Nous pensions que les Forces de Défense israéliennes (IDF) nous arraisonneraient dans les eaux internationales, mais ce sont des commandos grecs qui nous ont assaillis près du Pirée. Comme un passager l’a dit "Israël a sous-traité le blocus à la Grèce, à la Turquie et à d’autres pays." Il a obtenu leur coopération grâce aux lourdes pressions diplomatiques de leurs alliés (surtout les USA) et à des menaces économiques. Actuellement, huit bateaux en partance pour Gaza et transportant des passagers originaires de 22 pays sont bloqués dans des ports grecs et turcs.
Bien que la mission telle que nous l’avions prévue ait échoué, les médias internationales ont accordé énormément d’attention aux efforts des bateaux pour prendre la mer pour Gaza et cela a donc mis en lumière, une fois de plus, l’emprisonnement indéfendable légalement et moralement des habitants de Gaza.
Israël interdit à la flottille d’appareiller soi-disant pour des raisons de sécurité mais cela n’a pas de sens car nous transportons du matériel de construction (dont Gaza a un urgent besoin depuis que des milliers de maisons et des centaines d’écoles ont été détruites pendant "l’opération Plomb Durci" il y a deux ans). Israël interdit aux étudiants palestiniens d’aller étudier à l’étranger, aux gens de rendre visite à leur famille et d’aller se faire soigner à l’extérieur de la bande de Gaza et d’exporter leurs marchandises. De toute évidence cela n’a rien à voir avec la sécurité. Il s’agit de punir collectivement les 1,6 millions de Gazaouis pour avoir majoritairement voté pour Hamas.
Israël prétend qu’il autorise désormais l’entrée de davantage de marchandises à Gaza (en réponse au défi que constituent cette Flottille et la précédente qui a coûté neuf vies) mais cela reste tout à fait insuffisant et n’a aucun effet positif sur l’emploi ; à Gaza il y a 25-45 % de chômage et les Gazaouis vivent avec moins de 2 dollars par jour.
Cependant les Palestiniens de Gaza ne nous ont pas demandé de leur apporter des biens matériels. Ce qu’ils veulent c’est leur liberté. Le défi consiste à briser le siège militaire d’un pays armé jusqu’aux dents qui a non seulement assassiné 1 400 personnes et détruit les infrastructures de Gaza lors des attaques de 2009, mais qui étrangle le peuple de jour comme de nuit.
Personnellement, ma participation à la flottille m’a permis de rencontrer des personnes extrêmement dévouées et pleines d’amour de tous les pays, de tous âges (22-86), de milieux différents et à l’expérience diverse. Quand nous avons appareillé en violation des ordres grecs, il y a eu un moment de joie et d’excitation indescriptibles. Nous n’oublierons jamais les cris, les chants et les larmes au milieu des drapeaux d’espoir et d’amour.
Donc nous retournerons à Gaza. Nous lutterons jusqu’à ce qu’Israël renonce à sa politique d’apartheid, à la confiscation des terres et des eaux de Cisjordanie, à la destruction des maisons et des oliveraies, à son mur qui empiète sur la Palestine, à ses clôtures de barbelés et à ses checkpoints. Nous lutterons jusqu’à ce que la Palestine soit libre. Nous vivrons des échecs. Mais comme l’a dit un passager du bateau, en citant Becket, nous "ferons une tentative, nous échouerons, essayerons encore, échouerons encore, échouerons d’une meilleure manière." Et finalement nous réussirons.
Impliquez-vous donc vous aussi si vous le pouvez.
Richard Levy
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