Dès lors, les voilà tous sur les chemins et les routes en compagnie de Pascal et Carole. Sous la pluie, la neige, dans les forêts, le givre, les fesses sur les talus glissants, entre chien et loup au cœur des villages figés par l’hiver. Le berger, 55 ans, pratique la transhumance hivernale depuis trente ans. L’été, il dorlote des vaches allaitantes à La Vare, près de Pont-de-Nant. La transhumance, les voyages lointains, c’est sa façon de vivre libre.
mardi 6 novembre 2012
L'équipée givrée de Carole, Pascal et leurs mille moutons blancs; l'histoire la transhumance hivernale de deux bergers qui suivent quelque soit le temps leur troupeau , magique ; ils nous ramènent aux temps premiers de la sédentarisation , à la naissance de l'agriculture , à la naissance de l'humanité avec comme socle l'agriculture paysanne ...
Où vont-ils, ces deux bergers enveloppés dans leur cape de laine, et ces centaines de moutons qui traversent à pas lents les bourrasques de neige et les brumes de la campagne romande? Que cherchent-ils entre les routes et les forêts? Les réponses à ces deux questions – parmi les milliers qui furent posées à Carole et à Pascal durant leur épopée – sont dans le beau film Hiver nomade, qui sort dans les salles romandes.
Ce film 100% vaudois mais profondément universel raconte une histoire, celle de la transhumance, dont nous sommes si nombreux à ignorer qu’elle se pratique encore. En fait, c’est tout simple, si on ose dire: un éleveur achète des moutons avant l’hiver, les confie à un berger, qui les balade, les dirige, les maîtrise, les protège, les soigne, et surtout les fait manger pendant quatre mois, le temps qu’il faut pour qu’ils engraissent avant d’être abattus.
Quand il a vu Pascal Eguisier et Carole Noblanc passer devant ses fenêtres de Vucherens avec leurs moutons, durant l’hiver 2008, le réalisateur Manuel von Stürler a craqué. Lui, le musicien, le photographe, le voyageur, a immédiatement décelé là le sujet d’un film documentaire. «Cette esthétique du flot des moutons, cette culture du savoir-faire, cette façon de traverser des territoires conquis par la civilisation et l’urbanisme, j’étais sous le choc.»
Il est donc allé voir Elisabeth Garbar et Heinz Dill, de Louise Productions, à Lausanne, qui travaillent beaucoup avec de jeunes auteurs, avec des gens en mouvement et en quête de sens. Les producteurs, qui aiment être perçus comme des «éditeurs de films», sont tout de suite d’accord, mais veulent donner au projet une orientation davantage cinéma que télévision et, à leur demande, Claude Muret (qui réalisa Les petites fugues) et Camille Cottagnoud (cameraman au talent réputé) viennent former équipe avec Manuel von Stürler.
Un film sans fard
Dès lors, les voilà tous sur les chemins et les routes en compagnie de Pascal et Carole. Sous la pluie, la neige, dans les forêts, le givre, les fesses sur les talus glissants, entre chien et loup au cœur des villages figés par l’hiver. Le berger, 55 ans, pratique la transhumance hivernale depuis trente ans. L’été, il dorlote des vaches allaitantes à La Vare, près de Pont-de-Nant. La transhumance, les voyages lointains, c’est sa façon de vivre libre.
Dès lors, les voilà tous sur les chemins et les routes en compagnie de Pascal et Carole. Sous la pluie, la neige, dans les forêts, le givre, les fesses sur les talus glissants, entre chien et loup au cœur des villages figés par l’hiver. Le berger, 55 ans, pratique la transhumance hivernale depuis trente ans. L’été, il dorlote des vaches allaitantes à La Vare, près de Pont-de-Nant. La transhumance, les voyages lointains, c’est sa façon de vivre libre.
Carole (29 ans), il y a quelques années, a lâché sa Bretagne natale, sa famille, son travail, pour la montagne. Elle y a rencontré Pascal, appris et vécu la transhumance pendant six ans. Dans sa vérité âpre, dans son approche si nette du temps et des êtres, le film ne cache rien: la dureté du climat, les dangers des routes, mais aussi la rigueur du berger envers sa partenaire, ses coups de gueule, ses reproches.
Jusqu’à la rupture: unis dans le film, le berger et la bergère ne le sont plus dans la vie. Pascal s’apprête à entamer une nouvelle transhumance au départ d’Yverdon fin novembre, Carole se prépare à ouvrir – le 26 décembre, c’est sûr – sa crêperie à Gryon, où elle vient de trouver un appartement. «J’ai fait un choix difficile, énorme, car ma vie me plaisait, la transhumance l’hiver, l’alpage l’été à La Vare, les voyages entre deux. Mais un livre m’a éclairée, m’a donné envie de ne plus être sous l’autorité de quelqu’un, de faire mes propres choix.»
Carole est donc partie avec le chien Titus à pied du Léman à la Méditerranée, à Menton exactement. Elle a appris à faire du savon. Elle a erré, elle a eu peur, elle a été heureuse, elle a croisé des loups en gardant – seule, archiseule – des moutons dans le Mercantour! Elle est revenue. Et partage maintenant la vie… du film: «Avec la maison de production, nous préparons des projections d’Hiver nomade et des rencontres, des discussions dans les écoles.»
Pascal, lui – comme Carole ces temps-ci –, assure la promotion du film. Il est allé à Reykjavík, sera bientôt à Amsterdam. «Le film fait sa transhumance, elle est belle!» sourit le berger, en rappelant avec fierté qu’Hiver nomade est nominé aux Oscars du film européen. Il est fier, oui, mais ne lâcherait pour rien au monde ses lits de peaux sur feuilles mortes, ses moutons, ses ânes et ses chiens. Il retrouvera bientôt sur le chemin d’autres personnages du film, discrets mais respectables: l’éleveur, les agriculteurs qui ne veulent pas voir le troupeau passer sur leurs terres, la dame qui offre un repas, et ces curieux innombrables qui questionnent et photographient ce héros de conte qu’est le berger en transhumance.(24 heures)
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