Citoyens, engagés à fond dans de grands combats ou simplement attentifs à la marche du monde, vous devez bousculer, si ce n’est déjà fait, la table de vos diverses négociations et la perception de votre environnement immédiat. C’est à sa capacité à porter vraiment attention aux plus fragiles des siens que l’on juge une société. Il ne vous servira de rien que tous vos combats soient victorieux si la victoire est au prix du mépris de la richesse en humanité de tous ceux que la vie en société ou l’inégale distribution de la bonne santé a fragilisés. Un autre monde est possible mais n’est pas souhaitable sans eux. Osons un lien que vous ne ferez pas tant que vous ne changerez pas de lunettes : combien d’assistants de professeurs ou d’élèves handicapés pourrait-on recruter et rémunérer décemment avec le salaire que M. Luc Ferry a abusivement perçu pour un emploi imaginaire de professeur d’université ? Il paraît qu’ils sont des milliers dans son cas. Ça fait des sous ! Où sont les profiteurs dénoncés récemment par un éminent représentant de l’UMP ? Du côté de ceux qui n’ont que le RSA pour survivre ? Du côté des professeurs handicapés qui souhaitent poursuivre honnêtement leur mission éducative et à qui on reproche leur ténacité à réclamer ce qui leur est légitimement dû ? Non, les profiteurs sont ceux qui piquent allègrement dans la caisse commune à la première occasion. Non, la notoriété n’autorise pas tout, surtout quand il s’agit par contrecoup de causer préjudice à d’autres qui travaillent discrètement dans l’ombre, à l’abri des feux de l’actualité. M. Ferry est philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale. À ce double titre il pourrait s’autoriser à prendre la parole pour défendre notre juste cause. Il semble affectionner les plateaux de télévision : que ne s’en sert-il pas à meilleur escient ? À son corps défendant, soyons réaliste : notre cause, hélas, ne fait pas recette. Ceux qui devraient parler ne le faisant pas, nous continuerons sans eux. On ne nous fera pas taire car nous sommes dans notre bon droit. Et nous n’accepterons jamais que l’on nous dise, quand notre pays compte autant de chômeurs, que le ministère de l’Éducation nationale n’a pas le droit de créer des emplois stables d’assistants de professeurs. Cet argument est tout bonnement minable. Que penser alors de ceux qui le profèrent ?
Yann Fiévet
source via le Grand Soir
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