S’agit-il d’une proposition de doux dingues, de rêveurs ? Pas le moins du monde ! Aux intoxiqués ou propagandistes qui répondront qu’ « on n’a pas les moyens », opposons le calcul que nous faisions dansSarkozy, la grande manipulation. Les chiffres ont changé et il conviendrait de les réactualiser, mais le principe est le même : »On nous rebat les oreilles avec le fameux «trou de la Sécu», d’un montant de presque 10 milliards d’euros. Il est rare qu’on le remette en perspective avec le budget global de la Sécu, qui atteint 330 milliards. Au lieu de quoi ce «trou» est sans cesse appelé à la rescousse pour justifier toujours moins de prise en charge pour ceux qui en ont vraiment besoin. Or l’Etat doit à ladite Sécu la bagatelle de 5,1 milliards d’euros, chiffre reconnu par le ministre des Comptes publics lui-même, Eric Woerth (au titre par exemple des arriérés de cotisations sociales, notamment du fait des exonérations accordées aux entreprises). Ensuite, il ne lui verse pas l’intégralité des taxes sur le tabac et l’alcool, qui lui reviennent pourtant de droit, ce qui équivaut à 3 milliards supplémentaires. Ajoutons encore 3 milliards qui seraient perçus si l’on taxait les stock-options, suivant la proposition formulée en septembre 2007 par le Président de la Cour des comptes, Philippe Séguin – qui est loin du gauchiste échevelé ! Ça nous fait combien ? 11 milliards. Au lieu du trou qui frôle les 10 milliards, spectre agité par le gouvernement pour nous terrifier, avec la complicité bienveillante des médias, on obtiendrait alors un excédent d’un milliard. En réalité, il n’y a donc strictement aucune autre raison qu’idéologique – faire le miel du secteur privé – que l’Etat cesse de garantir à chacun le droit de se soigner, ce qui est pourtant la moindre des choses dans un pays qui est toujours la cinquième puissance mondiale ! » Exigeons cette décence élémentaire, en soutenant la formation politique qui porte vraiment le projet de justice sociale : le Front de gauche. Mélenchon, présidons !
Que trouve-t-on en effet sur le sujet dans son Programme populaire partagé ? Extraits : « De nouveaux financements pour la protection sociale peuvent être dégagés : emploi et lutte contre le chômage au cœur : 100 000 chômeurs de moins ce serait = 1,3 milliard d’euros en plus pour la Sécu, il faut donc travailler à un plan d’urgence emploi/formation ; l’emploi précaire et les bas salaires, les économies sur les salaires, les politiques de baisse du coût du travail, doivent être résolument combattus, il faut leur opposer la bataille pour la revalorisation des salaires, des retraites, des minima sociaux, la résorption de l’emploi précaire, ainsi 1% d’augmentation de la masse salariale équivaut à 2.5 milliards d’euros de recettes en plus pour la Sécurité Sociale ; Les cadeaux fiscaux : 10 milliards pour les plus grosses fortunes, 5 milliards pour les heures supplémentaires mais au prix d’effets d’aubaine et d’éviction, les 90 milliards d’exonérations de cotisations patronales pour 2008, 2009 et 2010 ont creusé les déficits, sans effet sur le chômage. Il faut sortir de ces politiques désastreuses et s’atteler à une véritable sécurisation et un développement de l’emploi et de la formation qualifiée, rémunérés convenablement, sortir de la précarisation des emplois. (…) Il faut mettre un terme aux exonérations de cotisations sociales qui tirent tous les salaires vers le bas et minent le financement de la Sécurité Sociale sans créer d’emploi. (…) En outre, l’État doit s’acquitter de ses dettes à la Sécurité sociale (versement des produits des taxes sur les tabacs, les alcools notamment) qui atteignent 5 milliards par an. Il doit programmer effectivement le paiement des exonérations qu’il doit compenser, soit 28 milliards sur un total de 30 milliards par an… À cela s’ajoute le montant des exonérations nouvelles sur les heures supplémentaires (5 milliards d’euros en 2008) pour lesquels il faut un engagement précis de compensation garanti par l’État, alors que le financement de cette mesure n’est pas assuré. » Pas la peine, il faudra bien sûr supprimer les exonérations sur les heures sup’, qui aggravent le chômage ! « Soumettons à cotisation les revenus financiers des entreprises (100 milliards d’euros, en 2007) auxquels il faut ajouter les revenus financiers des institutions financières (banques et compagnies d’assurance). Si les revenus financiers des entreprises étaient soumis au taux de cotisations sur les salaires (la cotisation patronale s’élève actuellement à 12,8%), cela apporterait près de 13 milliards d’euros en ressources nouvelles. On constate que ceci n’a rien à voir avec la seule taxation des stock-options proposée par Philippe Séguin dans le rapport de la Cour des comptes, qui ne représenterait que 3 milliards par an… Cependant les revenus financiers sont fluctuants : notre proposition de fond, c’est un développement et une refonte de l’assiette des cotisations patronales. La vraie question est la suivante : veut-on rompre avec les dogmes ultralibéraux et s’en prendre au capital ? C’est une autre logique, opposée à celle de Sarkozy et des forces libérales, qu’il s’agit de faire monter dans les luttes et les rassemblements à construire, notamment face au déferlement de la crise financière. Deuxième proposition : Mettre en débat une réforme de l’assiette des cotisations patronales avec pour objectif de relever la part des salaires dans les richesses produites donc de la part des salaires dans la valeur ajoutée. Cela implique une rupture avec l’ensemble des politiques menées depuis 1983 qui ont organisé une baisse de 10 points de la part des salaires dans la valeur ajoutée, en accroissant d’autant celle des profits. Il faut rompre avec les gestions patronales qui compriment les salaires, les emplois et privilégient la course à la rentabilité financière. Pour rompre avec cette logique qui fait reposer prioritairement le financement de la protection sociale sur les entreprises de main d’œuvre, on pourrait proposer une modulation des taux de cotisations patronales dans l’objectif d’accroître la masse et le taux des cotisations patronales. Ainsi les entreprises qui relèvent le nombre de leurs emplois et les salaires en répondant aux demandes exprimées dans les luttes sociales seraient assujetties à un taux de cotisations relativement plus bas. On inciterait les entreprises à augmenter la masse salariale qui constitue l’assiette du financement de la protection sociale. À l’inverse, les entreprises qui licencient, font des bas salaires, des emplois précaires et qui jouent la croissance financière, seraient assujettis à un taux de cotisation beaucoup plus élevé. Face à la logique des réformes hyper-libérales de Sarkozy et Fillon qui refusent un autre financement pour la sécu parce qu’ils travaillent à la construction d’une société individualiste, inégalitaire, éclatée et à la montée du privé contre les solidarités, nous devons travailler à une autre réforme, travaillons tous ensemble, développons les mobilisations et la riposte idéologique, économique, sociale et politique. »
Plume de presse
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire