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jeudi 8 décembre 2011
Marasme sociétaire pour une gouvernance mondiale: Il n’y a pas de solutions au sein du système pour un renouveau social
Par Résistance 71
Le 8 Décembre 2011
Crise financière et économique, guerres impérialistes, néo-colonialisme, destruction des sociétés, détournement de la science, muselage de l’information, propagande éhontée et fabrication du consensus du statu quo pour la domination sans conteste (jusqu’ici…) du plus petit nombre sur la vaste majorité.
En cette fin d’année 2011, il est important à notre sens de faire un état des lieux de ce marasme sociétaire dans lequel nous sommes forcés de vivre afin d’analyser et de comprendre les défis qui nous attendent, nous, le(s) peuple(s) si nous voulons sortir de l’engrenage du “cercle de la fatalité socio-économique” induit qu’on nous impose depuis des siècles, ce qui a construit dans la psychée de l’animal social que nous sommes, un conditionnement pavlovien aux stimulii de pseudo-sciences qu’on nous sert depuis plus de deux cents ans entre le malthusianisme bon teint et le darwinisme-social béat.
La fin du XXème et le début du XXIème siècles ont vu l’accélération de la déliquescence totale de nos sociétés, la recrudescence des disparités sociales et l’asservissement plus avant de la vaste majorité à la plus petite minorité dont l’idéologie des intérêts particuliers converge avec l’idéologie de la domination absolue par la concentration ultime du pouvoir économico-politique en le moins de mains possible.
Qu’en est-il ? et que pouvons nous faire pour non pas retrouver (les peuples n’ont jamais été libres…), mais acquérir enfin la Liberté dont on a tant parlé sans jamais l’approcher ?
C’est ce que nous nous proposons de voir ici le plus succintement possible. Cette réflexion n’est évidemment pas une recette miracle et nous n’avons certainement pas la prétention de détenir “la” solution infaillible” pour l’humanité. A la lumière de l’Histoire et en référence à des idées déjà en cours depuis près de deux cents ans, nous ne faisons que pointer vers une direction qui semble être la plus viable possible pour le commun des mortels.
Nous n’allons pas ici entrer dans le détail du cataclysme sociétaire qui suit son cours ni son pourquoi. Ce blog, parmi tant d’autres, diffuse quotidiennement son lot de preuves pour la dénonciation des turpitudes et des inepties oligarchiques. Voyons où nous en sommes succintement afin de nous attarder un peu plus cette fois sur la solution possible à l’extinction planifiée d’une grande partie de l’humanité par “l’élite oligarchique autoproclamée”.
Il devient de plus en plus évident même aux plus incrédules et aux plus optimistes, que la dernière crise financière en date, celle de 2008, qui a dégénérée depuis en crise économique nous menant vraisemblablement à la plus grosses dépression de l’histoire, est une crise programmée, pilotée et téléguidée (du moins dans ses grandes lignes), depuis les bureaux feutrés des pontes de la haute finance internationale.
Il y a eu des précédents durant l’époque napoléonienne, puis dans les années 1870, puis 1910, puis 1929, puis 1973, puis milieu des années 1980, pour terminer en cette apothéose, mère de toutes les crises qui signera sans nul doute l’arrêt de mort du capitalisme du moins tel que l’oligarchie le désire.
Il est à noter que chaque grande récession / dépression financière et/ou économique dans l’Histoire a été suivie d’une grande guerre, et ce depuis au moins les guerres napoléoniennes, qui furent financées des deux côtés par les mêmes banques, il en va de même pour tous les grands conflits depuis lors.
La finance conspire disait Abraham Lincoln, c’est une évidence depuis des générations. Il est factuel de longue date que les cartels de la haute finance et de la grosse industrie internationaux œuvrent pour la centralisation optimale des capitaux et donc du pouvoir en le moins de mains possible.
La concurrence est un pêché disait John D. Rockefeller. Sa famille et les autres familles de “puissants” ont travaillé d’arrache-pied depuis quelques siècles pour concentrer le pouvoir et donner l’illusion d’une concurrence loyale des marchés, tout comme l’illusion d’une démocratie au fil du temps et qui n’est lorsqu’on gratte le vernis de la surface, qu’une forme de dictature douce, subtile et infantilisante; ce par contraste avec les dictatures dures créées à la fois pour générer du profit (il est lucratif d’entretenir et de développer les dictatures…) et aussi conforter les peuples divisés dans l’illusion entretenue de la “démocratie” capitaliste.
La haute finance a financé les deux côtés de toutes les guerres depuis au moins les guerres napoléoniennes lorsque les Rotschild de France finançaient Napoléon et les Rotschild d’Angleterre finançaient la couronne et le duc de Wellington.
Il en a été de même pour la guerre de 1870, puis les deux guerres mondiales (les Rotschild n’étaient alors plus les seuls à la manœuvre… se référer à ce sujet à notre traduction du professeur Sutton: “Wall Street et la montée d’Hitler”).
Les guerres ne sont que la prolongation de la politique disait von Clausewitz, nous pourrions même rajouter “de la politique… de marchés” tant il est évident que pouvoir économique et pouvoir politique sont étroitement liés, à tel point que depuis le déclanchement de la campagne néolibérale mondiale menée tambours battants par les deux précurseurs politiques anglo-saxons à la solde des cartels financiers et de l’industrie: Ronald Reagan aux USA et Margaret Thatcher au Royaume-Uni, nous pouvons même aujourd’hui affirmer sans crainte de nous tromper tant les preuves sont quotidiennement tangibles, que le pouvoir politique (la gouvernance des nations), est complètement assujettie au pouvoir économico-financier. Le monde aurait dû se méfier quand des gens comme Nelson Rockefeller aux Etats-Unis devînt vice-président (sous Gerald Ford) ou Georges Pompidou ancien fondé de pouvoir de la banque Rotschild, devînt président de la république française… Près de quatre décennies plus tard, Goldman Sachs dirige le monde, place ses exécutifs à la tête des états européens, dirige le brain trust du président des Etats-Unis (Obama) et personne n’y trouve rien à y redire.
La crise financière devient une crise économique, qui génère des tensions sociales. Ceci est un scenario classique déjà vu à maintes reprises. Historiquement, ceci a toujours mené à une guerre souvent mondiale ou du moins de grosse importance, car la guerre est très lucrative pour la plus petit nombre et reconcentre le pouvoir économico-politique. Est-ce si surprenant d’entendre les bruits de bottes que nous entendons depuis des mois ?… Non, surtout venant de la part du nouvel empire malfaisant constitué de l’axe anglo-saxon et satellites affiliés. Ces dix dernières années, utilisant les attentats du 11 Septembre planifiés à cet effet, l’empire anglo-saxon et ses groupies sionistes, ont poussé le monde dans le conflit des civilisations, dans un élan néo-colonialiste dont le but avoué (les idéologues néo-conservateurs l’ont écrit à maintes reprises) et le démantèlement de la société actuelle afin de lui substituer une gouvernance mondiale, un gouvernement unique géré par les représentants des cartels privés de la finance et de l’industrie, ce qu’ils appellent le Nouvel Ordre Mondial qui enterrera le mode de vie actuel afin de voir s’épanouir une société fasciste supra-nationale planétaire toujours au profit et sous le contrôle absolu du petit nombre… Un mélange du “1984” d’Orwell et du “Meilleur des Mondes “ d’Huxley à la sauce Rockefeller, Rotschild.
Nous sommes en phase d’accélération de la phase de métamorphose de la société humaine sous l’impulsion de psychopathes avérés qui ne reculerons devant rien pour parvenir à l’avènement de leur délire eugéniste planétaire. Le petit nombre en charge des cartels financiers et industriels a passé les consignes pour l’effondrement total de l’économie mondiale (la crise téléguidée a maintenant été exportée avec succès en Europe et sa zone Euro par le biais des marchés dérivatifs et de leurs banques zombies), qui amènera à de grands mouvements de mécontentement social surtout de la part de la classe moyenne occidentale qui disparait comme neige au soleil et vraisemblablement quasi-simultanément à un conflit majeur prenant ses racines au Moyen-Orient (Syrie, Iran) ou en Asie du Sud (Pakistan) et qui impliquera d’une manière ou d’une autre les grandes puissances de l’empire impérialistes (Etats-Unis, Royaume-Uni, nations de l’OTAN satellites de l’empire et Israël le trublion gendarmesque créé après la seconde guerre mondiale pour garantir le chaos nécessaire en zone pétrolière pour empêcher une unification géopolitique contre l’empire naissant…).
Le mouvement d’occupation de Wall Street et les indignés londoniens viennent d’être promus au rang de “terroristes domestiques” par les autorités fascistes de l’empire, les Etats-Unis font passer des lois liberticides comme jamais, les camps de détention / concentration de la FEMA sont en passe d’être mis en état d’alerte opérationnelle de 72 heures, la réthorique diplomatique entre l’empire et l’opposition sino-russe est revenue comme aux plus belles heures de la guerre froide, la tension internationale monte, l’ingérence impérialiste dans les affaires de nations souveraines (Syrie, Iran et maintenant Russie depuis les élections législatives qui signale le retour craint par l’oligarchie transnationale de Vladimir Poutine aux affaires…) bat son plein. Nous sommes sujet en tant que peuples à des attaques socio-économiques permanentes et dévastatrices par des politicards totalement assujettis au pouvoir financier de l’ombre, attaques qui visent à nous diviser plus avant, à nous contrôler et aussi à nous provoquer…
En ce sens, l’histoire nous a prouvé sans conteste possible que les révolutions violentes n’ont rien amenés de progressiste dans nos sociétés. La Grande Révolution française de 1789-1793, la révolution de 1848, la révolution russe de 1917 n’ont été que des révolutions bourgeoises qui écartèrent le peuple et le pouvoir populaire très vite pour laisser place libre à une nouvelle aristocratie toujours à la solde des marchés et donc des banquiers. Après avoir analysé l’histoire, il est devenu évident que notre problème à nous les peuples, est un problème systémique. En effet, quelque soit le ‘système” mis en place: monarchie, monarchie constitutionnelle, république en mode de “démocratie parlementaire”, le pouvoir est toujours centralisé aux mains du petit nombre, tous des aristocrates de “droit divin” ou de “droit constitutionnel”, ce qui n’est de fait qu’un outil de validation de la caste dirigeante qui est au service non pas des peuples et du bien-être commun, mais des marchés, du profit et des intérêts du petit nombre et qui garantissent une “rente d’état” à ses serviteurs obédients.
Réalisons et acceptons une fois pour toute l’évidence historique:
Il n’y a pas de solution au sein du système !
Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais… Continuer à y croire est soit bien naïf ou soit bien complice…
Pourquoi ? Parce que le système étatique est fondé sur la centralisation du pouvoir politico-financier dans les mains du plus petit nombre en créant (ou non dans le cas de la monarchie non constitutionnelle) une illusion de “démocratie”. L’état et ses fonctionnaires possèdent le sous-système inhérent coercitif pour faire respecter le consensus du status quo oligarchique.
Avec le temps, on nous a fait croire par amalgame que la “démocratie” était le droit des peuples à déléguer leur pouvoir à une “élite” auto-proclamée clamant qu’elle guidera le peuple ignorant vers la lumière de la civilisation. Tout cela coûte de l’argent, donc le citoyen pour le système a été réduit à cette entité d’électeur et de travailleur obéissant qui paie ses impôts. Un lavage de cerveau en règle qui opère ses charmes pour le plus grand bien des oligarques depuis des générations.
Quelle serait la solution alors ? Loin de nous l’idée d’avoir la “science infuse” et de promouvoir LA solution unique au problème qui se pose aux peuples depuis bien des générations. Nous ne ferons ici que brosser une ligne directrice, car la flexibilité est un facteur déterminant pour pouvoir efficacement s’adapter. Du reste, cela fait partie de la nature humaine avec la solidarité et la coopération; c’est notre faculté d’adaptation phénoménale en rapport à notre intelligence qui a fait de nous les humains les survivants que nous sommes dans une nature à la base plus hostile que coopératrice à notre égard. Tout le règne animal est fait d’adaptation, de coopération et de solidarité, qui comme l’a si bien analysé Pierre Kropotkine en réaction à la pseudo-science du darwinisme-social créée à dessein au XIXème siècle pour mieux convaincre les peuples à accepter leur condition de serfs modernes, a plus aidé les espèces à évoluer et à survivre que le sempiternel concept de la “survie du plus apte”, illustration s’il en est du détournement de secteurs de la science afin de cadrer la “science sociale” dans une forme idéologique endoctrinant le public dans une ligne directrice fataliste et négative.
La solution serait donc de sortir du système, sans en créer un autre aussi monstrueux; en fait tout système basée sur l’autorité est voué à la corruption, ce n’est qu’une question de temps et donc arrêter de le cautionner et en sortir par le mode de l’auto-gestion et de l’association libre fédérée semble être la solution à développer plus avant à partir des brouillons de ce qui a déjà été historiquement fait (les cités médiévales fédérées du XIème au XVIème siècles telles Laon, Gênes, Florence, Novgorod, Nüremberg; la commune de Paris de 1871, Kronstadt 1921, la révolution espagnole de 1936-1939 et l’expérience libertaire espagnole de 1868 à 1939, les kiboutz israéliens et autres expériences alternatives autogérées plus récentes).
L’idée est d’en sortir par la base, localement, sans haine ni violence. A cet effet, l’entrée en autogestion à un niveau local, en refusant toute hiérarchie coercitive et par essence corrompue, paraît être d’une logique fracassante.
Qu’est-ce que l’autogestion ? C’est la prise de contrôle directe par l’ensemble de la population des moyens de productions, de services et de distribution. Cela peut et doit se passer au niveau des lieux de travail (gérés dès lors par des assemblées générales de travailleurs, employés non plus du capital mais de la communauté), puis simultanément au niveau des communes.
L’idée est que l’ensemble de l’activité sociale de la population ne serve plus comme c’est le cas maintenant à enrichir une petite partie de la population qui détient richesse et pouvoir politique qu’elle a fini par acquérir à terme, mais qu’elle serve à ne satisfaire que les besoins et les désirs de l’ensemble de la population sur une base égalitaire.
L’appareil d’état n’est que l’outil de la centralisation qui assure une cohérence du système en dominant de manière centralisée l’ensemble de la société. Ceci est donc le verrou qu’il faut faire sauter au moyen de l’autogestion, de la fédération des associations libres de citoyens et de mesures d’action directe telle le boycott et la désobéissance civile. Cela commence au niveau local pour rayonner par l’exemple dû au succès sur l’ensemble d’une région, puis d’une “nation”.
Ce rayonnement autogestionnaire et égalitaire ==> CONTRE-POUVOIR
Les citoyens de la nouvelle société libertaire et égalitaire en marche créent eux-mêmes le contre-pouvoir non-violent nécessaire à miner le système oligarchique de l’intérieur. Il ne dépend en aucun cas de partis politiques, ni de délégation de pouvoir à des représentants qui se corrompent toujours à terme. Il s’agit ici de forces sociales vives, dynamiques, qui n’œuvrent que pour le bien commun de tous et non pas pour le profit.
A un moment donné, par effet de rôle modèle et boule de neige, ce contre-pouvoir autogestionnaire devient une force quasi équivalente, voire supérieure à la structure obsolète et corrompue de l’état et de ses institutions, la cassure sans retour peut donc s’opérer avec un minimum de violence, car le système aura été affaibli par un travail d’érosion socio-politique de la société nouvelle qui vivra en parallèle en ignorant tant que faire se peut l’ex-normalité sociale, boycottera les institutions, le vote, l’impôt etc; ce qui ne permettra plus au système d’affermir son hégémonie. Il sera socialement et politiquememt anémié, toujours plus de citoyens rejoindront la nouvelle forme de société jusqu’à ce que l’ancien régime tombe comme un fruit trop mûr, même s’il faudra sans doute un peu l’y aider…
Bien sûr il y aura des formes de résistances au départ, tout le monde ne sera pas enclin à “lâcher-prise” d’avec un système qui nous a été inculqué comme étant inéluctable et la “seule forme” viable sociétaire pour l’humanité; mais le sucès des communes libres et autogérées fera se rallier à échéance, volontairement la très vaste majorité des gens. Les laissers pour compte seront les capitalistes, la caste de privilégiés qui s’acrochera à ses privilèges, mais qui tombera, sa ligne de survie, son cordon ombilical la reliant à son hôte qu’elle parasite depuis quelques générations, rompu à tout jamais.
