La stratégie du choc, qu’est-ce donc ?
Fruit des militaires français, intellectuels s’il en est, englués dans la guerre anti-subversive en Algérie, cette stratégie n’est autre que la dialectique de la torture et sa synthèse dans la mise en pratique de l’adage la fin justifie les moyens. Victorieuse mais défaite par le pouvoir politique d’un général, la stratégie a traversé toutes les mers et de Santiago du Chili à Abou Ghraib, sans se perfectionner plus que la simple question des curés du Moyen-Âge, elle est devenue l’art de tous les généraux, la seule méthode pour casser tous ceux qui pensent autrement et le font savoir. La forme humaine, lynchée, battue, privée de tout, réduite à rien, abjure et avoue même le plus improbable pour que s’arrête la douleur, seule alternative à la mort qu’on lui refuse.
Simplement, si cela fonctionne pour un individu, tout cela s’applique aussi à des populations entières avec d’autres méthodes qui sont la torture collective, la guerre totale, la soumission de classe, l’état policier, et tout cela donne les même résultats : l’acceptation de n’importe qu’elle paix pourvu que l’horreur quotidienne prenne fin. Dans son livre éponyme Naomi Klein l’a largement étudiée, cette stratégie du choc, notamment en ce qui concerne les dictatures du cône sud de l’Amérique Latine dans les années 70-80. Dévoilée au grand public récemment, elle est fort connue, et depuis longtemps, par l’axe Washington-Bogotá-Tel Aviv, ces trois pays qui à eux seuls raflent la quasi-totalité des violations des droits de l’Homme dans le monde et sont à l’origine de tous les conflits majeurs dans leur zone d’influence.
Petit détour historique.
Durant les années 90, la Colombie se remet douloureusement de l’effroyable décade des années 80 lorsque le pays faillit vaciller sous les coups de boutoirs des cartels de la drogue. La faiblesse de l’État, le ravage du libéralisme impulsé par les administrations Reagan et Bush père, l’explosion de la consommation de cocaïne et de marijuana dans les pays du Nord... le chaos règne et l’ordre public n’est qu’une formule étrange dont les colombiens peinent à entrevoir le sens. La révolte gronde et les mouvements de guérilla prennent une ampleur politique et militaire sans précédent. La jeunesse s’implique dans l’ELN et le M-19, les Farc-EP descendent de la montagne, la nation se prépare à un coup de tonnerre. Sans le soutien massif des États-Unis, l’affaire était pliée. Ces derniers ont néanmoins assorti leur aide d’une condition : la guerre impitoyable contre les communistes. La bourgeoisie colombienne entend le message et fait une croix sur de bien juteux dividendes – enfin, pour le moment. Ainsi donc l’Union Patriotique, mouvement unifié des partis de gauche, parti politique dans lequel les guérillas se sont impliquées avec l’accord du président de l’époque, Belisario Betancur en 1984, a été exterminée. Drôle de cessez-le-feu quand on compte plus de 3000 morts, autant de disparus. Les guérillas ont déserté le parti. En vain : les assassinats ont continué jusqu’à culminer avec le meurtre de trois candidats à la présidentielle. Crimes qui restent à ce jour impunis. C’est que Reagean n’aimait pas les communistes. En ce qui concerne les trafiquants, après avoir éliminé les plus emblématiques, un accord tacite a été passé avec les autres, certainement par sympathie pour leur concours dans lepoliticide de la UP. Pas d’ingérence dans la politique, profil bas, et la paix des braves avec les élites. Accord somme toute classique entre la mafia et les états, et d’autant plus naturel que les deux structures fonctionnent sur le même modèle.
Tout aurait pu en rester là avec la nouvelle constitution de 1991. Rénovation de l’État et des élites politiques, entrée de plein pied dans l’ère post-soviétique, mise au pas des guérillas du M-19 et du Quintín Lame... les bourgeois pensent que Cuba va s’effondrer, que les Farc-EP vont s’asphyxier, l’autre Amérique part en guerre en Irak, Internet débarque et distrait plus que la télé. Les riches eux pensent surtout aux devises et aux ressources que la nouvelle constitution va leur permettre de piller tranquillement.
