Pour Pier Paolo Pasolini
le long d’un terrain vague dans les faubourgs de Rome.
sur le chantier qui semble abandonné
au milieu de la glaise des fondrières.
mais aussi l’aveuglement des feux de camp
et le jour blanc qui n’en finit pas.
noires à l’endroit où ton frère a perdu son sang
;d’elles, on dit qu’elles sont un poison violent.
des jeunes paysans en habits de velours
qui se promènent, un rossignol entre les mains.
une religion de l’amour pour relier les hommes
et unifier la Terre.
et ramassé les cendres de Gramsci pour les faire danser
dans la lumière d’un cinéma de plein air.
des années soixante où brûlent les ordures
de la société de consommation.
de la pureté, misérablement humain
qui se déchire aux épines du chemin.
mais l’homme antique, le toujours changeant
qui se sent au printemps comme neuf.
« L’homme est un processus, disait Gramsci,
le processus de ses actes. »
en ce monde déraisonnable et beau
où sont menacés le sens et la beauté.
que tu le vis de l’intérieur dévoré
par la sociale démocratie, la conquête de l’Etat,
du pouvoir. Une Alfa Roméo le doublant sur la route
fait déraper le triporteur dans le fossé…
« Notre histoire est finie », disais-tu.
Pourtant, la moitié du monde va toujours nu-pieds.
une vie nouvelle frugale et matinale
où tous auraient leur place.
Les révolutionnaires ont (mais pas toujours)
le sens du sacré, de la vie, de l’amour.
« Ce n’est qu’aimer et que connaître,
disais-tu, qui compte ».
qu’envahissent les herbes folles, les jeunes en Vespa
portent en eux un dieu qu’ils ne connaissent pas.
de tous ; ton corps martyrisé sur la plage d’Ostie,
massacré par des voyous, des fascistes.
que certains recrachent sur la route
mais tes poèmes valent mieux que le vin de messe.
sont toujours seuls sur la Terre.
Déshérités ils contemplent le petit jour
quelques privilégiés négocient un contrat
de cryogénisation pour l’au-delà.
mais nous, nous ne comptons pas sur les extra-terrestres.
Nous ne rêvons pas de partir… la vraie vie est ici.
exfiltrer toute l’humanité ? Si la seule vie
est ici-bas, le salut commun est dans le partage.
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