dimanche 5 février 2012
Xavier Mathieu : "Ce sont des vautours. Mais les vautours se nourrissent de proies mortes et je ne suis pas encore mort !"
Xavier Mathieu : "Ce sont des vautours. Mais les vautours se nourrissent de proies mortes et je ne suis pas encore mort !"
Ce sont les mots prononcés hier par Xavier Mathieu. Car le combat contre le refus de donner son ADN reste apparemment central pour le pouvoir et la justice de classe, et il a finalement été condamné en appel.
Mais ces mots prononcés à l’annonce de sa condamnation et sa déclaration lors de l’audience de janvier restent la meilleure et la plus belle des réponses.
Déclaration de Xavier Mathieu. Le 4 janvier 2011
"Ce qui me conduit aujourd’hui devant ce tribunal est le simple fait d’avoir refusé au nom de mes droits et de mes libertés individuels de me soumettre à un test ADN dont le seul but est d’aller agrandir un fichier prévu au départ pour les violeurs, pédophiles et criminels en tout genre, et élargi en 2003 par Sarkozy à tous les délits pénaux et rendant coupable et condamnable tout militant syndical mais aussi associatif et politique dans le seul but, vous l’aurez compris, de pouvoir continuer sa politique sécuritaire, totalitaire et liberticide au service des capitalistes, patrons de multinationales, des banquiers et autres escrocs de la spéculation". Je vous ai dit tous les délits pénaux. Pardonnez mon erreur, sauf un, les délits financiers. Et bien oui, vous comprendrez bien que ces gens, ainsi que les puissants dont ils sont à la botte, n’allaient pas prendre le risque de se mettre dans la merde avec leur propre loi.
Je suis syndicaliste et fier de l’être. Et cette criminalisation est un amalgame dangereux et insupportable pour le militant syndical que je suis depuis plus de vingt-cinq ans. Agir dans la désobéissance civile est pour moi une nécessité et un acte de résistance vital. C’est exactement ce qu’a reconnu le tribunal de Compiègne en me relaxant, en considérant que les manifestations des travailleurs pour défendre leurs droits, y compris celle de la sous-préfecture, ne pouvaient être assimilées à un délit, et refusant dans le même temps de me juger comme un délinquant.
C’est pour cela justement que je m’oppose à cette loi inique car je refuse d’être montré comme un délinquant, dont le seul délit est d’avoir défendu nos emplois, nos droits et une seule chose que nous possédons tous, nous, notre dignité.
Mais l’Etat a décidé de poursuivre cet acharnement judiciaire à mon égard en faisant appel de cette courageuse décision sans tromper personne. Nous savons tous qu’en s’attaquant à un des porte-parole des ouvriers de Continental, ils tentent de leur faire payer à tous d’avoir osé relever la tête, d’avoir été au combat et d’avoir réussi à les faire plier ainsi que les dirigeants voyous de cette multinationale qui n’ont eux jamais été inquiétés par la justice.
Le combat aujourd’hui n’est pas seulement celui de Xavier Mathieu, ni même uniquement celui des Conti, mais celui de la survie du droit de lutte syndical, associatif, politique, du droit à la contestation, celui de la résistance, du refus de la résignation. Nous devons nous battre contre cette loi qui n’a pour seul but suprême que d’anéantir la véritable identité française dont je revendique notre tradition révolutionnaire, ce formidable pouvoir de résistance exercé par nos aïeux lors de la Commune de 1871 dont nous avons fêté les 140 ans en 2011, les résistants de la Seconde guerre mondiale qui ont battu, combattu le fascisme et le nazisme, dont l’odeur nauséabonde nous remonte dans les narines ces temps-ci, ceux du Conseil national de la résistance, ceux de 36, de 68, ceux du Larzac, de Plogoff, de la sidérurgie, des Chaussons, des mineurs, des agents de sécurité de Roissy, etc, etc ...
La défense de cette jurispridence du tribunal de Compiègne doit être protégée et confirmée ici par le tribunal d’Amiens. C’est pour cela que nous avions fait appel aussi à toutes les directions syndicales de ce pays. Les absents ne l’ont sûrement pas compris.
En tant qu’humaniste, je suis dans l’obligation de me poser cette question qui m’horrifie et me hante : il existait déjà ce genre de fichier durant la seconde guerre mondiale où y étaient inscrits les tziganes, les rroms, les juifs, les communistes, les homosexuels. Et quand on sait le sort réservé à ces populations, qu’aurait fait Hitler avec ce genre de fichiers entre les mains ? Serions-nous tous blonds aux yeux bleus ? Lorsque l’on sait aujourd’hui grâce à des travaux et des témoignages comme celui qui va être fait à la barre à mon procès aujourd’hui par Catherine Bourgrain, généticienne à l’INSERM, qu’il est possible par ces prélèvements de définir les origines géographiques et dans le même temps la couleur de peau des personnes prélevées et aussi leurs futures maladies potentielles, qui nous garantit que ces fichiers ne tomberont pas dans les mains un jour de partis fascistes ou dans les mains de compagnies d’assurance qui se garantiront de n’assurer que des personnes sans risques ?
La seule véritable façon d’arrêter cette procédure ainsi que toutes celles de mes camarades en bagarre en France et en outre-mer, victimes des mêmes attaques est de supprimer ou changer cette loi. Il faudra pour cela être des millions de personnes dans la rue, pour l’exiger ou bien que ceux qui les votent et les mettent en place, s’engagent à le faire, je parle bien entendu des politiques élus, c’est pour cela que nous avons fait appel à tous les présidentiables de 2012 de sensibilité de gauche. Presque tous ont répondu présents.
Le combat des Conti a été qualifié en France d’exemplaire par les travailleurs et les observateurs. Il a été aussi pour plusieurs raisons connu et inconnu de tous. Mais la raison suprême était que nous avons su au coude à coude créer un front commun avec nos ressemblances et surtout nos différences, même parfois de taille.
Amiens, 4 janvier 2011. Xavier Mathieu.
Déclaration avant son entrée au tribunal lors du procès en appel pour son refus de donner son ADN
Transcrite par linter.over-blog.com linter estime que cette déclaration est exemplaire. Nous en avons fait la transcription à partir de la vidéo de Mourad Laffitte,
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