Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne disent rien, et ils n'espèrent rien. Mais du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que bête, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit.

Octave Mirbeau, La grève des électeurs (1888)

H. Krazucki ancien secrétaire général de la CGT

Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasemen
t.


Mikis Théodorakis

"Si les peuples d’Europe ne se lèvent pas, les banques ramèneront le fascisme"

Seul les poissons morts vont dans le sens du courants ...

Jean Jacques Rousseau :

« Le premier qui, ayant enclos du terrain, s’avisa de dire : « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile… Gardez-vous d’écouter cet imposteur, vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne…Quand les héritages se furent accrus en nombre et en étendue au point de couvrir le sol entier et de se toucher tous, les uns ne purent plus s’agrandir qu’aux dépens des autres… De là commencèrent à naître la domination et la servitude »

Jean Jaurès

«Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots»

Maximilien Robespierre, 1789

" Nul n'a le droit d'entasser des monceaux de blé
à côté de son voisin qui meurt de faim".




RÉSISTER,LUTTER , CONSTRUIRE

RÉSISTER,LUTTER , CONSTRUIRE
Les générations futures ne nous pardonneront pas d'avoir laisser faire

Un blog pour une idée

Une idée maitresse me guide pour construire ce blog : mettre l'Homme au centre de toutes les préoccupations, reconquérir la dignité perdue, travailler pour un monde Humain, au delà de toutes considérations tendancieuses, pour moi seul compte ,l'humanisme , le combat contre l'exploitation de l'homme par l'homme pour le profit ,une priorité absolue ; pour moi et tous ceux qui luttent, l'être humain et son environnement sont le socle de toutes revendications,
L' Homme doit être le but et l'argent l'accessoire d'échange et rien d'autre
"la terre nous l'empruntons à nos enfants ,nous ne l'héritons pas de nos parents"
Afin d'éviter des attaques au dessous de la ceinture par des gens dont le seul but est d'exister en supprimant les autres, je me vois obliger de mettre en place une modération des commentaires: bien sur il ne s'agit pas de supprimer le débat démocratique , mais il est ors de question de salir les gens pour le plaisir de faire du mal , simplement parce que l'on critique l'action du pouvoir de l'argent , ceux qui respecteront l'être humains continueront comme par le passé à s'exprimer .
Et oui l’extrême droite a pris des ailes et ce blog n'est pas à son service , soyez tous sur vos gardes et prenez garde à vous

Geronimo sur son lit de mort ; d'une terrible actualité

Quand le dernier arbre aura été abattu,
Quand la dernière rivière aura été empoisonnée,
Quand le dernier poisson aura été péché,
Alors, on saura que l’argent ne se mange pas.


Hugo Chavez.

"Si le climat était une banque, les pays riches l’auraient déjà sauvé"

Préambule du texte de la Constitution de l'OIT, Organisation internationale du Travail,1919

"une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale"

mercredi 28 octobre 2015

Lentement mais surement l'Europe s'affirme comme une vraie dictature , apres la Grèce c'est au tour de la gauche portugaise d'en faire les frais ;mais au fait qu'est donc la loi Macron en France?

La crise constitutionnelle menace après le refus fait à la gauche anti-austérité de former un gouvernement majoritaire.
Le Portugal vient d’entrer dans une ère politique dangereuse. Pour la première fois depuis la création de l’Union monétaire européenne, un état membre a pris la mesure explicite d’interdire à des partis eurosceptiques d’accéder au pouvoir pour raison d’intérêt national.
Anibal Cavaco Silva, président constitutionnel du Portugal, a refusé de nommer une coalition gouvernementale de gauche alors qu’elle avait la majorité au parlement portugais et qu’elle avait un mandat électoral de casser le régime d’austérité commissionné par la Troïka UE-FMI.
Il a jugé trop risqué de laisser le bloc de gauche ou les communistes arriver trop près du pouvoir, persistant à vouloir que les conservateurs continuent à gouverner en tant que minorité, en vue de satisfaire Bruxelles et d’apaiser les marchés financiers.
La Démocratie doit laisser la première place aux impératifs plus importants des règles de l’euro et des états membres.
Mr Cavaco Silva a déclaré qu’ ’en 40 ans de démocratie, aucun gouvernement portugais n’a jamais dépendu du soutien des forces anti-européennes, c’est-à-dire de forces qui ont fait campagne pour abroger le Traité de Lisbonne, le Traité de stabilité-coordination-et-gouvernance, le Pacte de croissance et stabilité, ainsi que pour démanteler l’union monétaire et faire sortir le Portugal de l’Euro, en plus de vouloir la dissolution de l’OTAN.’

Aujourd’hui est le pire moment pour un changement radical des fondements de notre démocratie.’
Après avoir exécuté un programme onéreux d’assistance financière, comportant de lourds sacrifices, il est de mon devoir, selon les pouvoirs constitutionnels qui me sont conférés, de faire tout mon possible pour empêcher d’envoyer de mauvais signaux aux institutions financières, aux investisseurs, et aux marchés.’
Me Cavaco Silva a soutenu que la grande majorité des Portugais n’a pas voté pour des partis qui veulent un retour à l’Escudo ou qui prônent une confrontation traumatisante avec Bruxelles.
C’est vrai, mais il a omis de mentionner le message au coeur des élections tenues il y a trois semaines : qu’elle a aussi voté pour la fin des diminutions de salaire et la fin de l’austérité de la Troïka. Les partis de gauche combinés ont obtenu 50.7 % des suffrages. Avec à leur tête les Socialistes, ils contrôlent l’Assemblée.
Le premier Ministre conservateur, Pedro Passos Coelho, est arrivé en tête et a donc la priorité pour la formation d’un gouvernement, mais sa coalition de droite dans son ensemble n’a obtenu que 38.5 % des suffrages. Il perd 28 sièges.
Le chef socialiste, Antonio Costa, a réagi avec colère, qualifiant l’action du Président de ’faute grave’ qui menace de plonger le pays dans une tempête politique.
Il est inacceptable d’usurper les pouvoirs exclusifs du Parlement. Les Socialistes n’accepteront pas les leçons de défense de notre démocratie du professeur Cavaco Silva’ a-t-il dit.
Mr Costa a promis de continuer son projet de formation d’une coalition triple-Gauche, et a averti que le gouvernement croupion de droite aurait à faire face à une motion de censure immédiate.
Selon la constitution du Portugal, il n’y aura pas de nouvelles élections avant le deuxième semestre de l’année prochaine, avec le risque de presqu’un an de paralysie qui engagerait le pays dans une voie d’affrontement avec Bruxelles et avec la menace de relancer en fin de compte la crise de la dette du pays.
Le marché obligataire a réagi avec calme aux événements de Lisbonne mais il n’est plus la mesure adéquate maintenant que la Banque Centrale Européenne éponge la dette portugaise sous son programme d’assouplissement quantitatif.
Le Portugal n’est plus sous le régime de la Troika et n’a pas à faire face à une crise de financement, ayant à sa disposition des réserves de 8 milliards d’euros. Néanmoins, le FMI affirme que le pays est ’hautement vulnérable’ en cas de choc ou si le pays échoue dans les mise en oeuvre des réformes, considérées comme étant, à l’heure actuelle, ’au point mort’ (’stalled’).
La dette publique est à 127 % du PIB et la dette totale est à 370 %, pire qu’en Grèce. Le passif extérieur net est à 220 % du PIB.