Mais l’histoire est bien différente. Cuba reste debout, et mieux, le Venezuela est traversé par un mouvement populaire sans précédent. Chavez est en prison après le coup d’état manqué de 1992 et pourtant le soutien du peuple à son endroit et à celui du projet de la révolution bolivarienne ne cesse de progresser. Les ravages du capitalisme sauvage des années 90 laissent sur le carreau des pans entiers de la société colombienne, la corruption des vautours qui se partagent le gâteau exaspère la maigre classe moyenne et les pauvres sont toujours plus nombreux. Les Farc-Ep bougent dans tout le pays et dans toutes les villes. L’ELN maintient sa présence dans les grandes zones pétrolières. La propagande gagne les villes et la nouvelle jeunesse se revigore au projet bolivarien. L’armée est enfermée dans ses casernes, sous-équipée, morose, impliquée dans le trafique de drogue, incapable de réagir en tout cas, sinon par quelques massacres à la tronçonneuse qui émaillent ce début de décade (1). La guérilla s’impose et impose son alternative politique, les négociations sont toujours ouvertes avec les gouvernements successifs malgré les coups tordus de la force publique (2). L’état est à bout de souffle, la nouvelle constitution des riches est impuissante à résoudre les problèmes du pays, la justice bégaye, s’enlise, et s’en fout, la structure de l’élite est prête à s’effondrer. Une zone grande comme la Suisse est démilitarisée, sanctuaire des Farc-Ep. Les négociations dites del Caguan s’ouvrent. Les Farc-Ep sont alors reconnues comme une alternative politique dans ce paysage où les bourgeois se sont disqualifiés d’eux-mêmes par le massacre de l’UP, la corruption généralisée et la participation de la grande bourgeoisie au trafic de drogue. D’autres noms font la une régulière des journaux. Ils parlent, ils discutent avec toute la classe politique, ils sont respectés même. Ce sont Raul Reyes, Ivan Rios, Mono Jojoy, Marulanda, Alfonso Cano, Simon Trinidad, Ivan Marquez, Timochenko, Jesus Santrich, etc, etc... La paix du peuple est à l’ordre du jour.
Mais ceux qui bâillonnent l’histoire ne l’entendent pas ainsi. Si la Colombie s’ouvre au socialisme, même modéré, avec le Venezuela à ses cotés c’est une force impressionnante, une puissance de propagande, un grenier et un puits de ressources à la disposition d’une idéologie différente, bref un danger inacceptable pour l’ordre capitaliste embourbé dans les fracas de ses faillites en Argentine, Chili, et un peu partout en Afrique et en Asie. La bulle spéculative d’Internet lui laisse un peu de répit mais déjà se trame dans l’ombre les plans mondiaux de mise en place d’un nouvel ordre : la lutte contre le terrorisme, l’économie de guerre, la mise au pas des sociétés civiles occidentales et l’écrasement des zones à risque. La stratégie du choc se met alors en place en Colombie. Rien à voir avec le chaos des années 80, non, la méthodique mise en place, froide et implacable, d’une stratégie pour anéantir le peuple, accessoirement les guérillas, et imposer, in fine, la paix des riches.
Stratégie du choc en Colombie, Acte I.
Clinton n’est pas le va-t-en guerre que l’on sait (il est plus à ranger dans le camp des épicuriens), alors si rien ne justifie que l’armada se mette en branle pour sauver un pays dont les élites ont si mauvaise réputation, l’aide reste mineure sans être négligeable. Il entre en fonction en 1992, l’année du coup militaire bolivarien manqué de Chavez. La stratégie du choc va alors s’appuyer sur une force tout aussi redoutable, le paramilitarisme. La faiblesse historique des pouvoirs publics le permet dans ce pays où les riches ont toujours plus ou moins disposé d’hommes de main pour faire leur loi sur leurs vastes terres. Les groupes d’extrême droite se sont surtout organisés avec la mafia dans les années 80 pour massacrer l’UP. Alvaro Uribe Velez, gouverneur du département d’Antioqua en 1994, avait même mis en place une force armée parallèle pour lutter contre la subversion qui rackettait les riches, et a du se rétracter suite à un arrêt de la Cour Suprême qui la jugeait anticonstitutionnelle. Claro, les Convivir disputaient à l’État le monopole des armes et de leur usage. Dans ce département, il y a eu 80 « entreprises » Convivir, certaines dirigées par ceux qui deviendront des leaders des AUC (Autodefensas Unidas de Colombia, groupe unifié des paramilitaires au niveau national), et le pic de violence atteint dans la région correspond exactement au pic d’activité de ces « groupes privés de défense et de sécurité ». Au milieu des années 90 se forment ainsi des structures paramilitaires sur de solides bases, véritables armées clandestines suréquipées, avec le soutien d’Israël. Soutien dans le sens où tous les grands noms du paramilitarisme, Jorge-40, les frères Castaño, Carlos Mancuso, ont été formés là-bas à la guerre anti-subversive. Leurs livres de confessions sont éloquents sur ce point. Yair Klein (3), le mercenaire israélien, débarque avec des armes et de l’argent et se dirige vers le Magdalena Medio, vers Barrancabermeja, capitale pétrolière du pays, fief de l’ELN et zone de grande influence des Farc-Ep. Les massacres commencent, se suivent et se répètent un peu plus loin. Dans le petit livre noir de la lutte anti-subversive, on trouve la toute simple formule de cette lutte : pour tuer le poisson, il faut assécher l’eau du bocal. Anéantir par n’importe quels moyens les soutiens de la guérilla. Terroriser le gens, les torturer sans fin, violer les filles et les femmes, mettre les têtes au bout de piques le long des chemins, bref, une barbarie moyenâgeuse à faire fuir n’importe qu’elle famille. Effet immédiat. Moins de soutien pour la guérilla, plus de difficulté pour se ravitailler, pour communiquer, pour diffuser leur projet politique. Des villages entiers, de petites villes même, sont entièrement colonisés par les amis des paramilitaires, les terres volées ou achetées sous la contrainte pour une poignée de pesos, l’ère de la terreur s’installe pour quelques longues années. La guérilla lutte pied à pied, jour après jour, pour chasser ses monstres, mais se battre sur deux fronts, contre l’armée nationale et contre une armée parallèle, n’est pas des plus simples, surtout quand, effectivement, les zones d’appui sont anéanties. Et pas parce que les gens subitement libérés de l’influence de la guérilla tournent leur veste et ravalent leur ambition de paix sociale et digne, simplement parce qu’entre la mort ou la fuite, entre la torture ou le reniement, entre le viol de ses enfants ou le mensonge, le choix, des plus déchirant qu’il soit, s’impose parfois au-delà de la conscience.
