Demain c'est le jour de Samain. Début de la nouvelle année chez beaucoup de peuplades celtes, mais aussi pour les bretons -ceux d'avant avant le grand chaos, la naissance de J.C., pas Jean-Claude, l'autre- c'était le jour où les morts venaient chatouiller les pieds des vivants pour les rappeler à leurs bons souvenirs.
Pourtant, il n'est pas besoin de cette émulation pour que resurgisse à ma mémoire, des le début de ce mois, le souvenir des suppliciés de 1917, ceux qui ne serons pas invités à la commémoration du 11 novembre.
Alors, chaque année, je tente à ce qu'ils ne tombassent pas dans l'oublie en écrivant quelques mots sur le refus des guerres que le capital veut nous imposer.
Michel M.
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longtemps les régiments devait tourner la tête pour ne pas voir ce monument aux morts de la Creuse |
Voici les écrits de Michel
A la gloire des vaincus !
Par Michel Mengneau
Même si je ne l’oublie jamais, à l’approche du 11 novembre la chanson de Craonne se fait de plus en plus présente sur le bord de mes lèvres. Présence forte des mots, « Ceux qu’on le pognon, ceux-là reviendront…Car c’est pour eux qu’on crève… Mais c’est fini, nous, les trouffions… On va se mettre en grève… », mots qui ravive le souvenir des oubliés de 1917, des contestataires, des décimés du capital auxquels on accorde même pas de nos jours une réhabilitation estompant un tant soit peu les humiliations subies par les familles des ces suppliciés. La pensée unique n’aime pas que l’on sorte du chemin unidirectionnel qu’elle trace…
En cette année 2011 où l’hégémonie du capitalisme se fait de plus en plus forte, pour la France année de guerre aussi, -en Afghanistan, en Libye, de temps en temps pour prêter main forte à quelques autocrates africains-, effrayé par ces abominations mes souvenirs vont aussi vers Jaurès, autre victime de la barbarie des exploiteurs.
Il fut celui qui ne voulait pas de la grande boucherie, mais que n’avait-il pas dit !
S’opposer à une guerre voulue afin de canaliser les ardeurs des populations qui commençaient à s’opposer au système capitaliste, dénoncer une guerre qui coupait court à la contestation en occupant le prolétaire, cela ne se fait pas ! Il faut alors éliminer ceux qui pourraient donner des idées subversives à la populace comme on appelait le peuple pour marquer le peu de cas que l’on faisait de lui. On le fit tuer pour le faire taire. Portant sa pensée est restée, car nul impérialisme, même le plus vil comme le capitalisme ultralibéral, ne pourra effacer la voix de la raison.
Cependant, il est assez surprenant de constater que certains parmi ceux qui se réclament de la pensée du grand homme ont apparemment perdu la mémoire. Je pense aux socialistes français qui font souvent référence au pacifiste que fut Jaurès et qui plein de morgue ont voté la poursuite de la guerre en Libye.
Le pire sans doute c’est que les circonstances étaient les mêmes qu’en 1914 où planait sur l’avenir guerrier l’ombre des maîtres de forge. Dans le même ordre d’idée, manipulée par l’impérialisme de l’OTAN, l’ONU a pondu une résolution alibis qui avait l’odeur du baril de pétrole. D’ailleurs, l’ONU a perdu dans cette affaire le peu d’indépendance et de crédibilité qui lui restait étant devenu de fait la caution de l’hégémonie impérialiste de l’Alliance Atlantique. Cela n’a pas empêché le capital de maquiller cette intervention coloniale, guerre uniquement au service de profits pour l’actionnariat, en guerre humanitaire. Sous le silence de la gauche d’accompagnement (PS), voire aussi d’inconscients plus à gauche -on peut citer entre autres ceux qui ont voté pour l’application de la résolution au parlement européen, à l’évidence il fallait être peu fin politique pour tomber dans le piège de la magouille politique concoctée par Obama, Cameron et Sarkozy-, et ceci relayé par des médias complaisants. On a même put lire dans la presse politique se voulant de gauche un article au titre abominable : « La guerre du moindre mal ! ».
Comme si une guerre pouvait être un moindre mal car ce serait oublier trop vite les 70 000, ou plus, victimes libyennes ; en somme, les habitants de la ville de Bourges que l’on aurait assassinés pour pouvoir mettre encore pendant quelque temps du carburant dans la bagnole de l’employé de banque du pays surdéveloppé.
