On a bien lu: Baroin s'attaque à rien moins que "la chaîne de conséquences de l'impact du point de départ"de la boulette de Standard and Poor's. On ne sait qui, de la chaîne, de l'impact, ou de la boulette, doit craindre le plus pour son matricule. Donc, Baroin ne demande pas de sanctions, mais tout un chacun (sauf, espérons, S and P) aura compris qu'il en demande tout de même. Pourquoi ne pas le dire plus simplement ? Aliocha livre une supposition toute personnelle: pour ne pas fâcher Standard and Poor's, tiens, qui a la gâchette, pardon, le clic facile. Des fois qu'un doigt dérape à nouveau ! On en est là ? On en est à ce point, où un ministre de la République bride son expression, par peur de déclencher les représailles d'une agence de notation ? On peine à le croire. Mais c'est plausible. Egalement en lice pour le prix de la langue de coton, un certain Sarkozy Nicolas, qui a fièrement affirmé à Strasbourg que la France et l'Allemagne (oups, et l'Italie aussi, ne pas oublier l'Italie) étaient tombées d'accord sur leur comportement par rapport à la BCE: « Nous avons tous trois indiqué que dans le respect de l'indépendance de cette institution, il fallait s'abstenir de demandes positives ou négatives » Chacun aura pu comprendre que Sarkozy recule. Mais il parait que non. Selon les meilleurs exégètes, il parait que le "ou négatives" est une grande victoire française.
Plus épuisante, plus démoralisante encore que la crise sans fin de la dette européenne, est le refus des paroles publiques de prononcer les mots pour la dire. Il ne faut pas chercher plus loin, me semble-t-il, les raisons du succès de ceux qui, tel Olivier Delamarche, le prophète de malheur de BFM Business, semblent coller des mots sur ce que nous vivons. Davantage que des mots, d'ailleurs, c'est la musique qui nous attire, le mugissement sourd de cette corne de brume, bande-son plus adaptée à la scène que l'orchestre de chambre, qui continue de jouer, imperturbable, parmi les canots de sauvetage.
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