«Pendant un siècle, on a formaté les générations à être compétitif, à être concurrent, à avoir toujours plus»
« Le système actuel condamne toute une partie de l’humanité à disparaître »,
"Personne ne m’écoutait quand je fusillais le capitalisme"
Les gouverneurs américains qui persistent à pratiquer cette condamnation à mort sont-ils imperméables à l’émotion que suscite cette sentence chez des millions d’Américains ? Ne l’ont-ils pas ressenti profondément lors de l’exécution récente de Troy Davis, comme chez tous ceux dans le monde qui amplifient l’expression de leur indignation ? Faut-il qu’on leur rappelle, encore et encore, les articles III et IV de la Déclaration Universelle des Droits de L’homme “ Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la survie de sa personne. ” et “ Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ” ?
L’Amérique reste encore le modèle de démocratie pour de nombreux états qui voudraient se donner une image honorable. Je sais que des sondages affirment que + de 60 % des Américains sont favorables à la peine de mort. Sans vouloir se donner en exemple, on peut rappeler que la majorité des Français étaient favorables à la peine de mort en France, lorsqu’elle a été abolie en 1981. Respectueux du vote de leurs parlementaires, ils ont pu alors admettre que la menace de la mort n’était pas dissuasive.
De plus, elle entretient chez les proches des victimes des passions vengeresses qui affectent le déroulement impartial de la justice. Le jugement de la Cour Suprême sur le cas de Mumia Abu-Jamal le confirme, affirmant l’invalidité et l’inconstitutionnalité du procès initial, que le film Toute ma vie en prison, sur les écrans le 23 novembre prochain, met brillamment en lumière. L’abolition de la peine de mort doit être universelle et la campagne en cours devra toucher les tribunaux et les gouvernements qui maintiennent ce poison dans leur constitution.
Cette campagne s’adresse aujourd’hui aux Américains qui vont avoir la parole dans quelques mois, pour élire leurs candidats, puis leur Président. Ce discours humaniste est universel, cela va de soi, mais la voix de l’opinion publique américaine abolitionniste sera-t-elle assez puissante pour faire entendre raison à leur futur Président de la République et à leurs gouverneurs ?
La situation de Mumia Abu Jamal recouvre en effet tous les manquements suivants au respect des droits de l’homme :
1 Le droit à la défense d’un homme instruit
2 Le droit à l’expression d’un journaliste contestataire
3 La réfutation de l’accusation et l’apport de témoignages à décharge
4 Une justice corrompue qui utilise la sanction suprême comme une menace pour que l’accusé avoue son crime et accepte de “ travailler ” pour la police. On comprend mieux pourquoi tant d’innocents se retrouvent dans le couloir de la mort ; pourquoi endosseraient-ils un crime qu’ils n’ont pas commis ?
5 Sans compter la volonté de faire taire le pouvoir de conviction d’un homme devenu moteur dans l’éradication de la culture de mort, à l’appui de la terreur, et de jugements iniques.
Je devais rencontrer cet homme dont le courage, la persévérance, inspirerait les campagnes auxquelles je participe au sein de France-Libertés. Lorsque je me suis rendue dans sa prison en Pennsylvanie, il n’a pas cherché une once de compassion de ma part, mais il m’a imprégnée de sa volonté de rendre à l’Amérique une justice digne des Américains.
Toute ma vie en prison rend hommage à sa vision et son combat, en rappelant que chaque citoyen doit être égal devant une justice digne de son peuple, garante de la liberté. Le film porte la parole de tous les condamnés à mort après des procès iniques à travers la sienne, la « Voix des Sans Voix ». C’est un film utile et nécessaire."
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