Voilà qu’en 1999 Hugo Chavez et sa révolution sont portés au pouvoir par le peuple. Coïncidence, c’est à la même date que se négocie le Plan Colombia qui, sous couvert de lutter contre la trafic de drogue, va faire de la Colombie le troisième pays bénéficiaire de l’aide nord-américaine en argent et en armes, derrière Israël et l’Arabie Saoudite. L’armée nationale et la police sont les grands bénéficiaires des dollars de l’oncle Sam. Le message est très clair : cette lutte anti-subversive doit passer au stade supérieur, elle doit être reprise en main par l’état et se couvrir de légalité. Pour l’instant, les paramilitaires servent encore, ils ont loisir d’effectuer la plus sale besogne, en toute liberté et en bénéficiant du soutien logistique de l’armée qui, elle, bénéficie de celui des nord-américains. Pour s’assurer du bon déroulement de la stratégie du choc, il faut à Washington un appui sans faille à qui ne viendrait surtout pas l’idée d’arrêter le massacre en cours de route. Ce sera Uribe qui pour l’occasion est sorti de la liste des narco-trafiquants par les services de la DEA. Ils diront plus tard qu’effectivement ils avaient enquêté sur le bonhomme mais que celui-ci était sorti blanc comme neige. Bref, le Plan Colombia est révélé courant 2000, juste le temps d’intensifier la guerre et de préparer le monde à un autre choc, planétaire celui-là, le 11 septembre 2001. Entre temps, Chavez a résisté à un coup d’état de l’extrême droite et de la CIA. Les puissants se disent décidément qu’il faut employer une force de choc encore plus grande. Bush fils s’y attelle avec l’appui de tous les faucons que compte l’Occident capitaliste. Quelques jours plus tard, les guérillas colombiennes sont mis dans le même sac que Ben Laden et les Tamouls, et plus jamais on ne reparlera d’eux en des termes courtois. Oubliées les poignées de mains lorsque toute la classe politique d’Amérique du Sud, les journalistes du monde entier défilaient à San Vicente del Caguan pour voir les héros, des Commandantes en chair et en os (même BHL y est allé, c’est vous dire !). A partir de cette date, le 13 ou 14 septembre 2001, ils ne seront plus que violeurs de femmes, éventreurs d’innocents et buveurs de sang.
La guerre totale contre le terrorisme bat son plein sur le toute la surface de la planète. On oublie les règles et les lois élémentaires. L’électrochoc est si violent que rien ni personne ne réagit avec suffisamment de force pour stopper le chaos. Sur le terrain, c’en est fini de la guerre de caserne, les forces se déploient sur tout le territoire, protégées par la technologie gringa, avions espions, traques satellitaires, commandos spéciaux. Elles ouvrent des bases sur toutes les collines ou presque, enfin toutes celles qui servent à surveiller les puits de pétrole et autres objets de convoitise. En somme tout cela ressemble plus à la mise en place d’un pillage généralisé et systématique qu’à une lutte de libération. Les droits de l’Homme étant mis entre parenthèses, sauf pour pleurer l’élimination d’un puissant ou les crimes supposés des communistes, les fosses communes font leur réapparition, et les viols massifs, et toute une panoplie de saloperies, qui, au final, donnent les chiffres suivants :
250.000 disparitions forcées dont 38 255 durant les trois dernières années.La « justice » colombienne enquête sur 1273 cas impliquant des membres de l’armée concernant 2 077 assassinats, dont 122 femmes et 59 mineurs. 481officiers, dont 14 colonels sont dans le collimateur de la « justice »
4,5 millions de déplacés à l’intérieur des frontières du pays, ce qui place la Colombie à la triste deuxième place après le Soudan et avant l’Irak et l’Afgnisthan.
7 500 prisonniers politiques, des dizaines de milliers d’exilés et des centaines de montages judiciares.
Plus de 40% des Colombiens, dont une majorité de femmes, d’enfants et de membres des minorités ethniques, vivent dans l’insécurité alimentaire.
Les taux de désertion scolaire sont alarmants : la Colombie est le seul Etat de la région qui n’offre pas la gratuité de l’enseignement primaire.