Le FMI a averti que le ’miracle à l’exportation’ dépend d’une base étroite, les gains remarqués dépendant de re-exportations sans grande valeur ajoutée. ’Un ré-équilibrage durable de l’économie ne s’est pas produit.’ a-t-il déclaré.
Le Président a provoqué une crise constitutionnelle’ a déclaré Rui Tavares, un député européen vert radical. ’.’
Mr Tavares a déclaré que le Président a invoqué le spectre des communistes et du Bloc de Gauche comme un ’épouvantail’ en vue d’empêcher la Gauche d’accéder au pouvoir, tout en sachant très bien que les deux partis ont abandonné leur demandes de sortie de l’Euro, de sortie de l’OTAN, et de nationalisations de secteurs-clé de l’économie pour arriver à un compromis afin de pouvoir former une coalition.
Le Président Cavaci Silva pourrait bien avoir raison en estimant qu’un gouvernement socialiste allié aux communistes pourrait provoquer un conflit majeur avec les mandarins de l’UE austéritaire. Le grand projet keynésien de Mr Costa pour l’arrêt de la déflation - avec en tête des dépenses en faveur de l’éducation et de la santé - est complètement incompatible avec le Traité de stabilité-coordination-et-gouvernance.
La loi du traité insensé oblige le Portugal a abaisser sa dette à 60 % du PIB en 20 ans, le plongeant ainsi dans un piège austéritaire permanent, alors même que le reste de l’Europe du Sud essaie de faire la même chose, tout ça sur fond de forces déflationniste puissantes dans le monde entier.
La stratégie consistant à réduire petit à petit le fardeau de la dette massive du pays en se serrant la ceinture en permanence est essentiellement contre-productive, puisque l’effet d’un PIB nominal stagnant au dénominateur aggrave la dynamique de la dette.
Et en plus, elle est vaine. Le Portugal aura besoin d’une annulation de sa dette lorsque la prochaine récession mondiale frappera pour de bon. Il n’y a aucune chance pour que l’Allemagne accepte une union fiscale de l’Union monétaire européenne à temps pour éviter cela.

La conséquence principale de l’allongement de l’agonie est la persistance profonde de l’état du marché du travail, et des niveaux d’investissements chroniquement bas qui anéantissent l’avenir.
Mr Caraco Silva se sert factuellement de son poste pour imposer un programme idéologique réactionnaire, pour les intérêts des créditeurs et de l’establishment de l’union monétaire européenne, présentant le tout, avec un toupet remarquable, comme une défense de la démocratie.
Les socialistes et les communistes portugais ont enterré la hache de guerre à propos de leurs amères divisions pour la première fois depuis la Révolution des œillets et le renversement de la dictature Salazar dans les années 70, et pourtant on leur enlève leur prérogative parlementaire de former une majorité gouvernementale.
Ceci est une démarche dangereuse. Les conservateurs portugais et leurs alliés des médias se comportent comme si la Gauche n’avait aucune légitimité à prendre le pouvoir, et devait être contenue par tous les moyens.
Ces réflexes sont bien connus - et terrifiants - pour tous ceux connaissant l’histoire ibérique du 20ème siècle, ou même de l’Amérique latine. Que ce soit fait au nom de l’Euro est à tout à fait prévisible.
Le mouvement grec Syriza, premier gouvernement de gauche radicale en Europe depuis le seconde guerre mondiale, a été forcé à se soumettre après avoir osé remettre en cause l’idéologie de l’eurozone. Aujourd’hui, la gauche portugaise se dirige vers une autre version du même rouleau compresseur.
Les socialistes européens font face à un dilemme. Ils sont enfin en train de se rendre compte de la déplaisante réalité que l’union monétaire est une entreprise de droite autoritaire qui a échappé à ses contraintes démocratiques, mais s’ils agissent à partir de ce constat, ils courent le risque d’être empêchés de prendre le pouvoir.
Bruxelles a vraiment créé un monstre.
Ambrose Evans-Pritchard
Traduction Jean-Luc Lahouze pour le Grand Soir

samedi 10 octobre 2015

Leny Escudéro s'en est allé .... J'ai honte du monde que je vais laisser ..

Dans quel monde vivons nous?Leny Escudero (Musicien) a honte d'avoir laissé un monde Libéral à la génération future (destiné pour ceux qui aime l'argent) LEny Escudero (singer) ashamed for the world he left to the next Genration (For addicted and who live for money)
Posted by Tawe3iya Service's on mercredi 16 mai 2012

Au Crédit Mutuel , il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade ! Les paysans en crise savent de quoi je parle / L’enquête diffusée par France 3

C’est l’enquête dont Canal+ n’a pas voulu. Elle porte sur le Crédit mutuel et l’évasion fiscale. Cinquante-cinq minutes d’investigation spécialement tirée au cordeau par Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi pour l’émission "Pièces à conviction", diffusée sur France 3 mercredi 7 octobre à 23h20.
Yachts au mouillage, port de Monaco... Dès la première image, on comprend qu’il ne s’agit pas ici seulement d’argent, mais de fortune. Costume cravate, tenue élégante, deux hommes et une femme ont rendez-vous sur une terrasse ensoleillée. Ce sont trois ex-employés d’une banque. Les trois sources principales de ce film qui vise à dénoncer un système d’évasion fiscale, via Monaco, la Suisse et la France. On y parle de la banque Pasche, une filiale du Crédit mutuel-CIC, dont les valeurs sont le partage, la solidarité et l’exemplarité. 