A ce moment précis: le CONTRE-POUVOIR ==> DOUBLE POUVOIR
Ce sera alors la force créative de ce double pouvoir constitué qui balaiera sans pratiquement aucune violence l’ancien régime asphyxié. La société fraîche et alternative plaçant l’humain dans son rapport avec autrui et la Nature avant tout, renverse l’état et ses institutions, les institutions privées et s’y substitue dans l’autogestion de la société.
Nous pensons que la crise économique actuelle, le cadre socio-politique induit par cette situation sur un plan global produisent une fenêtre d’ouverture propice à l’émergence d’une société alternative libertaire. En effet, qu’y a t’il de plus à perdre ? cessons d’avoir peur. Ce n’est pas une solution de désespoir, mais une perspective rayonnante d’avenir libertaire pour une société émancipée et réellement progressiste, c’est à dire œuvrant solidairement pour le bien commun de toutes et tous.
Il y a déjà un vaste mouvement de compréhension et de réveil planétaire sur ce qui nous entoure et la façon dont nous, les peuples, avons été manipulés depuis bien longtemps. Une conscience sociale et politique est en train de (re)naître, ce qui nous amènera à la renaissance du désir de lutter, de nous révolter contre l’injustice et l’absolutisme fabriqué de toute pièce et imposé à nos consciences par une cabale de parasites, passée maîtresse avec le temps, en ingénierie sociale à son seul profit.
Ceci dit, la prise de conscience individuelle et collective, même manifestée physiquement dans la rue comme le montre le mouvement des “indignés” un peu partout en occident et le mouvement “d’occupation de Wall Street” qui s’est étendu de New York à la vaste majorité des villes principales des Etats-Unis (que nous avons sur ce blog requalifiés du vocable du “pays du goulag levant”, tant la décrépitude socio-politique et l’immoralité de sa classe dirigeante dominante bipartite factice fait sombrer cette nation dans les abîmes nauseabonds du totalitarisme, le premier déclaré à si grande échelle de ce début de XXIème siècle), se doit d’articuler de l’individuel au collectif un mode d’action directe (non-violent certes) afin à la fois de poser les bases d’une société autogestionnaire et en même temps de miner le système actuel de l’intérieur.
L’action directe est essentielle à la prise de conscience. Sans action, un mouvement s’enlise. La pensée critique aide à formuler des plans d’action qui doivent être implémentés afin d’aller de l’avant. En d’autres termes, un mouvement révolutionnaire si pacifique soit-il se doit de se conformer à une praxis (réflexion + action collectives). Ceci ne doit pas être fait par des leaders porteurs d’une idéologie, encore moins par un “parti d’avant-garde” représentant soi-disant (décidément c’est une manie…) les “intérêts révolutionnaires du peuple”; mais un mode d’action collectif doit être décidé afin de mettre en action une société alternative qui séduira les populations par ses buts et sa pratique sociale autogérée et égalitaire. En ce sens, le “démantèlement volontaire” du mouvement espagnol des “indignados” il y a plusieurs mois, pour permettre de mettre en action les décisions prises au niveau collectif durant la période de réflexion que fut l’occupation de la Puerta del Sol à Madrid, fut une très bonne chose. Le mouvement ne s’est pas arrêté, il a muté du collectif centralisé à Madrid à la décentralisation locale et régionale. Depuis cet essaimage, beaucoup d’expériences alternatives ont été faites localement, les citoyens espagnols dans de nombreux cas ont développé une société parallèle qui vit pour et par elle-mème de manière autogérée et progressiste. L’effet boule de neige dans une crise grandissante n’est plus qu’une question de temps.