Pour justifier ce genre de réflexion on a prétendu que Kadhafi allait commettre des massacres abominables, ce qui n’était qu’une hypothèse hasardeuse car en effet, bien qu’il lançât des anathèmes expiatoires en direction des insurgés, il prétendait aussi vouloir négocier. On ne peut donc pas faire la guerre sur des suppositions surtout quand il s’agit de s’ingérer dans la souveraineté d’un pays pour uniquement récolter les fruits de la manne pétrolière. Le bilan affreux de cette guerre prétendue humanitaire est une honte pour ceux qui la commanditèrent, pour ceux qui se turent devant une perspective catastrophique, puisque le massacre d’innocents n’ayant pas suffit on a assassiné un dictateur sans autre forme de procès pour l’empêcher de parler, dictateur que l’on a aussitôt remplacé par une dictature religieuse intégriste classant les femmes au même rang que le reste du cheptel appartenant au male dominant…
L’histoire ressemble parfois au présent, cela n’empêche pas à certains d’occulter le passé pour ne pas sortir de la pensée unique qui les a formatée.
Alors c’est vrai, pourquoi ont-ils tués Jaurès ? On peut se poser la question car manifestement certains de ses admirateurs en ont oublié les raisons. Sans doute ne se souviennent-ils pas plus des contestataires de 1917…
Oublions ces renégats de la classe prolétarienne et continuons à défendre la mémoire des vaincus du capital ! Gloire aux vaincus !
En 1934 tout le monde n’avait oublié les abominations de ce que l’on appela la grande guerre, en particulier dans le petit bouquin dont le titre est : « La guerre », au sous-titre encore plus évocateur : « Prolétaires de tous les pays, égorgez vous ! », où l’on peut trouver une série de texte dénonçant l’inconcevable, pour aller dans le sens de cet article on retiendra celui-là:
Notre conscience nous ordonne non seulement de ne pas commettre ce qui est injuste, mais de ne pas le commettre sans nous y opposer de toutes nos forces. Agir autrement, c’est nous rendre complice de mauvaises actions par égoïsme et par lâcheté.
J. Steeg (il n’est pas précisé l’origine du texte)
Pour mémoire…
Chez les Allemands, comme chez les Français, la contestation était en train de monter dans les rangs des sacrifiés.
L’on se souvient de la chanson : « C’est à Craonne, sur le plateau… ». La boucherie inutile du chemin des Dames amena la contestation dans les deux camps. Attaque, contre attaque, ordres insensés, tout y fut pour ouvrir le chemin de la révolte.
Officiellement, c’est le 17 avril 1917 que l’on a recensé les premiers mutins de l’Armée française, environ 230 si l’on en croit ce que l’on a bien voulu dire ; ou taire ! Déjà, quelques jours avant, certains avaient cassé la gueule à leur officier et refusé d’aller se faire tuer pour reprendre quelque cent mètres de tranchée ou bien une casemate déjà à moitié rasée, pris et repris l’avant-veille, repris et pris la veille par l’un ou par l’autre des deux antagonistes. Finalement, les historiens avancent le nombre approximatif de quarante mille rouspéteurs, contestataires, rebelles, mutins, à mi-mai 17. On est loin des chiffres officiels !
Le 15 mai, pour régler ce problème, Poincaré et le ministère de la Guerre eurent une idée de génie, ils virèrent Nivelle et mirent à la place Pétain. Dans les livres d’Histoire on nous a dit que se fut le futur Maréchal qui régla la contestation en accordant des permissions plus longues, des montées au front plus courtes avec plus de dopage en vin et en gnole (appelée par les poilus le « Monte-en-ligne »), pudiquement désigné comme amélioration du ravitaillement. En fait, les choses se sont réglées plus brutalement.
Officiellement, une fois de plus, on annonce le chiffre très précis de quarante-deux mutins fusillés. Pour être plus juste, on peut utiliser le terme de décimation. En annonçant le chiffre minimum d’un millier de punis, l’on se rapproche de la vérité. Malheureusement, nous ne saurons jamais le nombre exact de fusillés puisque les proches, les familles reçurent le simple message : « Mort au front, tel jour… » ou bien « Mort pour la France », sans qu’il soit précisé que ce fût sous les coups de l’ennemi. Seuls les désignés pour servir les pelotons d’exécution eurent longtemps des nuits agitées. Traumatisés, perturbés par le souvenir ineffaçable de l’instant où leur doigt appuya sur la détente du Lebel…
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