"Tout démontre, même si bien peu nombreux sont ceux qui osent employer le mot, que le Moyen Orient est le théâtre d’un nouvel apartheid (...) L'eau est devenue au Moyen Orient bien plus qu'une ressource: c'est une arme. Pour comprendre la nature de cette +arme+ au service de ce +nouvel apartheid+, il faut savoir, par exemple, que les 450.000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens", est-il encore écrit. "La priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse en infraction au droit international", ajoute le texte.
Or, l’ambassade d'Israël à Paris est complètement passée à côté de ce rapport, rapporte le Haaretz, en conséquence de quoi aucun démenti officiel israélien ou correction ne lui a été apporté, ce qui constitue "une grave faille diplomatique", affirment des diplomates israéliens. "Ce rapport a causé des problèmes diplomatiques et a sérieusement endommagé l'image d'Israël en France", affirme au quotidien israélien un haut responsable dont le nom n’a pas été révélé.
La commission parlementaire française avait demandé à M. Glavany, ancien ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Lionel Jospin et ancien chef de cabinet de l’ancien président François Mitterrand, d'établir un rapport sur la géopolitique de l’eau dans les zones de confrontations dans le monde. Dans ce cadre, M. Glavany a effectué, en mai dernier, une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens. Visite pendant laquelle il a rencontré plusieurs hauts responsables du gouvernement, y compris le ministre de l’Energie et de l’Eau, Uzi Landau et le directeur de l’Autorité de l'Eau en Israël, Uri Shani.
Le ministère israélien des Affaires étrangères et l’ambassade d’Israël à Paris étaient au courant de cette visite et savaient que M. Glavany prévoyait d’écrire un rapport sur le sujet, note le quotidien israélien. Mais l’ambassadeur d’Israël en France Yossi Gal n’a assuré aucun suivi de cette affaire, poursuit le Haaretz.
L’ambassade d'Israël n'a pris connaissance du rapport que plusieurs jours après sa publication sur le site web du parlement français, et ce uniquement après avoir été informé de l'existence du document par le bureau du ministère européen des Affaires étrangères à Jérusalem.
"Les +puits+ forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l’armée israélienne ; à Gaza les réserves d’eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements", accuse encore le rapport. "On peut citer plusieurs exemples de stations d’épuration programmées par le ministère palestinien de l’Eau et qui sont +bloquées+ par l’administration israélienne", affirme également le document.
"Israël conduit une politique d’expansion territoriale tendant à s’approprier les ressources en eau", souligne aussile rapport qui ajoute : "La politique d’expansion se traduit ensuite par la construction du mur de séparation de façon décalée par rapport à la ligne verte (zone tampon à l’ouest de l’aquifère est) qui prolonge une politique systématique de limitation des prélèvements palestiniens afin que les eaux continuent leur écoulement vers l’ouest. Le mur de séparation construit par l’Etat hébreu dans les Territoires palestiniens permet également de contrôler l’accès aux eaux souterraines".
Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor a accusé M. Glavani d'avoir ajouté, à la dernière minute, des termes jugés extrêmes dans son rapport, sans avoir consulté les autres membres de la commission. "Ces propos inacceptables ont surpris ses collègues, qui ont été choqués de trouver ces termes dans la version finale publiée", affirme M. Palmor. Le rapport relève d'une "propagande vicieuse", accuse encore le responsable israélien, qui affirme que son auteur "a omis de nombreux faits et a agi avec une subjectivité flagrante".
En 2008, l'ONG israélienne B'Tselem avait établi que la consommation quotidienne d'eau des Palestiniens en Cisjordanie variait entre 37 et 73 litres, contre 211 litres à 242 litres pour les Israéliens.
L'année suivante, Amnesty International affirmait que la politique israélienne discriminatoire envers les Palestiniens des territoires occupés est la cause essentielle de la disparité frappante entre Palestiniens et Israéliens en matière d’accès à l’eau. La consommation d’eau des Palestiniens atteint à peine 70 litres par personne et par jour, soit une quantité bien inférieure aux 100 litres minimum par personne recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), poursuivait l'ONG.
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