Pour ce qui est des paramilitaires, une fois la quantité de sang et de souffrance maximale atteinte, la pression de la communauté internationale, cette bête informe qui veut faire du commerce tranquille, trouve que cela nuit plutôt que cela ne rapporte. Il faut y mettre fin. L’armée est maintenant suffisamment forte pour prendre le relais sans l’appui des mercenaires. C’est là que le choix d’Uribe est des plus judicieux, puisqu’il est leur grand ami, celui qui leur propose de rentrer sagement dans le rang et pourquoi pas de s’installer comme caciques de la politique d’extrême droite. Son parti, le parti de la U, est bien assez à droite pour cela. Uribe compte sur leur patriotisme, enfin plutôt sur le nationalisme qu’il s’est tué au cours de ce premier mandat à inculquer à tout le peuple. Avant, on fuyait les militaires de base qui vous rackettaient, aujourd’hui ce sont des héros. L’hymne nationale c’est deux fois par jour, et le service militaire deux ans ; pas de choix possible, soit on est pour l’armée soit on est terroriste. (Pour tout dire, en Colombie les militaires sont une classe plus qu’une caste. La lutte des classes dépasse donc le seul cadre marxiste.) C’est une erreur politique que commet alors Uribe. Les mercenaires n’ont rien de patriotiques, seul leur importent leurs comptes en banque. Ainsi, même les trois ou quatre petites années de prison qu’il leur propose pour payer des crimes qui valurent la corde à Nuremberg sont refusées par les paramilitaires. Ils se démobilisent, certes, plus de 30 000, tuant au passage tous les mineurs dans leurs rangs pour ne pas se créer de problème avec l’Unicef. Mais les chefs parlent comme des concierges depuis la prison. C’en est trop : à la surprise générale, un nuit, ils sont tous extradés aux États-Unis pour répondre de leurs délits de narco-trafiquants. Pour des héros de la nation aux mains couvertes de sang, c’est un peu étrange. Mais bon, la stratégie du choc commençant à faire son effet, le rouleau compresseur de la propagande faisant largement son office, on en discute à peine. La guerre suit son cours, la guérilla est à peine entamée, le voisin bolivarien s’installe, Cuba rayonne auprès d’une jeunesse mondiale avide d’altermondialisme, l’Équateur puis la Bolivie se lancent dans de grandes réformes sociales qui sont presque des révolutions. Ces latinos ont la peau dure alors il faut intensifier encore et encore.
En 2005 il faut changer la constitution parce qu’elle ne permet pas de deuxième mandat présidentiel. On vote à l’assemblée et grâce à une voix d’une suppléante, l’amendement passe. Un peu plus tard, on apprendra par la même suppléante que tout cela s’est fait contre argent sonnant et trébuchant - enfin contre « promesse » d’argent et c’est bien parce qu’elle ne fut jamais payée qu’elle révéla l’affaire. Et pourtant, Uribe repart pour un mandat, sans même être inquiété. Maintenant l’armée nationale et la police ont le monopole de tous les crimes. Apparaissent de manière systématique les
falsos positivos, ces gamins tués au hasard et déguisés en guérilleros contre jours de permission et primes sur le salaire. Un cadeau du ministère de la défense : la directive 029 de 2005 pour être exact, qui offre plus de trois millions de pesos par tête de guérillero (directive toujours valable aujourd’hui). Le tissu social du pays a explosé, la guerre s’est invitée dans la psychologie des masses : soit on est pour l’écrasement des communistes, soit on est un terroriste, et cela est valable pour l’intellectuel, le journaliste, l’étudiant, le vendeur au coin de la rue et le chauffeur de taxi. Les prisons sont grandes. Elles accueillent jusqu’à 7 500 prisonniers politiques. Étudier l’histoire de la guérilla devient un crime passible de la prison. On doit chuchoter, regarder dans son dos lorsque l’on parle de ceux de la montagne. D’ailleurs, on n’a plus le droit de parler de cela. On ne peut même pas critiquer tel ou tel choix de la guérilla, c’est déjà trop car c’est déjà en parler (4). La stratégie du choc doit faire de la vie de tous un enfer - enfin de la grande majorité car les riches, eux, vivent plus tranquilles : finis les réquisitions, les expropriations et les enlèvements à la Robin des Bois, ils peuvent s’adonner au plaisir des vacances, à Miami ou Tel-Aviv.