Le charme discret des banques suisses

Albert Camus dégaine son smartphone et appelle sa banque à Genève. "Allo, c’est Albert Camus, L’étranger, à l’appareil…" Une voix répond : "A qui L’étranger désire-t-il parler ?" "A son gestionnaire de compte", réplique Camus. Camus n’est pas le seul client de l’établissement. Il y a aussi Jules Verne, Simone de Beauvoir, Charles Baudelaire… Le journaliste raccroche. C’était donc vrai, il y a bel et bien des noms de code derrière lesquels se cachent nombre de grandes fortunes. Toutes ont le fisc en horreur et savent apprécier les charmes de la discrétion suisse. Cette scène constitue l’un des morceaux de bravoure du documentaire.
Les pièces ne manquent pas dans cette démonstration pour le moins sulfureuse. Le film se présente d’ailleurs comme une investigation à livre ouvert. On y accompagne ce que fut le questionnement des trois cadres lorsqu’ils ont commencé à s’interroger sur d’importants mouvements de fonds au sein de leur banque, la Pasche, spécialisée dans la gestion des clients très riches. On assiste aussi à la contre-enquête des journalistes qui vont "au contact" des clients de l’établissement bancaire. Or ces gens-là n’apprécient pas vraiment ce genre de… contact. Ils préfèrent le dépôt en liquide avec liasses de billets de 500 euros à même le comptoir de la banque.

Le "chômeur" italien dépose 200 000 euros en liquide

Prenez cet Italien négociant en prêt-à-porter, qui a déposé en quatre mois plus de 200 000 euros à la Pasche de Monaco. En fait de négociant, c’est un chômeur, puisque de l’aveu même de ses proches, il n’aurait jamais travaillé. Lorsqu’il apprend que le journaliste s’intéresse un peu trop à lui, le coup de téléphone qu’il lui adresse est édifiant. "T’arrêtes d’appeler, t’as compris, c’est clair ?" Le ton est menaçant. Nul doute que ce monsieur sait ce que signifie l’usage de la force, cela sent le crime organisé. On fait mieux en matière de fonds "non douteux". Or, dans ce genre de situation, la loi monégasque oblige précisément le banquier à faire une "déclaration de soupçon". Sinon, il risque théoriquement une forte amende et de cinq à dix ans de prison pour ce délit pénal.
Au fil des séquences, les pièces à conviction s’accumulent : les enregistrements des ex-employés alertant leurs supérieurs, les dénégations ou les aveux résignés de ces derniers. Confondant. On va même jusqu’à croiser l’actuel scandale des pots-de-vin de la Fifa. L’un des clients de la banque n’est autre que l’ancien président de la fédération de foot brésilienne. Et le FBI examine son cas de très près, un cas chiffré à 30 millions de dollars de corruption présumée.

D'étranges services et de mystérieux porteurs de valises

Les "aventures sonnantes et trébuchantes" de l’enquête ne s’arrêtent pas là. "Vous qui avez une grosse fortune, pour éviter l’impôt, nous avons la solution !" Tel était, semble-t-il, le credo des apporteurs d’affaires, des chargés de clientèle. Cela s’appelle du démarchage illicite et, là encore, les autorités françaises n’apprécient vraiment pas. Amendes lourdes et peines de prison sont à la clé. Or c’est un véritable système d’évasion fiscale qui est près d'être ici mis au jour. Le service rendu est des plus efficaces, avec collecte des fonds en liquide, transports par valises, 10% de commission au porteur du précieux bagage, et passage discret des fonds d’une banque à une autre. L’origine de ceux-ci n’est plus qu’un lointain souvenir. Ni vu ni connu, c’est ainsi que l’argent passerait les frontières.
La justice est, bien sûr, saisie de ce présumé système d’évasion fiscale qui met en cause le Crédit mutuel-CIC et la banque Pasche. Les auteurs ont tenté de rencontrer les dirigeants. La réponse est toujours la même : "Tout cela n'a jamais existé. On ne commente pas les affaires sous main de justice. Un contrôle interne existe. On n’a jamais découvert aucune pratique illicite."

dimanche 4 octobre 2015

Vladimir Poutine, le Président de la Russie intervient devant l'Assemblée générale des Nations unies pour la première fois au cours des 10 dernières années. La 70e session risque de prendre l'allure d'un véritable parcours du combattant compte tenu de l'instabilité géopolitique mondiale.


Article publié le 29.09.2015
Il s’agit du discours à l’ONU d’un chef d’État en position de force, qui le sait et le fait savoir, dans le contexte de l’engagement revendiqué de la Russie en Syrie et au Proche-Orient.


Vladimir Poutine qui a rencontré le président américain avant de donner son discours, lui répond sans le nommer. Il lance des accusations virulentes contre l’hypocrisie des USA et de l’Occident en général qui sont à l’origine de la guerre islamiste et du déferlement migratoire en Union européenne. Il répond au président américain qui avait encore lancé des anathèmes contre le pouvoir syrien en mettant en exergue le courage de l’armée gouvernementale syrienne et du président Assad auxquels la Russie apporte toute son aide technique, militaire et humanitaire.



Ce discours a été prononcé le lundi 28 septembre lors de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, en fin d’après-midi, alors que Barak Obama avait prononcé le sien en début d’après-midi. Cela faisait 10 ans que le président de la Russie ne s’était pas exprimé à l’ONU. Le sujet principal de son intervention concerne la crise du Proche-Orient et la lutte contre le terrorisme islamique.

