Salauds de pauvres ! par franceinter
Voici la réaction(ce mot ne lui va pas) d'un humaniste , d'un communiste ,d'un vrai qui n'a pas abandonné l'être au paraître ; Daniel Levieux:
Quand Jean-Claude a posté cette vidéo, j'avais envie de cliquer sur" j'aime"... et puis je n'ai pas pu. Car autant le talent de l'humoriste est grand, autant elle a su dégueuniller le jeune beau de l'UMP reçu par France Inter ce matin-là, autant cette impertinence dérisoire est signe de bonne santé intellectuelle, autant la pauvreté est devenue pour moi un sujet où le rire n'a plus du tout sa place depuis que ce ne sont plus seulement les aléas de la vie, mais bien l'Etat et la politique de la droite qui en a fait sa grande industrie. Le capital a besoin de ses pauvres, tout comme les nobliaus de jadis qui glissaient leur jeton dans la main de la mendiante au sortir de l'église en détournant le regard. Mais aujourd'hui, modernité oblige, c'est moins à l'ombre des clochers que sous la lumière crue des plateaux télé que les grands bienfaiteurs viennent parader... non pour verser leur obole, mais pour inviter instamment les moins pauvres des pauvres à en donner un peu à ceux qui ont encore moins. Entre pauvres, on se comprend mieux ! et entre riches aussi d'ailleurs.
Cet hiver les Restos du coeur réchauffent le coeur des plus démunis avec 25 bougies d'anniversaire... EtFauchon est toujours à l'heure des Rolex.
Ce premier week-end de décembre va faire briller des 25 rayons de soleil de son anniversaire la chaîne de solidarité du Téléthon. Et les yacht milliardaires de Saint-Tropez rèvent tout haut de se garer en épi à la terrasse du Fouquet's...
25 ans, c'est le temps d'une génération. Et ce n'est pas anodin ! Comment la toute jeunesse d'aujourd'hui peut-elle concevoir le monde de demain sans ces cataplasmes posés sur les blessures que la puissance publique a infligées à son propre corps social.
Comment imaginer un hiver sans soupe populaire ?
Comment imaginer une recherche médicale sans cotisathon bénévole ?
L'invocation de la solidarité sonne à chaque instant. N'est-il pas suspect qu'il faille tant en parler, tant l'outiller, tant la vanter... Un peu comme si elle n'était plus dans le naturel du coeur des hommes.
Si cette première des qualité humaines se dilue jusqu'à faire défaut aujourd'hui, posons nous la question des causes de cette amputation. A tant vanter les mérites de la concurrence et de l'individualisme, de la "réussite" de l'un qui marche sur tous les autres, l'idéologie dominante a en effet modifié une part du patrimoine génétique des peuples réduits en peuplades en fonctionnant en communautés.
A tant vouloir payer moins d'impôts...
Les talonnettes du plus petit des présidents que notre France ait connus pourraient en être les stigmates les plus emblématiques. Le paraître a pris le pas sur l'être. Et dans le monde de l'apparence la difficulté n'a pas sa place, la misère non plus, pas plus que la douleur. Ce monde féroce fait preuve d'assez d'imagination pour mettre en place toutes les mesures d'accompagnement utiles à la poursuite de son projet de désocialisation. Puisque la consommation est l'acte fondateur du système on a créé toute une gamme de services de consommation, à côté du marché, du super marché ou de l'hypermarché ordinaire, on a installé les enseignes "discount", et puis les solderies... mais ça ne suffit pas, il a fallu industrialiser la distribution alimentaire de subsistance qui a fait la gloire des Restos du coeur ; et ce n'est pas suffisant, les épiceries sociales ou solidaires viennent compléter le tableau du Vidal qui intègre désormais les soins de la pauvreté.
Pour que le marché règne en maître, même les pauvres doivent faire le leur, bien à eux, rien qu'à eux...
Mais ne s'agit-il pas là de soins palliatifs, d'aspirine appliquée en soins du cancer social qui ronge nos société ?
Car, depuis 25 ans, les soi-disant soignants oublient de se laver les mains en passant d'un malade à l'autre et le diagnostic est aujourd'hui sans appel, qu'on soit jeune ou vieux, très jeune ou très vieux, affaibli dans la force de l'âge, ou encore vert en fin de carrière, qu'on soit homme ou femme, citadin ou rural, la peste capitaliste a infecté toutes les catégories sociales.
Rembobinez le film 25 ans en arrière, et vous tomberez dans l'ère Mitterrand après le virage de 83 qui voit les socialistes céder aux sirènes libérales qui signeront les premières étapes du démentèlement de l'Etat. Ces 25 ans d'alternance entre droite dure et gauche molle ont cette réussite commune à leur actif.
Avec près d'un millions de chômeurs supplémentaires durant son mandat, Sarkozy n'est pas en reste. Avec lui les entreprises caritatives mériteront bientôt d'entrer au CAC 40.
Des riches toujours plus riches et 400 000 tonnes de pains jetés à la décharge chaque année... Des pauvres toujours plus pauvres par centaines et par milliers à grapiller dans les restes des marchés leur pitance de misère...
Maladie toujours honteuse la misère cachée va bien finir par péter à la gueule des repus.
Alors soyez généreux, jusqu'au printemps prochain, donnez, donnez sans ménagement ! C'est toujours ça qu'on ne vous prendra pas !
Donnez, donnez, dodo-onnez
Donnez, donnez leur
Donnez, dodo-onnez
Donnez autant de coups de pied au cul à ceux qui les méritent que de coups de main, de coup de pouce et de coups de coeur à ces "salauds de pauvres" qui vous attendent sur le bord du chemin.
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