Les sapos, c’est une grande trouvaille de Uribe. Payer les gens contre informations, faire de la délation un devoir constitutionnel. Une rentrée d’argent bienvenue dans le pays qui se bat dans une pauvreté incroyable. Ainsi on va dénoncer un peu tout le monde, d’ailleurs sans trop avoir le choix. Puisque les programmes de démobilisés permettent en plus de bénéficier de l’argent des programmes de réinsertion, on cumule les deux sources de revenu. Quoi de plus fiable qu’un ex-guérillero pour dénoncer un sympathisant ? Le problème est qu’il est impossible de prouver qu’on a été guérillero, et un peu toute la délinquance commune se transforme subitement en ex-révolutionnaire. Les montages judiciaires pleuvent, l’état policier ne fait pas dans le détail. Le tarif minimum, rebelión, est un délit qui vaut sept ans de taule. En étant sage, on en fera six et demi, et ceux et celles-là n’avaient parfois pas plus qu’une revue radicale dans leur besace. Jusque dans les universités on trouve des sapos. Partout en fait. Le chauffeurs de taxi, le boucher du coin, le gardien d’immeuble, le voisin, et qui encore ? Les organisations sociales sont infiltrées, les groupes de théâtre, les troquets, les carrefours, les organisations de déplacés même. On bute toujours allègrement journalistes, avocats défenseurs des droits de l’Homme et syndicalistes. Pour ces derniers, le pays est bien installé depuis des années en tête du classement. Et puis, maintenant que les villes sont « libérées » de la racaille communiste, que faire de tous ces jeunes sans travail, ces « délinquants en puissance » qui sont revenus errer dans les rues avec la prise de pouvoir des paras et des mafias dans les quartiers populaires ? Certes, la mafia recrute bon train, mais trop peu pour faire de ces quartiers le bonheur promis par le président. Il faut nettoyer. Ce sera le nettoyage social, la limpieza social, toujours de rigueur et pour de longues années encore. Des hommes masqués instaurent des couvre-feux aléatoires dans les quartiers populaires et ils abattent ceux qui traînent dans les rues. Un parc squatté par des fumeurs de marijuana où dorment ceux que l’on nomme pudiquement les habitants de la rue ? Pas de problème : un jour les camions de la mort passeront et le parc retrouvera sa tranquillité pour quelques semaines. Une fois encore, voilà de biens jolies occupations pour les démobilisés des groupes paramilitaires. Vous pensiez qu’ils étaient devenus boulangers, laveurs de carreaux ou cireurs de chaussures ? Quand on a connu les joies du viol collectif sous le regard protecteur de l’armée, on aspire à mieux. Ils sont donc partout dans les villes, à peine s’ils se cachent (au marché de Cucuta, la semaine dernière, le gars de la sécurité portait le bandana du Bloc Catatumbo des AUC, Vencer o Morir, c’est dire si on se sent en sécurité). En tout cas, chacun sait qui est qui. Même porter une chemise de Bob Marley ou du Che loin du centre ville touristique est des plus dangereux.
Lorsque le deuxième mandat se termine, fort de tous ses faits vérifiés et vérifiables, alors que la pression des ONG se fait plus forte et que commencent à pleuvoir les condamnations (même si elles restent sans effet), il est temps d’amorcer la deuxième phase. Le peuple doit être bon, comme le prisonnier anéanti par les tortures dans sa cellule, pour avaler n’importe qu’elle paix. Plus de dix ans d’une guerre impitoyable contre la fraction la plus vulnérable du peuple, celle la plus réceptive aux ardeurs de changement social des mouvements de gauche, légaux ou clandestins. Même le Polo democratico, une force politique regroupant les restes des mouvements pour le changement social, a fini par s’autodétruire, infiltrée par la droite et pourrie par des ambitions électoralistes. Au niveau politique, le désert est glacé. Règne seul le parti de la U, le parti du président. Les médias appartiennent à la famille Santos et sont aux ordres. Fransisco Santos a été le fidèle vice-président pendant les deux mandats du chef. Son cousin, Juan manuel Santos, passe du statut de ministre de la défense à celui de présidentiable. Don Fransisco est lui promu directeur de l’information de RCN radio, une des plus grandes stations du pays. Avec les derniers mois d’Uribe au pouvoir, on teste la réactivité de la société. On mime une guerre avec le Venezuela. Rien ne bouge, le peuple amorphe acquiesce. On vend la souveraineté nationale aux militaires Nord-Américains. Pas un souffle, à peine, si peu. On test la popularité des élites en mars 2010 lors des élections parlementaires ; malgré le chaos économique et le délabrement social, les partis d’extrême droite raflent la mise, les paracos tiennent l’assemblée. On met à jour la plus grande fosse commune de l’histoire depuis la seconde guerre mondiale dans le périmètre immédiat d’une base militaire : silence effroyable. Et lorsqu’on met bout à bout tous les scandales de corruptions de l’ère Uribe, le scandale des écoutes téléphoniques des services secrets, et les terribles dérapages de la guerre, on reste abasourdi par le manque de réaction de la société civile, de la justice, du monde politique. La stratégie du choc a atteint son but. Silence on tue.
La stratégie du Choc, Acte II : La paix des riches.
