cartographie des fosses communes en Espagne, peut 'on parler avenir sans avoir écrit le passé? |
samedi 16 juillet 2011
L'Espagne franquiste nous livre , régulièrement ses séries de carnages , avec toujours ses fosses communes et ses cadavres arrosés de chaux vives ; vaira 't'on un jour un procès historique , les enfants et les petits enfants n'ont t'ils pas droit à la vérité? ou le fascisme est 'il absous ?
De ces temps passés, si lointains et si proches pourtant, que Mayor Oreja (1) nous a définis comme ces temps d’« une si placide existence », viennent de resurgir 59 nouveaux cadavres, dans les environs de Burgos, entassés au fond d’une longue tranchée et recouverts de chaux vive, — encore cette chaux vive et son acharnement à effacer les empreintes du crime —, 59 cadavres qui réclament avec insistance leur identification et qui exigent justice. Parmi les assassinés, des cheminots en majorité, des jeunes et des vieux, des syndicalistes, des républicains… et même un homme d’Église, un prêtre franciscain, probablement Emiliano Revilla Vallajera, curé engagé au nom de l’Évangile et auprès de son peuple, arrêté par les phalangistes (les franquistes), le 29 juillet 1936, et conduit à la prison de Burgos, puis sorti de cette prison, avec d’autres détenus, en septembre de cette même année et tenu pour mort en 1950. Emiliano Revilla ne sera pas considéré comme martyr et ne sera pas canonisé.
Des habitants du pays qui ont su garder leur dignité et leur mémoire racontent que ces hommes furent enterrés par des balayeurs de rue d’Aranda del Duero, après leur avoir volé ce qu’ils avaient encore sur eux, et que parmi ces fusillés certains avaient pu survivre aux tirs du peloton d’exécution, dans la fosse commune, jusqu’au lendemain comme ce fut le cas pour le conducteur de locomotive Fernando Macario qui avait supplié de lui donner un peu d’eau à boire ceux-là mêmes qui, après lui avoir pissé dessus, l’achevèrent de plusieurs balles et que ces faits furent connus de la population locale parce que ses assassins ne se privèrent pas de se vanter, dans tout le village, de leur fait d’armes.
Dans l’État espagnol d’aujourd’hui restent encore environ 2.000 fosses communes à ouvrir avec leurs dizaines de milliers d’assassinés par ceux-là mêmes qui justifient leurs crimes impunis en prétendant réécrire une histoire qu’ils ne condamnent pas et qui insistent, en outre, à proférer leur menace de nous ensevelir à nouveau sous quarante autres années d’« une si placide existence ».
Koldo Campos Sagaseta
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Koldo Campos Sagaseta
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