Omar a été emmené à la colonie d’Ari’el. Il a été interrogé par deux policiers et accusé de lancer des pierres sur les colons près du village. Il a nié les accusations mais après plusieurs heures d’interrogatoire il a avoué. Ce qui est arrivé à Omar n’est pas une exception.
Ce mois-ci marque le 44ième anniversaire du début de l’occupation israélienne de la Palestine -une occupation où les arrestations et les détentions sont courantes. Selon l’ONU, depuis juin 1967, plus de 700 000 Palestiniens ont été détenus par les forces de sécurité israéliennes et jugés par des tribunaux militaires. Une importante ONG a dit que ces tribunaux "opéraient depuis le début de l’occupation sans aucune transparence".
De nombreuses organisations israéliennes et palestiniennes ont essayé de savoir ce qui se passait exactement dans ce régime militaire depuis la publication du rapport de Yesh Din (Il y a une justice) en 2007. Une organisation, Défense Internationale des Enfants, s’occupe des enfants comme Omar qui n’est qu’un des 700 mineurs, dont certains n’ont que 12 ans, jugés par des tribunaux militaires chaque année. Grâce à des centaines de témoignages, un schéma de mauvais traitements et de punitions systématiques émerge.
Comme Omar, la plupart des enfants arrêtés en Cisjordanie habitent près de colonies ou de routes réservées aux colons. Cela cause des frictions et des enfants jettent des pierres sur les voitures des colons et sur les véhicules de l’armée israélienne. La question que doit résoudre l’armée israélienne est la suivante : Comment protéger 300 000 colons israéliens qui vivent dans les colonies illégales de Cisjordanie (sauf Jérusalem Est) des enfants qui jettent des pierres alors qu’il est difficile de les identifier et d’attraper les responsables ? La solution habituelle de l’armée est une politique de dissuasion à base d’intimidation et de punition collective - et voilà comment ça marche :
Chaque fois qu’arrive un rapport comme quoi des enfants ont lancé des pierres, on assume que les coupables viennent du village palestinien le plus proche. Une liste de suspects est établie basée sur l’âge, les arrestations précédentes et autres sources de renseignement. Plusieurs nuits après, des soldats en armes pénètrent dans le village, encerclent les suspects - pour la plupart des enfants et des jeunes gens - leur lient les mains, leur bandent les yeux et les emmènent ailleurs pour être interrogés.
L'abomination a l'état pure , le sourire goguenard des soldats en rajoute à la terreur |
Huit jours plus tard, devant le tribunal militaire, les enfants peuvent voir un avocat pour la première fois. L’avocat leur recommande généralement de plaider coupable car c’est le moyen le plus rapide pour sortir d’un système qui refuse aux enfants la mise en liberté sous caution dans 86% des cas. Les deux tiers environ des enfants arrêtés sont accusés d’avoir jeté des pierres. Les sentences vont de deux semaines à 10 mois de prison. Dans plus de la moitié des cas, les enfants servent leur peine de prison dans des prisons en Israël, en violation de la Quatrième Convention de Genève qui interdit les transferts en dehors des territoires occupés. De plus, à cause de cela, la famille peut difficilement, et parfois pas du tout, leur rendre visite.
En 2010, "Breaking the Silence" (Briser le silence), une organisation constituée d’anciens soldats israéliens a publié un rapport qui contient 180 témoignages de soldats qui ont servi dans les territoires occupés. Le rapport apporte la confirmation de la manière dont l’armée opère et de la raison pour laquelle elle le fait : "Le raisonnement qui sous-tend les activités de l’IDF c’est qu’il n’est pas nécessaire de distinguer entre les ennemis civils et les ennemis combattants - en infligeant systématiquement des mauvais traitements à tous les Palestiniens on les rend plus dociles et plus faciles à contrôler."
Gerard Horton
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