« Le 70e anniversaire de l’ONU est l’occasion d’évoquer le passé mais aussi de réfléchir à notre avenir commun. En 1945, les pays vainqueurs du nazisme ont uni leurs efforts pour poser des fondements solides à l’ordre mondial de l’après-guerre. Je rappellerai que c’est dans mon pays en Crimée, à Yalta que se sont réunis les dirigeants de la coalition anti-hitlérienne pour décider de la création de l’ONU et des principes régissant les relations entre les États.

Le traité de Yalta est donc né d’énormes souffrances, il incarne le pris payé par des millions de gens qui o,nt perdu la vie pendant la guerre; deux guerres mondiales qui ont ravagé la planète au XXème siècle. Et soyons ici objectif, c’est ce système qui a aidé l’humanité à traverser des événements turbulents aux suites parfois dramatiques et qui a préservé le monde de bouleversements plus grands encore.

L’Organisation des Nations-Unies est sans pareil pour ce qui est de son universalité et de sa représentativité. Or ces derniers temps l’ONU est le plus souvent critiquée parce qu’elle manquerait d’efficacité (…)

« Ceux qui sont au sommet de la pyramide »

Nous savons tous qu’après la fin de la guerre froide, il n’y a eu plus qu’un centre de domination dans le monde entier et ceux qui étaient au sommet de la pyramide se sont dit: puisque nous sommes aussi forts et exceptionnels, personne ne sait mieux que nous ce qui est possible, ce qu’il faut faire et par conséquent il n’y a plus à rendre compte aux Nations-Unies, puisqu’il arrive très souvent que cette organisation gêne et ne fasse que mettre des bâtons dans les roues au lieu de faire adopter des décisions afin de légitimer les actes nécessaires. Des rumeurs ont surgi alors, disant que l’Organisation des Nations Unies dans la forme sous laquelle elle avait été créée a déjà rempli sa mission historique et était devenue obsolète. Naturellement le monde change et l’ONU doit aussi s’adapter à cette transformation. La Russie est prête à contribuer à cet effort avec ses partenaires sur la base d’un large consensus, mais nous considérons comme étant extrêmement dangereuses les tentatives qui visent à ébranler l’autorité et la légitimité des Nations unies. Cela risque à conduire à l’effondrement de toute l’architecture des relations internationales. Dans ce cas il ne resterait plus aucune règles sinon le droit du plus fort. Ce serait un monde dans lequel l’égoïsme se substituerait au travail d’équipe. Un monde dans lequel il y aurait de plus en plus d’oppression,  et de moins en moins d’égalité des droits, de démocratie réelle et de liberté, un monde dans lequel au lieu d’États véritablement indépendants existeraient des régime qui, de facto seraient des protectorats et des territoires contrôlés de l’extérieur.

Pour un nouvel ordre mondial multipolaire

Comment définir la souveraineté nationale dont mes collègues ont déjà parlé ? Avant tout la question de la liberté, liberté de choix pour chaque individu et chaque État. Il se pose aussi la question de la légitimité étatique. Il ne faut pas jouer ici avec les mots. Chaque terme de droit international, chaque dossier de droit international doit être clair, transparent et se fonder sur des critères qui sont compris de manière uniforme.  Nous sommes tous différents et c’est là quelque chose  qu’il faut respecter. Personne n’est obligé de s’adapter à un mode de développement unique qui serait reconnu une fois pour toutes par quelqu’un comme étant le seul valable. Nous devons tous garder présent à l’esprit le passé.

« L’histoire de l’Union soviétique n’a pas servi de leçon »

Ainsi il faut se souvenir de l’histoire de l’Union soviétique. Lorsque l’on exporte des expériences sociales, lorsque l’on exporte ses propres clichés idéologiques pour obtenir des changements dans tel ou tel pays on débouche très souvent sur des conséquences dramatiques.et sur un recul plutôt que sur un progrès. Pourtant on a l’impression que certains préfèrent répéter les fautes des autres plutôt que d’en tirer les leçons.

Aujourd’hui il s’agit de l’exportation des soi-disant révolutions démocratiques. Une exportation qui se poursuit. Il suffit de voir de plus près ce qui se passe au Proche-Orient et en Afrique du Nord dont ont aussi parlé les interlocuteurs précédents. Naturellement dans ces régions se posent des problèmes d’ordre politique et social et les populations souhaitaient un changement. Mais que s’est-il passé ?

« Les soi-disant révolutions démocratiques »

L’intervention agressive extérieure n’a guère débouché à des réformes des institutions de l’État, le mode de vie tout entier a été anéanti et plutôt que le triomphe de la démocratie et du progrès, on a pu voir la pauvreté, la violence et la catastrophe sociale. Et les droits de l’homme, y compris le droit à la vie ont été gravement oubliés. On a envie de demander à ceux qui sont à l’origine de tout cela : est-ce que vous prenez au moins conscience de ce que vous avez fait ? Mais je crains que cette interrogation ne reste lettre morte, car les politiques qui se basent sur la confiance en soi excessive, le principe d’exclusivité et la certitude d’impunité, perdurent.

Il est alors évident que la vie politique qui s’est instaurée dans certains pays du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord ont eu comme répercussion la création de zones d’anarchie qui ont immédiatement commencé d’attirer extrémistes et terroristes. Des dizaines de milliers de terroristes sont déjà venus combattre sous les drapeaux de ce qu’on appelle l’Etat islamique. Avec parmi eux d’anciens soldats irakiens qui en 2003 se sont trouvés à la rue à la suite de l’invasion militaire en Irak..

Le recrutement était même organisé par le biais de la Libye dont les structures étatiques ont été démantelées suite à la violation flagrante de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. En ce moment des membres de l’opposition syrienne dite modérée et soutenue par l’Occident adhèrent à  ces mouvements radicalisés. On leur donne des armes, on leur fourni une formation militaire et ensuite ils se retrouvent du côté de l’Etat islamique.