On a parfois l’impression qu’ici en Colombie le temps ne s’écoule pas avec la même lenteur qu’en Europe. En une semaine il se passe tant de chose. La vitesse du spectacle atteint des sommets. Ainsi, pas plus tard que le lendemain de la prise de pouvoir officielle de Juan Manuel Santos, avec les chasseurs dans le ciel de la capitale et le gratin sous la pluie de la place Bolivar, voilà que le nouveau président invite Hugo Chavez, l’ennemi numéro un depuis dix ans, à venir discuter et mettre les choses à plat à Santa Marta. Qui eût cru voir le camarade bolivarien fouler un jour la terre colombienne ? Et le lendemain du départ de Uribe ! C’est que le peuple doit comprendre que maintenant tout va changer. Finie la mollesse de la justice à punir les paracos et les corrompus, finies les violations des droits de l’Homme, finie l’obscure tambouille de la guerre et ses excès, puisqu’on vous le dit, maintenant c’est la paix.
Le plan d’action de cette paix, telle qu’on nous la rabâche toute la journée sur tous les moyens de communication est la suivante :
1. D’abord il faut être juste, la guerre a eu ses débordements. On va donc punir les responsables, même de la force armée, des violations des droits de l’Homme, des crimes et des tortures. Évidemment, tout ancien ministre de la défense qu’il est, il ne s’agit que d’une douce arnaque où vont tomber quelques sous-officiers. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause le bien-fondé de la sécurité démocratique, juste de reconnaître que la manière forte implique quelques dérapages. Respect et soumission à la caste militaire et quelques malheureux jetés aux lions pour la foule.
2. L’état va enfin s’occuper des déplacés et leur restituer leurs terres. Cela sera même appelé une « réforme agraire ». Mensonges. Pour restituer les terres, il faudrait déjà que les personnes volées se présentent devant les services de l’état. Il faudrait pour cela que 1) qu’elles soient toujours en vie, et 2) qu’elles soient totalement assurées de la protection de l’état si elles entament une procédure de dénonciation soit des paramilitaires alors alliés à la force publique, soit directement de la force publique responsable du vol de leur terre. Ces conditions sont réunies dans un ou deux pour cent des cas. Il va falloir, enfin, que les propriétaires terriens de toujours, ceux qui sabotent toute réforme et toute tentative de paix depuis cinquante ans, ceux qui ont tué Gaitan Gaitan, les caciques de l’extrême droite, l’acceptent.
3. Enfin la force publique va abattre la pauvreté. Sueurs froides dans tous les quartiers populaires et organisations sociales. Généralement, ces déclarations tonitruantes sont mal comprises par la mafia et les policiers : eux ils comprennent on va abattre les pauvres. Chaque jour, on nous le dit, les pauvres le sont par leur faute, qu’il suffit d’un peu de volonté, de quelques lois répressives au cas où certains souhaiteraient malgré tout rester pauvres, et demain le pays sera l’image parfaite d’une cité joyeuse comme on l’imaginait dans les années 70 à Mantes-la-joie. D’ignobles barres surgissent de terre à des kilomètres du centre-ville à la grande joie des investisseurs. Mais si rien ne change dans une ou deux générations, les gangs issus de l’inégalité sociale transformeront chaque ville en enfer, et le Medellín d’aujourd’hui passera pour un havre de paix.
4. Il va sans dire que la paix, c’est-à-dire la victoire sur la racaille communiste, implique que le pays peut enfin s’adonner aux joies du libéralisme. La nation, c’est pour l’armée. Pour le reste, haro sur tout ce qui reste (c’est-à-dire si peu) d’organismes publics. Les hôpitaux populaires ont déjà fermé en masse au profit des cliniques et organismes privés, mais ceux qui restent, évidemment surchargés et déficitaires, seront fermés. Les écoles seront toutes privées. Les universités sont déjà hors de prix. La privatisation de l’éducation est le meilleur moyen pour l’élite de maintenir l’inégalité de classe. Les transports sont une charge qui tue d’office le petit commerce, l’artisanat et le monde paysan. En ce qui concerne la santé, je préfère seulement dire que soigner une carie nécessite le salaire de plusieurs mois d’une famille pauvre. Donc on ne les soigne pas.
Certes, les centres commerciaux fleurissent, les grosses bagnoles aux vitres fumées circulent dans les rues, les émissions de télé des blancs racolent pour des séjours sur les plages paradisiaques des Caraïbes, les multinationales déboulent dans tout le pays pour pomper, creuser, arracher, broyer, contaminer. Et fleurit la prostitution et flambent les prix. Carajo ! les joies du néolibéralisme, les chiffres des balances extérieurs dans le vert, et la population crève de faim, de maladie, dans la culture la plus abjecte qui lui est vendue par ceux d’en haut. Même la nourriture se dégrade : dans ce pays si riche de fruits, de légumes, les multinationales de l’agroalimentaire refourguent leurs saloperies que même la chaîne Aldi ou Lidl n’oseraient pas vendre dans le 93.