Une chose est certaine, la société est changerante, flexible et maléable, ainsi doivent-être les individus qui la composent.
Nous n’aborderons pas ici les problèmes de détail d’organisation qui bien sûr sont multiples, allant de l’organisation du travail, à la distribution des produits, en passant par la question du salariat (faut-il le garder ou pas ?), du mode d’échange et donc de l’argent, de l’éducation, de la santé. Essentiellement tout ceci se résoudra dans la pratique avec un minimum de flexibilité, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faudra pas en discuter au préalable.
Le but d’une solution alternative n’est bien évidemment pas de retomber dans les travers de corruption du passé. Il émerge donc certaines ligne de conduite relativement incontournables, qui ne sont en rien dogmatiques, mais issues bien au contraire du bon sens et de l’observation de l’Histoire. La société alternative ne peut être qu’anti-autoritaire, c’est à dire sans hiérarchie et ne pourra pas se reconstituer de manière pyramidale comme cela est le cas actuellement et ce depuis la nuit des temps; elle sera autogérée et se dirigera elle-même par le moyen de l’association volontaire et de la fédération de groupes d’associations volontaires (qui verra la nécessité de la création de certains comités pour la résolution de problèmes majeurs, mais ces comités ne siègeront pas en permanence, seront composés de rapporteurs contrôlés par la base et au mandat limité et immédiatement révocable par leur base, ces rapporteurs n’auront aucun pouvoir décisionnaire n’étant que la voix et les oreilles de leur base locale); essentiellement c’est la base qui dirigera la société de la vie locale vers la fédération plus large. Le pouvoir sera de facto exercé par les assemblées de travailleurs avec une double vocation:
De ce fait nous assisterons à une transformation ultime du pouvoir: contrairement à la tendance actuelle qui se dirige derechef vers unNouvel Ordre Mondial qui ne sera ni plus ni moins qu’une gouvernance mondiale fasciste (au sens mussolinien du terme, à savoir celui de la fusion de l’état et des cartels industriels) supranationale dirigée par les représentants des cartels de la haute finance et de la grosse industrie, qui ne prendrons des décisions que pour la satisfaction de leurs besoins et désirs particuliers au détriment de la population mondiale, qui sera réduit à une forme de servage du XXIème siècle, fonctionnant dans une société néo-féodale post-industrielle totalitaire et répressive; la société alternative qui se doit d’émerger du marasme actuel, verra le pouvoir de fait collectivisé à la base de la société entière, de manière décentralisée et organisée en assemblées de travailleurs éduqués et ouverts aux changements pernanents de la société qui jamais n’est figée, puisque résultant de la dynamique sociale du peuple mondial en action solidaire et unifiée.
Ainsi les pouvoirs de l’état et du capital disparaissent au profit du pouvoir des travailleurs œuvrant communément pour le bien de la collectivité mondiale.
La société évolue alors vers l’émancipation au moyen d’un socialisme autogestionnaire, où chaque unité de base est dirigée par ses membres (lieux de travail, quartiers, communes, fédérations…) et où la société atteint un haut niveau d’autogestion ne nécessitant plus aucune mesure autoritaire et coercitive pour assurer le fonctionnement de la société.
De ce fait, la société nouvelle est aussi capable d’adresser le nœud gordien de l’inégalité mis à jour par Proudhon: la propriété. En effet, la société libertaire autogérée substitue à la propriété privée et étatique (et donc à la source profonde de l’inégalité sociale) des capitalismes libéral et étatique, une forme de jouissance collective de l’ensemble de la production générée par tous les membres de la société, dont les unités de production, de services et de distribution sont confiés aux travailleurs qui les autogèrent tout en y étant eux-mêmes employés et au service de toutes et tous. Ceci aura pour résultat direct la disparition des rapports de domination et de classes entre les humains et verra l’avènement d’une société enfin éclairée et émancipée, reconstituant de fait la communauté humaine jadis artificiellement divisée.