« L’Etat islamique lui-même n’a pas surgi de nulle part »

L’Etat islamique lui-même n’a pas surgi de nulle part. Il a été au départ nourri et choyé car apparaissant comme outil de lutte contre des régimes laïcs indésirables. Une fois sa ligne de déploiement acquise en Syrie et en Irak, l’Etat islamique continue inexorablement sa progression vers d’autres territoires pour assurer sa domination sur le monde islamique et au-delà. Son intention est manifestement loin de se borner à ces projets. L’état de chose actuel est donc plus que dangereux. Il est hypocrite et irresponsable de dénoncer solennellement la menace du terrorisme international tout en fermant les yeux par ailleurs sur ses canaux de financement et les soutiens au terrorisme. Notamment le trafic de drogue, la contrebande de pétrole et d’armes. Il est aussi irresponsable de manipuler ces réseaux extrémistes afin de les engager à ses propres services pour défendre ses propres fins politiques, tout en espérant ensuite leur régler leur compte et les anéantir.

Ceux qui se comportent ainsi doivent l’entendre mesdames et messieurs, vous avez affaire là à des gens cruels, mais absolument pas stupides pour autant et pas primaires. Ils ne sont pas plus bêtes que vous et on ne sait pas en définitive qui manipule qui ?

Les données récentes sur les transferts d’armes à l’opposition « modérée », entre guillemets, en sont la meilleure preuve.

« Flirter avec les terroristes »

Nous considérons que toute tentative de flirter avec les terroristes ou de les armer est une approche myope qui risque de provoquer l’incendie et de faire déborder la menace terroriste qui pourrait se propager à de nouvelles régions de la planète. D’autant plus que dans les camps d’entrainement de l’Etat islamique se retrouvent des combattants en provenance d’un peu partout, y compris de pays européens.

Malheureusement et je le dis très clairement, la Russie ne fait pas exception, on ne doit pas tolérer que les criminels qui ont déjà flairer le sang puissent aussitôt revenir chez eux et continuer leur œuvre sinistre. Nous ne souhaitons pas que cela se passe ainsi et je pense que personne ne le souhaite.

La Russie soutient « l’Irak, la Syrie et d’autres pays »

La Russie s’est toujours prononcée de manière ferme et conséquente contre le terrorisme sous toutes ses formes. Aujourd’hui nous apportons notre soutien militaire et technique à l’Irak, à la Syrie et à d’autres pays de la région qui mènent le combat contre les groupements terroristes. Nous pensons que c’est une grave erreur de refuser de coopérer avec les autorités et l’armée gouvernementale syrienne, alors qu’ils font preuve de beaucoup de courage en affrontant la terreur. Il faut dire aussi qu’il n’y a plus personne d’autre en Syrie qui mène le combat contre l’État islamique et autres organisations terroristes, sinon l’armée gouvernementale du président Assad.

Nous savons les problèmes de la région, nous savons ses contradictions, il faut partir de ces réalités. Chers collègues, je dois aussi souligner que cette approche honnête  et directe a été récemment utilisée comme un prétexte pour accuser la Russie de faire montre d’ambitions croissantes, comme si ceux qui le disaient n’avaient pas eux-mêmes des ambitions [dit-il d’un air ironique]. De fait il ne s’agit pas ici des ambitions de la Russie, chers collègues, mais du fait qu’on ne peut tolérer la situation qui est en train de se développer dans le monde.

« Création d’une véritable  coalition contre le terrorisme »

Dans la réalité nous proposons de suivre les valeurs et les intérêts communs et non pas de nous inspirer d’ambitions quelconques et d’unir nos efforts sur la base du droit international pour résoudre les problèmes qui se posent et pour créer une véritable coalition à portée mondiale contre le terrorisme. qui pourra rallier des forces prêtes à agir comme on l’a fait contre le nazisme.

Naturellement les pays musulmans sont les pays clef de cette coalition car non seulement l’État islamique représente une menace directe, mais bien au-delà par leurs crimes sanglants, ils sont les terroristes profanes d’une des plus grandes religion qui soit, l’Islam. Les idéologues et combattants islamiques se moquent de l’Islam et le dénature. J’en profite pour lancer un appel aux maîtres spirituels du monde musulman. Plus que jamais aujourd’hui nous avons besoin de votre autorité et de vos prêches pour prévenir la démarche inconsciente de ceux qu’on essaye de recruter, mais aussi pour essayer de venir en aide à ceux qui se font duper et qui, dans certaines circonstances, se sont retrouvés dans les rangs terroristes. Il faut les aider à revenir à la vie normale, à déposer les armes et à mettre fin à leur (?). Dans quelques jours la Russie va présider une réunion du  Conseil de sécurité qui sera consacrée à l’analyse en profondeur des menaces qui existent dans l’espace du Proche-Orient . L’idée est avant tout de discuter d’une nouvelle résolution visant à coordonner les démarches de toutes les forces qui font face à l’Etat islamique et à d’autres structures terroristes.

Je le répète une telle coordination doit se fonder sur le respect des principes inscrits dans la Charte des Nations-unies. Nous comptons que la communauté internationale saura élaborer une stratégie globale de stabilisation politique et de redressement social et économique du Moyen-Orient.

« Il ne sera plus nécessaire de construire des camps pour les réfugiés »

Alors, mesdames et messieurs, il ne sera plus nécessaire de construire des camps pour accueillir les réfugiés. Aujourd’hui une personne sur cinq a quitté son pays d’origine déferle sur les pays voisins et d’abord dans l’Europe et on les compte déjà par centaine de milliers et bientôt par millions. Il s’agit d’une nouvelle et tragique grande vague de migration et des leçons à tirer notamment pour les européens.

Je voudrais souligner que les réfugiés sans aucun doute ont besoin de compassion et de soutien, mais pour venir à bout de ce problème il n’y a d’autres remèdes que de rétablir les structures de l’Etat là où elles ont été anéanties. Ceci par le renforcement des institutions étatiques encore intactes ou en cours de reconstitution. Grâce aussi à la fourniture de l’assistance militaire, économique et matérielle pour les pays en difficulté et naturellement  par une assistance apportée aux personnes qui malgré les épreuves ne quittent pas leurs pays.