5. Évidemment, la paix des riches suit leur victoire. Et le vainqueur aime à se gargariser des grandes batailles qu’il a menées et démontrer qu’il fit preuve de bravoure face à l’ennemi. Bogotá est joliment décorée de pancartes gigantesques où l’on vante les mérites de l’opération Jaque, l’opération
Sodoma, et autres étincelantes escarmouches qui auraient changé la face du pays. La télé n’est pas en reste, ni la station de radio de l’armée ou de la police nationale. C’est qu’il faut démontrer à longueur de journée que seule fonctionne la manière forte, sans cesse le marteler. Ainsi, les prochains qui oseront se lever contre l’ordre seront écrasés de la même manière parce que la démonstration est faite que c’est la seule qui marche face à la vermine gauchiste. L’incroyable opération pour assassiner le commandant Briceño, alias Mono Jojoy, en est la parfaite démonstration. Des millions de dollars, des milliers d’hommes, une centaine d’appareils, l’appui de la CIA, bref, de quoi construire plus d’une école et payer leurs professeurs pendant plusieurs années, tout cela pour abattre un seul homme. Bien inutile mais démonstration de la stratégie du choc. On écrase, on aplatit, on anéantit, on broie, et on espère que tout le monde se tiendra à carreau de terreur. Dans la foulée,
la sénatrice Piedad Cordoba a été condamnée à 18 ans ( !) d’inéligibilité suite aux investigations concernant l’ordinateur de Raul Reyes, assassiné lui aussi par le même type d’opération en 2008 en territoire équatorien. Le message est des plus limpides. Pas une seule entaille à la stratégie du choc. Et même si l’on passe en phase deux, il est hors de question de remettre en cause le bien fondé de cette stratégie. On ne négocie pas, surtout pas avec les irréductibles, ceux et celles imperméables aux électrochocs. Ceux et celles-là sont éliminés, d’une manière ou d’une autre.
Il faut dire que la paix des riches, pour tous ceux qui ne le sont pas, ressemble fort à une guerre. Le mois de septembre 2010 a été le mois le plus violent sur le champ de bataille. Plus de 200 soldats de l’armée nationale sont morts. En ce qui concerne l’opération Sodoma, personne n’a relevé le communiqué des forces armées qui annoncent la perte de 20 soldats et de 64 mutilés pour le gain extraordinaire de 7 guérilléros morts dont el Mono Jojoy. Évidemment, cette « grande victoire » est en fait l’aveu de l’impuissance de l’élite et de son imposante armée pour vaincre la guérilla.
Les chiffres officiels de délinquance explosent et sur le terrain les acteurs sociaux s’effrayent de la montée en puissance de la mafia, des ravages de la culture machiste des gangsters relayée par les séries télévisés et la classe politique, et finalement du désintérêt total de l’État pour les quartiers populaires.
Les campagnes sont toujours sous le feu croisé des combats, les falsos positivos continuent et les fosses communes restent à découvrir. Le thème des cultures illicites a disparu comme si elles n’existaient plus alors que la Colombie reste le premier exportateur de cocaïne. Les projets gigantesques, ou megaproyectos, d’extraction d’or, de carbone, de coltan, de zinc, de charbon et de pétrole vont faire dans les prochaines années la richesse d’une poignée contre la paupérisation des ouvriers, des paysans, des pêcheurs, et sans se soucier de la destruction de la faune et de la flore. La société colombienne avance à contresens : dernier bastion, mais des plus puissants, du fascisme en Amérique-Latine, allié, évidence même, au plus violent libéralisme.
Cette paix là est une guerre pour toute la population. Paradoxe à peine étrange dans cette dictature qui se dit démocratie.
Conclusion
Voici l’heure de conclure sous forme d’avertissement. La mort du Commandant Briceño, alias Mono Jojoy, a donné lieu à un orgasme morbide de l’élite colombienne, le couronnement des dix années d’horreur quotidienne qu’elle a infligée à son peuple. Dans le reste du monde, seul Obama a félicité Juan Manuel Santos et son équipe de tueurs assermentés. On l’a vu, la Colombie, comme presque tous les pays du monde, Europe incluse, dépend largement de la politique intérieure et extérieure des États-Unis. J’insiste, encore, comme à chaque fois : le cas colombien est un laboratoire où les forces du fascisme/libéralisme ( je ne sais comment l’écrire !) s’essayent à couvrir leurs horreurs sous les habits de la démocratie et, en ce sens, c’est un bien triste présage. Cette stratégie du choc permet en effet de signer n’importe qu’elle paix, de valider n’importe quel virage ultra-libéral et la majorité l’accepte via le truchement des élections, le mensonge des médias et la menace des canons.
Certains commentaires, certainement violentés de loin par ces électrochocs, se joignent au concert des voix qui appellent à la paix, n’importe qu’elle paix, pourvu que cesse la guerre. D’autres voix, moins écoutées mais tellement plus humaines et braves, soutiennent le contraire : cet armistice des assassins, jamais ! Certains restent debout et n’acceptent pas cette paix des riches. Sont-ils pour autant à calomnier ? Leur seul crime est un acte de bravoure : ils (et elles) ont une conscience politique intransigeante, invulnérable aux coups de la stratégie du choc. Ceux et celles-là ne se taisent pas, pas plus après dix années de chaos qu’après cent ans d’esclavage. Et encore moins après la mort d’un des leurs ou l’inéligibilité d’une autre. Et ceux et celles-là, les puissants n’ont d’autre choix que de les éliminer, physiquement ou politiquement.