Une des critiques la plus souvent faite au concept de la société autogestionaire est celle, entr’autres, de la difficulté de déterminer quels sont les besoins réels de la population et de qui décidera de cet état de fait. Comme pour beaucoup de choses, il faudra être flexible; car cela ne peut pas être déterminé a priori. Tout dépendra de la vie des gens, et les gens ne désireront pas forcément vivre en “Europe” comme en “Amérique du Sud”, de plus dans une société qui ne sera plus fondée sur le profit (donc l’induction de rareté de produit ou de technologie prohibitive), les inovations techniques et technologiques, sous l’impulsion d’une science qui retrouvera toute sa fonction créatrice et objective, créeront de nouvelles possibilités. Quoi qu’il en soit le marché lui-même en sera transformé puisque non plus fondé sur le profit mais sur la satisfaction complètement décentralisée des besoins et désirs de l’ensemble de la société.
Cette décentralisation forcera le pouvoir à être en résidence à la fois sur le lieu de travail et sur le lieu de résidence, dans les quartiers, tous parties intégrantes de communes libres, autogérées et ultimenent fédérées entr’elles.
Cela laisse bien sûr ouvre sur un certain volume de questions théoriques et pratiques, qui pour l’essentiel seront résolues comme nous l’avons vu dans la pratique même de l’autogestion. Rien n’arrive du jour au lendemain, mais ce modèle sociétaire ainsi que tout dérivé constructif en découlant ne peuvent qu’enfin ouvrir la voie vers l’émancipation sociale des peuples, du peuple du monde, tant attendue depuis des générations.
Rien n’est inéluctable sauf la mort. Nous ne sommes en aucun cas obligés de nous conformer à la mascarade de société qu’on nous impose depuis bien trop longtemps. Pour agir, il nous fait retrouver la solidarité qui est notre patrimoine culturel humain, partie de notre nature profonde, nous unir, cesser d’avoir peur et reprendre la liberté sociale qui nous a été volée. Le projet d’une société libertaire autogestionaire est un projet solide, non utopique, réalisable, viable et novateur pour le bien de toutes et tous.
En conclusion, voici ce qu’écrivait en 1882 Pierre Kropotkine dans le journal “Le révolté” qu’il créa, à propos de la Commune de Paris réprimée dans un bain de sang par une république dite “modérée”:
“Lors de la prochaine révolution, le peuple saura ce qu’il a à faire, il saura ce qui l’attend s’il ne remporte pas une victoire décisive et il agira en conséquence… Après avoir donné un bon coup de balais aux parasites qui le rongent, il s’emparera lui-même de toute la richesse sociale pour la mettre en commun selon les principes du communisme anarchiste et lorsqu’il aura aboli complètement la propriété, le gouvernement et l’état, il se constituera librement selon les nécessités qui lui seront dictées par la vie elle-même. Brisant ses chaînes et renversant ses idoles, l’humanité marchera alors vers un meilleur avenir, ne connaissant plus ni maîtres, ni esclaves, ne gardant de la vénération que pour les nobles martyrs qui ont payés de leur sang et de leurs souffrances ces premières tentatives d’émancipation, qui nous ont éclairées dans notre marche vers la conquête de la liberté.”
Simplement il y a moyen de réaliser cet idéal sans haine, ni violence et en utilisant l’esprit critique, la solidarité, le boycott et la désobéissance civile pour attaquer les piliers de l’establishment, les éroder jusqu’à l’effondrement inéluctable du colosse aux pieds d’argile qu’est la société oligarchique présente, ainsi que l’avait déjà préconisé Etienne de la Boétie au XVIème siècle, siècle qui vît l’avènement de l’état nation par la monarchie absolue.
Les oligarques sont le petit nombre qui dominent parasitairement notre société, ceci n’a absolument aucun lieu d’être et ne doit pas être. L’accepter est une abdication de notre droit au bonheur, une soumission incongrue aux usurpateurs et une insulte à notre intelligence.
Qu’attendons-nous pour tout changer ?
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