Où en êtes-vous de votre mobilisation contre la loi Nome ?

Virginie Gensel. Depuis le début, la CGT se bat contre cette loi et ses conséquences désastreuses. Nous nous sommes fixé comme objectifs d’informer et de débattre avec le maximum de citoyens, car ils seront touchés en premier lieu. En effet, la première conséquence que nous avons identifiée est la hausse inéluctable des tarifs de l’électricité, pour les usagers comme pour les industriels. Certes, avec le tarif régulé aux usagers, l’État pourra choisir le moment et la manière de pratiquer cette hausse. Mais pas d’hypocrisie, l’objectif de cette loi est bien l’homogénéisation par le haut des prix au niveau européen afin de spéculer sur ce produit de première nécessité pour les usagers, et l’économie, qu’est l’électricité.
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Nous nous sommes organisés également pour que tous les députés et sénateurs soient interpellés localement afin de rendre des comptes à leurs électeurs sur ce qu’ils s’apprêtent à voter : la casse du système électrique et énergétique. J’ai personnellement écrit à chaque sénatrice, chaque sénateur pour leur demander de renoncer à cette loi scandaleuse.
Nous avons mis en place, cet été, un site d’information (1) et participé à la campagne d’affichage du CCE. Mais, malgré tout, nous nous sentons un peu seuls sur un sujet politique d’une telle importance !

Qu’attendez-vous du débat 
au Sénat ?

Virginie Gensel. D’en faire un moment supplémentaire pour médiatiser le très mauvais coup qui se prépare, une des lois les plus importantes depuis la loi de nationalisation de 1946 au dire de responsables politiques. Nos syndicats vont faxer une motion aux responsables politiques durant ce débat afin de les alerter sur ce qu’ils s’apprêtent à voter. Il est parfaitement sidérant d’entendre certains d’entre eux dans la majorité reconnaître que « l’harmonisation des tarifs de l’énergie au niveau européen est une erreur historique. Il faudrait prendre en compte la réalité des systèmes de production de chaque pays », alors que ces mêmes personnes vont voter comme un seul homme. C’est un vrai dévoiement de nos institutions. Les parlementaires ne font plus qu’obéir aux ordres de l’Élysée. 

C’est intolérable. 

Les élus doivent rendre des comptes aux citoyens. Ils sont à la manœuvre d’une entreprise de destruction massive de tout ce qui a construit la société française au lendemain de la guerre, avec les services publics nationalisés au cœur de l’efficacité et de la solidarité. Les usagers, par leurs factures, ont financé les centrales nucléaires et, aujourd’hui, il faudrait qu’ils paient une deuxième fois par l’augmentation des tarifs ? C’est très grave et inacceptable.

Comment faire reculer 
le gouvernement ?

Virgine Gensel. Faire en sorte que les citoyens prennent conscience des conséquences graves de cette loi et, en ce sens, il nous faut un vrai débat national et pas un vote en catimini ! Le système énergétique est un élément stratégique de politique industrielle et sociale. Il ne faut pas laisser ce gouvernement livrer ce formidable outil aux appétits financiers, qui vont mener encore plus à une concurrence fratricide et destructrice entre EDF et GDF Suez. Et que l’Europe ne serve pas d’alibi à ce mauvais coup. Un triste exemple récent nous montre que le président de la République sait refuser toute critique venant de Bruxelles alors qu’il ne respecte pas les lois européennes. 

C’est pitoyable !

Entretien réalisé par 
Pierre-Henri Lab