« Assistance aux personnes qui ne quittent pas leurs pays »

Il va de soi que toute assistance apportée aux états souverains ne doit pas leur être imposée, mais doit être proposée en pleine conformité avec la charte des nations unies. En d’autres termes, tout ce qui est fait, tout ce qui sera fait doit l’être conformément aux normes du droit international et doit être approuvé et doit être appuyé par l’ONU. Tout ce qui va à l’encontre de la charte universelle doit être rejeté.

Et avant cela il est essentiel de reconstitué les structures gouvernementales en Libye de soutenir le gouvernement. (…) »

Le retour de la guerre froide et Ukraine

Ensuite Vladimir Poutine déplore la manière de penser bloc contre bloc comme au temps de la Guerre froide qui domine actuellement avec l’élargissement de l’OTAN. Tôt ou tard, selon lui, cette logique devait mener à une crise géopolitique, comme avec l’Ukraine où une guerre civile a été déclenchée. Il traite rapidement le sujet de l’Ukraine et de la révolution Orange orchestrée depuis l’extérieur, avec la volonté manifestée du respect des accords de Minsk et de tenir compte des droits des populations du Donbass pour que l’Ukraine soit un Etat civilisé, un maillon entre l’Europe et l’Asie.

« Un petit cercle d’amis décident en cachette »

Il déplore la façon sournoise qui transgresse les lois internationales concernant les sanctions unilatérales qui sont devenues la norme et servent à supprimer des concurrents. Des unions se créent, dit-il, sans consulter les habitants des différents pays. Tout se fait en cachette, on nous met devant le fait accompli. « Il s’agit d’un réel petit cercle d’amis qui décide »

La Russie propose d’harmoniser les différents projets économiques fondés sur des règles uniques.

Quant au changement climatique, nous voulons que la conférence sur le climat de Paris porte ses fruits, dit-il.(…)

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Ce discours de Vladimir Poutine, a été retranscrit au mot-à-mot, pour sa majeure partie, tel qu’il a été diffusé en direct selon la traduction orale instantanée de l’ONU. E.D.

LA censure en France est une réalité , la démocratie meure ... et la dictature financière à l'action Médias le Mag, l'interview avec Fabrice Arfi, membre du collectif inform...

samedi 3 octobre 2015

Et si l'on arrêtaient d'écouter les chiens de garde du systême /Quand la présidente de l’Argentine remet l’arrogant Barack Obama à sa place



Cristina Fernandez de Kirchner lors de son discours à l'ONU. Photo : ONULa présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner peut être considérée déjà comme la grande vedette de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Du point de vue des pays du Sud, sa déclaration – un discours d'anthologie – prononcée à cette occasion fera date. La présidente argentine a commencé par saluer comme étant un véritable «triomphe» la résolution de neuf principes fondamentaux concernant l’encadrement de la restructuration de la dette souveraine des Etats, adoptée par 136 voix, jeudi 10 septembre 2015, par l’Assemblée générale des Nations unies. C’est effectivement un triomphe pour l’Argentine, qui est à l’origine de cette résolution, mais également pour les 134 pays du G77 (133 pays + la Chine), concernés par la question de la dette et qui l’ont soutenue dans sa démarche. Et sans surprise, ce sont les mêmes, à peu près, qui ont voté contre les intérêts des pays du Sud : le groupe des «six contre» comprend l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, Israël, le Japon et le Royaume-Uni. La résolution stipule que «tout Etat a le droit souverain de restructurer sa dette souveraine, droit dont nulle mesure émanant d’un autre Etat ne saurait contrarier ou gêner l’exercice». La présidente de l’Argentine a énoncé les principes qui doivent régir les négociations et le règlement de la dette : le respect de la souveraineté des pays, la bonne foi, la transparence ou encore l’impartialité. Elle a rappelé l’épisode du défaut de paiement de l’Argentine, en 2001, causé par un endettement qui avait commencé en 1978 après le coup d’Etat. En 2001, trois ans successifs de récession avaient mis l’Argentine dans l’incapacité de rembourser une dette d’environ 100 milliards de dollars. Dans le combat qui opposa ensuite l’Argentine aux «fonds vautours», ces sociétés spécialisées dans la spéculation sur les créances douteuses, la justice américaine s’était placée aux côtés des fonds spéculatifs, contre l’Argentine. La présidente Cristina Fernandez de Kirchner a dénoncé «la logique capitaliste de ces «véritables prédateurs». «Si nous leur avions payé une partie de notre dette, nous nous serions retrouvés dans une situation terrible», a-t-elle déclaré. Elle a cité l’exemple des lois anti-fonds vautours adoptées en Belgique, et insisté sur le fait que l’Argentine est en train de rembourser sa dette à des fonds qui viennent d’«un pays qui promeut le rêve américain mais où 1% de la population détient plus de 30% de la richesse». A propos du nucléaire iranien, elle a révélé qu’un conseiller de la Maison-Blanche sur les questions nucléaires était venu en Argentine, en 2013, pour lui demander de fournir du combustible nucléaire à l’Iran. Elle avait exigé une demande par écrit et signée. Elle se demande pourquoi, maintenant que l’accord avec l’Iran a été signé, son pays ne pourrait pas signer un simple accord de coopération judiciaire avec l’Iran. Pour la présidente de l’Argentine, c’est de l’«hypocrisie dans les relations diplomatiques». Elle a évoqué l’affaire de l’attentat commis le 18 juillet 1994 à Buenos Aires contre un bâtiment abritant les institutions juives d'Argentine, tuant 85 personnes et faisant plus de 300 blessés. Elle constate avec étonnement que le jugement intervient avec 14 ans de retard, «au moment où on commence à avoir des informations sur les relations entre des éléments extérieurs et les fonds vautours». Elle demande «pourquoi l’agent du service des renseignements argentin qui était chargé de l’enquête au moment des faits se trouve maintenant aux Etats-Unis ?» Sur cette affaire, elle conclut qu’on ne peut plus continuer avec l’hypocrisie et les politiques de «deux poids, deux mesures», et parle d’«intrigues internationales dignes de John Le Carré». Les vérités dites par la présidente de l’Argentine ont dû écorcher les oreilles des représentants des pays occidentaux qui ont quitté la salle, habitués qu’ils sont à se boucher les oreilles pour ne pas entendre les vérités qui blessent.
Houari Achouri

jeudi 1 octobre 2015

Regardons un peu a quoi ressemble l'extrême droite aujourd'hui . Ne baissons pas la garde combattons la haine de l'autre