La lutte armée est évidemment discutable et critiquable. N’allez pas croire à une apologie de la mort et de la guerre, il ne faut pas chasser sur le terrain des élites. Mais critiquer et s’autocritiquer peut amener à de bien curieux résultats, même à de radicales postures si loin de la coutume des cercles démocrates. Militer, manifester, s’insurger, se révolter puis s’organiser en conséquence, voilà bien les choix qui s’offrent à nous un jour ou l’autre, nous qui tremblons d’indignation devant l’injustice et la misère du monde, nous qui nous reconnaissons aux noms de « camarades ». Toujours on nous reprochera de motiver la réaction et la répression, plainte classique des ventres mous qui sont imperturbables à ces misères qui nous tordent les boyaux. Défendre les esclaves contre les maîtres, c’est d’abord reconnaître sa propre condition d’esclave. Ce n’est pas le plus agréable, mais c’est le premier pas vers la liberté. Et seuls ceux qui sont libres peuvent analyser en toute impartialité les informations bombardées par le spectacle et décrypter les mécanismes qui nous broient.
Pour le reste, cette majorité schizophrène qui s’agenouille, brisée, exsangue, presque morte devant les tueurs les plus vils, pour eux et pour tous et toutes - la lucidité ne protège pas de l’enfer- vient l’heure des couleuvres et de l’amer paix. Le seul acte qui vaille alors pour tous, c’est d’analyser avec rigueur la situation et de ne pas tirer de conclusions hâtives repiquées aux journaux du soir, et finalement se pencher sur l’histoire de ceux qui ont dit « non » à ce genre de paix afin de comprendre pourquoi on leur attribue, bien après leur mort, des noms de rue, d’aéroports ou d’universités. Et s’interroger sur le sort de ceux qui ont capitulé au diktat des barbares. Le prix exorbitant qu’ils ont payé leur a-t-il vraiment apporté la fin de la soumission et de l’aliénation, le bonheur, le respect, la justice ? La paix des riches ne saurait cacher la guerre des peuples, pas plus qu’elle ne saurait effacer les chemins qui mènent à cette lutte.
Archibald EMOREJ
(1) On rappellera l’exemple sanglant des massacres de Trujillo, entre 1986 et 1994. Fomentés par les narcotrafiquants et/ou paramilitaires Diego Montoya “Don Diego” et Henry Loaiza “El Alacrán”, ce sont plus de 245 personnes assassinées. Le concours et la participation de l’armée et de la police nationale a été démontré. Ces massacres ont culminé en 1990 avec meurtres sélectifs, tortures, actes de barbaries (utilisation de tronçonneuses sur des personnes vivantes), toujours sous l’influence de « l’esprit » de la lutte anti-subversive, toutes les victimes étant accusées de collaborer avec la guérilla de l’ELN. Infos en espagnol :
http://www.semana.com/wf_InfoArticu...(2) En 1990 le président Cesar Gaviria rompt les négociations pourtant ouverte depuis 1984, sans avertissement, en ordonnant le bombardement du sanctuaire des Farc-Ep, lieu de résidence et de travail du secrétariat général, connu comme la casa verde. Ce lieu mythique, fondé par Jacobo Arenas et Manuel Marulanda lors de la trêve conclue avec Elisario Betancur, représente surtout un espoir de paix. Évidemment, cette attaque des plus lâches échoue dans ses objectifs d’assassiner par surprise tout le secrétariat des Farc-Ep et interrompt pour plusieurs années les possibilités de paix au moment même où la guérilla négociée sa participation à l’Assemblée constituante de 1990. La confiance, déjà largement entamée par le massacre de la UP, est anéantie, et il faut trouver dans cette acte de lâcheté des élites colombiennes l’échec des négociations postérieures dites del Caguan et la méfiance actuelle de la guérilla à accepter n’importe quel cessez-le-feu.
(3) L’état Israélien est le premier fournisseur d’armes de l’état colombien, le seul pays ou les citoyens colombiens peuvent se rendre sans visas. En ce qui concerne le mercenaire Yair Klein, formateur des chefs des milices paramilitaires des années 1980, lire ce brillant résumé
http://www.ikiru.ch/tonio/yair-klei...(4) Un cas, un seul parmi tant de prisonniers politiques, le professeur MIGUEL ANGEL BELTRAN VILLEGAS, été extradé illégalement le 22 mai 2009 par le Mexique, pays dans lequel il effectuait un stage postdoctoral en Études sur l’Amérique latine à l’Université Nationale Autonome du Mexique. Miguel est un sociologue et auteur prolixe dont le seul crime, il est incarcéré pour terrorisme, est d’avoir écrit et de soutenir l’affirmation selon laquelle les Farc-Ep sont une réponse historique aux multiples violences d’État.
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