Fallait-il investir l'appartement plus tôt ? Ou plus tard ? Fallait-il tendre à Merah un traquenard à l'extérieur de l'appartement, plutôt que de l'assiéger à l'intérieur ? Et pourquoi la DCRI ne l'a-t-elle pas empêché de nuire plus tôt ? Au lendemain d'un psychodrame national comme l'affaire de Toulouse, le posé de "questions", le recensement des "zones d'ombre", sont une figure de style obligée de l'écriture médiatique. Comme si, après plusieurs jours de refoulement des critiques, chacun, politiques, professionnels, journalistes, s'autorisait un temps de défoulement. Chacun ou presque, disons. Peu importe. C'est carnaval contre le RAID, contre la DCRI. Mais cela ne durera pas. On passera vite à autre chose. |
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Dans les mécanismes qui, au coeur d'un tel psychodrame, mettent le cerveau entre parenthèses, il faudra un jour étudier le rôle spécifique des chaînes d'info continue, au premier rang desquelles BFM TV, qui a crevé tous sesrecords d'audience cette semaine. Et je ne parle pas seulement des dérapages, toujours possibles dans la couverture d'un événement en direct, comme le faux scoop de la capture de Merah, la veille de l'événement. Je parle du travail structurel, permanent, de décervelage, auquel pousse la couverture non-stop en direct, de l'événement.
Deux exemples, dans la journée de jeudi. Après l'assaut, Claude Guéant se livre devant la presse à son reportage pluri-quotidien sur le déroulement des opérations (rôle qui, dans la procédure pénale, est réservé au procureur, mais passons sur ce très léger détail). Déclaration lue, il tourne les talons. Puis, dix minutes plus tard, il revient...lire la même déclaration (ou presque) que BFM, impavide, retransmet comme la première. Croit-on qu'une voix, une seule, de commentateur de BFM TV va s'interroger sur les raisons de cette seconde prise, pour le moins inhabituelle ? Pas une. Il faut réécouter les deux déclarations successives, pour déceler une raison possible: dans sa première version, Guéant avait omis -léger détail- de mentionner les tirs sur Merah des "snipers" de la police postés à l'extérieur. Fâcheux, quand l'autopsie allait fatalement révéler que le tueur était mort d'une balle dans la tête. Quelques instants plus tard, Sarkozy, renouant avec sa bonne habitude, annonce des mesures fumeuses, dont par exemple la pénalisation de la consultation de "sites terroristes". Croit-on qu'une voix, une seule, de commentateur de BFM TV, sans même débattre de la faisabilité de la mesure, va simplement remarquer qu'il est difficile de voter une loi sans Parlement, et que le Parlement est en congé jusqu'aux législatives ? Pas une. Mission accomplie, donc.
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