À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Pas facile de répondre. 
schema2015siteIl n’est pas toujours facile de s’y retrouver, d’autant que les positions idéologiques des uns et des autres ne peuvent plus suffire pour comprendre leurs liens, tant ces groupes sont capables d’alliance improbables ; leur importance numérique ou leur popularité sur internet peuvent, dans un sens comme dans l’autre, nous tromper sur leur importance réelle. Enfin, et c’est la tendance du moment, l’attitude ou la stratégie confusionniste de nombreuses formations rend encore plus difficile la lisibilité de ce milieu. Ainsi, pour mieux anticiper et combattre leurs actions et leurs idées, notre schéma propose des repères sur les différentes nébuleuses qui composent le mouvement nationaliste français, que nous avons grossièrement regroupés de la façon suivante :

Les institutionnels

Respectueux des règles de la démocratie représentative, invités par tous les médias, ils représentent la partie la plus «présentable» de l’extrême droite à laquelle ils se défendent par ailleurs d’appartenir.
La Droite Populaire a été créée par des parlementaires de droite (ayant souvent milité à l’UNI, au MIL ou au GUD), chargés de défendre une ligne « dure » au sein du parti de Nicolas Sarkozy. Elle a été supplantée par la Droite forte, un courant fondé par un ancien du FN et du MPF, avec pour slogan « Nous sommes fiers d’être Français, nous sommes fiers d’être de droite », majoritaire au sein de l’UMP, devenu les Républicains.
Le Front national est la principale formation d’extrême droite : fondée en 1972 par les néofascistes d’Ordre nouveau et d’autres groupuscules nationalistes, le FN est vite devenu « la chose » de son président Jean-Marie Le Pen. Au début des années 1980, il rassemble les différents courants de l’extrême droite, des plus traditionnels (catholiques intégristes, anciens collabos, partisans de l’Algérie française) aux plus radicaux (solidaristes, nationalistes-révolutionnaires, néonazis…). La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’au congrès de Tours de 2010, où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir des courants historiques du nationalisme français. Le FN dispose également d’une structure pour la jeunesse, le Front National Jeunesse, qui n’a plus la même dynamique que par le passé.
Crée en 2012, le Rassemblement Bleu Marine regroupe autour du FN de Marine Le Pen des groupuscules souverainistes comme le SIEL dans l’espoir à la fois d’élargir son audience électorale et de fondre le FN dans une structure plus large et passe-partout.
Sans réel succès sur le plan électoral, les mouvements souverainistes ont des stratégies variables à l’égard du FN : le SIEL a choisi l’alliance électorale, Debout la France (ex-Debout la République) de Nicolas Dupont-Aignan la refuse tout en se rapprochant de la Ligue du Sud, tandis que d’autres, comme l’UPR, joue la carte du confusionnisme.
Liste électorale créée en 2005 avec les Identitaires et des anciens du FN par l’actuel maire d’Orange, Jacques Bompard, membre fondateur du Front national, élu maire en 1995 sous l’étiquette FN (il a quitté le parti de Jean-Marie Le Pen la même année), la Ligue du Sud se caractérise par son implantation locale et sa fidélité à des positions nationalistes radicales.

Les modernes

Prétendant souvent rompre avec l’extrême droite traditionnelle, ils aiment brouiller les cartes et, amateurs de coups médiatiques, sont à l’aise avec les nouvelles technologies.
Version française du mouvement Kach du rabbin Khahane, la LDJ se distingue par sa violence et son soutien à l’extrême droite israélienne. Ses cibles favorites sont plus l’extrême gauche pro-palestinienne que l’extrême droite antisémite (exception faite de Dieudonné).
Issus d’Unité radicale, le Bloc identitaire tente depuis sa création de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle tout en recrutant parmi les jeunes nationalistes. Sans référence idéologique, il mise sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, est ainsi mise en avant lorsqu’il veut créer le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct : le rapprochement de leur leader Philippe Vardon et du FN, si il se confirmait, pourrait entraîner la dislocation des Identitaires.
Créé en 2007, Riposte laïque exprime son islamophobie sous couvert de défense de la laïcité. Il est aujourd’hui très isolé et donc prêt à toutes les alliances.
Le Mouvement d’Action sociale s’est développé dans l’ombre des mouvements nationalistes en mettant en place des structures comme la webradio Méridien Zéro, qui est aujourd’hui leur principale activité. Inspiré par les néo-fascistes italiens de Casapound, le MAS tente parfois de «s’inviter» dans les mobilisations d’extrême gauche ou, au prétexte de l’anticapitalisme, de jouer sur une certaine confusion, en particulier à travers sa revue Rébellion.
Fondé par Alain Soral en 2007, Égalité & Réconciliation avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais après l’échec de la liste antisioniste en 2009, ceux qui voulaient transformer E&R sont partis, et l’incohérence politique de Soral a fait le reste. E&R se caractérise essentiellement par son antiféminisme et son antisémitisme virulent, et n’est plus que le fan-club de Soral, et l’un des principaux relais de Dieudonné. Les deux guignols ont récemment lancé une structure pour retenter l’aventure électorale (et toucher de l’argent public), Réconciliation nationale.
Si le noyau dur de ce petit milieu n’évolue guère, le négationnisme peut remercier Dieudonné qui aura contribué à faire connaitre ses thèses délirantes et certains de ses auteurs comme Robert Faurissondevenu une « vedette » chez les troupes du pseudo-comique, ou encore à Vincent Reynouard qui a pu étendre son auditoire. Le noyau dur reste regroupé autour de listes de diffusion telle que « Bocage », et de rares publications ou catalogues de VPC.
Les thèses  conspirationnistes ne sont pas l’apanage de l’extrême droite, et certaines viennent même de la gauche. Mais elles fournissent  souvent des arguments aux fachos de toutes sortes, car derrière chaque conspiration ou presque se cacheraient  les « sionistes » (i.e. les Juifs) et/ou les impérialistes (le « grand Satan » américain), ce qui a permis ponctuellement des rapprochements contre-nature. Bien que d’aspect confus, le milieu conspi est organisé en  un réseau très dense d’individus et de groupes. On peut citer  le Réseau Voltaire, Re-Open911, Nouvelle Solidarité de J. Cheminade, Alterinfo…
Prétextant une information « plurielle » et la volonté de se démarquer des médias « officiels », des webTV se sont spécialisées dans les tribunes offertes à l’extrême droite. Loin d’offrir une information honnête, elles ne font que relayer ses contre-vérités racistes, et, plus grave encore, elles les légitiment en les mettant côté à côte avec quelques autres invités plus « progressistes ».

