. Un art moyen, Essai sur les usages sociaux de la photographie. In : Communications, 7, 1966, pp. 165-168.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1966_num_7_1_1107.
Source : Le Grand soir
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