jeudi 16 juin 2016
Soyons clairs : la fébrilité de l’exécutif se transforme en autoritarisme que ne renierait pas la droite extrême
Tout auditeur de France Inter, hier, a dû se demander dans quel pays il vivait en ce moment et qui était donc ce premier ministre à la haine si tenace que chacune de ses phrases nous renvoyait aux pires époques de notre histoire contemporaine
Tout auditeur de France Inter, hier, a dû se demander dans quel pays il vivait en ce moment et qui était donc ce premier ministre à la haine si tenace que chacune de ses phrases nous renvoyait aux pires époques de notre histoire contemporaine. Le visage de Manuel Valls était fielleux. Quant aux mots qui accompagnaient son attitude gestuelle empreinte de morgue, ils portaient la marque de la bassesse, de l’infamie et du déshonneur. Au lendemain d’un puissant défilé, qui a un peu plus isolé le gouvernement dans son absurde guerre de tranchées à vouloir imposer coûte que coûte la loi travail en l’état, l’acharnement de Valls à associer les manifestants aux casseurs a pris cette fois des allures inacceptables. Car enfin ! ces bandes de casseurs, organisés et repérés de longue date, ont pu semer la violence quasiment sans entrave, s’attaquant même à l’hôpital Necker, où, entre parenthèses, les employés subissent eux aussi les effets de l’austérité. La CGT et les autres syndicats sont-ils responsables de ces agissements, comme ne cesse de le répéter le gouvernement dans le seul but de discréditer le mouvement social dans son ensemble ? Que faisaient les pouvoirs publics, capables de pourchasser les hooligans aux abords des stades, mais pas quelques dizaines d’illuminés connus et coupables d’actes inadmissibles ? Concernant « sa » police, M. Valls ne s’explique pas. Mais ce n’est pas tout. Répondant à un auditeur qui s’étonnait de son animosité envers la CGT, l’hôte de Matignon osa le parallèle entre la mort atroce des deux policiers et le conflit social en cours. Une instrumentalisation scandaleuse et irresponsable. Indigne de la fonction.
Soyons clairs : la fébrilité de l’exécutif se transforme en autoritarisme que ne renierait pas la droite extrême. La preuve ? Valls d’abord, puis François Hollande en personne, ont ainsi suggéré l’idée qu’ils puissent désormais interdire les manifestations. Toutes les barrières sont éventrées. Porter atteinte au droit constitutionnel de manifester serait en effet l’apogée de la criminalisation syndicale – vieille pulsion de destruction du syndicalisme de classe. Hollande et Valls se disent prêts à renoncer aux principes républicains. Ils sont devenus fous !
Jean-Emmanuel Ducoin
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