Les bourrins

Ces groupes obéissent à des logiques de bandes, souvent derrière un chef totémique : leur faiblesse numérique est compensée par un folklore provocateur et une violence assumée.
L’Œuvre Française (OF) poursuit sous ce nom ses (rares) activités depuis sa dissolution à l’été 2013. Des cadres de l’OF « infiltrés » dans le FN ont été victimes de la politique de normalisation de Marine Le Pen. Des militants de l’OF animent le CLAN (Comité de Liaison et d’Aide Nationaliste, qui soutien «leurs» prisonniers) et d’une structure féminine, Les Caryatides. Proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie Française, des antisémites et des catholiques intégristes, l’OF représente la branche «dure» de l’extrême droite française.
Pâle copie du mouvement étudiant né en 1969,  le GUD est mené à Paris par Logan Djian, et à Lyon par Steven Bissuel. En dehors de l’agitation dans leurs quartiers (comme dans le XVe à Paris avec son local Le Crabe-Tambour), l’activité du GUD se résume à des conférences et de rares manifs (comme le 13 mai à Paris) ou sorties pour aller voir leurs amis italiens de Casapound. A l’inverse, certains de leurs ainés tels que Frédéric Chatillon ou Axel Loustau sont devenus incontournables au FN depuis qu’ils sont en « affaires » avec le parti de Marine Le Pen.
La mouvance skin d’extrême droite connaît un regain d’activité par rapport aux années 2000. S’il n’existe pas à proprement parler d’organisation skinhead fédérant tous les groupes au niveau national, on retrouve plusieurs groupes qui se font remarquer par leur activisme politique. Depuis la dissolution des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub (qui s’est recyclé dans un club de bikers, les Praetorians), les skins d’extrême droite se sont de nouveau éparpillés dans la nature. C’est sans doute cette situation qui a provoqué un regain d’activité pour des mouvements comme Blood & Honour Hexagone ou lesHammerskins dont les activités sont plus mercantiles que militantes.
Né d’une scission du Bloc identitaire, le Réseau Identités se structure autour de la Ligue du Midi de la famille Roudier, dont l’activité est exclusivement locale.

Les anti-FN

Ces partis regroupent en grande majorité des déçus du FN, qu’ils espèrent reconstruire tel qu’il était dans les années 1980-1990.
Fondé en 2009 par Carl Lang, Le Parti de la France est le principal représentant des mouvements qui tentent d’incarner ce qu’était le FN des années 1980, c’est-à-dire une structure institutionnelle regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste, en regroupant les opposants de Jean-Marie Le Pen (puis de Marine Le Pen). Allié à la NDP et au MNR, ses résultats électoraux restent insignifiants, et sa composition militante a tout de l’auberge espagnole.
Ironie de l’Histoire, Jean-Marie Le Pen, le fondateur et président du FN pendant 40 ans s’est retrouvé en septembre 2015 mis au ban du parti par sa propre fille. À 87 ans, difficile de lui donner un avenir politique, mais peut-être sa personnalité lui survivra-t-elle pour donner lieu à l’émergence d’un courant concurrent du FN new look version Philippot.
Créé en 1994 et dirigé par Pierre Vial, (ex-FN) Terre & Peuple, mouvement racialiste et païen, permet aux nationalistes de se retrouver autour du feu.

Les nostalgiques

Ils rêvent au retour de la France éternelle, celle de la monarchie absolue, du droit divin et des traditions oubliées.
Les réseaux catholiques intégristes sont denses et complexes, et mériteraient un schéma à eux tout seuls. Civitas, proche des intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, en est la principale organisation d’agitation politique. De même la plupart des organisations anti-IVG, trop nombreuses pour toutes apparaître ici, sont en contact avec des groupes nationalistes. Leurs principales activités sont les « Marches pour la vie » et les prières devant les centres IVG organisées par SOS Tout Petits.
Collectif au service d’une idéologie réactionnaire soutenue par la droite catholique, la Manif pour Tous a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Mobilisé sur le thème de la défense de la famille traditionnelle et de l’homophobie, ses militants sont invités à privilégier l’entrisme, en particulier au sein de la droite traditionnelle. Une scission en 2013 de ses éléments les plus radicaux a donné naissance au Printemps français aujourd’hui moribond.
Lancée il y a peu, SOS Chrétiens d’Orient réussi grâce à une thématique très actuelle à diffuser ses idées et son travail auprès, tant chez les Identitaires que les cathos tradis, et jusque dans les rangs de l’assemblée nationale où la cause des chrétiens d’Orient est portée par quelques élus.
Créée en 2005 et dirigé par Thibault de Chassey, le Renouveau français a rompu avec le FN et s’est rapproché de l’Œuvre française. Le RF s’est doté sur Paris d’un point d’ancrage et de diffusion avec l’ouverture de la Librairie française à Paris.
Né à la fin du XIXe siècle, l’Action française est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF, présidé par S. Blanchonnet, organise aujourd’hui quelques rassemblements ou des débats. Il arrive que ses militants fassent les gros bras pour protéger des personnalités d’extrême droite, comme Alain Soral ou le maire FN de marseille Stéphane Ravier.
6) Surtout présents dans le Sud-Est, les nostalgiques de l’Algérie Française ( Adimad, qui regroupe des anciens de l’OAS, ainsi que le Comité Véritas, le Cercle Algérianiste, Jeune Pied-Noir …) peuvent localement représenter un lobby nationaliste non négligeable.